Service national universel : Macron en marche
forcée
Le chef de l'État veut remettre sur les rails son projet de
service obligatoire, qui était un engagement de campagne. Jusqu'à présent, la
confusion règne...
Dans le rapport d'information de l'Assemblée nationale sur le SNU, présenté avec une semaine d'avance le 14 février et dont Le Monde a publié la veille les conclusions, les députées Marianne Dubois (LR) et Émilie Guérel (LREM) proposent un service étalé dans le temps, sous la forme d'un « parcours citoyen en trois étapes », franchies entre 11 et 25 ans. Tout d'abord, au sein du collège, entre 11 et 16 ans, « un enseignement moral et civique renforcé » ainsi qu'« une semaine annuelle de la défense et de la citoyenneté (obligatoire) ». À 16 ans « un rite de passage » se substituerait à l'actuelle Journée de défense et de citoyenneté (JDC), soit durant une semaine en internat pendant les vacances scolaires, soit pendant une semaine dans le monde associatif. Et finalement, entre 16 et 25 ans serait prévue « une incitation à l'engagement, facultative, dans des dispositifs éprouvés : service civique, garde nationale, engagement associatif... » Mais les parlementaires estiment avoir travaillé dans de très mauvaises conditions ! Et elles sont furieuses…
« Mépris
du Parlement »
Le rapport des deux parlementaires ne plaisant pas
à l'Élysée, tout a été fait pour les gêner. Matignon a même refusé de leur
communiquer le texte d'un autre rapport commandé en septembre à cinq
inspections générales (administration, armées, finances, éducation, jeunesse et
sports), qui se sont montrées très hostiles au SNU, à en croire les extraits publiés par Les Échos le 4 février. Selon le journal, la
conclusion du document est assassine : « Les positions exprimées à ce
jour sur le service universel d'un mois font ressortir d'importantes réserves
tenant à la fois au caractère obligatoire de ce service, à l'importance des
moyens matériels et humains à mobiliser pour accueillir et encadrer toute une
classe d'âge, pendant plusieurs semaines, aux doutes exprimés sur la
possibilité d'entretenir un résultat significatif, en un mois, au regard des
objectifs affichés. » Furieuse, la députée Marianne Dubois a lancé en
public à Jean-Jacques Bridey, président de la commission de la Défense de
l'Assemblée : « On nous a mis des bâtons dans les roues. Il y a
d'abord eu le fameux rapport inter-inspections (…) dont nous n'avons pas pu
lire la moindre ligne. Il ne s'agit pas d'un mépris de l'opposition, puisque
vous l'aviez vous-même demandé, monsieur le président, sans plus de succès. Il
s'agit donc globalement d'un mépris du Parlement. »Reçu dans la soirée du 13 février par l'Association de la presse présidentielle, Emmanuel Macron est monté au créneau pour défendre son projet en plaisantant sur les réticences perceptibles dans l'ensemble des administrations civiles et militaires : « Je n'ai pas le sentiment qu'on ait voulu donner dans la clarté. » Et d'ajouter : « Ce service n'est pas un service militaire, même si j'ai souhaité qu'on puisse y prévoir l'ouverture à la chose militaire, c'est pour cela qu'il est national, et il est universel parce que je souhaite qu'il puisse être obligatoire. Sa forme pourra aussi être civique. L'idée n'est pas que ça dure un an, je pense qu'aujourd'hui, c'est autour du trimestre que les gens sont en train de réfléchir (...). La partie obligatoire elle-même n'est pas encore finalisée, mais je pense que ce sera entre trois et six mois. » Tout en récusant l'idée d'un « service militaire à l'ancienne où il faut loger des gens pendant un temps donné loin de leur famille », le président a poursuivi : « cela aura un coût, je ne pense pas qu'il soit prohibitif », avant de conclure : « en termes de cohésion nationale, ça sera un vrai élément de transformation ».
Un
général à la tête de la commission
Promis
depuis quelques semaines, le groupe de travail chargé de mettre en musique le
projet d'Emmanuel Macron a été dévoilé le 16 février et réuni le même
jour à l'Élysée. Que l'on ne s'y trompe pas : ce groupe de sept personnes
aura pour fonction de donner au président des arguments sur un projet
irréalisable à ce jour, si l'on ne tient compte que des éléments rendus publics
par Emmanuel Macron. À ce stade, rassembler entre 600 000 et 800 000
jeunes d'une classe d'âge, pour une période obligatoire de 3 trois
à 6 mois et pour un coût « non prohibitif », c'est dans le
meilleur des cas une gageure…Laissant penser que les armées seront beaucoup plus impliquées que ce qui avait été annoncé jusqu'à présent, la présidence du groupe de travail a été confiée au général de brigade (bientôt général de division) Daniel Ménaouine, qui fut notamment chef d'état-major de la Minusma au Mali. Nommé le 1er septembre dernier général « adjoint cohérence » du général commandant des forces terrestres, il a été affecté le 14 février comme chargé de mission au secrétariat général pour l'administration. À ses côtés siégeront six personnes aux profils originaux, qui vont devoir définir les contours de l'usine à gaz :
- Juliette Méadel, ancienne secrétaire d'État à l'Aide aux victimes (de février 2016 à mai 2017), fervent soutien d'un service civique obligatoire, idée reprise dans le programme de Manuel Valls pour la primaire socialiste ;
- Thierry Tuot, ancien directeur général du Fonds d'action sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles, auteur en 2013 d'un rapport sur la refondation de la politique d'intégration ;
- Kléber Arhoul, préfet, est depuis octobre 2015 le coordinateur national pour l'accueil des migrants en France ;
- Emmanuelle Pérès est depuis 2011 déléguée générale de la Fédération de la formation professionnelle ;
- Guy Lavocat, passé par l'école de management de Saint-Cyr, explique sur le site de son entreprise avoir contribué à la création d'une école spécialisée dans les ressources humaines pour l'armée afghane et au projet de création d'une école de Saint-Cyr au Qatar.
- Marion Chapulut est présidente de CitizenCorps, une association fondée en 2015 qui veut « permettre aux adolescents de prendre confiance en eux et en leur capacité à changer les choses », en « mêlant approches éducatives hors des murs de l'école et pratiques ludiques, sportives et artistiques » pour proposer « une approche inspirante et nouvelle à la jeune génération. »
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Car pour
remettre cette usine à gaz en marche cela parait mission impossible ?
L’idée
sur le fond est bonne, mais n’est pas nouvelle, mais quand J.CHIRAC l’a
supprimé ce n’était pas pour le refaire après plus tard, car entre temps toutes
les infrastructures et encadrements des appelés ont disparus et la société a
changé !
Il ne
fallait pas le supprimer mais l’adapter, car cela rapprochait les jeunes de tous
milieux (à part ceux qui se faisaient
exempter par des pistons divers…)
Mais
dans notre France qui veut absolument faire des économies un gouffre sans fond,
ce n’est pas le meilleur moyen loin de là, que de faire des colonies de
vacances pour jeunes désœuvrés en essayant d’en faire des adultes !
Il est
à douter que ce projet aboutisse, à moins que le président veuille vraiment
faire des soldats civils de ces jeunes garçons et filles (peut-être parce que lui n’a pas fait son
service militaire ce qu’il regrette, alors il se fait plaisir ?!)
(Cela
sent un peu comme un caprice ou désir refoulé que par son pouvoir, il peut
réaliser comme un monarque de l’ancien régime qui dit, je suis le chef donc je
le veux ?!)
La
seule chose utile serait une éducation civique et l’apprentissage pour certains
du vivre ensemble et du respect des autres peut être bénéfique, mais il faut
alors mettre ces jeunes dans la protection civile ou les secours en les formant
par exemple chez les pompiers aussi qui manque d’effectifs et qui donnerait des
débouchés et même pour certains en recherche
d’emploi en leur apprenant à servir la population ?!
Jdeclef
20/02/2018 10h13 LP
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