De quel droit demande-t-on ses papiers à Alexandre
Benalla ?
ÉDITORIAL. La commission d'enquête du Sénat s'est acharnée
sur les diplômes et qualifications de Benalla. Un symptôme de l'esprit de caste
français…
Il n'avait échappé à personne que l'ascension du jeune homme en a agacé plus d'un dans l'administration. Pour beaucoup, la présence d'Alexandre Benalla au cœur de l'Élysée était sinon une anomalie, du moins une incongruité. Cela n'enlève d'ailleurs rien à ses fautes, sur lesquelles la justice se prononcera, mais l'on ne peut pas passer sous silence cette curieuse obsession.
Cette petite musique de salon outragé par l'irruption d'un intrus a commencé dès le début de « l'affaire ». Elle a trouvé de l'écho dans les médias, par exemple dans Le Monde, qui a très tôt qualifié « d'étrangeté » les attributions de Benalla (1). Et là, au Sénat, la question lui est posée directement, placidement, par la commission d'enquête du Sénat : M. Benalla, vos papiers !
Évidemment, le vocabulaire n'était pas celui-là, et la conversation fut fort courtoise. Il n'empêche, cela mérite que l'on s'y arrête. Après tout, si Alexandre Benalla a été jugé capable d'exercer ses fonctions par son employeur – en l'occurrence la présidence de la République – en quoi ses qualifications regardent les sénateurs ? À partir du moment où l'emploi n'est pas fictif – en l'occurrence, M. Benalla aurait plutôt péché par excès de zèle – on peut se demander pourquoi il est ainsi soumis à un entretien d'embauche a posteriori. Au-delà, même, de son licenciement… Pourtant, l'impétrant a dû justifier tous ses certificats.
Il n'est pas certain que le Sénat ait un jour interrogé de la même manière Pierre Bérégovoy, ministre des Finances puis Premier ministre avec seulement deux CAP en poche. « Béré », dont Pierre Joxe moquait les chaussettes, fut même un temps secrétaire général de la présidence de la République, soit un grade très au-dessus de celui Benalla à l'Élysée, et ce, malgré des diplômes moins fournis que ce dernier.
Ils sont d'ailleurs nombreux – et c'est heureux – ceux qui ont bénéficié d'un coup de pouce du destin, et qui ont obtenu des fonctions auxquelles ils ne pouvaient prétendre sur le papier. Cela s'appelle l'ascenseur social, et Alexandre Benalla, fort à propos, a utilisé cette expression au Sénat.
Mais il faut croire que l'esprit de caste a de beaux restes. L'une de ses formes les plus courantes est la « diplomite ». Son principe : nul n'est légitime s'il n'a pas acquis au bon moment le bon sésame. La France n'en a pas le monopole, mais en est l'un des champions. Attention, il ne s'agit ici pas de dire que les formations et diplômes ne servent à rien, bien au contraire ! Simplement, ils sont un outil précieux pour ceux qui recherchent un emploi. Ils ne sont pas censés être des obstacles sur le chemin de ceux qui réussissent sans avoir emprunté la « voie royale ». La « diplomite », disons-le, est bien souvent un instrument permettant aux insiders – ceux qui ont – de se protéger de l'intrusion des outsiders – ceux qui n'ont pas – sur le marché de l'emploi.
Emmanuel Macron lui-même avait placé ce sujet au cœur de sa campagne présidentielle : « émancipation », répétait-il. Autrement dit, il est urgent de recréer la mobilité sociale, d'ouvrir des opportunités à ceux qui n'en ont pas. Fin août 2017, lors du grand entretien qu'il avait accordé au Point, il disait ceci : « Qui est le grand sacrifié ? Le jeune, le peu qualifié, l'immigré ou le descendant d'immigré. » Cette promesse de briser les plafonds de verre est sans doute moins perceptible dans son action aujourd'hui, mais en juin dernier, au congrès, à Versailles il la formulait à nouveau : « Je n'aime ni les castes, ni les rentes, ni les privilèges. »
Et si Alexandre Benalla correspondait au « nouveau monde » proposé par Macron ? L'homme est talentueux – c'était visible au Sénat –, entreprenant, audacieux, et a pulvérisé bien des plafonds de verre. Qui peut dire qu'à 26 ans, il avait acquis autant d'expérience, de maturité ? Là encore, cela ne l'absout de rien. Et n'empêche personne de s'interroger sur les dysfonctionnements de l'Élysée. Mais ces insupportables ratiocinations sur les diplômes du chargé de mission et le procès en légitimité qui lui est fait en disent long sur le chemin que la France doit encore parcourir.
Ne soyons pas injustes : notre pays n'est pas fermé à l'idée même de l'ascenseur social. Sauf, parfois, lorsqu'il fonctionne... « N'importe qui peut sympathiser avec les souffrances d'un ami, disait Oscar Wilde. Sympathiser avec ses succès exige une nature délicate. » On était loin, à la commission d'enquête du Sénat, de ce degré de délicatesse…
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Ceci étant une polémique de plus renaît pour cet individu sur son port d'armes ?
Il aurait été vu et filmé avec une arme
en 2017 alors qu'il n'avait même pas
d'autorisation de port d'arme (suivant article repris sur le point mais
fermé aux commentaires) à croire que l'on veut le protéger avant tout, on
se demande bien pourquoi ?!
Alors qu’il a semé le souk et zizanie au
plus haut de l’état, le pays n’a pas besoin de ça !
Et s’il n’avait pas commis ces erreurs
et frasques il n’aurait pas fini devant des commissions d’enquêtes, cessons de
le plaindre !
En fait c'est un jeune qui s'est laissé entraîner se croyant intouchable du fait de sa proximité de soi-disant sécurité
rapprochée du président qui s'est pris pour un cow boy voulant jouer au shérif
!
On va voir ce que va décider la justice
sans trop croire à une sanction exemplaire car inféodée au pouvoir en place !
Jdeclef 26/09/2018 09h15
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