mercredi 5 septembre 2018

Quand on fait des complexes et ne se croit pas assez cultivé en tant que président :


D'Ormesson - Hallyday : qui est Sylvain Fort, l'homme qui a écrit les discours de Macron ?

Normalien, ex-communicant, mélomane, l'auteur d'un essai sur Saint-Exupéry est chargé d'« enraciner » Emmanuel Macron. Portrait d'un « conservateur ouvert ».


Tom Bombadil. Quand, pour comprendre la nature de Sylvain Fort, un de ses amis nous a conseillé de voir du côté de Tolkien et de l'un de ses héros du Seigneur des anneaux, on a d'abord cru à une méprise, tant on ne s'imaginait pas, s'agissant du si sobre conseiller d'Emmanuel Macron, puiser dans la littérature fantastique. La comparaison avec ce personnage au chapeau piqué d'une plume n'est en rien physique, elle tient uniquement à ce que Tom Bombadil est un être à part, qui chérit sa solitude et le lyrisme, et se montre insensible à l'invincibilité que confère l'anneau magique. Pour ajouter au mystère, la communauté des lecteurs de Tolkien se demande encore qui est vraiment Tom Bombadil, comme d'autres se demandent qui est Sylvain Fort.
On l'a découvert chargé de la communication d'Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle. Toujours dans le sillage du candidat, il était cet homme un brin voûté, discret, pas le plus courtisan, qui peinait à se départir d'une mélancolie dans le regard, même quand les sondages annonçaient la victoire. Ni chaleureux ni antipathique. À l'allure, il tient davantage du conservateur que du progressiste. Plus calme que les autres et plus éruptif, aussi, quand il convient de corriger un journaliste. On touche là à sa réputation, celle du moment, qui ne reposerait, à l'entendre, que sur un malentendu. Parce que les journalistes « n'aiment pas la dialectique », ils prennent ses coups de fil intempestifs pour des menaces. Il jure ne vouloir qu'échanger, « monter sur le ring » et « comprendre les arguments » – tous ne le vivent pas comme tel.

Donner racine

Qu'on le dépeigne sous les seuls traits d'un communicant « cassant » et peu prompt à rappeler ceux qui le sollicitent lui importe peu. Son affaire, en réalité, est... le silence. Curieux personnage engagé en politique et qui n'est jamais plus à l'aise que lorsqu'il est seul, passe commande d'un disque de Puccini sur Amazon – « son compte peut faire vivre une filiale », sourit un ami – ou lit un traité de stratégie navale. Quand il s'accommode d'une présence en nombre, c'est à l'Opéra. Pour ajouter à l'étonnement, cet agrégé de lettres classiques, traducteur de Schiller, fut durant plusieurs années un « pro de la com », salarié de DGM Conseil avant de monter sa propre boîte, Steele and Holt.
À la manière de Saint-Exupéry, auquel il consacre un livre chez Pierre-Guillaume de Roux, il pourrait « écrire un hymne au silence » et lancer à la figure de ces journalistes, pour qui la politique est d'abord une chose à voir : « Le silence est plénitude de sens et d'âme. Il est le contraire du vide et du creux, il est piété. » Or il aggraverait son cas. On le dirait « cuistre » et tout ce qu'un normalien de son genre peut entendre dès lors qu'il tutoie le pouvoir et peine à refouler sa trop haute estime de lui-même, mais Fort – nom qui ne prête pas à la modestie – s'en moque, car là n'est pas pour lui l'essentiel.
« Ce qui compte pour Sylvain ? Un vers de Racine, une voix, Sophocle, Homère... Le reste n'est que peu de chose », indique l'un de ses proches. Depuis quelques jours, le voilà devenu conseiller « discours et mémoire » – c'est écrit en petit à l'entrée de son bureau. Le voilà évoluant dans un élément qui sied davantage à ses ambitions. Mission : donner racine à ce jeune président que d'aucuns disent « hors sol ». Coécrire le macronisme, aussi, pour l'heure une page blanche.
Il raconte que l'autre jour un « type » a écrit sur un site de débats que le président n'était pas enraciné, car... non propriétaire de sa résidence principale. Ça l'a énervé. Il espère rencontrer dès que possible les Finkielkraut, Onfray et autres tenants de l'identité malheureuse pour leur expliquer en quoi Macron n'est pas Peter Pan, mais bien Cyrano. Il est las des « déplorations » de ceux qui « s'arrogent l'identité » française. « S'intégrer, s'intégrer... On n'est pas des cubes ou des briques ! s'agace ce défenseur de l'apprentissage des humanités. Pourquoi refuser aux étrangers une lignée que nous souhaitons pour nous-mêmes ? »
Sylvain est un véritable homme de droite, il a le sens de l'État et est attaché à l'autorité. Il ne supporte pas les combines. Il aurait pu être préfet.
Il faut ainsi le voir nous accueillir à l'Élysée, content d'être là où il est, dans ce 2e étage qui était celui de Macron secrétaire général adjoint il y a peu. Le bureau est modeste, la bibliothèque maigrelette. On ne sait si c'est le signe d'un emménagement toujours en cours ou si l'occupant, grand lecteur de Huysmans et de Jaccottet, a une culture telle qu'il se contente de peu. N'était cette une des Échos affichée en format XL (La France qui ose), point de culte du chef. D'ailleurs, il n'a pas la réputation de boire les paroles de son voisin du dessous. Il s'étonne qu'on le prenne encore pour le nouveau Gantzer de l'Élysée, du nom de l'ancien conseiller en communication de François Hollande. En 2015, il a participé à une émission de Morandini sur Europe 1 pour dire combien l'ancien président avait atteint « le sommet du vide » en termes de storytelling. Désormais, c'est à lui de jouer.
« La clé, confie-t-il au sujet de son travail, c'est d'être en proximité intellectuelle avec le président. Il sait d'où il vient, c'est un enraciné, ce qui le rend plus fort. Il n'a jamais peur de l'autre. Il sait qui il est. C'est ça, la France. » Silence pensif. « Sans la littérature, on a plus peur. » Né en 1972 d'un père ingénieur et d'une mère institutrice de gauche, biberonné au latin et au grec dans un appartement du 20e arrondissement de Paris, il a le sérieux de l'inspiré, de l'« excepté » – un terme qu'il emploie au sujet de Saint-Exupéry –, qui porte la mèche ténébreuse et, à lire ses livres sur la musique, donne l'impression d'un dialogue permanent avec le ciel. Catholique, il fréquenta un temps l'École cathédrale fondée par Jean-Marie Lustiger.

Grec et latin

En réalité, c'est moins sa nature qui intrigue que ses orientations politiques. Peut-on être de droite et progressiste ? Ou « et progressiste et conservateur » ? Une anecdote : nous étions à l'automne 2016, Macron commençait tout juste à être pris au sérieux par tous. Un sarkozyste au téléphone : « C'est dingue, Macron a embauché un mec de droite : Sylvain Fort, bien connu chez nous. J'attends de voir comment vont réagir ses amis lorsqu'ils apprendront ça. » Délectation. Espoir de cataclysme dans le camp progressiste. Quand, fin août 2016, Macron a recruté Fort, une élue « marcheuse » venant du PS avait déjà cherché sur Google qui pouvait bien être ce nouveau venu, inconnu des cercles strauss-kahno-socialo-libéraux. Quelle ne fut pas son horreur à la lecture d'une des premières occurrences : il apparaissait en effet que Sylvain Fort avait signé, pas il y a vingt ans, pas il y a dix ans, mais en mars 2015, une tribune sur la défense du grec et du latin dans l'hebdomadaire de droite Valeurs actuelles ! Émoi, interrogations, messes basses.
Ce n'est pas tout : quand son nom est apparu dans la presse, Laurent Wauquiez s'est fait une joie de rappeler en privé que ce collaborateur de Macron avait été un de ses conseillers officieux à la fin des années 2010. Enfin, preuve s'il en fallait une autre que Fort est un homme de la droite, et de la moins fréquentable aux yeux d'une certaine gauche : il a plusieurs fois rencontré Sarkozy et a participé aux réunions du groupe Fourtou, fondé en 2011 par l'ex-patron de Vivendi Jean-René Fourtou dans le but de promouvoir le bilan du président sortant. Les réunions se tenaient, pour certaines, place Victor-Hugo, à Paris, au siège de DGM, en présence de Michel Calzaroni, président de l'agence. « Sylvain est un véritable homme de droite, il a le sens de l'État et est attaché à l'autorité. Il ne supporte pas les combines. Il aurait pu être préfet », affirme son ami Louis de Raguenel, journaliste à Valeurs actuelles et ancien conseiller au cabinet de Claude Guéant à Beauvau.
À l'évocation de ce passé, que d'aucuns voudraient voir par lui renié ou regretté, le conseiller du président préfère sourire et tout assumer, apportant toutefois quelques nuances. Sur Wauquiez : « Oui, j'ai participé à un petit groupe de travail autour de lui, mais, comme d'autres, j'ai été déçu par son évolution, notamment sur le mariage homosexuel. Je n'ai pas continué. » Sur le groupe Fourtou : « Au départ, il était question de défendre le bilan de Sarkozy qui reposait sur une ligne libérale et de valoriser son action au moment de la crise financière. Voyant ensuite que la campagne se droitisait sous l'impulsion de Buisson, j'ai cessé d'y participer. »
Éloge de la transmission et de l'effort, dénonciation du politiquement correct, défense de l'élite “républicaine” et invitation à accueillir des migrants.
Il le confesse, en 2012, il s'est abstenu de voter au second tour de la présidentielle. Il ajoute néanmoins avoir apprécié la compagnie des membres du groupe Fourtou, comme Charles Villeneuve, « un aventurier » – et ami –, Camille Pascal, ce « talon rouge », ancienne plume de Sarkozy, Michel Pébereau, son ex-employeur à la BNP, et d'autres comme Geoffroy Didier, cofondateur de La Droite forte. « Ce ne sont pas des nazis, il faut arrêter. En outre, ils sont beaucoup moins rigides qu'on ne le pense, plus nuancés qu'on ne le dit. » Aujourd'hui vice-président du conseil régional d'Ile-de-France, Geoffroy Didier se souvient d'un homme « très constructif, modéré et indépendant d'esprit. Il devait se chercher politiquement. Jusqu'ici, je crois que personne n'avait pris en compte son réel potentiel. Avec Macron, il a enfin trouvé quelqu'un qui l'inspire et le respecte. »

Un conservatisme ouvert

Réticent à l'idée de parler de lui, Fort indique qu'il a longtemps été chevènementiste, comme d'ailleurs le président de la République, qui, en 2002, a voté pour le candidat du MRC. « À la vérité, je suis un gaulliste de gauche, mais des origines. J'admire ceux qui venaient de la gauche et qui se sont retrouvés dans le discours du général de Gaulle, pourtant enraciné dans un imaginaire de droite. » Lui aussi révoque le clivage droite-gauche, lui préférant « ouverture et fermeture », et précise avoir abandonné son « étatisme » pour épouser le libéralisme économique : « J'ai pensé à ma fille au moment de m'engager auprès d'Emmanuel Macron. Que lui aurais-je dit si on était reparti avec Sarkozy et Hollande ? C'était l'occasion de changer le paysage. »
Il est directeur de la publication du site Forum Opera, où signe Roselyne Bachelot. Ses textes sur la musique dessinent les contours de son corpus doctrinal, entre éloge de la transmission et de l'effort, dénonciation du politiquement correct, défense de l'élite « républicaine » et invitation à accueillir des migrants. Un conservatisme ouvert. En mars 2016, très remonté, il avait mené la fronde contre le retrait – le « saccage » – des cloisons historiques de l'Opéra Garnier. Ce fut son cheval de bataille durant de longs mois. Il a considéré que cela relevait du blasphème, de la profanation. L'art lyrique est son royaume, qu'on ne dénature pas impunément. Une autre manière de monter sur le ring.
Sylvain Fort publie un livre intitulé Saint-Exupéry Paraclet (Pierre-Guillaume de Roux, 96 pages, 15 euros), qui est à la fois une relecture du Petit Prince, ce conte « grave » et « hanté », et un portrait spirituel de l'écrivain disparu en vol en 1944. Un essai instructif, écrit avec style, présenté comme une mise en abîme de la pensée de Saint-Exupéry, où se mêlent des considérations sur l'enfance, la mort, la prière, l'ascèse et le silence. « C'est le sens même du personnage de Rivière dans Vol de nuit que d'imposer à ses hommes la plus haute rigueur, la froideur du devoir. Cette rigueur seule permet d'accéder au regard de surplomb qui, neutralisant toute médiocrité, offre la vision d'ensemble », écrit le conseiller « discours et mémoire » d'Emmanuel Macron.
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Car la bonne communication est importante pour un chef d’état on change de conseiller et d’écrivain pour ses discours quand il le faut !

D’ailleurs nos dirigeants on peu d’amour propre pour oser écrire totalement leurs discours et surtout leurs pensées !

La politique n’est qu’hypocrisie et cela ne s’arrange pas chez nos bien-pensants donneurs de leçons !

Alors on s'offre un scribe érudit et lettré pour écrire ses discours alambiqués pas toujours compris du peuple lambda que l'on considère à tort souvent inculte !

Mais tous nos présidents de notre V eme république ont utilisé ces genres de personnages pour leurs discours, car leurs égos souvent démesurés l'exigeaient !

Par contre cela n’empêche pas nos présidents et MACRON ne déroge pas à cette règle de déraper en matière de langage, quand il parle au débotté, interrogé par exemple par des journalistes politiques facétieux ou autres sans faire de discours préparés à l'avance et quelque fois même en conférence de presse  !

Et cela dévoile leur caractère et souvent leur niveau de culture générale, mais en politique, quand on est au pouvoir au plus haut de l'état, il faut savoir impressionner le bon peuple d'en bas comme disait un ex 1er ministre !

Alors un bon discours est toujours efficace pour plaire aux gogos qui avalent mieux ce que le président veut leur faire accepter ou vendre comme des représentants de commerce ou bonimenteurs de foire et ça marche, surtout au début des mandats de nos présidents !

Jdeclef 05/09/2018 15h09

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