Conditions de travail des policiers : l'administration
savait depuis des années
"Le Point" a eu accès aux documents internes qui
alertent depuis 2011 le ministère de l'Intérieur et la préfecture de
police sur les dégradations des commissariats et des moyens d'intervention.
Les exemples sont légion : pas de gants en latex pour interpeller un individu porteur de la gale dans le Val-de-Marne ; à Lyon dans la ville du ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, maire jusqu'en juillet 2017, les commissariats des 7e et 8e arrondissements – les locaux appartiennent à la municipalité – ont été déclarés zone d'insalubrité prioritaire depuis 2014 (la mobilisation syndicale a permis d'obtenir une nouvelle salle de repos pour les policiers entre deux missions..., mais elle est commune à d'autres administrations).
Décrépitude
Autre
incongruité : à Paris, à la
suite d'une visite du ministre de l'Intérieur en octobre 2014, le commissariat
du 14e arrondissement, qui est aussi le siège de la 3e DPJ, devait voir traiter
ses problèmes d'amiante. Un an plus tard, la préfecture de police annonce au
cours d'un CHSCT que des études sont prévues pour 2017 avec une
programmation des travaux pour... 2019. Néanmoins, 150 000 euros
avaient été débloqués pour faire face aux urgences. Dans ce même rapport, l'un
des chefs de l'administration de la police parisienne reconnaît :
« Les travaux sont parfois longs à effectuer en raison d'une chaîne
hiérarchique importante qui ralentit les interventions. »Dans les plaintes des policiers relayées par les organisations syndicales, aucun territoire n'est épargné. Paris et l'Île-de-France ne détiennent pas le monopole de la décrépitude des commissariats. À Royan, par exemple, le délégué d'Alliance-Police nationale, aidé du député-maire, signale à Beauvau que « la population royannaise exprime régulièrement son émoi au vu de l'état de nos locaux et des conditions dans lesquelles les policiers affectés à Royan exercent au quotidien ». Là aussi, le matériel fait défaut : les gilets pare-balles ne sont pas adaptés aux polos réglementaires, les lampes-torches sont défectueuses, les véhicules de la BAC, trop exigus, ne peuvent pas transporter le matériel d'intervention, la brigade de sûreté urbaine ne dispose que d'un véhicule pour 18 policiers... En août 2016, Bernard Cazeneuve ministre de l'Intérieur annonce que ce commissariat a été « remis aux normes en matière de sécurité électrique [...], les contraintes budgétaires ne permettent pas d'envisager le financement d'une opération de restructuration du bâtiment ».
Les 17 d'or
Pour
Frédéric Lagache, d'Alliance, le syndicat majoritaire des gardiens de la paix
et des gradés : « Le président de la République avait fait des promesses
en campagne. Elles sont en passe de ne pas être tenues puisqu'on nous annonce
une diminution de 526 millions d'euros pour le budget du ministère de
l'Intérieur. Le coût de la construction et de la rénovation des commissariats a
été évalué entre 850 millions d'euros et un milliard. Certes, ces
dernières années, il y a eu quelques améliorations, notamment en termes de
pouvoir d'achat, mais les conditions de travail de nos collègues continuent de
se dégrader. Gérard Collomb, lorsqu'il nous a reçus, nous a également fait des
promesses. Si rien ne bouge, Alliance réagira fortement et ne laissera pas le
service public de la police toucher le fond. »Philippe Capon, secrétaire général de l'Unsa-police, est tout aussi alarmiste : « Nous ne nous sommes jamais remis des restrictions budgétaires décidées entre 2007 et 2012. Il nous faudrait dix ans pour ratrapper notre retard. En outre, nos décideurs ne semblent pas s'être adaptés au contexte sécuritaire. Nous effectuons de plus en plus de missions si bien que le matériel s'use plus vite. Lors d'attentats, ce sont les policiers de sécurité publique qui sont primo-intervenants. Les plans prévisionnels devraient être revus. Les policiers ne sont pas des robots, le ministère de l'Intérieur ne respecte pas ses propres circulaires notamment sur le temps de travail. Nous avons connu quatre ministres en peu de temps, cela ne facilite pas la résolution de nos problèmes ».
C'est un ancien responsable syndical d'Unité-police, aujourd'hui à l'Unsa, qui en 2010 a créé les « 17 d'or », l'inventaire photo des commissariats les plus insalubres. L'administration mise au pied du mur avait lancé quelques chantiers de rénovation. Les collectifs de policiers en colère qui manifestent, parfois noyautés par le Front national, ont repris la formule... Mais sans succès à ce jour.
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J'habite
à côté du commissariat de ma ville et j'ai eu à faire avec celui-ci, quand j'en
ai eu besoin.
Car
si je prends l'exemple de mon
commissariat d’agglomération dans l'ESSONNE
important qui est responsable de plusieurs villes moyennes, il a été
rénové plusieurs fois, propre et équipé d’accès pour handicapés par exemple
avec un effectif normal !
Bien
sûr on attend assez longtemps quand on veut être servi, car l’effectif est plutôt
sur le terrain à l’extérieur !
Mais
il est aussi épaulé par une brigade de gendarmerie et une police municipale
(non armée)
Ceci
étant, là où on ne comprend pas quand on voit le délabrement de certains commissariat
avec des véhicules usés dans d'autres commissariats, on se demande comment est
réparti les dotations en matériels et effectifs et travaux plus qu’utiles dans
certains !
Et
surtout le suivi pour éviter de telles dégradations dues à la vétusté normale
dans l’entretien des locaux et des matériels ?
Cela
dépend surement de cette administration défaillante du ministère de l’intérieur
mais pas seulement financière, mais d’une organisation déplorable !
Si
on laissait nos écoles se délabrer de cette façon pour nos enfants est-ce que l’on
l’accepterait cela, non je suppose ?!
Donc
c’est bien des carences de notre état, de ses institutions et administrations
et la mauvaise organisation des priorités, avant que cela ne coûte plus cher encore!
Jdeclef
17/09/2017 10h58 LP
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