dimanche 23 septembre 2018

Ca suffit F.HOLLANDE est un pleutre sans amour propre et inutile !


Bernard Poignant : « François Hollande est un combattant »

VIDÉO. Ancien conseiller spécial de François Hollande, Bernard Poignant explique que l'ex-chef de l'État cherche à retrouver un lien amical avec les Français.


« En politique, il faut sourire autant que possible. Sinon, les tristes esprits l'emportent. » L'ancien conseiller spécial de François Hollande à l'Élysée n'a pas perdu de son bagou. Heureux de voir son vieil ami socialiste parcourir la France pour dédicacer son nouveau livre Les Leçons du pouvoir, il garde un œil avisé sur le quinquennat d'Emmanuel Macron. Un jeune président qu'il a bien connu dans les couloirs du palais présidentiel et qu'il a vu grandir en ministre de l'Économie. De son propre aveu, il n'imaginait pas – comme beaucoup – que ce jeune impétueux gravirait les marches du perron du 55 rue du Faubourg-Saint-Honoré, mais il l'a soutenu en 2017. Le désenchantement de la rentrée, l'affaire Benalla, le manque d'humilité de l'exécutif, l'ancien édile de Quimper égratigne Jupiter et son opposant Jean-Luc Mélenchon, et narre les regrets de François Hollande.
Le Point : Avec François Hollande, vous étiez l'un des premiers témoins du quinquennat du président « normal ». Quel regard portez-vous sur son successeur « jupitérien » ?
Bernard Poignant : Tout nouveau président cherche à faire l'inverse de son prédécesseur. Emmanuel Macron se veut jupitérien, car François Hollande s'est voulu normal. Ce dernier se voulait ainsi parce que Nicolas Sarkozy était hyper-président, voire agité. Pourquoi lui était-il ainsi ? Car Jacques Chirac, comme il le disait, était « paresseux ». Si Jacques Chirac s'est montré aussi proche des gens à coups de claque amicale dans le dos et de tutoiement à tout va, c'est parce qu'il entendait rompre avec la présidence impériale de second mandat de François Mitterrand. Changer la posture et le style, c'est la tentation de chaque président français, et Emmanuel Macron n'est guère différent de ceux qui l'ont précédé. J'ai bien connu le président normal. Ce fut un excellent thème de campagne, mais ce n'était pas le bon adjectif pour un chef d'État. Il a eu du mal à s'en défaire et il explique aujourd'hui différemment ce mot. Pour François Hollande, être « normal » voulait simplement dire être « humain ». Quant à Emmanuel Macron, je crois qu'il ne pourra pas être Jupiter durablement. C'est le dilemme de la présidence française : incarner la majesté de la fonction et, en même temps, la proximité avec les citoyens.
Ce manque d'humilité fut l'un des premiers enseignements du feuilleton Benalla. Cette affaire dit-elle des choses sur la façon dont le pouvoir macronien se met en place ?
Au début du quinquennat, Emmanuel Macron a indiqué qu'il fixerait les grandes orientations du pays et que le gouvernement en assurerait la partie opérationnelle. Là, il se distanciait des affaires de tous les jours. Il prenait une hauteur et incarnait sans doute trop de verticalité. C'est un rôle qu'il ne peut pas tenir dans la durée. Depuis Nicolas Sarkozy, on ne préside plus la France comme avant. Le quinquennat a raccourci le temps présidentiel et le scrutin législatif n'est que la confirmation de l'élection de mai. Il y a eu près de 57 % d'abstention au deuxième tour en juin 2017. C'est énorme, mais cela signifie surtout que les législatives ne comptent que très peu aux yeux des Français. Il faut ajouter à cela le fait que les présidents sont confrontés aux technologies de l'instant, qu'il s'agisse des chaînes d'information en continu ou des réseaux sociaux. Nous sommes loin du lien entre le locataire de l'Élysée et les Français qui ne se jouait que dans la presse écrite, le 20 heures et la radio. Il y a une pression qui fait qu'Emmanuel Macron ne peut pas se permettre d'être constamment sur l'Olympe. L'affaire Benalla n'est pas une grosse affaire, mais son long silence estival a pu apparaître comme méprisant. D'autant que son service de communication a été catastrophique. Il y a eu un vide au sommet de l'État et une faute d'appréciation de l'impact de cette situation. C'est sans doute une erreur de jeunesse de la part du président de la République.
L'Élysée est le lieu le plus informé de France, mais c'est aussi le plus enfermé. Quand vous y entrez, vous êtes happé par cet appareil et le temps vous dévore. Les centaines de réunions, les rendez-vous, les rencontres officielles, les conseils des ministres… C'est une machine qui roule, encore et encore, et jamais ne s'arrête. Pour cela, le président doit s'atteler au plus vite à trouver des ouvertures pour aller à la rencontre des Français, pour sentir leurs envies et leurs colères. Le bain de foule ne suffit pas, car il est bien souvent composé de vos amis. François Mitterrand savait s'échapper de l'Élysée. Lorsqu'il allait en Gironde, par exemple, il demandait à un proche d'organiser un dîner privé avec un agriculteur, un instituteur, un mécanicien, etc. Il attendait d'eux qu'ils parlent vrai et les écoutait en confiance.
Est-ce ce que doit faire Emmanuel Macron ?
Oui, il doit s'échapper du palais, il doit aller parler aux Français, mais tout seul. Il y a un trou dans son parcours politique. Il n'a pas de fief électoral. François Hollande et Jacques Chirac avaient la Corrèze, François Mitterrand la Nièvre et Valéry Giscard d'Estaing le Puy-de-Dôme. Pour Nicolas Sarkozy, c'était les Hauts-de-Seine, et il n'y a pas que des riches, contrairement à ce que l'on pense. Ces territoires leur permettaient d'avoir des visions beaucoup plus complètes de la société. Il y a des gens qui vous donnent la température du pays. Pendant trente et un ans, François Hollande a sillonné la Corrèze et il me disait souvent : « Quand tu vas dans ces lieux qui te sont familiers, tu n'as pas besoin de tant parler aux gens. Tu vois dans leurs yeux si ça va ou non. » Tout pouvoir, même celui d'Emmanuel Macron, a vitalement besoin de cette humilité. C'est un alliage qui n'est pas simple, car il faut aller le chercher auprès des Français.
On critique l'humilité de l'exécutif comme certains, au sein de la majorité, ont taclé l'autoritarisme de Richard Ferrand. Vous le connaissez bien. Le perchoir est-il un job taillé pour lui ?
Je dois avouer que je ne le voyais pas présider l'Assemblée nationale il y a trois ou quatre ans. C'est quelqu'un qui a du talent et de l'entregent, et il a besoin de cette autorité pour mener un groupe si jeune politiquement. Il en a désormais besoin pour conduire les débats dans le respect le plus pur des oppositions. Il est comptable de la démocratie qu'incarne la représentation parlementaire et Richard ne peut pas l'ignorer. Il doit faire attention à ne pas se comporter comme un président de groupe et accepter son rôle de quatrième personnage de l'État. Toutes ces questions se posent en partie parce qu'il a surpris bien du monde chez les socialistes en passant d'Henri Emmanuelli à Emmanuel Macron. Comme beaucoup, il a été séduit par lui en 2014, lorsqu'il était le rapporteur de la loi dite « Macron ». Ils ont excellemment bien travaillé ensemble et je me souviens de lui avoir livré à l'époque un conseil au sujet de Macron : « Garde-le bien à gauche pour qu'il ne parte pas de l'autre côté. »
Y est-il parvenu ?
L'histoire n'est jamais finie (rires).
Est-ce à dire qu'Emmanuel Macron n'est pas de gauche ?
Autrefois, c'était simple d'être de gauche. On donnait de l'argent, du temps, et on nationalisait. Ce temps est révolu. Quand il dédouble les classes de CP, il est de gauche ; quand il allège l'ISF et supprime l'exit tax, il est de droite. Nous-mêmes, nous avons fait des choses qui n'étaient pas « de gauche ». Nous n'avons pas donné de coup de pouce au smic et nous n'avons augmenté que très légèrement les retraites en 2015. Le quinquennat précédent n'était pas parfait. La gauche ne l'est pas non plus, car, depuis 2002, elle n'a jamais travaillé à cette question si simple d'apparence : comment mène-t-on une politique sociale quand nous n'avons plus de levier monétaire ?
Voyez-vous une forme de continuité entre François Hollande et Emmanuel Macron ?
La chose la plus frappante chez ces deux hommes, c'est leur engagement européen. François Hollande, Emmanuel Macron et Manuel Valls ont tout fait en 2015 pour que la Grèce ne sorte pas de la zone euro. S'ils cédaient, c'eût été fatal à l'Europe. Le désaccord politique profond entre Macron et Hollande, c'est la politique fiscale. François Hollande voit beaucoup d'injustice sur ce point de la part de l'exécutif actuel.
La rentrée est compliquée pour Emmanuel Macron. À qui la faute ?
Le ciel se couvre en ce moment, mais il est difficile de trouver un fautif. Les Français se fatiguent vite du président qu'ils ont élu un an plus tôt. Lui ne peut pas leur donner toutes les satisfactions qu'ils attendent, car il est confronté à des enjeux macro-économiques et internationaux qui peuvent parfois le dépasser. Or le citoyen est pressé. Je me souviens de ce dialogue entre Emmanuel Macron et une aide-soignante. Alors qu'elle lui fait part – à juste titre – de ses conditions de travail difficiles et de son salaire, trop faible, il lui répond : « Je ne peux pas creuser les déficits et accroître la dette. » Là, j'ai un choc. Ils ont tous les deux raison, lui pour une question d'intérêt national et elle qui témoigne de ses difficultés quotidiennes. C'est un dialogue de sourds et les mots du président ne sonnent pas comme ils le devraient dans l'oreille de cette Française. Il crée lui-même ce décalage. D'ailleurs, il a souvent eu des mots qui heurtent. Prenez l'histoire du pognon de dingue. Il n'a pas tort sur le fond, car il fait état que l'argent distribué ne permet pas de sortir de la pauvreté, mais ce mot pognon n'est pas celui des pauvres. Il est employé par ceux qui ont de l'argent. Le Gaulois réfractaire, les gens qui ne sont rien… Ces phrases ne sont pas dans les discours et ils heurtent. Je crois qu'il se laisse aller à certains moments et cela contribue à forger un personnage présidentiel qui, parfois, le dessert.
Cet orgueil élyséen est souvent corrigé par des politiques issus du vieux monde. On l'a vu avec l'affaire Benalla : c'est Édouard Philippe et Richard Ferrand qui vont au combat politique, pas les ministres issus de la société civile.
Ce sont tous des hommes de parti. Emmanuel Macron a énormément de qualités et de compétences, mais il a des manquements politiques qui lui sont lacunaires. Il n'a jamais été dans un long parcours au sein d'une formation politique, fût-elle grande ou petite. Car, à l'intérieur d'un parti, vous vous confrontez à vos pairs qui parfois vous font des reproches et vous réclament des comptes. Cela permet de connaître ses défauts et ses limites, mais aussi ses plus proches adversaires. Il n'a pas non plus fait de campagne électorale locale. Il ne s'est jamais lancé corps et âme dans une cantonale ou une municipale. Il n'a jamais fait de réunion de quartier où une cinquantaine de badauds vous parlent des problèmes de ramassage des poubelles. C'est un labeur que d'écouter les gens et leurs problèmes qui méritent d'être entendus. Emmanuel Macron n'a aucun de ces deux piliers, qui sont ceux de l'ancien monde.
Le nouveau monde, vous n'y croyez donc pas ?
En réalité, je ne sais pas ce qu'il est. Il ne faut pas croire que la gauche et la droite disparaîtront du paysage politique français. Elles sont là depuis trop longtemps. Leur contenu va cependant se transformer. C'est le fruit de la secousse de 2017, mais nous n'en sommes qu'aux prémices. Fut un temps où ce qui distinguait la gauche de la droite, c'était l'école publique et l'école catholique. Il n'y a pas si longtemps, la droite était hostile à la laïcité qui était portée par la gauche. Aujourd'hui, même le Rassemblement national se réclame de la laïcité. Il y aura de nouvelles formes politiques, mais ce sont les élections à venir qui en définiront les périmètres. Ça ne se jouera pas dans les appareils politiques, que ce soit au PS, chez Les Républicains ou même à La République en marche. Le nouveau monde n'est qu'un item de campagne. Pablo Picasso disait à juste titre qu'il faut beaucoup d'années pour être jeune.
Revenons à la mauvaise passe que vit Emmanuel Macron en cette rentrée. François Hollande semble s'en saisir. Est-il la mouche du coche de son successeur ?
Sans doute, mais le tour de France qu'il mène en ce moment a un autre objectif. L'année 2016 fut épouvantable pour lui. Il a dû renoncer à un rendez-vous avec les Français, car il a été empêché par les siens. Il y a quelque chose que personne autour de François Hollande ne peut percevoir : son sentiment réel à l'égard de son ancien conseiller et ministre. Lui en veut-il ? Certainement, mais, si on parle de trahison, il n'est pas le seul sur le podium : les frondeurs, Benoît Hamon, Manuel Valls, Arnaud Montebourg, etc. Il a pu en vouloir à tous ceux-là.
A-t-il été blessé par Emmanuel Macron ?
Je ne crois pas. Il a plutôt été surpris, peut-être désagréablement surpris. Quand François Hollande renonce le 1er décembre, on ne sait encore rien des déboires de François Fillon ni de la désignation de Benoît Hamon, qui mènera ensuite une désastreuse stratégie. S'il a un regret, c'est certainement d'avoir pris sa décision sans connaître ces deux paramètres. Il aurait aimé être candidat, mais la situation politique ne le permettait pas à cet instant. Début décembre, le dégagisme avait déjà porté ses fruits avec la lourde défaite de Cécile Duflot, pourtant favorite, à la primaire des écologistes. Se sont ensuivis les échecs de Nicolas Sarkozy puis d'Alain Juppé. L'erreur que François a commise et qu'il a reconnue plus tard, c'est d'avoir accepté le principe des primaires de la gauche. Il me l'a dit le 1er décembre, au matin de son renoncement : un président sortant va devant les Français qui l'ont élu, il ne va pas devant son camp.
Dans quel état d'esprit est-il aujourd'hui ? Une envie de reconquête ?
Peut-être. Contrairement aux apparences, c'est quelqu'un qui ne se livre que très peu. Personne ne sait qui connaît profondément François Hollande. Alors que le livre de Valérie Trierweiler s'apprêtait à sortir en 2014, lui revenait de Cardiff un samedi et nous a rejoints à l'Élysée pour une réunion de cabinet. Tout le monde attendait sa réaction. « Nous traversons des épreuves internationales et des difficultés nationales. Je traverse des épreuves personnelles, mais je n'ai pas le droit de le montrer. » Sans doute qu'à ce moment-là François Hollande bouillonnait, mais jamais il n'a explosé. C'est un combattant et il a résisté à bien des épreuves, qu'elles se nomment Valérie Trierweiler ou Arnaud Montebourg. Son livre, ces dédicaces, c'est sa Fête de la rose. Il a la pêche.
Pour 2022 ?
Personne ne peut le dire à sa place, car personne d'autre que lui ne le sait. Ce qu'il veut, c'est retrouver un lien amical avec les Français. Il en a besoin. Pour le reste, il faut lui poser la question. Il est vrai qu'il lui est assez douloureux de voir un Parti socialiste aussi inaudible. Il veut qu'il y ait une voix socialiste dans le pays.
Que n'a-t-on pas compris du quinquennat de François Hollande ?
Dès le début, il y a eu une mésentente. En 2012, il rédige lui-même le discours du Bourget et il dit quelque chose aux Français, mais on ne retient qu'une seule chose : « Mon adversaire, c'est le monde de la finance. » Pourtant, il ne dit jamais dans le reste du discours qu'il va s'y attaquer. Non, il affirme qu'il pollue la société, que c'est un monde cupide. S'ensuit la conférence de presse de novembre 2012, six mois après son investiture. Là, il dit une chose aux Français, mais ses électeurs ne l'entendent pas. Il fait l'éloge du rapport Gallois et affirme que le problème économique essentiel est la compétitivité. De là découlent le CICE, le pacte de responsabilité, les économies dans les collectivités, la loi El Khomri, etc. Un mois avant, en octobre, vingt socialistes votent contre le traité européen et neuf s'abstiennent. Nous n'aurions pas dû laisser faire, car ce traité conditionnait la suite du quinquennat, et notamment les premiers budgets. Nos propres alliés nous ont plombés et François Hollande aurait sans doute dû prendre à ce moment-là les Français à témoin sur la question européenne et l'économie française. Il ne le fera qu'en janvier 2014, deux ans plus tard, lorsqu'il s'adresse aux forces économiques de la nation. Aux yeux de ses électeurs, il était déjà trop tard.
Parmi ses vieux compagnons de route, l'un des plus fidèles a décidé de poursuivre avec Emmanuel Macron. Jean-Yves Le Drian a-t-il déçu François Hollande ?
Ce n'est que fin mars que Jean-Yves et moi prenons la décision de soutenir le candidat Macron. Il fallait qu'on sorte du bois, car Benoît Hamon courait vers l'effondrement. François Hollande aurait parfaitement pu comprendre que Jean-Yves Le Drian accepte de rester en tant que ministre de la Défense, mais il a finalement été nommé au Quai d'Orsay. Ce n'était pas logique aux yeux de François. Il a été heurté et le ton est monté entre les deux, c'est vrai. Ils se parlent moins, mais Jean-Yves garde beaucoup d'amitié pour François. C'est la même forme de brouille que celle avec Jean-Pierre Jouyet quand il a rejoint Nicolas Sarkozy. Ils ont finalement su se réconcilier.
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Car quand on jette l’éponge avant la fin, on n’est pas un combattant !

Qu'il continue à folâtrer en retraite avec sa Julie qui profite bien de lui en plus !

Jdeclef 13/09/2018 10h24 LP

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