Vote par
correspondance : les sénateurs disent « non »
Risque de
fraude, coût, difficultés d'organisation… Selon la mission d'information
sénatoriale sur le vote à distance, il est urgent… d'attendre.
Les Français pourront-ils voter par correspondance et par Internet
lors des prochaines élections ? Non, répondent plusieurs sénateurs, sous
la houlette de François-Noël Buffet, nouveau président de la commission des
lois. Dans un rapport circonstancié, les élus de la chambre haute expliquent
que « le vote par correspondance « papier » ne peut être mis en
place pour les élections régionales et départementales de 2021, en raison du
manque de consensus politique, des contraintes organisationnelles et des
obstacles techniques ».
Pour eux, « les conditions ne sont pas réunies pour organiser
ce type de vote, qui nécessiterait de revoir l'ensemble des procédures
électorales et de sécuriser les voies d'acheminement des plis ». Il
faudrait, par exemple, modifier l'organisation des scrutins. Auditionné dans le
cadre de la mission, Jean-Philippe Derosier, professeur de droit
constitutionnel, a ainsi pointé la nécessité d'espacer les deux tours de trois
semaines pour garantir l'acheminement des plis. Un problème pour l'Association
des départements de France (ADF), selon laquelle « il est essentiel
d'éviter de trop espacer les tours de scrutin au risque d'accroître la
démobilisation du corps électoral ».
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Un remède à l'abstention ?
Reste que la tentation de rétablir le vote à distance, supprimé
par la loi du 31 décembre 1975, est forte depuis les élections municipales
de juin. La désaffection des urnes, qui ne cesse d'augmenter de scrutin en
scrutin, a en effet atteint un pic le 28 juin avec 58,4 %
d'abstention soit 20 points de plus
qu'en 2014 (37,87 %). Le taux de participation
de 2014 était déjà homologué comme un triste record pour un vote
municipal… « Si la crise sanitaire liée au Covid-19 a compté sur la
décision d'aller ou pas voter en juin, elle n'est pas la seule fautive »,
nous confiait récemment le président de la commission des lois du Sénat.
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Il n'empêche : nombre d'élus craignant que les élections
départementales et régionales, qui se tiendront probablement en juin 2021,
ne soient un nouveau fiasco en termes de participation, plusieurs propositions
de loi pour réinstaurer le vote à distance ont fleuri. Comme celle du groupe MoDem
à l'Assemblée nationale, soutenue par Patrick Mignola ou celle du groupe
socialiste du Sénat à l'initiative d'Éric Kerrouche, qui a par ailleurs
participé à la mission d'information sénatoriale. Autant d'initiatives
désordonnées et précipitées qui ont conduit François-Noël Buffet à lancer cette
mission d'information sur le vote à distance afin d'évaluer sa faisabilité
d'ici à 2021.
Primauté au vote à l'urne
Après un mois de travail, sept auditions et quatre tables
rondes permettant de recueillir l'avis de vingt-huit personnes et une
consultation menée auprès des présidents de région et de département, les
sénateurs ont réaffirmé que la primauté doit être donnée au vote à l'urne. Ils
préconisent également d'étendre la « double procuration » et les
procurations à domicile dès les élections régionales et départementales de
2021. Comme l'a signalé le professeur de droit Gilles Toulemonde lors de son
audition au Sénat, le vote par correspondance ne constitue pas la
« baguette magique de la participation ». Surtout, les sénateurs
rappellent que le vote par correspondance papier éprouvé
de 1946 à 1975 a été abandonné en raison d'un nombre
important de fraudes électorales.
Aussi les sénateurs ont-ils détaillé les conditions de réussite du vote postal avec notamment le déploiement d'une « chaîne logistique » complexe faisant intervenir plusieurs acteurs : les services postaux, les électeurs, les communes et la préfecture. Le ministère de l'Intérieur évalue le coût de cette chaîne à environ 70 millions d'euros par tour de scrutin. Ce qui représenterait 280 millions d'euros pour les prochaines élections régionales et départementales, indépendamment du coût postal qui pourrait varier de 35 à 216 millions d'euros selon l'organisation retenue. C'est-à-dire si les bulletins et l'enveloppe sont envoyés à tous les électeurs ou seulement à ceux qui le souhaitent et si l'identité de l'électeur est vérifiée.
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le début du totalitarisme ! »
Sur le plan politique, l'organisation d'un vote postal pour les
prochaines élections régionales et départementales ne fait pas consensus, loin
de là. L'association Régions de France s'y oppose d'ailleurs clairement. Parmi
les 43 présidents de région ou de département ayant répondu au
questionnaire de la mission d'information, seuls 21,4 % estiment que le
vote par correspondance peut être mis en œuvre pour les scrutins de 2021.
Bientôt des
expérimentations ?
Et pour les élections suivantes ? Forts des mots du
professeur Jean-Philippe Derosier, « le vote à l'urne […] semble
préférable au vote à distance, mais le vote à distance […] semble préférable à
l'absence de vote », les sénateurs ne ferment pas la porte. Ils
recommandent de lancer « des expérimentations sur des consultations
locales, avec la collaboration de l'État, des collectivités territoriales et
des acteurs de la chaîne logistique. Elles pourraient concerner des projets
d'aménagement d'urbanisme ». Histoire de mettre en œuvre les moyens
techniques permettant de surmonter les difficultés pratiques du vote postal et
de garantir la sincérité du scrutin. Ces expérimentations seront aussi
l'occasion de mesurer l'impact du vote postal sur la participation.
Car, aujourd'hui, cet impact fait l'objet d'un réel débat parmi
les spécialistes de science politique. Lors des auditions de la mission
d'information, les politologues Martial Foucault et Cécile Braconnier ont
affirmé que la multiplication des voies de participation pouvait permettre de
lutter contre l'abstention, même si cette mesure ne constitue pas la
« pierre philosophale » qui réglerait toutes les difficultés. Le
rapport pointe ainsi une étude menée par des chercheurs américains, en
Californie, où l'introduction du vote postal en 2016 a contribué à
l'augmentation de la participation aux élections générales, qui est passée de
30 % en 2014 à 50 % en 2018.
Rien ne pourra se faire sans consensus
Une thèse réfutée par Gilles Toulemonde lors de son audition,
notamment sur le long terme. « En Suisse, où le vote par correspondance
est assez développé, il est fréquent que l'abstention aux différents scrutins
soit proche de 50 %. Ce constat n'exclut pas qu'il pourrait être encore
plus important si le vote par correspondance n'existait pas, mais on ne peut
donc pas réaliser de corrélation claire et limpide entre vote à distance et
taux de participation », a expliqué le professeur.
Quoi qu'il en soit, pour les
sénateurs, « des modifications aussi profondes de notre culture
démocratique impliquent un consensus transpartisan, au risque de susciter
des accusations de manipulation ». Quant au vote par Internet, les
sénateurs pointent qu'à ce jour les développements techniques sont encore
incapables de garantir la sécurité et la sincérité du vote. Bref, il est
presque sûr que les électeurs français devront se déplacer pour élire leurs
conseillers régionaux et départements en juin 2021.
Oui d’accords !
Le vote électronique peut
être plus sur par l'identité des électeurs sécurisés, il faudrait que nos
sénateurs d'un autre âges vieillissants souvent préretraités de la république
se modernisent et se mettent à la page dans ce Sénat poussiéreux genre d'EPADH
de luxe pour élus hors d'âges qui devraient avoir une limite d’âge raisonnable
pour siéger dans cette assemblée, quant à l'utilité de celle-ci, elle est
toujours sujette à caution, car sans vrais pouvoir, si ce n'est que retarder la
promulgation de lois issues de l'assemblée nationale !
On a déjà, un conseil d'État
et conseil constitutionnel avec de vieux sages qui freinent le pays dans sa
progression ou l'innovation qui le fait végéter dans un monde qui va à la
vitesse du net mais la France à celle d’un escargot...!
Mais en France on a un défaut
les palabres sans fin issus peut être des anciens septennats présidentiels que
les quinquennats n'ont semble-t-il pas amélioré dans nos institutions
kafkaïennes et leurs mille feuilles administratifs !?
Car les Français surtout
ceux des classes moyennes vivent encore dans un semblant de confort à crédit
qui s'érode, mais pas encore assez, bien que la situation sanitaire et
économique régresse et devient préoccupante ...
En fait les Français sont
râleurs et versatiles, mais surtout conservateurs, mais 2021 risque d'être pire
et le réveil difficile car comptant trop sur l'état ?!
Jdeclef 19/12/2020 14h40
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