À Mont-de-Marsan, des cellules ouvertes pour réduire les
violences
Depuis 2015, le "module de respect" permet aux
prisonniers de vivre une détention plus flexible, en échange d'une stricte
obéissance aux règles.
Depuis 2015, en plus de la détention classique est testé un mode de détention alternatif. Des détenus qui possèdent les clés de leur cellule circulent librement dans l'établissement pénitentiaire, et cohabitent dans les couloirs avec les surveillants. C'est ce que l'on peut voir en passant la porte des bâtiments CD1 (centre de détention 1) et MA2 (maison d'arrêt 2), qui fonctionnent selon les règles du « module de respect ». Ce modèle, venu d'Espagne, « a pour objectif premier la réduction des violences en détention », explique Christelle Drouet, directrice de l'établissement. À peine la porte blindée franchie, la différence est frappante. Les sols des bâtiments « respecto » ne sont pas jonchés de détritus, aux fenêtres des cellules, pas de yoyos, ces installations destinées à faire passer des objets de cellule en cellule, et, dans les bâtiments, des détenus soucieux de leur environnement et de leur entourage.
Contrat
Le
module de respect est un contrat, signé entre l'administration pénitentiaire et
le détenu. Le prisonnier est libre d'aller et venir tout au long de la journée,
y compris dans les cours de promenade. En contrepartie, il s'engage à
effectuer 25 heures d'activité hebdomadaire (participation à des
ateliers, des modules d'insertion professionnelle, heures de travail,
investissement dans la vie carcérale...), et à adopter un comportement
respectueux des règles (réveil à 7 heures, maintien d'une cellule
propre, sociabilité). Un système de points prend en compte les incartades des
uns et des autres et, quand la limite est atteinte, ils sont renvoyés au module
classique.À Mont-de-Marsan, 188 places « respecto » sont disponibles pour le centre de détention (pour un total de 333 prisonniers), et 113 pour la maison d'arrêt (pour un total de 260 prisonniers*). Pour intégrer le module de respect, il suffit d'en faire la demande. Chacun est libre de postuler, quelle que soit la raison de son incarcération ou la durée de la peine. Une commission technique décide ensuite au cas par cas qui pourra ou non intégrer le module. « Bien sûr, si un détenu fait du prosélytisme en détention classique, on n'augmentera pas les risques en l'envoyant en module de respect. Idem s'il présente des troubles psychiatriques tels que la violence et l'imprévisibilité », précise Christelle Drouet.
On retrouve l’aspect social de notre
métier
« Beaucoup
(de détenus) font tout pour venir ici », raconte Christian, un homme d'une
cinquantaine d'années qui y est arrivé en mai 2015. « Le module de respect
a changé beaucoup de choses, explique-t-il. Avant de venir ici, j'étais à Pau, à 6 ou 4 en
cellule. C'était rare si le soir il n'y avait pas de bagarre. Ici, on est seul,
il y a beaucoup moins de tension. Le fait d'être en cellule ouverte réduit les
contraintes, on ne doit plus appeler le surveillant pendant des heures, le
contact est plus social, le dialogue est plus facile. »La flexibilité de ce mode de détention permet aussi de recréer un lien, inimaginable en détention classique, entre prisonniers et surveillants. « Les relations avec les détenus sont apaisées, renchérit Philippe Jean, major adjoint du bâtiment. Ils passent outre l'uniforme. Ils viennent même nous parler, nous demander des conseils. On retrouve l'aspect social de notre métier. » Laurence Cologni, lieutenant responsable du second bâtiment, partage ce constat. « En détention classique, les surveillants ont souvent peur de se promener dans les couloirs. Ici, le terrain est occupé par les deux parties. Nous sommes plus investis, et remis au cœur de notre métier. »
Bien sûr, cela ne marche pas pour tout le monde. Certains détenus sont renvoyés, et d'autres ne veulent même pas tenter de l'intégrer. En détention classique, les violences restent très présentes. Mais, pour Philippe Jean, il s'agit ici d'« accompagner ceux qui veulent se donner la peine ». « Le renvoi n'est jamais définitif, précise Christelle Drouet. Cela permet aux détenus de retenter leur chance, quand ils seront dans le bon état d'esprit ». Certains font ainsi de nombreux allers-retours...
Autorégulation
En
module de respect, ce sont les prisonniers et les gardiens de prison qui gèrent
la détention, plus que la direction. « La direction décide qui intègre le
module et qui en sort, détaille la directrice de l'établissement, mais tout le
cheminement au sein du module est organisé par les agents de l'administration
pénitentiaire, et les détenus. C'est de l'autorégulation. » Les détenus
sont acteurs de leur détention, et l'ont bien compris. José est animateur de
l'atelier d'art plastique, Nicolas, responsable de la bibliothèque, et David,
membre de la commission d'accueil chargée d'expliquer le fonctionnement du
module aux nouveaux arrivants. Un investissement qui leur redonne goût à la vie
en société. « On garde un simili de vie, comme si on était dehors, analyse
David, la quarantaine, les cheveux courts. Et ça nous servira après, quand on
sortira. Ici on n'est pas qu'un numéro, on existe, on peut montrer notre valeur
personnelle, même en tant que détenus. »Car si les écarts de conduite sont sanctionnés, les efforts des détenus sont aussi remarqués. « Des détenus ont été surpris, raconte Philippe Jean, car ils peuvent être félicités. Pendant les commissions techniques, s'ils ont fait des choses bien, on le leur dit. Et ça, ils n'ont pas l'habitude. » Un fonctionnement qui peut paraître infantilisant, mais trouve sa légitimité dans l'évolution du comportement des prisonniers. Depuis 2015, deux bagarres seulement ont éclaté en détention « respecto ». Et aucun membre de l'administration n'a subi d'agression.
Tous n’ont pas eu la chance d’avoir
une structure familiale. Le module réapprend la norme sociale aux détenus
L'objectif
de réduction de violence est atteint avec succès, et l'administration
pénitentiaire constate aujourd'hui les autres bienfaits de ce mode de
détention, comme la prévention de la récidive. Pour Laurent Cachau, directeur
adjoint de l'établissement, le module de respect remplit un rôle éducatif.
« Tous n'ont pas eu la chance d'avoir une structure familiale permettant
l'acquisition des bons réflexes sociaux. Le module réapprend la norme sociale
aux détenus. » La norme sociale, qui peut aller du simple
« bonjour », à l'apprentissage de la vie en communauté.
« Certains n'ont connu que l'exclusion, continue Laurent Cachau. C'est un
moyen pour eux de découvrir ce qu'est le vivre-ensemble. » Et cela a été
le cas pour David. « Le module de respect m'a beaucoup fait réfléchir. On
y apprend à être tolérant, à savoir vivre avec des personnes différentes de
nous-mêmes. »Pour d'autres, la détention « respecto » a même été salvatrice. En désignant un détenu, Laurent Cachau raconte. « Lorsqu'il a été incarcéré, il était incapable de faire une phrase, en raison de sa toxicomanie. Il était dans un état physique et mental très grave. Mais nous lui avons laissé une chance, en l'intégrant au module, et aujourd'hui, il anime lui-même un atelier de création de meubles. En détention classique, il n'aurait jamais pu s'en sortir. » Un autre prisonnier, Franck, qui est passé par des phases autodestructrices intenses, témoigne spontanément. « Le module de respect m'a sauvé. Je suis en prison depuis 13 ans, ce que j'ai fait me chamboule encore, mais j'ai beaucoup appris sur le plan mental grâce au module. Sans ça, je ne serais plus vivant. »
Généralisation
La
mise en place du module de respect est encore trop récente pour donner lieu à
des données chiffrées concernant la réinsertion des détenus. Mais
« l'effet positif est indéniable », témoigne Stéphane Trouja, chef
d'antenne du Service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP) des
Landes. « On voit que les personnes en module de respect sont plus
attentives, plus actives dans leurs démarches et aptes à élaborer des
projets ». Nicolas, par exemple, arrivé il y a trois ans, a repris ses
études et passe le bac cette année. Il est aujourd'hui responsable de la
bibliothèque et a mis en place un partenariat avec la médiathèque
départementale.Dix-huit établissements comprennent un tel module en France, comme à Lyon, Lille, Rennes ou Paris. Et le modèle a vocation à s'étendre. « Un cahier des charges est en cours de rédaction, confie la direction de l'administration pénitentiaire (DAP). Nous n'avons actuellement pas de deadline, car il se nourrit des retours d'expérience. Il sera terminé quand la direction estimera qu'il est suffisamment pertinent pour être transposable dans tous les établissements. »
Pour les surveillants du centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan, à l'échelle nationale, le modèle trouverait vite ses limites en raison de la surpopulation qui est la règle dans les prisons françaises. À Mont-de-Marsan, il fonctionne parfaitement, mais la densité carcérale de la maison d'arrêt est de 78,1 %, et celle du centre de détention de 90,5 %. Mais pour la DAP, la surpopulation n'est pas une contre-indication. Elle en veut pour preuve que des modules de respect sont en place dans les établissements parisiens, comme à la maison d'arrêt de Villepinte, « et que les retours restent très bons ».
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(Ou à une maison de retraite
médicalisée pour des patients interdits de sortie ?!)
Mais cela ne représente plus beaucoup la fonction de prison qui est quand
même une punition pour faits de crimes ou délits commis par les détenus
condamnés par une justice déjà trop souple !
(Et plutôt à une pension de famille pour délinquants ou chacun à sa chambre qu’il choisit en plus !)
Cela va peut-être faciliter la gestion et surveillance des gardiens pas
assez nombreux, seul avantage, mais pas sur !
Attention aux solutions de facilité !
Mais inefficace, voire impossible dans les prisons surpeuplées et qui ne
doit pas empêcher les trafics divers peut être plus faciles, du fait de la libre
circulation à l’intérieur de l’établissement des détenus ?!
Mais on ne sait pas ce qu’en pensent les victimes de ces individus, qu’on
oublie souvent en matière de justice de ces condamnés, si on les héberge pendant
leur détention comme des coqs en pâte ?!
Et surtout, il faut surtout beaucoup de rigueur pour ne pas se tromper
dans le tri des détenus que l’on choisit pour intégrer de tels modules « dit de respect » avec un but
de réinsertion au final !
(Car tout le monde n’est
pas beau et gentil chez ces détenus !)
Et ne pas pousser la poussière sous le tapis pour la cacher…Comme on a
tendance à le faire !
Jdeclef 18/09/2017 09h32 LP
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