Armer les drones militaires, une décision difficile devenue
inéluctable
C'est un débat vieux de 10 ans qui vient d'être
tranché. Les prochains drones Reaper acquis par la France emporteront des
missiles.
La ministre de la Défense, Florence Parly, a
annoncé le 5 septembre que la
France allait se doter de drones armés qui « permettront d'allier en
permanence la surveillance, l'endurance dans la discrétion et la capacité de
frappe, au moment le plus opportun ». Concrètement, les armées françaises
possèdent déjà six drones MQ-9 Reaper « Block 1 », acquis en urgence
auprès de l'US Air Force. Ils sont au standard américain et difficilement
modifiables pour y adapter des équipements français. Toujours dans le cadre de
ce contrat de 600 millions d'euros, les Français ont acquis six
autres Reaper, dits « Block 5 », qui n'ont pas encore été livrés mais
qui devraient commencer à l'être courant 2019.
Missiles américains
Ces derniers appartiendront à une version
export, armés dans un premier temps de missiles américains Hellfire. Ils seront
également plus aisément transformables pour y adapter des équipements de
conception nationale, notamment en matière de renseignement.Dans un rapport très complet sur les drones militaires, les sénateurs Cédric Perrin et Gilbert Roger écrivaient à ce propos en mai dernier que les autorités américaines restreignent actuellement l'usage des drones vendus à la France, en matière de zones de déploiement. De surcroît, l'emport d'une charge ROEM (Renseignement d'origine électromagnétique) française n'est pas possible aujourd'hui : « L'acquisition d'une charge américaine a donc été engagée, ce qui pose évidemment des questions en termes de souveraineté, s'agissant d'équipements particulièrement sensibles. La confidentialité du flux de données captées n'est pas garantie. La situation actuelle des relations franco-américaines permet d'envisager sereinement cette dépendance à moyen terme, mais peut-on y consentir durablement ? »
« Pourquoi se priver d'une
capacité ? »
Quant à armer ces futurs drones, il ne s'agit
pas d'une surprise, tant cela était attendu par les militaires et validé de
longue date par les politiques. Mais la question demeurait de l'impact d'une
telle option sur une opinion publique très sensible au légitime débat sur la « guerre
automatique » et les « robots tueurs », ces machines létales
agissant sans ordre de tir humain.Selon nos informations, le sujet a encore fait jusqu'à la semaine dernière l'objet de discussions secrètes au sein d'instances consultatives gouvernementales. Ministre de la Défense de 2002 à 2007, Michèle Alliot-Marie se souvient des réflexions sur ce thème : « Dans un conflit déclaré et dans le cadre du droit, pourquoi se priver d'une capacité technologique permettant de contrer nos adversaires ? On ne peut pas se lier les mains face à des gens qui n'ont pas le moindre scrupule ! » Mais ce n'était pas alors l'opinion dominante, d'autant moins que l'armée de l'air et l'industriel Dassault étaient, à cette époque, ardemment opposés aux drones, à leurs yeux concurrents de l'aviation pilotée.
Chef d'état-major des armées à partir de 2010, l'amiral Édouard Guillaud n'a oublié ni ces hésitations ni la difficulté à arracher la décision d'achat des drones américains à des ministres de Nicolas Sarkozy indécis. C'est Jean-Yves Le Drian qui a finalement emporté la décision. L'amiral se remémore ses réticences d'alors : « Je voulais les drones, mais sans les armer, car nous n'avions pas suffisamment réfléchi à cet usage. Dans ce pick-up roulant dans une vallée afghane que nous pourrions frapper, qui s'y trouve ? Des talibans ou des jeunes filles voilées ? Finalement, la décision sage a été prise d'acquérir des drones Reaper armables, mais pas armés. Aujourd'hui, j'ai changé d'avis, à cause du Mali… »
Éviter la bavure
Dix ans de débats internes au gouvernement et
à l'administration ont finalement abouti à la décision d'Emmanuel Macron, qui a
officiellement franchi le pas. Florence Parly a détaillé les raisons d'un tel
choix qui « ne change rien aux règles d'usage de la force, au respect
du droit des conflits armés. Je reste plus que jamais attachée au respect du
droit international et de nos engagements relatifs à la maîtrise des armements
et à la préservation des populations civiles dans les conflits. En effet, les
règles d'engagement pour les drones armés seront strictement identiques à
celles que nous appliquons déjà. Qu'il s'agisse d'un canon Caesar, d'un missile
de croisière, d'un Rafale : comme pour les drones, si l'opérateur est
physiquement éloigné de l'objectif, l'homme n'en est pas moins au cœur de l'engagement
du feu. »Un industriel ayant participé de près aux débats internes du ministère de la Défense confirme que, à ses yeux, l'emploi de drones armés « ne pose pas de problème moral. Ce qui compte, ce n'est pas la distance entre un homme et l'arme qu'il sert, mais les règles d'engagement qu'il doit appliquer. Aujourd'hui, un artilleur comme un pilote de Rafale peuvent eux aussi se trouver à plusieurs dizaines de kilomètres de leur cible. Le principe, dans tous les cas, c'est d'éviter la bavure. Il n'est pas question de mettre en place des tirs automatiques. Il faut laisser à l'homme la capacité de faire un choix adapté. Mais réfléchissons : pour faire la guerre, faut-il être soi-même en danger ? »
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Il est
pourtant plus pertinent d'éliminer ces types d'ennemis dangereux qui eux n'ont
aucun respect de la vie humaine en les ciblant pour éviter au mieux les
dommages collatéraux !
Préfère-t-on
réduire une ville sous des tapis de bombes sans tenir compte des civils qui y
survivent comme on fait les russes à ALEP et comme on le faisait lors de nos
dernières guerres mondiales !
Car de
toute façon on ne veut plus envoyer des armées de fantassins pour économiser la
vie de nos soldats qui d'ailleurs ne sont plus assez nombreux !
Et
puis en termes d'économie, c'est évident, cela évite de trop utiliser des avions
et leurs pilotes dont chaque mission et leurs armements qui coûtent une
fortune, sans compter la précision pour éliminer certains individus dangereux
précisément !
Cela
représente bien le défaut de la France qui palabre trop et donne souvent des
leçons attentistes en matière de décisions moralistes plus radicales et
efficaces !
Parallèlement
à cela pourquoi utiliser des drones américains plutôt que de les construire en
France surtout que l'on sait le faire !?
Jdeclef
07/09/201710h34 LP
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