Algérie : la saison du
French bashing est ouverte
ANALYSE. Du Parlement à
certains ministères, la campagne antifrançaise bat son plein en Algérie. Fièvre
passagère ou tensions destinées à durer ?
Dimanche
dernier, une centaine de députés de l’Assemblée populaire nationale (APN,
chambre basse du Parlement algérien) ont signé et déposé au bureau de
l’Assemblée une proposition de loi criminalisant la colonisation. Porté par le
Mouvement pour la société de la paix (MSP, tendance Frères musulmans), le
document de 18, pages et 54 articles prévoit une série de mesures,
comme celle contraignant « les autorités françaises à présenter des
excuses au peuple algérien pour les préjudices qu’il a subis durant la période
coloniale » (article 24). Un autre article préconise que
« l’État algérien est tenu de ne conclure aucun accord avec la France tant
que les conditions de reconnaissance de ses crimes coloniaux ne sont pas
réunies ». Une autre disposition prévoit la création d’un « tribunal
spécial, basé à Alger, pour juger toute personne ayant commis ou participé à
l’un des faits cités dans le texte ». Le même texte qualifie les
pieds-noirs d’« étrangers » qui « n’ont aucun droit pour
réclamer leurs biens en Algérie puisqu’acquis illégalement » et
considère les harkis comme étant des « traîtres […] ayant combattu
leurs propres frères ».
« Dans le cas où les autorités françaises refuseraient de
remettre à la justice des personnes incriminées, la loi autorise tous ceux qui
sont habilités à saisir les juridictions internationales », lit-on encore
dans ce texte qui, s’il est approuvé par le bureau de l’APN, sera soumis au
gouvernement pour qu’il donne son avis dans un délai ne dépassant pas deux
mois, rapporte le quotidien El Watan.
France-Algérie :
guerres secrètes
Une loi viable ?
Mais il semble que cette démarche législative, qui intervient en
pleine crise politique et diplomatique entre Paris et Alger, connaît déjà
quelques couacs. La majorité parlementaire FLN et RND (ex-partis du pouvoir de
l’ère Bouteflika) tente de temporiser pour se joindre à l’initiative
refusant d’apporter les signatures de ses députés à ce texte. L’argument
publiquement avancé serait qu’il s’agit d’une loi qui « n’a pas encore
recueilli un consensus national », selon des députés du FLN et du RND. Un
texte qui, selon le député FLN Ahmed Tamamri, « nécessite un débat plus
large ». Selon ses propos rapportés par le quotidien Echourouk,
cette « cause ne concerne pas uniquement la classe politique, mais tout le
peuple, le gouvernement et l’ensemble des institutions ».
Du coup, il est légitime de s’interroger sur la viabilité de cette
loi et si le texte survivra à l’examen du bureau du Parlement et aux
tergiversations des partis majoritaires dont la décision n’a sans doute pas
l’apanage de l’autonomie partisane. Car il faudrait rappeler ici qu’un autre
projet de loi criminalisant la colonisation, présenté par le FLN en 2009, a été
bloqué par le gouvernement de l’époque. L’ancien président du Parlement, le FLN
Abdelaziz Ziari avait justifié ce blocage par des « considérations
diplomatiques et juridiques », tout en défendant le fait qu’Alger ne
renoncerait pas à réclamer à Paris la reconnaissance des « crimes
coloniaux ». « À l’époque, nous considérions qu’une telle démarche,
qui nécessite de mobiliser et de créer des mécanismes judiciaires
internationaux, devait rassembler autour d’elle d’autres pays ou acteurs, comme
le Vietnam ou des pays amis africains, mais cela ne s’est pas réalisé »,
explique une source proche du dossier.
« Ingérence ! »,
« Dérapage ! »… : la colère d’Alger contre Macron
« Ce n’est pas la priorité »
Par ailleurs, le conseiller mémoire et histoire de la présidence
algérienne, Abdelmadjid Chikhi, avait réagi, en janvier dernier, aux débats
autour de la promulgation d’une telle loi, estimant qu’« en tant que
responsable du dossier de la mémoire, cette question n’est pas une priorité
[…] parce que le peuple algérien a déjà criminalisé [la colonisation] depuis
longtemps ».
Cette effervescence parlementaire intervient dans le sillage d’une
conférence, le 25 octobre dernier, justement au Parlement, sous le titre
bien évocateur « Parlement français : halte aux guerres par
procuration ». Cette conférence se voulait une réponse à une rencontre, le
15 octobre, organisée à l’Assemblée nationale française par la présidente
du groupe parlementaire du Parti communiste français, Marie-George Buffet,
et l’ONG Riposte internationale, qui ont invité des militants algériens
politiques et des défenseurs des droits de l’homme pour débattre de la
situation en Algérie. Pour les parlementaires algériens, l’Assemblée
nationale en France mènerait « une guerre par procuration au profit de
lobbys dont le seul souci est la pression et le chantage en se mêlant aux
affaires intérieures de l’Algérie ». Lors de cette conférence, des députés
du MSP ont proposé de « resserrer l’étau autour du lobby français
présent en Algérie » en activant sur trois plans : la criminalisation
du colonialisme, la « révision de la coopération économique avec la
France » et la « suppression du legs de la langue française, idiome
de domination », pour reprendre les termes du député islamiste et
président du groupe parlementaire du MSP, Ahmed Sadok.
Vu
d’Alger : le « pardon » de Macron aux harkis, une
« provocation »
Arabisation tous azimuts
Quelques jours avant cette conférence au Parlement, trois
ministères, celui de la Jeunesse et des Sport, celui du Travail et celui de la
Formation professionnelle, ainsi qu’Algérie Poste, l’Office national de gestion
et d’exploitation des biens culturels (dépendant du ministère de la Culture) et
de certains hôpitaux publics, ont décrété l’obligation d’arabiser
correspondances, cachets et documents officiels.
« Il faut dire que les tenants du courant conservateur,
adeptes de la surenchère nationaliste, ont toujours mis à profit toute
crise que traversent les relations algéro-françaises pour ressortir le
dossier de l’arabisation, non sans réclamer à cor et à cri l’abandon de langue
de l’“ennemi d’hier” », souligne le quotidien Liberté.
Le site TSA rappelle aussi que « le ministre de l’Enseignement
supérieur avait par exemple annoncé [en 2019] le remplacement imminent de
la langue de Molière par celle de Shakespeare dans les filières techniques à
l’université. Le projet a été jeté aux oubliettes, mais il est déterré à la
faveur de cette crise avec la France. »
Sur les réseaux sociaux, le débat fait rage. « À l’hôpital,
nous n’utilisons presque plus le français déjà… Notre vocabulaire se
limite à “kayen l’ma ?’’ (y a-t-il de l’eau), “Makach doua’’ (il n’y
a plus de médicaments). Du coup, nul besoin d’apprendre l’anglais non
plus », écrit une médecin algéroise sur Facebook. D’autres préfèrent
rappeler que « les hauts responsables et pontes du régime mettent leurs
enfants à l’école française à Alger mais demandent à arabiser le reste des
Algériens ».
France-Maroc :
70 ans de coups fourrés et de réconciliations
« Porte verrouillée »
Criminalisation de la colonisation, arabisation, mais aussi
« revoir » la coopération économique, d’après les députés du MSP,
seraient les trois fers de lance contre la France et ses « lobbys ».
Et, question « coopération économique », « ça ne pourrait pas
être pire qu’avant », commente un chef d’entreprise franco-algérien.
« Disons que, depuis les déclarations de Macron [du 30 septembre sur
la nation algérienne et la « rente » mémorielle, NDLR] et la
colère d’Alger, on sent juste qu’on a verrouillé une porte qui était déjà
solidement fermée », poursuit le businessman. Pour un autre opérateur
économique français installé depuis une dizaine d’années à Alger, « il
s’agit d’une tempête passagère, il faut faire le dos rond et attendre que ça
passe, on y verra plus clair après la présidentielle en France ».
Froidement, un éditorialiste algérois tente lui aussi de nuancer
ce French bashing à la mode dans certaines instances officielles :
« La question est de savoir si les plus hautes autorités algériennes sont
à la manœuvre dans ces attaques répétées depuis plusieurs semaines contre les
intérêts français. » « Rien n’est moins sûr, atteste une source
proche de la décision. On voit bien que les partis proches du pouvoir [FLN et
RND, NDLR] freinent des quatre fers au Parlement pour contrer l’opportunisme
des islamistes du MSP sur le dossier de la criminalisation de la colonisation.
Ensuite, il y a bien une offensive au sein même du système contre le courant de
la « badissia-novembria », assumée publiquement par le numéro deux du
pouvoir. »
Maghreb :
vol au-dessus d’un nid de migraines
Les variables du French bashing
La « badissia-novembria » fait référence à des trolls
électroniques téléguidés par des officines semi-officielles et des activistes
se revendiquant de la mouvance des Oulémas musulmans (fondée par Abdelhamid Ben
Badis en 1931) et du nationalisme de la révolution du 1er novembre
1954. Ces courants avaient tenté de parasiter le hirak en imposant
de fausses polémiques identitaires, notamment en opposant l’amazighité à
l’arabité des Algériens et en s’activant, ces derniers mois, dans la campagne
contre la France.
Cette semaine, le président du Sénat, Salah Goudjil, ancien
combattant de la guerre de libération (1954-1962), a publiquement déclaré :
« En tant que moudjahidine [ancien combattant], j’estime qu’une telle
chose ne devrait pas être dite. Quand on dit que novembre est badissi, on
ment à l’histoire. Novembre, c’est novembre, il n’appartient à personne. Les
gens sont libres de dire ce qu’ils veulent, mais on ne doit pas enseigner cela
à nos enfants. Ce n’est pas la vérité. » Une manière de se démarquer des
campagnes antifrançaises « nourries par des pans du système, résidu de
l’ancien régime, pour se refaire une nouvelle virginité sous l’apparence
patriotique », analyse notre source proche des centres de décision.
Donc on serait face à plusieurs niveaux de French bashing :
« Élaboré par des milieux conservateurs et islamistes pour engranger des
dividendes partisans ou fomenté par des segments du pouvoir pour se faire
passer pour des victimes du prétendu lobby francophile quand sonnera l’heure
des comptes sur les questions de la corruption ou de la mauvaise
gouvernance », poursuit notre source.
« N’oubliez pas que, comme sous Bouteflika, les circuits
d’allégeance et la clientèle du système agissent par à-coups d’excès de zèle,
tentant d’épouser ce qu’ils pensent être le mood du moment. Parfois,
ils sont instrumentalisés, mais souvent ils sont en roue libre », observe
un habitué du sérail.
France-Algérie :
ce rapport Stora sur la mémoire
Alger-Rabat-Paris : l’autre point de tension
Mais, si la fièvre du French bashing retombe, ce n’est pas
pour demain la veille. D’abord parce que la question mémorielle sera l’invitée
forcée tout au long des mois qui viennent, marqués, d’un côté, par la
précampagne présidentielle en France dominée par la question identitaire, et,
de l’autre, par la célébration du 60e anniversaire de
l’indépendance algérienne. De plus, d’autres tensions surgissent sur
le plan régional, que ce soit sur la question épineuse du Mali ou sur la
triangulation Alger-Rabat-Paris.
Sur ce dernier dossier, Alger s’est opposé au texte voté, le
27 octobre, par le Conseil de sécurité de l’ONU concernant la prorogation
du mandat de la mission des Nations unies au Sahara occidental, « en vertu
d’une résolution « déséquilibrée » présentée par les États-Unis et marquée
surtout par l’empreinte de la France », selon l’agence officielle APS.
Paris est souvent accusé par Alger de maintenir une position
pro-Maroc sur la question du Sahara occidental.
L’ancien envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le
Sahara occidental (2009-2017), le diplomate américain Christpher Ross, a
récemment publié sur sa page Facebook une analyse sur les blocages du
processus de paix dans cette région, mettant en exergue le soutien de la France
aux options marocaines : « Rabat a court-circuité [les] négociations
[avec le Polisario] en tentant d’imposer sa proposition d’autonomie comme seul
point à l’ordre du jour à l’exclusion de la proposition de référendum du
Polisario. Elle n’a subi aucune conséquence de ce comportement car l’attachement
de la France à la stabilité marocaine l’oblige à empêcher tout effort sérieux
de mise en cause du Maroc pour son non-respect des orientations du Conseil de
sécurité. »
Dans cet autre front Paris-Alger, la situation peut rapidement se
détériorer : sur le terrain des opérations, les affrontements militaires
se multiplient entre le Polisario et les forces armées royales marocaines.
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Garde une
rancœur tenace contre les Français et la France bien que beaucoup de leurs
ressortissants émigrent dans notre pays car souffrant de manque de liberté chez eux !?
Comme
tous les pays de cette AFRIQUE ex AOF AEF et donc du Maghreb !
Et bien
que ce pays soit riche par ces ressources énergétiques importantes ils n'ont
pas su mettre en valeur leur pays, car mal gouvernés par des dirigeants
totalitaires qui en ont profité sans vergogne oubliant leur peuple !
On
retrouve ce défaut dans d'autres pays africains de nos ex-colonies africaines avec
aussi leurs cultures différentes de celle de la France laïque et même celles de
l’Europe occidentale !
Mais pour
les Algériens pilotés par leurs dirigeants rigides, quoi de plus facile que de
mettre sur le dos de la FRANCE la mauvaise situation de leur pays depuis 60 ans
!?
Alors il
faut que nos gouvernants et dirigeants bienpensants donneurs de leçon tournent
définitivement cette page algérienne, tout comme pour le reste de l’Afrique
francophone !
En
restreignant encore plus l'immigration algérienne vers la FRANCE en considérant
l'ALGERIE comme un pays étranger normal sans favoritisme !
Jdeclef 03/11/2021
12h39
Naturellement dire simplement la vérité sur l'ALGERIE d'aujourd'hui est censuré arbitrairement par les modérateurs du point borné et inféodé à leur rédaction orientée par ce pays qui continue à dénigrer la France sans vergogne alors que ce qui est dit est vrai n'en déplaisent à nos bien pensants pleutres hypocrites qui ne méritent pas les postes qu'ils occupent et ne nous protègent pas en plus de personnages vindicatifs revanchards maghrébins !
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