Faux médecin, vrai assassin : retour sur l'affaire
Jean-Claude Romand
25 ans après avoir assassiné toute
sa famille, Jean-Claude Romand demande désormais sa libération conditionnelle.
L'occasion de revenir sur l'un des faits divers français les plus marquants de
ces dernières années.
«Quand
on est pris dans cet engrenage de ne pas vouloir décevoir, le premier mensonge
en appelle un autre, et c'est toute une vie.» Prononcée par l'accusé lui-même
lors de son procès en juin 1996, cette phrase résume à elle seule l'histoire de
Jean-Claude Romand: une vie de tromperies se soldant par l'assassinat de cinq
proches. 25 ans après les faits, cette affaire est revenue sur le devant de la
scène au début du mois avec l'annonce de la demande de libération
conditionnelle du sexagénaire, détenu à la maison centrale de Saint-Maur (Indre).
Prévue ce mardi matin, l'audience a cependant finalement été renvoyée à une
date ultérieure.25 ans après avoir tué sa famille, Jean-Claude Romand demande sa libération conditionnelle
Tout commence en 1975, lorsque Jean-Claude Romand échoue en deuxième année de médecine, faute de s'être présenté aux examens. Que se passe-t-il alors dans la tête de cet étudiant lyonnais? Lui-même ne l'explique pas. «Mais enfin, pourquoi?», lui demandera la présidente pendant son procès. «Je me suis posé cette question tous les jours pendant vingt ans. Je n'ai pas de réponse», dira-t-il en haussant les épaules, rapporte Emmanuel Carrère dans son livre L'Adversaire (Folio, Gallimard).
Au lieu de redoubler, le jeune homme fait semblant de continuer ses études. Il s'enfonce peu à peu dans un mensonge dont il ne parviendra plus à sortir, auquel s'ajoute rapidement une deuxième imposture sous la forme d'un faux cancer. Nul ne détecte la supercherie: ni ses parents, ni Florence Crolet, lointaine cousine et camarade de fac qu'il finit par épouser et avec laquelle il aura deux enfants, Caroline, née en mai 1985, et Antoine, né en février 1987.
Une supercherie savamment entretenue
Jean-Claude
Romand prétend avoir été reçu au concours de l'internat de Paris, puis avoir
décroché un poste à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale
(Inserm) de Lyon, et enfin avoir été détaché auprès de l'Organisation mondiale
de la santé (OMS) à Genève. La famille s'installe dans l'Ain. Chaque jour, le
faux médecin accompagne ses enfants à l'école, puis passe sa journée soit à
traîner à l'OMS avec un badge de visiteur, soit à flâner dans des
centres-villes ou en forêt, soit à lire dans sa voiture. Parfois, il prétend
partir en voyage, se terre dans un hôtel pendant quelques jours, lit des guides
touristiques et revient chargé de cadeaux.La supercherie est savamment entretenue. Sur le plan financier, l'homme s'en sort en persuadant des proches de lui confier de l'argent pour qu'il le place et en vendant des remèdes prétendument miraculeux. Mais au fil des années, ses filons s'épuisent, et des soupçons commencent à poindre. Jean-Claude Romand est acculé. «La dernière année s'est déroulée sous cette menace. [...] Chaque fois qu'il croisait quelqu'un, qu'on lui adressait la parole ou que le téléphone sonnait à la maison, l'appréhension lui nouait le ventre: l'heure était arrivée, son imposture allait être percée à jour», raconte Emmanuel Carrère.
Le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand tue sa femme avec un rouleau à pâtisserie, puis abat ses enfants à la carabine. Le lendemain, il se rend chez ses parents, Aimé et Anne-Marie Romand, à Clairvaux-les-Lacs (Jura) et abat successivement son père, sa mère et leur labrador. Enfin, il part enfin pour Paris rejoindre sa maîtresse. Il tente de la tuer, mais lorsqu'elle le supplie de s'arrêter, il obtempère. De retour chez lui, à Prévessin, il verse de l'essence sur les dépouilles de Florence, Caroline et Antoine, ainsi que dans le grenier et dans l'escalier. Il met le feu et avale une vingtaine de barbituriques largement périmés.
«Je vous demande pardon»
Sauvé
par les pompiers, Jean-Claude Romand nie tout à sa sortie du coma, avant de
finalement avouer ses crimes. La fin de 18 ans de mensonge. «Il a suffi, le
lendemain de l'incendie, de quelques coups de téléphone pour que s'effondre
cette façade. Tout au long de l'instruction, le juge n'a cessé de s'étonner que
ces coups de téléphone n'aient pas été passés plus tôt, sans malice ni soupçon,
simplement parce que, même quand on est “très cloisonné”, travailler pendant
dix ans sans que jamais votre femme ni vos amis ne vous appellent au bureau, ça
n'existe pas», écrit Emmanuel Carrère. Et pourtant...Trois ans plus tard, en juin 1996, le procès du faux médecin se tient devant la cour d'assises de l'Ain à Bourg-en-Bresse. Dans sa déclaration finale, l'accusé déclare: «C'est à toi ma Flo, à toi ma Caro, mon Titou, mon Papa, ma Maman, que je voudrais parler. [...] Je vous demande pardon. Pardon d'avoir détruit vos vies, pardon de n'avoir jamais dit la vérité. [...] Pardon de n'avoir pu supporter l'idée de vous faire souffrir.» Après cinq heures de délibération, Jean-Claude Romand est condamné le 2 juillet à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans.
Incarcéré à la maison centrale de Saint-Maur (Indre), l'homme vit «une détention sans accrocs», selon Le Progrès, qui précise que depuis sa prison, il travaille désormais à restaurer les pistes sonores de vieux documentaires pour l'Institut national de l'audiovisuel (INA). En 2015, les médias s'intéressent à nouveau au cas du quintuple assassin, venu à bout de sa période de sûreté et désormais autorisé à déposer une demande de libération conditionnelle. Jean-Claude Romand n'en fait pourtant rien. Il faudra attendre ce mois de septembre 2018 pour qu‘il dépose une telle demande.
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Mais il a fait son temps, donc il peut retrouver
la liberté, mais un tel crime multiple avec une tel machiavélisme, çà dénote un
acte d'un criminel sortant de l'ordinaire et sa libération ne peut être
supporté par les victimes indirectes de la famille restante et peut être que
rien que çà seulement pour elles devraient ne pas permettre sa liberté !
Dans notre code pénal pour certains
crimes horribles la perpétuité devrait être requise, sans diminution et à vie !
Le reste ne sont que des arguties
juridiques pour magistrats ou avocats pénalistes en mal de notoriété !
Jdeclef 18/09/2018 14h11
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