lundi 12 février 2018

On voit bien que L.WAUQUIEZ ne sait plus qui recruter pour renforcer le parti LR ?!

Quand « tonton Brice » joue les bons offices chez Les Républicains

Laurent Wauquiez a fait de l'ancien ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux son conseiller. Stratégie, réseau, sens de la formule… Le courant passe.


En découvrant le 30 janvier le communiqué qui l'intronise comme conseiller de Laurent Wauquiez, Brice Hortefeux envoie un SMS au président des Républicains pour le remercier. « Tu n'es pas conseiller, lui répond Wauquiez, mais conseiller auprès du président ! » Surplombant ainsi une liste composée de Rachida Dati, Renaud Muselier ou Édouard Courtial, qui ne sont « que » conseillers politiques. Brice Hortefeux aura donc résisté à presque tout dans sa vie politique pour se trouver encore dans l'organigramme des Républicains en 2018 : la guerre entre Copé et Fillon, la défaite de son mentor Nicolas Sarkozy fin 2016 lors de la primaire de la droite, l'explosion de la dernière campagne présidentielle, le renouvellement générationnel imposé par Emmanuel Macron ou encore le réchauffement climatique...
« Il a toujours le même appétit, le même enthousiasme, s'étonne son copain sénateur Pierre Charon. Quand Sarko a été battu en 2012, on a reçu un coup de poing dans l'estomac. Quand il est parti l'année dernière, on avait le moral dans les pompes. Mais avec Brice, on se voit aux fêtes familiales, on se téléphone. Nous avons une bourse d'échanges d'informations : chacun aide l'autre à vérifier ce que l'on nous rapporte. » De là à faire de Brice Hortefeux un infiltré sarkozyste auprès de Laurent Wauquiez, il n'y a qu'un pas que franchit à pieds joints ce très proche de Xavier Bertrand : « Il est l'œil de Moscou de Sarkozy doublé des oreilles de la Stasi. C'est d'ailleurs Brice qui avait introduit Laurent auprès de Sarko. »

Traitement de faveur

Brice Hortefeux ne retrouve pas l'immeuble de 10 étages de la rue de Vaugirard qui abrite le siège des Républicains : il ne l'a jamais quitté. Dans l'ascenseur vitré, la nouveauté sur le petit panneau qui annonce les affectations des bureaux se situe au 8e : « Laurent Wauquiez, président ». Les autres niveaux sont occupés par les vice-présidences ou différentes directions. Mais, au 9e étage, c'est « Service juridique » et « Brice Hortefeux ». Un permanent du siège moque légèrement ce voisin du dessus qui n'a pas beaucoup l'habitude de descendre dans les étages inférieurs : « Quand il arrive, c'est un peu monsieur le ministre débarque avec ses officiers de sécurité. » L'ancien ministre de l'Intérieur occupe un vaste bureau décoré de la reproduction d'une une du Figaro Magazine datant de son passage Place Beauvau. Une couverture qui avait à l'époque beaucoup agacé le Premier ministre, François Fillon...
Ce traitement de faveur, Brice Hortefeux le doit à sa proximité avec les dirigeants des Républicains, mais surtout à son omniprésence politique. Dans un parti sans star et avec de moins en moins de gens expérimentés, l'eurodéputé émerge sans difficulté, même s'il minimise : « Laurent n'a pas de père Joseph ! » Le conseiller valide la stratégie de faire monter les quadragénaires du parti, non sans avoir prévenu le président des Républicains : « Il faut faire attention aux plus âgés. S'ils sont là depuis longtemps, c'est qu'ils sont intelligents. Il faut éviter de les rendre méchants... » Brice Hortefeux suggère de relancer le débat sur les peines plancher des mineurs après que la policière de Champigny-sur-Marne a été tabassée la nuit du nouvel an. Il propose de ménager Alain Juppé. Il déconseille à Laurent Wauquiez de se présenter comme tête de liste aux futures élections européennes.
Contrairement au souvenir laissé à l'opinion d'un ministre de l'Intérieur raide, Brice Hortefeux passerait pour modéré au sein des nouveaux Républicains. Wauquiez ne s'en émeut pas : « Brice appartient à une époque où il fallait à tout prix garder les gens et maximiser les débauchages. » Sur la critique de l'Europe, le sarkozyste invite le nouveau président du parti à faire évoluer un euroscepticisme trop flagrant. Pendant la campagne présidentielle, il a « fait la gueule » pendant quatre jours à son ami Luc Chatel, qui avait eu à ses yeux le malheur de se rendre au Trocadéro. Sur les questions régaliennes, sa fermeté naturelle correspond en revanche parfaitement avec la ligne portée par Laurent Wauquiez. « Demain, prévient-il, si je redeviens ministre de l'Intérieur, je casse le Code de la nationalité dans la semaine qui suit. » Ou encore : « Le repli très net du Front national lors des dernières partielles est le signe de la validité de la stratégie de Laurent. » S'adresser aux électeurs du FN ne serait pas compliqué : « Ils sont dans une impasse, nous les invitons sur une bretelle d'autoroute. »

Travail d'entremetteur

À la stratégie il faut adjoindre au champ d'action de Brice Hortefeux un terrain sur lequel il n'existe aucun égal : l'intermédiation. « Un des petits talents que j'ai, c'est de repérer les gens », s'excuse-t-il. Non seulement il repère, mais il entretient. Pour le dire simplement : il connaît tout le monde. « Son réseau est le fruit de trente ans de vie politique, apprécie le directeur de cabinet de Laurent Wauquiez, Arnaud Beuron. Il a des amis à gauche comme à droite. » Et même chez les Constructifs... Lors de la polémique qui a opposé une partie de l'état-major de LR au ministre transfuge Gérald Darmanin, accusé de viol mais clamant son innocence malgré les appels à sa démission de la part des porte-parole de LR, l'ancien ministre de l'Intérieur tentait d'éteindre le feu en échangeant des SMS avec l'actuel ministre des Comptes publics. Brice Hortefeux parle avec l'écologiste Jean-Vincent Placé comme avec l'eurodéputé frontiste Nicolas Bay.
C'est avec les membres de sa propre famille politique que ce travail d'entremetteur se révèle le plus prégnant. Le lundi 5 février, il dînait encore avec Renaud Muselier à Strasbourg à l'occasion d'une session plénière du Parlement européen. Les deux hommes ont bien sûr parlé de la situation explosive de la droite à Marseille, où la succession de Jean-Claude Gaudin attise les convoitises, et le conseiller de Laurent Wauquiez en est sorti assez pessimiste sur les chances de voir la situation se calmer.
Mission plus délicate encore : faire en sorte que Valérie Pécresse se sente bien chez Les Républicains. La présidente de la région Île-de-France et le député européen ne se sont pas vus une seule fois pendant la campagne présidentielle. Depuis, son interlocuteur se nomme Patrick Stefanini. Ce dernier, ancien directeur de campagne de François Fillon, travaille auprès de Pécresse pour son mouvement Libres ! C'est également un ancien préfet de la région Auvergne... nommé par Brice Hortefeux. Les deux hommes se sont encore parlé le week-end du 3 février. Brice Hortefeux avait publiquement proposé sur RTL cet hiver à Valérie Pécresse le poste de présidente du conseil national de LR. À la demande expresse de Laurent Wauquiez.





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