lundi 25 septembre 2017

Merveilleuse actrice fort sympathique :

Gisèle Casadesus : "C'est passé si vite"

L'actrice est décédée à l'âge de 103 ans. En 2014, à l'occasion de son centenaire, la comédienne s'était confiée au "Point".


Son dernier grand rôle remonte à 2010. Elle donnait la réplique à un émouvant Gérard Depardieu dans La Tête en friche. Gisèle Casadesus est décédée à l'âge de 103 ans. Elle a connu des succès au théâtre et au cinéma. Elle avait reçu en 2003 un Molière d'honneur pour l'ensemble de sa carrière. En juin 2014, à l'occasion de ses cent ans, elle s'était confiée au Point.
La France est un pays de vieux qui n'aime pas les personnes âgées, sauf lorsque celles-ci atteignent un âge canonique ayant valeur d'exemple. Gisèle Casadesus occupe désormais sur l'échelle de la longévité la place de Denise Grey dans les années 1990. Il aura manqué neuf mois à l'immortelle Poupette de La Boum pour souffler ses 100 bougies. Mademoiselle Casadesus fêtera aujourd'hui son siècle. Elle sera entourée de sa tribu courant sur quatre générations. Gisèle n'a jamais changé d'adresse, et la fête aura lieu dans l'appartement du pied de la butte Montmartre qui la vit naître le 14 juin 1914. C'était un peu plus d'un mois avant la Première Guerre mondiale, et l'entrée dans le XXe siècle selon les historiens.
La comédienne, qui ne joue plus au théâtre depuis une dizaine d'années, enchaîne les rôles à l'écran. « Ce qui est agréable sur un plateau de tournage, c'est que l'on s'occupe de vous ; et mes cheveux blancs provoquent une gentillesse dont je n'ai même pas besoin d'abuser. » Elle ne s'appesantit pas sur cette longévité, tout du moins s'étonne-t-elle que cela soit passé si vite. « Ce sont les autres qui me vieillissent à force de s'extasier sur mon âge. » Elle ne révèle pas son secret, mais dévoile volontiers le conseil que lui donna à ses débuts Jacqueline Delubac : « Ma chère Gisèle, il faut vous imposer au moins trente minutes de vrai repos chaque jour, lui dit la troisième épouse de Sacha Guitry. Vous arrêtez tout et vous faites le vide total dans le noir. Où que vous soyez, rendez-vous indisponible durant ce laps de temps. Si les gens ne comprennent pas et disent que c'est un caprice de star, ignorez ! Ce sera tout au plus un détail dans votre biographie ! »
Et Gisèle a suivi ce conseil, avec en plus l'art d'éviter les conflits pour se préserver. Pendant des décennies, elle a monté et descendu à pied les cinq étages de son immeuble avec des sacs de provisions et ses quatre enfants dans les bras ou dans le ventre. Gisèle a le sens de la famille. « Ce qui m'étonne le plus, c'est que mon fils Jean-Claude soit grand-père. Cette notion a toujours été importante pour nous, plus que la célébrité. » Son mari, le comédien Lucien Pascal, est mort à 100 ans en 2006. Elle était mariée depuis 1934. « Aussi étrange que cela puisse paraître, je n'ai été la femme que d'un seul homme, et lui d'une seule femme. J'ai été beaucoup courtisée, j'étais plus mignonne que l'arrière-arrière-grand-mère que je suis devenue, mais mon mari et moi avions une indéfectible confiance l'un dans l'autre. Quand on s'aime vraiment, ce n'est pas difficile d'être fidèle. »

Toujours souriante

Un attachement aussi à la Comédie-Française, qu'elle nomme sa maison. Elle y est restée près de trente ans. Sociétaire honoraire aujourd'hui, elle va voir tous les spectacles et projette d'aller applaudir Guillaume Gallienne dans Lucrèce Borgia. « J'étais mineure lorsque je suis rentrée, à 20 ans, au Français pour jouer les ingénues. Madeleine Renaud évoluait vers un autre emploi, j'ai pris le relais qu'on me tendait. Le talent ne suffit pas, il faut aussi avoir de la chance et être au bon moment au bon endroit. » En huit décennies, sans faire de bruit, Gisèle Casadesus a joué les plus beaux rôles du répertoire et servi les plus grands auteurs. Une carrière sans relâche, où l'intelligence et la lucidité l'ont protégée des miroirs aux alouettes. « Il faut savoir discerner et se préserver de ceux qui vous adulent, de ceux qui cherchent à profiter de vous, de ceux qui ont besoin de votre notoriété, de ceux qui cherchent à vous entraîner vers des horizons qui sont des gouffres. » 
Tout au long de sa longue existence, Gisèle Casadesus a su écouter et observer. Aujourd'hui, c'est elle qu'on écoute. Les médias la sollicitent, elle répond « avec joie », souriante toujours. Elle se hisse sans effort sur les tabourets trop hauts des plateaux de télévision et murmure, guillerette : « N'oubliez pas que j'ai fait de l'acrobatie et de la gymnastique. Et en plus, je n'ai pas pris ma canne. » Elle a encore le trac devant les journalistes. « C'est incroyable à mon âge ! » Elle ne dit jamais de mal de personne et parle de ses projets. Quand elle évoque le passé, c'est sans nostalgie. Ses parents lui ont dit qu'enfant elle avait rendu visite à Sarah Bernhardt, mais elle ne s'en souvient pas. En revanche, elle se souvient d'avoir été embrassée il y a peu par François Hollande. « Il a la peau douce. » Elle en a des anecdotes à raconter, Gisèle. Elle a été présentée à la future Elizabeth II et à sa sœur Margaret lors d'une tournée en Grande-Bretagne. Sa mémoire ne flanche pas et les souvenirs sont intacts. Dans un livre (*), elle les a classés par ordre alphabétique. Arrivée au « Z », elle a dit « zut » : « C'est déjà fini ! C'est passé si vite ! Merci ! »
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Qui a bien profité de son art, jusqu’au bout et qui manquera au monde du beau spectacle du cinéma et du théâtre !


Jdeclef 25/09/2017 18h14

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