EXCLUSIF. La comptabilité
fragile de la campagne Zemmour
Premier à avoir
prêté 300 000 euros pour soutenir l’essayiste, le financier
Charles Gave se retire : le montage financier n’est pas dans les clous
Officiellement,
il n’aurait plus de temps à accorder à l’aventure. « Les Amis d’Éric
Zemmour m’ont dit qu’ils avaient besoin d’argent, je les ai aidés. Je ne
formule aucune critique, mais je me retire », déclare au Point le multimillionnaire Charles
Gave, confirmant qu’il n’aidera plus dorénavant la future campagne du
quasi-candidat, après un premier prêt de 300 000 euros en septembre,
fortement médiatisé. Mais, en coulisse, des proches racontent un véritable
clash.
Dimanche soir, le responsable du financement de l’équipe de
campagne d’Éric Zemmour a reçu un message lapidaire : « Nous avons
pris la décision de sortir calmement de cette campagne », l’informait
l’entourage du financier, précisant qu’il serait malvenu désormais de
« citer le nom de Charles Gave » ou de « l’inviter à [ses] grandes
soirées ». « Ne comptez plus sur rien de la part de la famille Gave.
Cela s’arrête officiellement ce soir. »
Un soutien des premiers instants
Première personnalité à soutenir ouvertement la probable
candidature de l’essayiste, le créateur du fonds d’investissement Gavekal et
principal investisseur du Biarritz Olympique, réputé proche des milieux
identitaires et partisans de l’union des droites, s’était rapproché du
polémiste dès le début du printemps. Signé le 21 septembre, en pleine
envolée du journaliste dans les sondages, le prêt de 300 000 euros
avait permis d’asseoir la crédibilité d’une précampagne alors en quête de
soutiens. « Cela montre à ceux qui hésitent encore à nous rejoindre qu’on
a tort de ne pas prendre Éric au sérieux », confiait alors un proche du
journaliste.
Éric Zemmour, saison 2 : c’est la chute finale ?
Mais Charles Gave, comme nombre d’investisseurs approchés depuis,
faisait alors le calcul qu’il serait remboursé de son investissement, Éric Zemmour
étant assuré de dépasser la barre des 5 % au premier tour. La convention
de prêt signée entre Charles Gave et Nicolas Zysermann, trésorier du parti
Les Amis d’Éric Zemmour et ancien de la campagne d’Emmanuel Macron, précise
d’ailleurs que le prêt sera remboursé avec un intérêt de 3,3 % dans les
deux ans.
L’appel d’un parti politique à des
prêts de personnes physiques doit clairement être destiné à financer le parti,
et non un candidat à l’élection présidentielle.
« Mais il y a eu un couac », décrypte un fin connaisseur
du financement des campagnes électorales. En effet,
l’article 3. II de la loi du 6 novembre 1962 modifiée
interdit aux personnes physiques d’accorder des prêts ou avances remboursables
aux candidats à l’élection présidentielle. Les prêts à un parti politique sont
autorisés, sous réserve que les taux d’intérêt dépassent les taux en vigueur
(pour éviter les « dons déguisés ») et surtout que l’argent ne
soit pas directement affecté au financement de la campagne d’un candidat donné.
« Sinon, cela revient à contourner la loi en pratiquant un prêt miroir »,
décrypte ce spécialiste, qui a œuvré au financement de plusieurs campagnes,
pour différents partis. « Au mieux, les montants prêtés seront déduits des
remboursements de l’État. Au pire, le compte de campagne pourrait
être rejeté. »
Une subtilité que confirme au Point, par écrit, la Commission
nationale des comptes de campagne : « L’appel d’un parti politique à
des prêts de personnes physiques doit clairement être destiné à financer le
parti, et non un candidat à l’élection présidentielle », écrit la
commission, qui est formelle : l’argent ainsi obtenu « ne peut pas
être affecté spécifiquement à la campagne d’un candidat. La présence d’une
clause contractuelle prévoyant une affectation exclusive du montant prêté à la
campagne dudit candidat serait en contradiction avec les dispositions précitées
de la loi 1962 modifiée relative à l’élection du président de la
République au suffrage universel ». En clair : les montants
empruntés, depuis plusieurs semaines, auprès de riches investisseurs ne
pourront pas être utilisés dans l’immédiat, le jeune parti Les Amis d’Éric
Zemmour, sans locaux ni salariés, n’ayant en réalité pas de frais…
La cause n'est pas figée
Contactée, l'équipe de la campagne d’Éric Zemmour n’a pas souhaité
nous répondre. Mais, en coulisse, l’un de ses juristes-conseils laisse entendre
que la cause n’est pas figée : « La commission a une interprétation
qui lui est propre », glisse-t-il, soulignant l’absence de jurisprudence
en la matière.
Ce sont 300 000 euros
que nous risquons de ne jamais revoir.
Dans la perspective du bras de fer juridique à venir, l’entourage
de Charles Gave s’émeut, et demande à savoir comment a été utilisé l’argent
prêté. Il n’obtient pas de réponse, sinon l’assurance que le montage est
parfaitement régulier. Un énarque, le spécialiste de la fiscalité Vincent Uher,
actuellement expert au service juridique de la Commission européenne, a
récemment pris la tête de l’association de financement des Amis d’Éric Zemmour.
« Mais ce sont 300 000 euros que nous risquons de ne jamais
revoir », s’étrangle un proche du financier. Soupçonneux, Charles Gave
exige alors l’éviction de deux proches de la conseillère du polémiste Sarah
Knafo (l'un n'est pourtant pas dans l'équipe de campagne), dont il doute de la
probité, les accusant d’avoir soutiré quelques centaines d’euros à sa fille
Emmanuelle Gave lors de la campagne des européennes de 2019. Refus des
intéressés. Charles Gave prévient alors Éric Zemmour que, s’il garde pour le
futur candidat « la plus profonde admiration », il préfère désormais
jeter l’éponge… Il ne « regrettera jamais son soutien », assure-t-il
au Point.
Mais croit-il encore à la campagne ? « Dans la structure actuelle,
j’ai des doutes… »
Devant les entrepreneurs, Éric Zemmour plaide pour plus d’État
La question des financements pourrait rapidement se poser aux
équipes. Si Éric Zemmour se déclare candidat, il pourra compter sur les dons
d’ores et déjà engrangés par ses soutiens (et qui approcheraient, selon nos
informations, 2 millions d’euros). Pour le reste, faute de pouvoir
emprunter à des particuliers, il devra s’adresser à des banques, sous réserve
qu’elles soient localisées sur le territoire européen : une restriction
apportée par Emmanuel Macron dans une loi adoptée dès 2017, après son élection.
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
(D’ailleurs
pour Sarkozy par exemple l’affaire Bygmalion en a été un exemple avec ces frais
de campagne dispendieux !?)
Donc si ZEMMOUR
n’a pas assez de fonds pour sa campagne médiatique et télévisuelle voir pour
ses shows publics et administrations diverses de sa campagne sans oublier le sésame
les 500 parrainages obligatoires, sans quoi il ira au bain !
Ce qui
serait mieux pour ce clown triste sire et pour les Français en général qui ont
déjà assez de politiciens élus ou non médiocres comme cela sans chercher de
difficulté supplémentaire pour essayer de voter mieux que d’habitudes ce qui
changerait !?
Pour info : Depuis la loi du 29 mars
2021, ce décret doit être publié "au moins dix semaines
avant la date du premier tour", qui est fixé pour la prochaine élection
présidentielle au dimanche 10 avril 2022.
La période de recueil des
parrainages s'achève au plus tard le sixième
vendredi avant le premier tour de l'élection.
La
période pendant laquelle les "parrains" peuvent envoyer leur
présentation doit donc durer environ quatre semaines,
puisque le recueil débutera dix semaines avant le premier tour et sera clos six
semaines avant.
JDECLEF 24/11/2021 16H05
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire