dimanche 9 septembre 2018

Tout cela ne correspond qu'à de la masturbation intellectuelle pour bobos !


Emmanuel Macron est-il luthérien ?

L’opposition stigmatisée par le président entre l’esprit gaulois et le « peuple luthérien » recouvre-t-elle une réalité spirituelle ou historique ? Analyse.

De la déclaration d’Emmanuel Macron au Danemark nous aurons retenu, prisonniers de nos œillères hexagonales, les « Gaulois réfractaires au changement ». L’autre terme de l’opposition macronienne, « le peuple luthérien », a été gommé. Une mise en balance certes quelque peu bancale puisqu’elle confrontait une religion, le luthéranisme, à un élément ethnique, les Gaulois. Mais le propos était clair : les gens de la Réforme auraient, eux, le goût de la réforme. Sans faire d’Emmanuel Macron, comme Régis Debray, un évangéliste américain, notons que cet ancien élève des Jésuites a souvent agité l’encensoir sur l’autre camp. Sa célébration des 500 ans de la Réforme, rappelle François Dosse, auteur du « Philosophe et le Président », fut l’occasion d’un éloge vibrant d’une Réforme lieu d’invention de la modernité, qui, dans la tradition de Michelet, associait le protestantisme à la liberté de conscience ou à l’esprit de résistance. Cette fois, le président français a soufflé sur les braises du vieux lieu commun qui oppose les pays protestants et les pays catholiques dans leur relation au travail, à l’argent, mais aussi à l’initiative et au risque, puisqu’il vantait au passage la « flexisécurité » à la danoise. 
Max Weber, un livre phare. Comme tout lieu commun, celui-là s’appuie sur un vieux fond de littérature ressassé. Voltaire dans ses « Lettres philosophiques », Montesquieu qui divisait l’Europe politique en deux zones climatiques, Nord et Sud, correspondant à l’Europe protestante et catholique, furent d’éminents porte-parole de la supériorité des premiers. Mme de Staël, rappelle l’historien Patrick Cabanel, enfonça le clou dans « De l’Allemagne » :« Pour elle, l’Allemagne, grâce à la Réforme, est devenue le pays des idées, des philosophes. » Evidemment, elle était protestante. Un livre d’un de ses proches, Charles de Villers, inaugure certains stéréotypes, décrivant les cantons suisses catholiques comme des lieux d’oisiveté, mal entretenus, quand les cantons protestants sont des modèles de propreté et de rigueur. La défaite française en 1870 ne va guère aider à guérir notre complexe d’infériorité. La victoire de la Prusse est celle de l’instituteur prussien, car le soldat prussien, grâce à la Réforme, sait lire une carte, des rapports, quand le soldat français patauge encore dans l’illettrisme. La parution en 1904 de l’ouvrage de Max Weber « L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme » finit d’asseoir cette supériorité, en développant les affinités électives entre protestantisme et capitalisme. Weber a pour avantage d’expliquer pourquoi le centre du monde, qui, jusqu’au XVIIe siècle, battait pavillon catholique et méditerranéen, s’est déplacé vers les eaux protestantes de la Manche et de la mer du Nord. « Même s’il était issu du luthéranisme, Max Weber, qui a figé cette opposition protestants/catholiques dans “L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme”, s’appuyait surtout sur le calvinisme et certaines sectes puritaines, mormons, quakers », corrige la spécialiste webérienne Catherine Colliot-Thélène. De fait, certains spécialistes contactés nous ont exprimé leur étonnement. Pourquoi le président Macron a-t-il mis en avant le luthéranisme plutôt que le calvinisme, plus à la pointe de l’innovation économique au temps des grandes compagnies, en Hollande, en Angleterre ou dans les jeunes Etats-Unis ? Très tôt, les calvinistes préconisèrent ainsi l’emprunt avec intérêt, banni par la papauté, qui avait décrété que le temps, propriété de Dieu, ne se monnayait pas. « Le luthéranisme fut davantage une forme conservatrice, autoritaire, qui a homogénéisé certains Etats allemands », précise Philippe Raynaud. 
Quelle est cependant la pertinence de cette opposition protestants/catholiques quand il s’agit d’aborder les questions économiques et sociétales ? « Dès le XVIe siècle, déclare Olivier Christin, les théologiens protestants affirment que le protestantisme signifie la modernité, quand l’Eglise catholique fabrique un peuple de sots sans accès direct à la Bible, obligés d’en passer par des intermédiaires. » 
Goût du risque. Sur le plan théologique, le tropisme protestant pour le travail repose sur la théorie de la prédestination élaborée par Calvin : puisque le croyant ignore s’il fait partie des élus ou des réprouvés, la réussite devient le signe manifeste de la grâce, la garantie (Bewährung) susceptible d’atténuer les tourments de cette incertitude. D’où un investissement forcené dans l’activité terrestre. Olivier Christin rappelle aussi la notion de vocation (Beruf) – présente aussi chez Luther –, qui signifie également « profession » en allemand : « Le protestant se réalise en étant un bon entrepreneur, un bon professeur, un bon médecin. »« Exercer sa profession, c’est accomplir sa mission divine sur terre, qui n’est plus réservée aux prêtres », précise Catherine Colliot-Thélène. A la différence du catholicisme, où le fidèle s’en remet à une série de recours – la confession qui rédime ses péchés, le culte protecteur des saints, les pèlerinages –, le protestant est également seul devant Dieu. « Pas de filet de secours, pas de béquille. Il s’ensuit une responsabilisation accrue et une acceptation de l’incertitude de son sort. » De là à penser que le protestant a l’initiative dans le sang, que le risque est pour lui une seconde nature, comme le claironnent certains évangélistes actuels, adeptes de l’« Enrichissez-vous » « Le catholicisme est une société d’assistance et de secours mutuel, résume Patrick Cabanel, quand le protestant, seul face à Dieu, est l’entrepreneur de son propre salut. » Et Cabanel de rappeler que monarchie absolue et catholicisme sont souvent allés de pair, le catholique, plus passif, attendant tout de Dieu comme de l’Etat. « Notre Etat s’est laïcisé, mais la France parle d’Etat providence, ce qui veut tout dire, quand les Anglo-Saxons préfèrent le terme welfare state (bien-être). » Ajoutons un sens du collectif forgé dans des Eglises protestantes autogérées, des assemblées démocratiques où le croyant élit son pasteur tandis que le prêtre est nommé, et le protestant, bien discipliné et ouvert aux réformes, semble paré de toutes les vertus. Dans « La victoire de Luther » (2001), Pascal Morand prolonge cette supériorité jusqu’à la construction de l’Europe et de l’union économique : tous les systèmes de réglementation mis en place, les déficits de 3 % du budget, la politique d’austérité, sont d’inspiration protestante, la prime étant donnée à l’effort. Avec Bruxelles, c’est la morale protestante qui l’aurait emporté sur la morale catholique.
Nuances. Mais cette exclusivité entrepreneuriale des protestants doit être nuancée. Les lecteurs de Jacques Le Goff et son « Moyen Age et l’argent » se souviennent que le système bancaire fut inventé par des Italiens et les règles de la fiscalité et de la comptabilité mises en place par les ordres mendiants. « Weber, dont Raymond Aron fut chez nous le grand vulgarisateur, a donné lieu à de nombreuses critiques », précise Denis Pelletier, auteur de « La crise catholique ». Celle de Fernand Braudel, bien sûr, grand historien de la Méditerranée et qui en réaffirma le rôle central. Outre-Manche, Trevor-Roper a opposé à Weber le cas de l’Ecosse : pourquoi ce pays presbytérien fut-il sous-développé industriellement au regard du reste de l’Angleterre ? « En France, explique Denis Pelletier, l’historien Michel Lagrée s’est servi de la Bretagne pour contredire Weber. On a souvent répété que le sous-développement de cette région était due à son fort catholicisme. Il démontre que son enclavement fut la raison majeure et que, à partir des années 1950, son développement s’appuie exclusivement sur la mobilisation des réseaux catholiques. » Plus globalement, poursuit Denis Pelletier, le XIXe siècle engage une forte réflexion des catholiques autour du progrès technique : est-il chrétien ? La réponse du Vatican est oui : il est la continuation de la création du monde. Réponse difficile à entendre dans une France marquée par un autre lieu commun, la catastrophe économique qu’aurait provoquée la fuite des huguenots à la révocation de l’édit de Nantes, avant le retour d’une minorité agissante dans l’économie à partir du XIXe siècle. 
« Malheur français ». Que reste-t-il aujourd’hui de cet antagonisme ? Quantifier l’infusion d’une religion et de ses effets secondaires est délicat. Si l’on suit un Marcel Gauchet, tenant d’une sortie radicale du religieux, on sourira de la mise en perspective d’Emmanuel Macron, toujours habile à faire s’entrechoquer les lieux communs. Evoquer la difficulté française à se réformer est une vieille rengaine. Après la dépression de 1929, les polytechniciens de X-Crise, qui comptait dans ses rangs Alfred Sauvy ou Jacques Rueff, tirèrent la sonnette d’alarme pour secouer la paralysie française. De leurs réflexions émergeront tout de même nos courants technocratiques et planificateurs de l’après-guerre. Au tournant des années 1960, le sociologue Michel Crozier se fit aussi le chantre de la « Société bloquée », fustigeant le grand ennemi d’alors, le phénomène bureaucratique, la machine administrative. S’il fallait repérer un archaïsme, ne serait-il pas autant culturel que religieux ou ethnique ? Tout en rappelant certaines heures de gloire des modernisations à la française – les lois civiques et sociales de la IIIe République, la charte de 1944, la période gaulliste –, Philippe d’Iribarne, auteur de « L’étrangeté française » (Seuil), préfère nous parler de la singularité des Français dans leur rapport à la réforme : « L’obsession qui nous traverse est la suivante : sommes-nous traités selon le rang qui nous est dû ? La réforme qu’on nous propose va-t-elle nous élever ou nous abaisser ? » La France, insiste-t-il, a toujours été une société de rang où la liberté se définissait en termes de dignité et d’égards, quand l’Angleterre la concevait sous le modèle du propriétaire de biens ou l’Allemagne par la participation au chapitre de la communauté. « La Révolution, avec la loi Le Chapelier, a tenté d’abolir les corporations en instaurant un système contractuel sur le modèle anglais, ce fut un échec. Dès le XIXe siècle, on a rétabli des statuts protecteurs, on a créé de nouvelles catégories, avec un fort attachement à la logique du métier, chacun ayant sa “noblesse”. » S’il fallait réintroduire l’argument catholique dans le débat, il serait avant tout historique. Par hostilité à la Révolution française, qui avait renversé l’ordre naturel, les catholiques au XIXe siècle ont vigoureusement défendu les statuts professionnels. Y a-t-il là une exception française ? D’Iribarne cite la création du « cadre », catégorie apparue dans les années 1930, qui provoque toujours l’étonnement amusé de nos voisins. La réticence des Français à la réforme serait donc due à cette emprise persistante sur notre société de la considération, dont l’historienne Fanny Cosandey avait décrit les origines dans la société de l’Ancien Régime. Depuis, on a démocratisé le privilège. Mais, pour d’Iribarne, il ne s’agit pas d’une fatalité : « Certes, nous sommes friands de hiérarchies, de classements en tous genres, mais la réforme est possible au sein du corps si vous la présentez en interne comme une évolution remarquable. Ce fut le cas quand les PTT sont devenues France Télécom ou quand EDF est passée de l’usager au client. » 
Voilà peut-être le dernier ingrédient de ce que Marcel Gauchet appelait le « malheur français » : moins pour des raisons religieuses qu’historiques, le Français attend tout d’un Etat universel. Il n’est donc pas réfractaire à la réforme quand celle-ci vient d’en haut, surtout dans certaines circonstances dramatiques, après une défaite. Mais il tient aussi à son rang, à ses privilèges. Il ne reste qu’à résoudre l’équation du singulier et de l’universel, autrement dit, la quadrature du cercle
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Ces donneurs de leçons bienpensants souvent hypocrites en plus qui se baptisent eux même luthériens, jupitériens ou qualifient les français de gaulois ne sont que des personnages fats qui s'écoutent parler où se regardent le nombril !

Le tout attisé par des médias qui en rajoute et troublent les esprits des plus simples ou faibles !

Ils ne sont pas du tout du même monde des français lambda que le terme luthérien pour bien de ceux-ci ne savent même pas ce que cela peut vouloir dire, car ils ont d'autres problèmes à affronter dans leur vie courante quotidienne !

Et à cause de cela ne se mettent pas au niveau du peuple qu'ils ont à gouverner et qu'ils escroquent intellectuellement avec de bons mots ou discours alambiqués qu'ils n'écrivent pas eux-mêmes !

Le plus drôle ou triste comme on voudra, c'est que ces politiciens élus au plus haut de l'état quand ils sont rejetés par la majorité de ces français simples, lors d’élections, ils ne comprennent pas et certains s'accrochent ou s'acharnent pour revenir quel que soit leurs bords politiques !

Inutile de citer des noms on les connait et trouveront des gogos pour les soutenir, même s'ils ont été plus que médiocres, pauvre France et nos concitoyens pas assez exigeants qui râlent bien sûr, mais c'est tout ..!

Jdeclef 09/09/2018 14h50

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