Valérie Pécresse :
« J’agis, quitte à bousculer les conservatismes »
LE DERNIER ENTRETIEN POUR
CONVAINCRE. Nous avons interrogé les cinq candidats avant le congrès
LR : ce qu’ils n’ont pas pu dire, leur plus grande réforme…
Eux
présidents, seraient-ils de vrais réformateurs ou de classiques
gestionnaires ? Face à Emmanuel Macron, qui revendique le monopole de la
« disruption », les cinq candidats en lice pour le congrès des
Républicains promettent un projet de « rupture ». Mais quelles
réformes audacieuses, susceptibles de renverser la table, opposeraient-ils donc
à ce jeune président qui a fait de sa détermination à transformer le pays son
mantra ? Quel gouvernement constitueraient-ils pour conduire au pouvoir la
bataille du changement ? Et si la droite, forte d’une « équipe de
France » de présidentiables, détenait les clés pour changer le visage du
pays ?
Aujourd’hui, dimanche 28 septembre, Valérie Pécresse.
L’élue d’Île-de-France, fidèle à sa réputation de technicienne,
précise au Point les principales
mesures d’un quinquennat placé sous le signe du redressement.
Elle présidente, la justice sera renforcée à raison de 3 000 juges supplémentaires,
les 35 heures abrogées et les entreprises libres de fixer leur temps
de travail. Présente sur le terrain depuis la campagne des régionales en juin
dernier, l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy tient à rectifier son
image : « Certains croient que, venant de la région Île-de-France, je
suis plus consciente des défis urbains que ruraux. En réalité, l’Île-de-France
est aussi une région rurale », clame-t-elle, affichant fermeté et
résolution, à quelques jours du scrutin.
Mêmes questions, même traitement : les cinq candidats se sont
prêtés au jeu alors que les quelque 150 000 militants
LR choisiront leur champion par un vote électronique du 1er
au 4 décembre. Ces interviews, dont l’ordre de publication a été tiré au
sort, sont pour eux l’occasion de livrer leurs dernières vérités et grands
projets. À J - 4, dernier entretien pour convaincre.
Michel
Richard – Primaire LR, vivement la fin !
Le Point : Quelle mesure avez-vous proposée au cours de cette
campagne que vous jugez insuffisamment reprise ou mal comprise ?
Valérie Pécresse : Mon
plan Orsec pour la justice, car pour enrayer la montée de la violence, je veux
une impunité zéro. Pour tout délinquant pris en flagrant délit, y compris pour
les mineurs récidivistes, j’envisage une comparution immédiate devant le juge
avec sanctions dans un délai de trois mois. C’est ce qui se passe lorsque
le président de la République se fait gifler et c’est normal. Ce n’est pas
juste que cela ne soit pas le cas pour tous les délits de France. Une justice
beaucoup trop lente – avec parfois des délais de jugement de 18 mois
–, c’est une justice injuste pour les victimes et qui ne profite qu’aux voyous.
La justice doit rentrer dans une culture du résultat, mais pour
cela il faut lui donner les moyens de juger vite et surtout les moyens de faire
exécuter les peines. Pour raccourcir les délais de jugement, j’augmenterai
massivement le nombre de magistrats à raison de 3 000 juges, 3 000
greffiers et 2 000 procureurs supplémentaires, et je créerai des postes de
juristes assistants. Je les recruterai, notamment grâce à un tour extérieur
ouvert aux professionnels du droit avec quinze ans d’expérience, et aux
cadres de la police et de la gendarmerie. Et pour faire exécuter les sanctions,
je réquisitionnerai des bâtiments publics, des anciennes casernes, des hôtels
que je transformerai dès 2022 en centres de détention fermés pour des
condamnés à des courtes peines de prison, qui sont aujourd’hui systématiquement
aménagées. Et ce, sans attendre la construction des 20 000 places de
prison que j’autoriserai.
Enfin, pour les agressions sur les détenteurs d’autorité
(policiers, gendarmes, élus, professeurs, pompiers), mon garde des Sceaux aura
pour instruction de poursuivre systématiquement. Il n’y aura plus de classement
sans suite. Et je rétablirai les peines planchers automatiques.
Mes attaches familiales
corréziennes et mon attachement à la terre de mon mentor Jacques Chirac
m’obligent !
Y a-t-il encore un malentendu à votre sujet que vous souhaiteriez
dissiper ?
Certains croient que venant de la région Île-de-France, je suis
plus consciente des défis urbains que ruraux. En réalité, l’Île-de-France est
aussi une région rurale – avec la Brie, le Gâtinais, le Vexin. J’ai passé
six années à corriger l’abandon politique de ces territoires ruraux
qui accueillent deux millions d’habitants et n’avaient ni la fibre, ni des
transports dignes de ce nom et souffraient de désertification médicale,
d’absence d’aides pour les agriculteurs pour la revitalisation économique ou la
rénovation du patrimoine rural, notamment les églises. Je prends
l’engagement, si je suis présidente de la République, de poursuivre, partout en
France, la réduction des inégalités avec un principe simple : pour 1 €
investi dans les quartiers politiques de la ville, il y aura 1 € investi
dans la ruralité. Mes attaches familiales corréziennes et mon attachement à la
terre de mon mentor Jacques Chirac m’obligent !
Je n’ai pas la main qui tremble.
Sur lequel de vos concurrents avez-vous changé d’avis au cours de
cette campagne ?
J’ai de l’estime pour chacun d’eux. Au lendemain de ma victoire,
l’expertise et l’expérience de chacun d’eux me seront précieuses. Ils forment
une équipe de gouvernement très complémentaire et cela apparaît clairement dans
les débats, à la grande satisfaction de nos électeurs.
Débat
LR : « On comprend davantage vos propositions quand vous
échangez »
Qu’est-ce qu’il y a de plus réformateur en vous ?
J’ai le courage de dire, et surtout j’ai la volonté de faire.
C’est cela, mon ADN. Je dis la vérité, même si elle n’est pas facile à
entendre, et j’agis, quitte à bousculer les conservatismes. Ministre de Nicolas
Sarkozy, j’ai réussi la réforme de l’autonomie des universités, une réforme
explosive et différée depuis vingt ans. J’ai tenu neuf mois face à la rue.
Je n’ai jamais reculé. Je n’ai pas la main qui tremble. J’ai redressé les
finances de la France en pleine crise des dettes souveraines en 2011. En
Île-de-France, j’ai fait basculer la région de gauche à droite après
dix-sept ans de socialisme. J’y ai enclenché une vraie rupture en
réformant de fond en comble les services régionaux pour plus et mieux de
services publics. J’y ai fermé ou fusionné une quinzaine de structures. Et j’ai
réinvesti l’argent économisé, deux milliards d’euros, au service
de mes priorités : la rénovation des transports et des lycées,
la sécurité, la transition écologique et l’agriculture. C’est possible. Je peux
être jugée à mes actes et à mes résultats. Et par ailleurs, je me tiens debout
en première ligne face aux ennemis de la République à qui je n’ai rien cédé
durant mon mandat.
Je verserai aussi une allocation
de 900 euros par an dès le premier enfant jusqu’à ses 18 ans.
Quelle sera la grande réforme de votre quinquennat ?
Il y a tant à faire ! Je réaliserai cinq grandes
réformes économiques : la retraite à 65 ans, la dégressivité des
allocations-chômage pour tous les salariés de moins de 50 ans gagnant plus
de deux fois le smic, l’abrogation des 35 heures et la libre fixation
du temps de travail en entreprise ou dans les branches professionnelles. Je
supprimerai 200 000 postes dans l’administration administrante pour en
remettre 50 000 dans mes trois priorités : protéger, éduquer,
soigner. Enfin, je lancerai un grand mouvement de débureaucratisation et
ferai voter une loi de décentralisation aussi puissante que les lois
Deferre et Raffarin pour supprimer tous les doublons.
Les
Républicains : le grand comparatif de leur programme économique et social
Pour remettre de l’ordre, je ferai voter par référendum, dès
l’automne, deux lois constitutionnelles : la première pour stopper
l’immigration incontrôlée, qui mettra en place des quotas migratoires, qui
conditionnera les octrois de visas au retour des clandestins dans leurs pays
d’origine et qui interdira le versement d’allocations sociales non
contributives avant cinq ans de résidence régulière en France. La seconde
sur la sécurité intérieure et la lutte contre l’islamisme qui donnera à la
justice et à nos forces de l’ordre les moyens juridiques et technologiques
(drones, cybersécurité) pour faire appliquer le principe de l’impunité zéro et
pour lutter contre la radicalisation islamiste. Toutes ces réformes seront
prêtes à être votées dès mon élection. Car ce que je retiens de mon expérience
de la réforme des universités, c’est que tout ce qu’on ne dit pas avant, on ne
le fait pas après.
Sur quelle réforme du quinquennat Macron reviendrez-vous ?
Il en aura fait si peu ! Un quinquennat pour presque
rien ! Je reviendrai en tout cas sur sa politique écologique. Il n’a pas
relevé le défi climatique et engagé la France assez vite vers la neutralité
carbone en 2050. Il a fermé la centrale nucléaire de Fessenheim et arrêté le
projet Astrid de réacteur de 4e génération. Il n’a pas
développé les énergies renouvelables suffisamment vite. Je veux pour ma part
accélérer la sortie des énergies fossiles, réindustrialiser la France et
promouvoir le produit local qui est par définition « bas carbone »,
lancer des filières de recyclage, de transformation du bois, et de
développement des énergies du futur, notamment l’hydrogène. Il faut pour cela
produire beaucoup plus d’électricité et donc construire six EPR et,
surtout, à court terme, réinvestir dans les centrales nucléaires existantes. Je
développerai toutes les énergies renouvelables, mais pour l’éolien uniquement
avec l’approbation des populations locales.
Neutralité
carbone : un match France-Allemagne se profile
Je
reviendrai aussi sur la casse de la politique familiale par Hollande
et Macron. La natalité n’a cessé de baisser et nous sommes aujourd’hui loin du
seuil de renouvellement des générations. Je rétablirai le principe de
l’universalité des allocations familiales. Je verserai aussi une
allocation de 900 euros par an dès le premier enfant jusqu’à ses
18 ans et augmenterai aussi de 20 % l’allocation pour le
troisième enfant. Je doublerai les crédits d’impôts pour les services à
domicile et les assistantes maternelles, mais aussi pour aider au maintien à
domicile de nos aînés. Les aidants familiaux auront droit à un congé d’un an
rémunéré au smic. Je créerai, enfin, un choc de transmission : chaque
parent, grands-parents, oncle, tante, pourra donner jusqu’à 100 000 €
tous les six ans sans impôt.
Quelle nouvelle avancée européenne voudriez-vous proposer à nos
partenaires ?
Nous devons arrêter d’être le ventre mou de la
mondialisation ! Nous avons fait l’Europe pour qu’elle protège nos
intérêts économiques, stratégiques, et nos frontières. C’est avec cette
feuille de route que j’exercerai mon mandat de présidente de l’Union
européenne.
Je veux une barrière écologique à nos frontières avec une taxe
carbone. Sur un plan industriel, je soutiendrai la création de champions
européens, en révisant notre politique de la concurrence et en exigeant la
réciprocité dans les marchés publics. À défaut, nous appliquerons la
préférence européenne. Je souhaite des quotas européens de commande publique
pour les logiciels européens. Le brevet européen devra enfin entrer en
vigueur : ça fait quinze ans que je l’avais lancé sous la présidence
française avec Nicolas Sarkozy ! Je souhaite des « clauses
miroir » dans les accords de libre-échange agricole. Plus question
d’importer des produits alimentaires qui ne respectent pas nos normes ! En
matière agricole et industrielle, je défendrai les intérêts de mon pays. Ce qu’Emmanuel
Macron n’a pas fait, contrairement à Angela Merkel.
Je veux aussi une Europe beaucoup plus protectrice de
ses frontières. Il est par exemple inacceptable qu’un clandestin dispose
de plusieurs semaines pour quitter l’espace Schengen. La directive retour
devra être revue pour que son nom ait enfin un sens ! Enfin, je
m’opposerai à tout nouvel élargissement et j’arrêterai les aides de
pré-adhésion à la Turquie, car ce pays n’a pas vocation à faire partie de
l’Union européenne.
L’État doit lâcher prise.
Quelle sera votre première mesure pour simplifier administrativement
notre pays ?
Dès ma prise de fonctions, je mettrai en place un « comité de
la hache » qui divisera par deux les codes, par deux les délais de toutes
les procédures administratives. Débureaucratiser l’État pour libérer les
énergies, construire, innover et entreprendre est devenu une urgence
absolue. Je nommerai à la tête des administrations de l’État des
personnalités auxquelles mon Premier ministre donnera des objectifs de
simplification, de numérisation et d’accélération des procédures de suppression
des doublons et de lutte contre tous les gaspillages.
Cette simplification exige aussi une grande vague
de décentralisation, sur la base du volontariat et par blocs cohérents de
compétences : développement économique et emploi, infrastructures, présidence
des agences régionales de santé, environnement aux régions ; handicap,
personnes âgées, et toutes les compétences médico-sociales aux départements. Et
plus, si les collectivités le demandent. L’État doit lâcher prise. Mais, là
encore, avec des indicateurs de résultats.
Mon Premier ministre consultera
toutes les formations politiques sur les grandes réformes du quinquennat.
David
Lisnard : « Il faut sortir la France du délire bureaucratique »
Quel ministre de l’actuel gouvernement garderiez-vous dans un
prochain gouvernement ?
Dans tous les territoires, la droite regorge de talents qui
n’attendent qu’une chose : agir. Eux, ce sont des professionnels pas des
amateurs !
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(Cette
remarque est aussi valable pour Xavier BERTRAND d'ailleurs !)
Elle n'a
pas la stature de chef d'état d'une A. MERKEL avec le peuple allemand et les Français
frondeurs et indisciplinés avec nos libertés mal encadrées sont bien plus
difficiles à gérer et à diriger et c'est une femme dans notre pays encore trop
machiste ou patriarcale !
On a vu le
résultat avec Ségolène Royal opposé à N. SARKOZY, lors de sa campagne présidentielle
en 2007 l’exemple n’est pas le meilleur, (car en plus elle était vraiment nulle
et cela s’est confirmée après comme ministre ou justement présidente de région !)
Elle est à
égalité avec Xavier BERTRAND, mais lui a été ministre !
Comme je
l’ai déjà dit ils ont tous des qualités et à peu près les mêmes programmes une
chose est certaine parmi ces cinq ce n’est pas celui qui promettra le plus que
devrait être élu !?
Mais n’oublions
pas que c’est la adhérents LR qui choisiront leur candidat car la direction de
leur parti n’a pas été capable d’en désigner un tant leur divisions internes étaient
présentes par les égos de leurs leaders !
Et que c’est
avant tout tous les électeurs français qui votent !
Jdeclef 28/11/2021
12h35
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