Michel Barnier :
« Je suis un pragmatique déterminé »
LE DERNIER ENTRETIEN POUR
CONVAINCRE. Nous avons interrogé les cinq candidats avant le congrès
LR : ce qu’ils n’ont pas pu dire, leur plus grande réforme…
Eux
présidents, seraient-ils de vrais réformateurs ou de classiques
gestionnaires ? Face à Emmanuel Macron, qui revendique le monopole de la
« disruption », les cinq candidats en lice pour le congrès des
Républicains promettent un projet de « rupture ». Mais quelles
réformes audacieuses, susceptibles de renverser la table, opposeraient-ils donc
à ce jeune président qui a fait de sa détermination à transformer le pays son
mantra ? Quel gouvernement constitueraient-ils pour conduire au pouvoir la
bataille du changement ? Et si la droite, forte d’une « équipe de France »
de présidentiables, détenait les clés pour changer le visage du pays ?
Aujourd’hui, samedi 27 novembre, Michel Barnier. L’ancien
commissaire européen entre dans le détail d’un projet que ses concurrents
ont pu trouver parfois vague, faute de mesures précises, renvoyant le candidat
à son expérience bruxelloise. « Mon parcours est
tout le contraire de celui d’un technocrate », répond le
Savoyard dans cet entretien dense, où il détaille quelques-uns des axes majeurs
de sa future présidence. Fin de la bureaucratie à outrance, évaluation des
politiques publiques, grande réforme de l’activité et du travail, décalage de
l’âge de départ à la retraite à 65 ans… Avant d’en revenir à une
pratique du pouvoir plus conforme à l’esprit de la Ve République :
« Le président fixe le cap et
laisse le gouvernement agir au quotidien en confiance. »
Mêmes questions, même traitement : les cinq candidats se sont
prêtés au jeu alors que les quelque 150 000 militants
LR choisiront leur champion par un vote électronique du 1er
au 4 décembre. Ces interviews, dont l’ordre de publication a été tiré au
sort, sont pour eux l’occasion de livrer leurs dernières vérités et grands
projets. À J - 5, dernier entretien pour convaincre.
Le Point : Quelle mesure
avez-vous proposée au cours de cette campagne que vous jugez insuffisamment
reprise ou mal comprise ?
Michel Barnier : Je ne
crois pas à l’objectif de donner des coups de hache dans les effectifs de
la fonction publique. Annoncer un chiffre magique, comme le font
d’autres candidats, c’est à la fois dangereux – la France a besoin de ses
agents publics, sur le terrain, dans des missions essentielles, comme la
sécurité, la justice, l’éducation, la santé – et toujours trompeur, car
l’engagement n’est pas tenu.
Il ne faut pas inverser l’objectif et les conséquences d’une
politique ! Je propose de réaliser d’importantes économies en luttant,
comme cela n’a jamais été fait à grande échelle, contre les fraudes sociales et
de partir à la chasse aux innombrables doublons administratifs qui coûtent et condamnent
souvent l’action publique à l’immobilisme. C’est contre les normes
et les contrôles, qui paralysent le pays tout en nécessitant de plus
en plus d’effectifs, qu’il faut lutter, pas contre les
fonctionnaires ! Le surcroît de bureaucratie coûte à la France
3 % de PIB par an. Dès le printemps 2022, je veux confier à des
parlementaires en mission le recensement de toutes les normes et
règles que nos voisins européens ne s’imposent pas et qu’il nous faudra
supprimer.
Nous ne sommes pas dans la
situation de tensions et de rancœurs personnelles qui était celle de la
primaire de la droite en 2016.
Philippe
Labro – Qui remportera l’investiture des Républicains ?
Y a-t-il encore un malentendu à votre sujet que vous souhaiteriez
dissiper ?
Ceux qui ne me connaissent pas me décrivent comme un technocrate,
au motif que j’ai assumé des fonctions européennes et que je préfère l’action
méthodique et les résultats concrets aux effets de manche et aux petites
phrases. Mais mon parcours est tout le contraire de celui d’un
technocrate : j’ai étudié dans une grande école de commerce, je suis
militant gaulliste depuis que j’ai 14 ans, j’ai été élu à l’âge de
22 ans dans un canton rural de Savoie, et j’ai été parlementaire et élu
local pendant plus de vingt ans. Dans les ministères qui m’ont été
confiés, j’ai toujours travaillé en confiance avec les fonctionnaires
placés sous mon autorité, mais en veillant si besoin à leur rappeler que
c’est au politique que revient la décision.
Sur lequel de vos concurrents avez-vous changé d’avis au cours de
cette campagne ?
Nous ne sommes pas dans la situation de tensions et de rancœurs
personnelles qui était celle de la primaire de la droite en 2016. Nous
avons entre nous beaucoup de respect, d’estime ainsi que de l’amitié. Nous
avons des différences bien sûr – de tempérament, d’expérience, ou en ce qui
concerne la continuité de notre engagement au sein des Républicains, puisque
certains ont quitté notre famille politique – mais pas de divergence insurmontable.
Nous connaissons la responsabilité qui est la nôtre : nous rassembler,
après le 4 décembre, pour gagner l’élection
présidentielle et changer de politique. C’est ce que les Français
attendent de nous.
Pour que la France reprenne en
main son destin, nous devons réussir la grande réforme de l’activité et du
travail.
Cotta
– Débat LR : ne nous fâchons pas !
Qu’est-ce qu’il y a de plus réformateur en vous ?
Je suis un pragmatique déterminé : quand une politique ne
marche pas, il faut en changer. C’est ce que j’ai fait à plusieurs reprises
comme ministre et comme commissaire à Bruxelles, notamment en imposant des lois
européennes aux marchés financiers après la crise de 2008 pour en
finir avec les dérives ultralibérales qui avaient mis à terre l’économie
mondiale. C’est ce que je propose aussi en matière d’immigration, dont il nous
faut absolument reprendre le contrôle ou encore pour la
sécurité, qui est le principal échec de ce quinquennat :
identifier précisément ce qui ne fonctionne pas et agir sans trembler pour que
les choses changent. Réformer, c’est apporter des résultats, des réponses aux
difficultés du pays et aux problèmes des Français.
Quelle sera la grande réforme de votre quinquennat ?
Pour remettre la France en marche avant, il faut déjà réparer ce
qui a été détruit ou ce qui aujourd’hui bloque le pays et porte
atteinte à la cohésion nationale. Les chantiers de la sécurité, de la
justice et le moratoire en matière d’immigration seront nos toutes premières
priorités. Au-delà, pour que la France reprenne en main son destin, nous devons
réussir la grande réforme de l’activité et du travail. Cela suppose d’agir
résolument sur les conditions de la production en France en
baissant les taxes pour nos entreprises, sur le coût du travail
intermédiaire et sur l’équilibre des retraites en repoussant l’âge du départ à
65 ans.
Les
Républicains : le grand comparatif de leur programme économique et social
Sur quelle réforme du quinquennat Macron reviendrez-vous ?
Je ne reviendrai sur aucune réforme importante, car il n’en a pas
fait… Le président sortant n’est allé au bout des choses sur rien. Il
s’est contenté d’aggraver les déficits sans s’attaquer à aucune des
lourdes difficultés du pays. Sécurité, dette, immigration, éducation, santé,
indépendance économique… : sur tous ces sujets majeurs, la situation
actuelle est pire qu’il y a cinq ans. Il va falloir agir enfin, pour
répondre aux attentes des Français et redonner au pays son cap.
Il faut mettre fin à ce délire
bureaucratique !
Quelle nouvelle avancée européenne voudriez-vous proposer à nos
partenaires ?
Sur l’immigration, tous les partenaires européens de la
France ont le même problème et les mêmes inquiétudes, même
s’ils les expriment différemment. Je suis convaincu qu’il y a la place
pour un consensus européen en faveur d’une grande politique commune, ferme et
humaniste, en matière d’immigration et de défense des frontières. C’est un
enjeu vital pour la cohésion de nos modèles sociaux et pour la préservation de
notre identité.
Et
si le véritable échec économique de la France, c’était l’immigration ?
Quelle sera votre première mesure pour simplifier
administrativement notre pays ?
La suradministration du pays nous coûte cher en même temps
qu’elle est vécue, notamment dans les campagnes, comme un cauchemar
quotidien pour des millions de Français dont la vie est ponctuée par une suite
interminable de formulaires Cerfa. Je propose, dès le printemps
prochain, d’engager un double mouvement. D’abord en proposant la
simplification des 100 démarches les plus importantes
pour les Français et nos entreprises. Ensuite, comme je l’ai dit, en
faisant la chasse à tous les doublons administratifs au sein des
différents services de l’État, de ses agences ou autorités indépendantes et des
collectivités locales. Les économies à attendre de ce travail s’élèvent en
milliards d’euros. Il faut mettre fin à ce délire bureaucratique !
Il faut en finir avec
l’“hyperprésident” ou le “président jupitérien”.
Quel ministre de l’actuel gouvernement garderiez-vous dans un
prochain gouvernement ?
Aucun. Quand on change de politique, on change d’équipe.
Quelle(s) personnalité(s) de gauche aimeriez-vous compter dans
votre gouvernement ?
Le « en même temps » n’est pas une méthode de
gouvernement efficace. Les Français veulent de la clarté.
Quel serait le profil idéal de votre Premier ministre ? Georges
Pompidou, qui avait une grande latitude pour agir, ou Jean Castex, cornaqué par
un hyperprésident ?
Au-delà de l’homme, immense, Georges Pompidou a pu être un grand
Premier ministre parce que le général de Gaulle avait une saine
conception des institutions. Dans l’esprit originel de la Ve République,
le président fixe le cap et laisse le gouvernement
agir au quotidien, en confiance. Il faut en finir avec
l’« hyperprésident » ou le « président jupitérien ».
L’exercice solitaire du pouvoir conduit à la déconnexion, à l’arrogance et aux
erreurs. Avec Emmanuel Macron, nous avons bien vu qu’à vouloir s’occuper de
tout, le président risquait de n’être efficace sur rien. Je veux
être le sélectionneur d’une équipe de France où chacune, chacun est à son
poste, solide sur ses compétences et pleinement mobilisé sur ses
responsabilités.
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Cet élu est rodé à l’exercice politique
de l'état il utilise le mot pragmatisme :
Doctrine selon
laquelle n'est vrai que ce qui fonctionne réellement.
Attitude d'une
personne qui ne se soucie que d'efficacité.
Donc la définition s’impose : Pour
ceux qui croient que parler fort en aboyeur de foire ou promettant n’importe
quoi qu’ils ne tiennent pas, en mentant aussi un peu en passant, car plus les promesses
sont grosses, cela plait aux gogos qui votent si mal et qui râleront de toute
façon après aux comptoirs des cafés du commerce pendant les 5 ans à venir après
comme d’habitude !
Il semble que ce serait mieux d’avoir un
homme posé raisonnable qui a semble-t-il une stature de chef d’état essayant de
répondre à ce qu’attendent les Français pour tous les problèmes divers qu’ils
subissent dans cette V eme république obsolète qu’il faudrait changer car
donnant trop de pouvoir à un seul homme !
Parmi les autres candidats, ils ont tous
des qualités, mais différents sur divers sujets : immigration, sécurité, économie,
santé, laïcité (donc religions) ils seraient utiles comme ministres à celui
choisi (mais) par les adhérents LR qui ne représentent pas tous les électeurs
français souvent versatiles, mais votant si mal !?
Le parfait n’existant pas chez nos
politiciens de tous bords « de deux maux il faut choisir le moindre » !?
Jdeclef 27/11/2021 12h22
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