Turquie :
l'UE agite (d'abord) la carotte et (ensuite) le bâton
Les 27 proposent
au président turc une négociation plus large et un « agenda positif »
en échange d'un arrêt de ses ingérences en Méditerranée orientale.
La carotte et le bâton. La recette est vieille comme le monde,
peut-être parce qu'elle a fait ses preuves. Le Conseil européen, après
plusieurs semaines de délibération, a adopté une position équilibrée à l'égard
de la Turquie et de ses ingérences dans les zones économiques exclusives
grecques et chypriotes : les activités illégales des bateaux turcs doivent
cesser, insistent les Européens, et, en contrepartie, un dialogue constructif
pourra s'ouvrir dans le cadre d'une « conférence multilatérale sur la
Méditerranée orientale » portant sur les « délimitations maritimes,
la sécurité, l'énergie, la migration et la coopération économique ».
« C'est la première fois que l'Europe adopte une stratégie
unique sur l'ensemble des dossiers liés à la Turquie », fait remarquer un
diplomate français. Les 27 n'étaient pas tous alignés au
départ : l'Allemagne, du fait de la diaspora turque, a tendance à faire le
dos rond. À l'inverse, le chancelier autrichien Sebastian Kurz se montre
toujours le plus agressif vis-à-vis du président turc Recep Tayyip Erdogan. Les
Polonais sont les meilleurs alliés des Turcs pour des raisons historiques
profondes. D'une manière générale, les pays de l'ancien bloc de l'Est étaient
partagés entre deux intérêts inégaux. D'abord, ménager Erdogan perçu comme le
meilleur rempart à une migration musulmane qu'il redoute comme leur pire
cauchemar. Mais ils ne pouvaient être insensibles au sort de Chypre, micro-État
menacé par un grand voisin, une situation assez similaire à la leur vis-à-vis
du grand voisin russe. Le noeud de ce sommet se situait, cependant, entre les
Grecs et les Chypriotes qui n'étaient pas alignés, car Erdogan a entamé des
pourparlers avec Athènes mais pas avec Nicosie.
Macron et Merkel en go-betweens
Du coup, les conclusions initiales proposées par Charles Michel,
le président du Conseil, étaient trop timorées au goût du président chypriote,
Nicos Anastasiades, alors que le souci du Premier ministre grec, Kyriakos
Mitsotakis, était au contraire de ne pas trop charger la barque de manière à
éviter qu'Erdogan crie, une nouvelle fois, à la provocation. Il a donc fallu
trouver un équilibre en rehaussant le texte à propos des sanctions éventuelles
sans se montrer trop menaçant pour ne pas rompre le fil du dialogue qu'Athènes
et Ankara ont tissé sous les bons offices d'Angela Merkel (présidente
intérimaire de l'UE).
Plusieurs formulations ont été testées auprès d'Anastasiades et
Mitsotakis. Le tandem Macron-Merkel, conjointement et séparément, a fait
plusieurs allers et retours entre les deux dirigeants avant de parvenir à un
accord avant deux heures du matin.
L'Europe de Macron face aux oppositions rugueuses
Erdogan a tout à gagner à se mettre autour de la table
La balle est désormais dans le camp de la Turquie. Recep Tayyip
Erdogan aurait tort de négliger cette perche tendue par l'Europe, car il a tout
à y gagner. Aujourd'hui, l'application mécanique du droit de la mer en mer Égée
lui est injustement défavorable. La position de la Grèce est légale mais
inique, car le droit de la mer instaure, de fait, la mer Égée en lac intérieur
grec du fait des nombreux îlots grecs qui limitent considérablement l'espace
maritime turc. Un rééquilibrage est nécessaire, mais la méthode ne peut être
celle de la force ou du fait accompli. En acceptant la négociation, Erdogan est
certain d'obtenir quelque chose et les Grecs, de concéder du terrain. Il part
de rien en étant certain d'obtenir quelque chose. Pourquoi refermer la
porte ?
En outre, le Conseil européen propose à la Turquie un
« agenda positif » avec la modernisation de l'accord d'union
douanière (en vigueur depuis 1963 sur le commerce essentiellement
agricole), une facilitation des voyages et la poursuite de la coopération
migratoire. Il n'est bien sûr plus question d'adhésion à l'UE, même si les
négociations ne peuvent être officiellement fermées (il n'y a pas d'unanimité
des Européens sur ce point). Si les actions unilatérales d'Erdogan devaient
persister, alors l'UE emploierait les moyens de l'article 215 du traité de
fonctionnement de l'UE (des sanctions économiques ou individuelles).
Les conclusions du Conseil appellent à la reprise des négociations
entre Chypre et la Turquie sous les auspices de l'ONU. L'invasion de l'île, en
1974, avec l'occupation militaire du nord par les Turcs rend la partie
plus difficile. Pour satisfaire les Chypriotes, les Européens se sont accordés
sur un calendrier assez précis : pas de sanction si aucune nouvelle
agression turque n'est enregistrée avant un nouveau point d'étape, au plus tard
lors du sommet européen de la mi-décembre.
Luc de Barochez – Erdogan dame le pion à Macron en Libye
Loukachenko exempté de sanction, pas ses proches
Le président chypriote Anastasiades exigeait non seulement de ses
partenaires européens des sanctions immédiates contre les Turcs, mais il
bloquait, en attendant, toute sanction à l'égard du régime biélorusse.
L'assouplissement de la position de Nicos Anastasiades a donc permis aux
Européens de prendre des sanctions contre une quarantaine de personnes
responsables du trucage des élections et des violences en Biélorussie, mais
épargne, pour le moment, le président Loukachenko, exempt de sanction
individuelle.
Là aussi, le mouvement diplomatique est tactique : on permet
à Alexandre Loukachenko de ne pas perdre la face, de rester un interlocuteur
afin de faciliter une solution pacifique vers de nouvelles élections. Là
encore, l'UE déploie la seule arme dont elle dispose, faute d'armée : si
le régime accepte le jeu démocratique, l'Europe proposera un plan de soutien
économique global à la Biélorussie. Bref, la douce diplomatie du carnet de
chèques plutôt que celle des chars d'assaut (dont l'UE n'est, de toute façon,
pas dotée).
Biélorussie : « Loukachenko mène l'Europe en
bateau depuis des années »
Les décisions du Conseil européen des 1er et
2 octobre s'inscrivent ainsi dans la logique traditionnelle des
institutions européennes telle que joliment décrite par Jean-Dominique
Giuliani, le président de la Fondation Robert-Schuman : « Un grand
"entonnoir" où tournent en tous sens les avis les plus divers,
mais avec des règles et des procédures. On s'y enfonce, on négocie, et, à la
fin, il sort une décision au bout d'un petit tuyau pas toujours vendable à
l'opinion publique, mais qui est la raison même… »
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Ce pseudo dictateur
vindicatif qui voudrait faire de son pays un ersatz de république islamique à l’iranienne
et qui enferme tous ceux qui s'oppose à lui dans son pays !
Le défaut de l'Union
Européenne, c'est de palabrer comme des bienpensants donneurs de leçon (on a
déjà çà chez nous en France) !
Ce personnage rapace il faut
lui rogner les ailes et les griffes avec fermeté pour le remettre à sa place,
on a déjà assez à faire dans ce moyen orient instable !
Jdeclef 03/10/2020 10h56
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