Retraites :
des décisions douloureuses à venir
Le comité
de suivi des retraites recommande de faire porter une partie des conséquences
de la crise sur les retraités. Une piste explosive.
Le comité de suivi des retraites vient de rendre son avis sur
l'état du système, avec plusieurs mois de retard sur le calendrier habituel, en
raison de l'incertitude créée par la situation sanitaire sur les comptes. Ce
comité, créé sous François Hollande pour tirer la sonnette d'alarme en cas de
besoin, estime que la situation n'est pas catastrophique, mais qu'elle
nécessitera tout de même des ajustements.
Pas catastrophique parce que les réformes antérieures ont joué
leur rôle. Les dépenses publiques de retraite par rapport aux PIB ont été
maîtrisées alors qu'elles auraient pu atteindre 20 % du PIB
en 2040 si rien n'avait été fait. En 2019, elles étaient contenues à
13,6 %. L'âge de liquidation de la retraite, dans le système actuel,
devrait en effet passer à 64 ans en moyenne aux alentours de 2040.
Reste qu'à court terme le déficit du système de retraite va
augmenter de façon spectaculaire. Alors qu'il était attendu entre 0,1 et
0,3 point de PIB, il devrait atteindre 1,1 point de PIB en 2020. Les dépenses,
elles, vont rebondir temporairement à 15,2 % de PIB, un niveau jamais
atteint. « L'effet de court terme est indéniable et sans surprise, un
problème de partage intergénérationnel du coût de la crise va se poser, qu'il
est impossible d'éluder », peut-on donc lire dans le rapport du comité du
suivi, présidé par le grand spécialiste des retraites Didier
Blanchet.
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consulte
Débat entre « techno-optimistes et pessimistes »
À très long terme, cependant, et de façon contre-intuitive, les
projections opérées par le Conseil d'orientation des retraites (COR) fin
novembre sur le niveau de dépenses de retraites apparaissent, paradoxalement,
comme plus favorables que celles de l'année dernière, malgré une perte durable
de niveau de PIB à attendre de la crise économique. « À long terme, moins
de PIB génère moins de salaires, donc moins de retraites », explique en
effet Didier Blanchet. Leur niveau en proportion du PIB devrait donc baisser.
À cette explication, il faut ajouter une meilleure prise en compte des mesures
d'ajustement des dernières années sur les retraites complémentaires du privé
dans les projections. Le COR anticipe par ailleurs une montée des primes dans
la fonction publique qui ne sont pas prises en compte dans la base de
rémunération des 6 derniers mois pour le calcul des pensions, ce qui
ferait baisser le taux de remplacement des retraites des fonctionnaires par
rapport à leurs derniers traitements.
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« la facilité gérontocratique »
Mais ce constat rassurant n'est valable que si les hypothèses de
croissance à long terme ne sont pas durablement affectées par la crise. Cela
est possible, si la productivité connaît une nouvelle accélération grâce aux
nouvelles technologies, notamment du numérique. Cette version
« techno-optimiste » est loin d'être la plus probable. La crise
pourrait tout aussi bien laisser des traces durables sur la croissance de la
productivité, qui n'a cessé de baisser ces dernières années, comme le
soulignent les techno-pessimistes. L'éventail des hypothèses économiques du
Conseil d'orientation des retraites retenues pour faire ses projections va
traditionnellement de 1,8 % d'augmentation annuelle, dans le scénario le
plus optimiste, jusqu'à 1 %, dans le scénario le plus pessimiste, avec
deux hypothèses intermédiaires à 1,5 et 1,3 %. L'année prochaine, il
pourrait ajouter un scénario bien plus pessimiste, comme le recommande le
comité de suivi des retraites. Il pourrait ainsi projeter une croissance de la
productivité de seulement 0,7 % par an.
En attendant, l'effet financier de la crise sur le système de
retraite français sera à coup sûr plus marqué à moyen terme, à horizon
25 ans. Les prévisions de déficits sont très sensibles aux différentes
conventions de calcul, qui opèrent diverses hypothèses sur le niveau de
participation de l'État dans le régime de retraite de la fonction publique.
Mais, en faisant l'hypothèse que l'État assure chaque année l'équilibre du
régime de retraite des fonctionnaires et des régimes spéciaux, le déficit
atteindrait en moyenne 0,7 % par an, si la productivité augmente
de 1 à 1,3 % par an, les prévisions les plus probables.
« Le comité alerte à nouveau sur ces déficits, comme il le
fait depuis 2017 », souligne donc Didier Blanchet. Selon le comité de
suivi des retraites, le débat doit porter sur « la vitesse à laquelle
il convient de traiter ce problème, et sur la répartition de l'effort d'ajustement ».
Faut-il retarder l'âge de départ à la retraite, faire baisser le niveau relatif
des retraites ou augmenter la part des prélèvements consacrés à leur
financement ? À ces trois leviers traditionnels d'ajustement du système
des retraites, le comité de suivi ajoute l'endettement et/ou la ponction dans
les réserves du système.
Les Français travaillent-ils moins que les autres tout au long de
la vie ?
À court terme, il sera difficile de reculer l'âge de départ à la
retraite, que ce soit par la durée de cotisation ou l'âge légal, considère le
comité de suivi, car le chômage risque d'augmenter avec la crise économique. Si
l'augmentation de la durée au travail ne se fait pas, à long terme, au
détriment de l'emploi, cela peut en effet d'abord faire augmenter le chômage.
Le comité écarte également la possibilité d'augmenter les cotisations, vu la
situation des entreprises. Reste le levier du niveau des retraites.
Geler les retraites, avec prudence
Un levier d'autant plus justifiable que le niveau de vie
relatif des retraités est plus élevé que celui des actifs, une exception
en Europe. « Un argument souvent avancé en faveur de cette mise à
contribution est que c'est en premier lieu pour protéger cette population retraitée
qu'on a consenti à la chute importante de l'activité économique, dont il faut
gérer maintenant les conséquences. Il apparaît normal que les retraités
participent à la restauration de l'équilibre, sans qu'il y ait lieu de limiter
cet ajustement aux seules générations entrantes, ce qui n'aurait de toute
manière que des effets très progressifs », décrit le comité.
Ce dernier propose néanmoins de faire attention et de ne pas
aller trop vite. Il suggère de « planifier un tel ajustement sur quelques
années, en fonction de ce qui sera observé pour le niveau de vie moyen des
actifs », qui pourrait être affecté plusieurs années à cause de la crise.
« Un principe directeur pourrait être un principe d'égale transmission des
suites du choc aux deux catégories », écrit-il, tout en soulignant la
nécessité d'épargner les personnes aux revenus les plus modestes,
« probablement par des applications différenciées de la sous-indexation
par niveau de pension, comme cela avait été déjà prévu et mis en œuvre en 2020,
indépendamment du déclenchement de la crise ». Le reste du déficit
pourrait être assumé par endettement ou par recours aux réserves financières du
système.
Pas envisageable de recourir à la dette
À moyen terme, il faudra toutefois prendre d'autres mesures.
« S'il est admissible qu'un choc d'une telle ampleur soit en partie géré
par l'endettement, celui-ci ne saurait constituer une solution durable au
déséquilibre entre dépenses et ressources, prévient le comité. Un financement
durable par la dette (…) reviendrait à faire systématiquement payer une
partie des retraites de chaque période non pas par les cotisations du moment,
mais par les cotisations futures ou toute autre forme de prélèvement à
venir », justifient les experts.
Pour eux, « un report répété d'une part de la charge des
retraites du moment sur les générations futures pourrait à la rigueur
s'envisager dans un monde qui offrirait la garantie d'une croissance permanente
soutenue offrant à chaque génération une aisance financière et donc une
capacité à payer toujours plus élevée qu'aux précédentes ». Mais ils
notent que « tel n'est pas le cas dans un monde de croissance lente,
génératrice d'un très faible sentiment d'amélioration tendancielle du
bien-être, a fortiori lorsqu'on sait qu'une part importante des bénéfices de
cette croissance future va devoir être affectée à la satisfaction d'autres
urgences collectives, dans le domaine social comme dans le domaine
environnemental ».
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230 milliards d'euros
On pourrait être tenté de se dire que ce serait le moment de
financer le trou des retraites facilement grâce aux taux d'intérêt
négatifs auxquels la France emprunte, mais ce serait faire fi des risques de
remontées de ces taux à moyen terme.
De la place pour reculer l'âge de départ
Il faudra donc à nouveau jouer sur les leviers traditionnels
d'ajustement du système de retraite : le taux de cotisation, l'âge de
départ en retraite ou le niveau des retraites. Il revient évidemment aux
politiques d'opérer ces choix. « Le débat à avoir, c'est de se demander est-ce que
les dépenses de retraites sont au bon niveau socialement ?
Si la réponse est oui, alors il faut augmenter les ressources du système.
Faut-il, au contraire, les faire redescendre un peu parce qu'on a besoin
d'argent par ailleurs ? » expose Didier Blanchet.
Si le recul de l'âge a déjà été beaucoup mobilisé, cela n'a pas
entamé la durée moyenne passée en retraite, remarque le comité, puisque
l'espérance de vie continue d'augmenter. Et, contrairement à ce qu'on entend
souvent, « le rapport du COR indique que, sur la dernière décennie, non
seulement les années de vie gagnées l'ont plutôt été en bonne santé, mais qu'il
y a même eu un léger recul des années passées avec limitations d'activité
modérées ou sévères ».
Selon le comité, des mesures en ce sens pourraient donc être
prises dès l'automne prochain, à l'occasion du projet de loi de financement de
la Sécurité sociale 2022 ou « pour les exercices suivants ».
Dans un communiqué, le Premier
ministre, Jean Castex, fait montre d'une extrême prudence. « Le
gouvernement prend note de l'ensemble de ces observations, qui aideront à
nourrir le moment venu le dialogue social sur la stratégie de redressement du
système de retraite, en vue de préserver notre système par répartition et de
garantir les revenus des retraités, dans un esprit de lisibilité pour les
assurés, et d'équité à la fois inter et intragénérationnelle », écrit-il.
Ce qu'on peut appeler une jolie langue de bois.
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Il verra des millions de personnes dans la rue à manifester même ceux qui ne le font pas habituellement la solidarité c'est pour les vieux qui ont travaillés toute leur vie mais qui ne meurent pas assez vite bien que Covid 19 fasse déjà le ménage dans leurs rangs actuellement ce qui évitent de payer les pensions surtout que ceux-ci dans la majorité des cas qui le peuvent aident leurs enfants et petits-enfants !
De toute façon cela soulignera que Mr Macron dédaigne les Français lambda
encore une fois de plus, ça n'étonne plus personne de la part de ce pseudo monarque !
Jdeclef 22/12/2020 13h32LP
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