Alain
Lipietz : « Le bilan écologique de Macron est parfaitement désastreux »
ENTRETIEN.
L’ancien député européen, et éphémère candidat à la présidentielle, accuse le
chef de l’État d’avoir teinté artificiellement son mandat en vert.
Il
y a vingt ans, il était en passe de représenter les Verts à la présidentielle.
Désigné candidat à l’issue d’une consultation des militants, Alain Lipietz
était débranché à la suite d’une polémique sur ses relations avec
les nationalistes corses. En deux temps trois mouvements, Noël Mamère
prenait la relève pour enregistrer ce qui reste le meilleur score d’un candidat
écolo à la présidentielle (5,25 % des voix en 2002). Cette année, l’ancien
député européen et chercheur en économie a choisi Yannick Jadot dès la
primaire des écologistes et lui apporte des conseils « amicaux »
pour réussir à imposer les thèmes qui lui sont chers dans une campagne pour
l’instant marquée par la prépondérance de l’immigration, la sécurité et le
pouvoir d’achat. Celui qui est encore conseiller municipal à Villejuif, en
banlieue parisienne, tire également à vue contre le bilan écologique d’Emmanuel
Macron, accusé d’avoir teinté artificiellement son mandat en vert. Entretien.
Le Point : Emmanuel Macron s’est-il renié en
annonçant la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, lui qui, il y a
cinq ans, avait validé la stratégie de François Hollande de
fermer des centrales ?
Politiques et
nucléaire : fausse audace, vrais angles morts
Les risques sont considérables avec le nucléaire, nuls avec les
énergies renouvelables. On peut, avec des installations en France, couvrir totalement
nos besoins d’ici à 2050 en énergies renouvelables. Le problème,
c’est qu’on aura besoin d’installations de stockage de l’énergie, mais ce sera
pareil avec le nucléaire. Une centrale continue de fonctionner la nuit, même
quand on n’en a pas besoin, il faut exporter ou stocker. Il n’y a pas
d’indépendance nationale dans le cadre du nucléaire. L’uranium est importé à
80 % du Kazakhstan, ça implique une certaine politique vis-à-vis du pays,
et à 20 % du Niger, ça implique des interventions militaires au Sahel.
C’est une matière importée, comme le pétrole et le gaz. La géopolitique de
l’uranium est aussi violente que la géopolitique du pétrole.
Le bilan écologique d’Emmanuel
Macron est parfaitement désastreux.
La France ne prend pas beaucoup d’engagements. On l’a encore vu à
Glasgow : il a fallu près d’une semaine pour que la France accepte de
rallier les pays qui voulaient renoncer en 2022 à financer
l’exploitation des énergies fossiles à l’étranger. La politique de Macron
essaie de limiter les cas où il se dédit. Cela dit, il a déjà largement dédit
la France. Il n’a pas appliqué l’accord de Paris signé en 2015 sous
François Hollande.
Le bilan écologique de cette mandature n’est donc pas bon ?
Gaz à
effet de serre : la France fait-elle mieux que les autres ?
On l’a vu pendant la crise des Gilets jaunes, le
président est tiraillé entre « la fin du monde et la fin du mois ».
On sait que les efforts écologiques peuvent coûter cher aux plus modestes…
Ce n’est pas au moment où on commence à lutter contre les
catastrophes écologiques qu’il faut s’apercevoir que, tiens, il y a des pauvres
en France ! Une étude récente montre que, non seulement, il n’y a pas eu
de réduction des inégalités en France sous le régime macronien, mais qu’en
plus ce sont les plus pauvres qui ont perdu pendant ce quinquennat.
Je n’aime pas trop cette expression de « fin du monde et fin du
mois » : les écologistes ne se battent pas contre la fin du monde –
l’humanité aura disparu depuis des années à ce moment-là –, mais contre la fin
de la vie. Si vous faites une politique écologiste pour retarder la fin de la
vie sans penser à la fin du mois, vous arrivez à une crise comme celle des
Gilets jaunes.
Comment aurait-on pu éviter cette erreur pour le cas des Gilets
jaunes ?
On ne peut pas demander à une politique d’écotaxe de faire de la
redistribution en faveur des pauvres, il faut la faire autrement. En 1999,
j’étais au Conseil d’analyse économique créé par le Premier ministre Jospin,
qui m’a demandé un rapport sur les écotaxes. Les premières études alertant sur
les effets des microparticules émises notamment par le diesel sur la santé
humaine venaient d’être publiées – on sait aujourd’hui qu’elles tuent
65 000 personnes par an en France, en deux ans, c’est le bilan de
l’épidémie de Covid-19. À l’époque, je propose de supprimer l’avantage fiscal
du diesel pour aligner son prix sur l’essence. En plus de diminuer la
mortalité, cela devait rapporter de l’argent à l’État. Une manne que nous
aurions dû diviser en trois parties : diminuer les impôts sur le travail,
améliorer les déplacements alternatifs à la voiture et redistribuer
immédiatement une dernière partie aux classes les plus pauvres. Monsieur Jospin
n’a rien fait à l’époque. Vingt ans après, Nicolas Hulot est arrivé et a réussi
à faire passer cette égalisation du diesel et de l’essence… Mais il a oublié la
partie redistribution aux classes populaires et moyennes condamnées à utiliser
leur voiture.
La gauche est complètement éclatée
au niveau des candidats, qui ne pèsent plus dans le débat.
Ce n’est pas décourageant quand on voit que même Nicolas Hulot,
qui a un pouvoir médiatique et une popularité extraordinaire, n’a
pas réussi à imposer des idées vertes ?
C’est déjà difficile en général, alors si vous devez le faire dans
un gouvernement qui n’est pas écologiste, c’est mission impossible. On lui a
dit : « Essaie. » Nous, on a essayé, avec Jospin, avec Hollande,
on a échoué. On a besoin d’alliés, évidemment, mais il faut vraiment se rendre
compte que sans un gouvernement écologiste, on ne fera pas d’écologie.
Sortis du
cadre : Nicolas Hulot, d’émissions en démission
Les rapports scientifiques se succèdent pour alerter sur le fait
que le temps est compté pour limiter le réchauffement climatique, mais on a
l’impression que ce thème de l’écologie est absent de ce début de campagne où
on ne parle que d’immigration et de pouvoir d’achat…
C’est vraiment effarant ce qui est en train de se passer. On a
l’impression qu’entre Le Pen, Zemmour, Ciotti, la campagne du congrès de la
droite, on ne parle plus que de ces sujets. Il y a un livre formidable de
Christopher Clark, Les Somnambules, sur la marche vers la guerre de
14-18. Vous savez de quoi s’occupait toute la presse française pendant le mois
de juillet 1914 ? Du procès Caillaux, du nom de cette femme qui avait
assassiné le patron du Figaro [Gaston Calmette, NDLR], qui avait dénigré à
longueur d’articles son mari. On est exactement dans la même situation. La
formule de Chirac, « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs »,
est terriblement d’actualité.
On sort pourtant de la COP26, mais les candidats n’en parlent que
très peu. Comment expliquez-vous que l’écologie ne s’impose pas ?
Cela tient en partie au fonctionnement du champ médiatique. Il n’y
a pas beaucoup de grands médias engagés dans la toute urgence écologique. Quant
à la classe politique, l’extrême droite et la droite s’occupent d’autres
sujets, c’est leur fonds de commerce. Les socialistes, il n’y en a pratiquement
plus. Il reste les Verts, La France insoumise et Macron. Pour Macron, c’est
« tout va bien, on fait le boulot, ne vous inquiétez pas ». C’est du
greenwashing. Reste la gauche. Il y a une majorité relative en France pour une
politique écolo sociale-démocrate, si l’on regarde les résultats aux dernières
européennes. Mais la gauche est complètement éclatée au niveau des candidats.
Quand vous en avez trois qui n’ont que très peu de chances d’arriver au second
tour alors qu’ils y arriveraient les doigts dans le nez s’ils étaient unis, ils
ne pèsent plus du tout dans le débat.
Il n’y a plus d’espoir d’une union des forces à gauche ?
Pour la présidentielle, je n’y crois pratiquement plus. Pour les
législatives qui suivent, en revanche, j’y crois encore. Je n’exclus pas une
victoire par défaut de Macron, suivie d’une victoire d’une union de ce pôle
écolo social-démocrate négociée pour les législatives. Si on rate ce coup-là,
on en a encore pour cinq ans, et c’est râpé : la France ne participera pas
à la lutte pour sauver la planète.
Yannick Jadot
lance son OPA sur la gauche
Quelles sont les chances de Yannick Jadot pour 2022 en
l’absence d’un ralliement ?
EELV est majoritaire dans les métropoles. Beaucoup de mairies ont
été gagnées par les Verts, les autres grandes villes sont à des alliés
socialistes. Mais les métropoles, ce n’est pas la totalité de la France. Alors
si en plus on se présente divisés, évidemment les Français nous sanctionnent,
et ils ont raison. En 2017, Jadot a prouvé qu’il n’avait pas d’ego, en
acceptant de se désister au profit de Hamon pour faire gagner la gauche sur un
programme relativement écologiste. Malheureusement, ça n’était pas le bon
cheval. Il a fait la preuve qu’il est prêt à se retirer s’il le faut. On aurait
attendu du PS qu’ils renvoient l’ascenseur cette fois-ci. LFI, c’est encore
autre chose. Il y a un aspect d’ego de la part de Mélenchon, et de différence
de philosophie politique entre eux et nous. EELV essaie de grappiller tout ce
qu’on peut pour mener une politique en matière d’écologie, quand on a
l’impression que chez LFI, au contraire, on se dit que moins on a d’alliés,
plus on est pur.
Les Verts ne se plombent-ils pas tous seuls quand Sandrine
Rousseau évoque
les hommes déconstruits ou quand le maire de Bordeaux refuse
de faire des sapins de Noël avec des « arbres morts » ?
Je ne suis pas sûr que dans le temps total chronométré de la
primaire écologiste, l’homme déconstruit ait pris autant de temps d’antenne et
de débat. C’est ce qui a marqué… les médias ! Il y a une responsabilité
des journalistes qui s’intéressent davantage à savoir comment madame Rousseau a
déconstruit son homme. Sur les sapins, c’est une question très importante. Nous
avons été élus pour les uns en avril, pour les autres en juillet – ce fut le
cas à Bordeaux. Nous avons commencé à avoir une politique de plantation des
arbres et à un moment donné on s’est posé la question de ce qu’on fait pour le
sapin de Noël. À Villejuif, nous avons un cèdre devant la mairie, donc pas
de problème ! Nous n’allions pas couper des sapins alors que nous souhaitons
replanter des arbres. Tous les ans, on coupe 20 millions de sapins et on
les brûle au mois de janvier. Cela représente la moitié de la forêt domaniale
de Fontainebleau. C’est totalement absurde. Cette polémique a été la
conséquence mécanique d’une décision avec laquelle, il faut l’avouer, tout le
monde est d’accord : on ne peut pas brûler tous les deux ans l’équivalent
de la forêt de Fontainebleau, alors qu’on a les moyens de fêter correctement
Noël avec d’autres solutions. Au Brésil, on décore des oliviers ou des orangers
avec des guirlandes. L’industrie du sapin de Noël est une véritable plaie, à
l’instar de celle du diesel.
Du Morvan à
nos salons, la longue vie d’un sapin de Noël
Quelles sont les premières mesures à mettre en place si
Yannick Jadot remporte la présidentielle ?
D’abord, interdire l’élevage industriel. C’est très rapide à
faire. L’alimentation est la première des questions et une priorité écologique.
Vous savez que le premier candidat vert, René Dumont, était agronome et il
était obsédé par savoir si on allait pouvoir nourrir la planète et comment. Il
faut lutter contre la malbouffe. C’est la priorité numéro un, avant même le
climat ! La progression des dépenses pour lutter contre le diabète
depuis 2009 est égale à la progression des dépenses de la sécurité
sociale. Sur l’énergie : on ne fait pas de nucléaire, on fait d’abord des
économies d’énergie. Yannick Jadot a été très clair : on essaie de fermer
tout le nucléaire avant 2050, mais si on n’a pas fait les économies d’énergie
et qu’on en a besoin, on les fermera un peu plus tard. Nous allons basculer
massivement dans l’électricité avec notamment les voitures électriques, il va
falloir diminuer ailleurs : le chauffage, le transport… Il faut accélérer
l’isolation des logements avec 400 000 logements isolés par an, on élimine
les passoires thermiques. À partir de là, on enclenche la fermeture des
centrales.
Vous êtes pour la planification…
Ce n’est pas un scandale de parler de planification. La planification,
c’est gaulliste. C’est un anti-hasard, c’est l’ardente obligation. C’est se
dire : puisque dans six mois, nous aurons besoin d’isoler des logements,
il faut développer la formation professionnelle. C’est comme cela qu’on
raisonne. Pour passer au 100 % bio, il faut quatre ans. Nous, commande
publique, nous paierons la nourriture produite par des paysans qui passent au
bio au prix du bio avant même la certification. La planification est un
engagement de l’État pour dire : « Nous serons à l’heure. » Et
vérifier si les engagements pris sont tenus.
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Il Fait
partie de cette classe politique écolo dite des verts déjantée inutile, voire
dangereuse et sectaire !
Il y en a
d'autres, mais lui c'est le fond du panier de ces politiciens ringards certains
sont partis heureusement comme Mamère par exemple qui était pour ce
qui est contre et contre ce qui est pour, ceci par simple contradiction !
Les
illuminés comme ces écolos EELV les verts entre autres sont leur marque de
fabrique !
Les
écologistes politiques sont la plaie de l'écologie qui pourtant est une chose
utile !
Jdeclef 20/11/2021
13h53
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