Élysée : comment le président a confié sa protection à
des intimes
Alexandre Benalla, homme de confiance du chef de l'État, est
devenu l'organisateur de la sécurité du président, évinçant ceux qui en étaient
chargés.
En créant deux équipes au sein du
Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), l'une chargée des
déplacements officiels et une seconde dédiée à la vie privée du président de la
République et de son épouse, Emmanuel Macron en a
changé les règles de fonctionnement. En témoigne l'exclusion de son patron, le
général de gendarmerie Lionel Lavergne, et de son numéro deux, le commissaire
Julien Perroudon, de toute la sphère intime du couple présidentiel, au profit
d'une « deuxième équipe ».
Depuis la création du GSPR en
1983, aucun responsable du GSPR ni son second n'avait connu pareille division
des tâches. Dirigée par Alexandre Benalla, la « deuxième équipe »
est essentiellement composée des fonctionnaires qui ont accompagné Emmanuel
Macron durant sa campagne électorale. Or, contrairement à Alexandre Benalla, certains
de ces officiers de sécurité n'ont pas obtenu l'habilitation secret-défense à
la suite d'un simple examen de dossier. Il leur a fallu passer un entretien
pour lever certaines ambiguïtés.
Des hommes de confiance plutôt que
des professionnels du sérail. C'est ce qui semble dicter les choix du président
de la République en matière de protection rapprochée. Ainsi Emmanuel Macron
a-t-il imposé le chauffeur* qui l'accompagnait du temps où il était secrétaire
général adjoint de l'Élysée comme l'un des deux « sièges » de la
première dame, c'est-à-dire celui qui l'accompagne dans le véhicule
présidentiel . I l s'agit d'un ancien de la Garde républicaine, alors que les
gendarmes du GSPR sont sélectionnés au sein du GIGN… Idem pour Emmanuel Macron.
L'un de ses « sièges » a participé à sa campagne présidentielle après
s'être mis en congé de la gendarmerie. Sitôt Emmanuel Macron élu, le
fonctionnaire a réintégré le GIGN
en un temps record afin de rallier au plus vite la garde rapprochée du
président de la République.
Benalla, armé, véritable
responsable de la sécurité présidentielle
Emmanuel Macron pouvait-il
néanmoins confier à Alexandre Benalla, 26 ans, un civil contractuel
non fonctionnaire, le pouvoir de coordonner sa sécurité en concurrence ou
plutôt au détriment du patron du GSPR ? Dans son procès-verbal
d'interrogatoire devant la police, le garde du corps du chef de l'État indique
non seulement que cette charge lui incombait, mais aussi que la réforme de
l'ensemble de la sécurité présidentielle, révélée par Le Point dès le mois d'avril, était lancée sur sa
proposition. « Je suis en charge de la coordination des services de
sécurité (...) et aussi de la mise en place de la réforme du GSPR décidée par
M. Macron sur ma proposition », répond-il à l'officier de la Brigade de
répression de la délinquance contre la personne (BRDP) qui l'interroge
le 20 juillet. Il précise également qu'il a la main sur la sécurité
au sein du Palais, pourtant officiellement dirigée par le général Éric
Bio-Farina depuis le quinquennat de François Hollande.
De fait, tout dans le comportement
d'Alexandre Benalla auprès d'Emmanuel Macron indique qu'il était bien en charge
de la sécurité présidentielle. Muni du talkie-walkie du GSPR réglé sur la
fréquence de la bulle de sécurité qui constitue le premier rideau de
protection, on le voit donner des ordres. La bulle de sécurité est formée de
quatre membres du GSPR qui encerclent le président : le
« kevlar », du nom de la matière de la mallette de protection, un
flanc droit, un flanc gauche et un élément avancé. C'est cette dernière
fonction qu'occupait généralement le jeune chargé de mission. Contrairement à
ce qu'indiquait le sous-préfet François-Xavier Lauche, chef de cabinet
d'Emmanuel Macron, durant son audition devant la commission d'enquête du Sénat
le 12 septembre, il savait qu'Alexandre Benalla était bien armé pour
remplir cette tâche. Preuve de la confiance entre le chef de l'État et
Alexandre Benalla, c'est bien ce
dernier qui détenait les clefs de la villa du Touquet, non pas pour
l'utiliser à des fins personnelles, mais pour organiser les déplacements du
couple présidentiel. Un trousseau qui n'a jamais été confié au GSPR. C'est
d'ailleurs le jeune homme qui « informait » du départ d'Emmanuel et
Brigitte Macron pour Le Touquet – c'est-à-dire dirigeait les opérations.
Privilèges
Ce lien étroit, intime, entre le
président de la République et ceux qui assurent sa sécurité rapprochée a
également fini par poser problème au sein du GSPR. Les jalousies et les
tensions entre fonctionnaires menacent de mettre le feu au service. À
Brégançon, cet été, des témoins ont d'ailleurs pu entendre les hurlements
d'agents de sécurité se disputant le privilège d'accompagner le président en
mer… De même envisage-t-on à l'Élysée de recruter un coach sportif pour
Emmanuel Macron, qui jusqu'alors choisissait ses sparring-partners dans le
bataillon du GSPR. Ces derniers mois, un brigadier-chef, ancien garde du corps
de l'imam Chalghoumi, était devenu son adversaire attitré à la boxe. Le week-end,
il cédait la place à un autre gradé du Groupe de sécurité du président de la
République, ancien officier de sécurité de Jean-François Copé,
joueur classé à la fédération française de tennis, qui venait disputer des
matchs sur le court de la Lanterne.
Habilement , le brigadier-chef a
également su construire des liens privilégiés avec la première dame. Au point
de devenir l'un de ses « sièges ». Or la fonction a des avantages
prisés des agents : le « siège » de la première dame est aussi
le dépositaire de la carte bleue du Trésor public qui lui permet de régler ses
frais, quand ses collègues sont contraints, eux, d'avancer leurs dépenses pour
être remboursés ensuite…
En réalité, rien, pas même les
crises de jalousie et les blessures d'ego, n'empêche le chef de l'État de
constituer un GSPR à sa main. C'est un décret présidentiel qui a créé
en 1983 le groupe de sécurité de la présidence. De fait sinon de
droit, le président de la République peut en être considéré comme le véritable
« chef de service » . C onstitutionnellement, le président de la République française n'a aucun
compte à rendre dans le domaine de sa sécurité personnelle contrairement au
président des États-Unis, qui, lui, est subordonné aux exigences du Secret
Service. Si le Parlement vote le budget de l'Élysée – un tiers
des 103 millions est consacré à sa sécurité – et bien que la Cour des
comptes contrôle ses dépenses, le chef de l'État, via son directeur et son chef
de cabinet, organise donc sa protection à sa guise. Le décret de création
confie au ministère de l'Intérieur uniquement sa coordination et son
fonctionnement.
Discrétionnaire
D'ailleurs, depuis sa création, le
GSPR a connu moult péripéties. Son fondateur, le préfet Christian Prouteau,
était aussi dédié à assouvir la curiosité de François Mitterrand. Il avait
ainsi monté en secret une cellule d'écoutes parallèle où officiaient des
gendarmes-enquêteurs façon barbouzes. Par la suite, les présidents l'ont
organisé selon leur bon vouloir et leurs affinités. S'il était d'abord composé
majoritairement de gendarmes, les policiers y ont fait leur entrée à parité
sous la présidence de Jacques Chirac. Les pandores ont par la suite été évincés
par le président Nicolas Sarkozy. Puis François Hollande a remis les
gendarmes dans le jeu . Ce dernier a innové en abandonnant le commandement
tournant entre policiers et gendarmes. Il a laissé la commissaire de police
Sophie Hatt exclure son second, un lieutenant-colonel de gendarmerie, gardant
ainsi les mains libres pour diriger le GSPR tout au long du
quinquennat. La direction générale de la gendarmerie a ravalé son képi
même si elle n'en pensait pas moins. On l'aura compris : chaque président
fait comme il veut et l'institution, police ou gendarmerie, s'adapte.
En réalité, depuis l'accession
d'Emmanuel Macron à la fonction suprême, le pouvoir du chef du GSPR est devenu
relatif. Une de ses rares initiatives a d'ailleurs été retoquée : en juin
2017, Lavergne avait recruté directement un lieutenant-colonel de gendarmerie
alors en fonction en Nouvelle-Calédonie, pour en faire son numéro trois chargé
de contrôler l'état-major du GSPR. Une idée soufflée, dit-on, par Alexandre
Benalla désireux d'étendre son influence. Or ce numéro trois n'avait aucune
compétence ni expérience en protection rapprochée. Devenu
« invirable », sa fiche de poste a depuis « évolué »,
il se retrouve désormais chef de mission sur les déplacements du président.
Un camouflet pour Lavergne qui a
toutefois obtenu une jolie consolation à la faveur de l'affaire Benalla :
il est désormais le copilote, avec Éric Bio-Farina, de la réforme de la
sécurité du chef de l'État initiée par... Benalla. Les deux hommes sortent très
peu du bureau occupé pour l'occasion. Par peur des fuites, laisse-t-on
entendre, notamment depuis que Le Point a révélé ce projet en avril
dernier.
* La loi interdit de révéler
l'identité des fonctionnaires du GSPR. Le Point est poursuivi en justice
depuis 2014 pour avoir « donné des éléments
d'identification » du policier du GSPR qui apportait des croissants à
François Hollande et Julie Gayet. Débouté en première instance et en appel, le
parquet de Paris a décidé de porter l'affaire auprès de la Cour de cassation.
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Sans cela, Il ne faut pas être président
de la république !
La fonction comporte des risques, mais
il peut tout de même se tranquilliser les attentats sur nos présidents dans
notre histoire n’ont pas été fréquents (heureusement) à la différence par exemple
des ETATS UNIS qui en ont subi plusieurs de bien plus grave dans leurs
histoires contemporaines notamment LES KENNEDY ou R.REAGAN par exemple !
Le président : delà à engager des personnages
comme BENALLA inconnu pour augmenter une protection déjà existante de nos
présidents, cela frise une forme de « paranoïa » et un manque de
confiance exacerbé qui n’évitera pas le danger et peut au contraire que
compliquer sa protection par la multiplicité de ceux chargés de celle-ci ?!
Car Le Groupe de sécurité de la présidence de la
République (GSPR) est une unité de
la police nationale
française et de la Gendarmerie
nationale, Les policiers sont issus du SDLP et les gendarmes de la Force
Sécurité Protection du GIGN. (Personnel d’élite effectifs 77 agents chef
de service général de brigade LAVERGNE en 2017)
Était chargé de sa protection alors ?!
Et justement la confusion de qui fait quoi
à l’Elysée c’est installée pour cette protection du président à semé le souk avec
cette affaire lamentable jusqu’à troubler et freiner la marche de l’état et de
la France et çà c’est inconcevable !
Jdeclef 19/09/2018 14h20
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