Valérie Pécresse, la revanche
de la « femelle blanche »
PORTRAIT. Longtemps dépeinte
en bourgeoise pincée par les « mâles blancs », la désormais
candidate de LR s’est patiemment construite à l’ombre de Chirac
et Sarkozy.
Prémonitoire.
« Si on perd, on ne sait pas quand on reviendra au
pouvoir… » nous confiait Valérie Pécresse à l’automne 2011, il y a
dix ans presque jour pour jour. Propulsée à Bercy par Nicolas Sarkozy en pleine
bourrasque financière mondiale, elle s’apprête alors à administrer aux Français
une potion amère faite de hausses d’impôt et de serrage d’écrous. L’heure n’est
pas à « cramer la caisse », malgré l’élection présidentielle qui se
profile à grands pas. « On va devoir faire des choses courageuses, à
rebours du temps politique ! Plutôt du Thatcher que du Churchill, poursuit
la ministre du Budget. Mais Nicolas a un atout : une dizaine de ministres
quadra qui ont vraiment envie de gagner. On va se battre jusqu’au dernier
sang, parce qu’on y a intérêt ! »
Imaginait-elle que, dix ans plus tard, sa famille politique la
chargerait de laver l’affront de deux échecs consécutifs à la magistrature
suprême ? Songeait-elle qu’elle serait en situation de devenir la première
femme à s’installer dans le bureau du général de Gaulle à l’Élysée ? Elle
n’en a jamais fantasmé. Enfant, elle se rêvait actrice ou psychiatre.
« Elle fonctionne une marche après l’autre. Elle ne pensait pas à la
présidentielle à chaque brushing ! » sourit l’ancienne ministre
de la Culture Christine Albanel, qui l’a connue jeune chargée de mission de
Jacques Chirac à la fin des années 1990. C’est une ambition qui, chez cette
grande méthodique, a mûri lentement.
Congrès LR :
Valérie Pécresse représentera la droite à la présidentielle
Quand tu vois que personne ne
défend tes idées, tu te lèves et tu y vas !
Elle éclôt le 22 mai 2018, précisément. Devant
quelque 600 invités massés dans la salle des fêtes du Palais,
Emmanuel Macron offense Jean-Louis Borloo en balayant son plan Marshall pour
les banlieues d’un cinglant : « Ça n’aurait aucun sens que deux mâles
blancs, ne vivant pas dans ces quartiers, s’échangent l’un l’autre un
rapport ! » Valérie Pécresse est absente. Il n’a pas été jugé utile
de la convier à la cérémonie. Elle qui pilote la plus grande région,
« petite France de 12 millions d’habitants », comme elle se
plaît à souligner. Elle qui a transféré le siège du conseil régional au cœur du
« 9-3 », à deux pas des tours et des points de deal. Elle qui fait de
la lutte contre la ségrégation sociale un combat. « Je suis une femelle
blanche et je revendique d’avoir quelque chose à dire sur les quartiers
populaires ! » riposte-t-elle sur Europe 1. « Quand
Emmanuel Macron a jeté le plan Borloo à la poubelle, je me suis dit : Il n’écoute
pas. J’ai installé le conseil régional en Seine-Saint-Denis. Le séparatisme,
l’intégration, les banlieues, je m’en préoccupe. Je suis une figure singulière
à droite. Quand tu vois que personne ne défend tes idées, tu te lèves et tu y
vas ! » dévoile-t-elle.
Le 22 juillet dernier, elle se lance enfin, huit jours après
avoir célébré son anniversaire – elle est née un 14 juillet, ça ne
s’invente pas. Elle a prévenu quelques amis : « J’y vais. J’ai
54 ans, c’est maintenant ou jamais ! Il ne faut pas attendre, sinon
Laurent Wauquiez va revenir… » Flairant le danger, l’ancien favori de la
droite Xavier Bertrand l’appelle pour lui proposer de se ranger derrière lui.
« En septembre, j’aurai fait le trou dans les sondages, tu
verras ! » Elle l’éconduit poliment. « Moi aussi j’ai mon
orgueil, Xavier. Et j’ai des choses à dire. »
« Le danger,
c’est Valérie Pécresse » : la macronie face au congrès LR
Du Komsomol à William Saurin
Elle compte leur faire rendre gorge, à tous ces « mâles
blancs ». La misogynie ordinaire, elle connaît, merci ! À l’ENA, on
la surnomme « Jeune et Jolie » malgré sa deuxième place au classement
de sortie de la promotion Condorcet. Conseillère d’État et enceinte de trois
mois, elle voit deux postes prestigieux lui passer sous le nez pour avoir eu la
franchise d’évoquer sa grossesse. Jeune députée UMP, invitée de Laurent
Ruquier, elle tombe des nues lorsqu’il lui demande avec qui elle a couché pour
en arriver là… À droite, on l’a longtemps croquée en bourgeoise scolaire et
coincée, « Madame serre-tête et jupe plissée », quand ce
n’est pas « la blonde » pour minorer ses compétences. Qui sait
qu’elle est corse par sa mère, brune aux larges yeux noirs ? Qu’à l’âge de
15 ans, cette baroudeuse a rejoint le Komsomol de l’URSS pour
apprendre le russe ? Qu’elle a travaillé à la chaîne chez William Saurin
lors d’un stage pour HEC, mettant de la choucroute et des saucisses en
boîte ? Plus près de nous, lors d’un sommet organisé par l’Élysée au
château de Versailles pour convaincre de grands patrons d’investir en France,
elle doit préciser à ses voisins fortunés, étrangement mutiques, qu’il y a
maldonne. Non, elle n’est pas l’épouse d’Édouard Philippe, assis en face
d’elle…
Valérie
Pécresse : « Je suis 2/3 Merkel et 1/3 Thatcher »
De ce machisme
encore tenace en politique, il lui reste quelque chose d’emprunté, une voix
qu’elle peine à poser, un sourire trop figé, comme embarrassée par cette
féminité qu’elle s’efforce de gommer derrière un uniforme de campagne à la
Angela Merkel : tailleur-pantalon sobre et top aux couleurs tranchées,
rouge conquête ou blanc virginal. « Elle est raide. C’est son éducation,
une espèce de versaillisme dont elle n’arrive pas à se départir. C’est une
conseillère d’État, une énarque, un bon petit soldat », défend un ami.
Dans la dernière ligne droite du congrès des Républicains, ses équipes
n’avaient qu’une frayeur, que les militants n’aient pas confiance en une femme
pour diriger le pays. Jamais la droite de gouvernement n’avait investi une
candidate pour la présidentielle.
Face à ses quatre rivaux, pour lever cette hypothèque, elle s’est
patiemment sculpté une stature de femme à poigne, tenace, de bonne gestionnaire
à qui on ne tremble pas de confier son bas de laine, « deux tiers Merkel,
un tiers Thatcher », selon son mot. « Tu as montré aux Français que
tu avais des couilles comme les autres, maintenant
souris ! » l’a taquinée l’un de ses vieux compagnons de route
après leur premier débat télévisé. Fait rare, elle a consenti à lever le voile
sur sa famille et ses trois enfants en acceptant l’invitation de Karine Le
Marchand dans
Ambition intime sur M6. Avant de défier Emmanuel Macron, elle s’est
assurée que son mari, le discret Jérôme Pécresse, épousé à l’été 1994, patron
de la branche renouvelable de General Electric, était prêt à cette folle de
vie. Précaution inutile : il l’a toujours soutenue. Il était là dans les
pires heures, après la défaite de Sarkozy et la guerre Fillon-Copé, quand elle
a failli tout plaquer.
Les cours particuliers de Jacques Chirac
L’Élysée, Valérie Pécresse connaît. Elle y a travaillé. Au début
de l’année 1998, dans les couloirs du Palais, cette toute jeune recrue au CV
rutilant – bachelière à 16 ans, HEC, ENA et le Conseil d’État dans la
foulée – intrigue. Que vient-elle faire dans cette galère ? Depuis la
dissolution ratée, Jacques Chirac est moribond politiquement. Ses amis l’ont
mise en garde contre un hara-kiri professionnel. Peu importe à cette gaulliste
de cœur, elle veut l’aider. Dans son sillage, les membres du cabinet
présidentiel murmurent le nom de Louis Bertagna, son grand-père maternel,
psychiatre de renom, qui soigne la fille aînée des Chirac, Laurence, atteinte
d’une grave anorexie. Bernadette se méfie d’abord de cette possible intrigante
infiltrée par la Corrèze, dont le mari Jérôme Pécresse est originaire.
Spécialiste ès hautes technologies, Valérie Roux, son nom de jeune
fille, initie le président, un peu perdu face au « mulot », aux joies
de l’informatique. Il la tutoie, paternel ; elle le vouvoie,
impressionnée. L’ombrageux secrétaire général Dominique de Villepin la juge
trop « normale » pour percer : « En politique, il n’y a que
des névrosées ! » (*) En 2002, pour sa première campagne législative
dans les Yvelines, le président lui livre un cours personnalisé de serrage de
mains – la poigne ferme, le regard accrocheur – et d’embrassade électorale –
avec tout le corps, comme du bon pain. Contre toute attente, « la
gamine » dynamite le général cinq étoiles Philippe Morillon, ancien
commandant des troupes de l’ONU en Bosnie. Chirac reste aujourd’hui encore son
indépassable mentor, dont elle entend perpétuer les deux grandes leçons :
toujours tenir la digue face à l‘extrême droite, et garder la colonne
vertébrale bien droite sur la laïcité.
Valérie
Pécresse : « J’agis, quitte à bousculer les conservatismes »
Montre-toi telle que tu es et les
Français t’aimerontNicolas
Sarkozy
C’est Nicolas Sarkozy, son mentor contrarié, qu’il l’a consacrée
en la nommant ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Entre
eux, il n’y a pas d’affect. Le président, qui préfère s’afficher avec ses
égéries Rama Yade et Rachida Dati, tient la chiraquienne à bout de gaffe. Il
est mal à l’aise avec cette « bac +18 » qu’il voit comme une
techno sans charisme, au point de ne pas juger utile de l’intégrer dans son
club de ministres politiques, le fameux « G7 ». Il la surnomme
« Madame Moi Je », la trouve ennuyeuse, obsessionnelle, mais il
apprécie sa force de travail. Il lui doit l’une des réformes emblématiques de
son quinquennat sur l’autonomie des universités.
Face à des amphis hostiles et bondés, elle tient bon, héritant
d’une image de réformatrice qui ne cède pas à la rue. Tout n’est pas rose, tant
s’en faut. « Elle était toujours en butte contre Xavier Darcos [alors
ministre de l’Éducation nationale, NDLR] et Nicolas Sarkozy lui cassait
parfois la baraque en recevant des gens dans son dos. Elle en étouffait de
rage. Elle avait le sentiment de ne pas avoir la reconnaissance qu’elle
méritait. Le président n’était pas fan, mais il reconnaissait son
opiniâtreté », se remémore un ancien collègue ministre. Elle cite
volontiers cette plaisanterie corse : « Un pitbull lâche parfois, une
mère corse jamais ! » Après un premier échec aux régionales
de 2010 en Île-de-France, où elle subit les avanies de son propre
camp, elle s’adjoint les services de Patrick Stefanini pour le scrutin de 2015,
qu’elle remporte au terme d’une campagne violentissime contre Claude Bartolone (PS).
La leçon de Nicolas Sarkozy
Besogneuse, elle sillonne la région en ciré et sac à dos pour
tracter. « J’ai honte ! Je l’invitais dans ma circonscription pour
voir trois pelés et deux tondus. Elle arrivait seule au volant de sa petite
voiture, je l’arrachais à sa famille », se souvient un élu francilien.
Dans cette région acquise à la gauche, elle rafle la mise. La performance
inspire à Nicolas Sarkozy ce commentaire pincé : « Elle a pris le
melon, elle ne passe plus sous l’Arc de Triomphe ! Il faut lui dire qu’elle
s’occupe des bus ! » Il faut attendre l’automne 2019 et une
cérémonie de Légion d’honneur pour qu’il s’attendrisse enfin. Elle le choisit,
lui, pour l’épingler. Il est touché. « Je te souhaite le plus fort, le
plus haut. Quitte à rêver, autant rêver grand, je sais que tu peux y
arriver ! loue-t-il devant la petite foule massée en rez-de-jardin du
conseil régional. Tu t’es construit une carapace, je sais que c’est pour te
protéger, mais montre-toi telle que tu es et les Français t’aimeront. » Comme
un passage de témoins qui ne dit pas encore son nom. De Nicolas Sarkozy, qu’on
imagine à tort rancunier, elle a retenu une leçon fondamentale : il faut
toujours rassembler sa famille. En 2004, alors qu’il vient de récupérer les
clés de l’UMP, il la convoque pour un entretien. Convaincue qu’il va l’évincer
du porte-parolat du parti, elle l’entend expliquer que la grande erreur de
Jacques Chirac fut de ne pas tendre la main aux balladuriens. « Quand la
droite se rétrécit, elle perd. Quand elle s’élargit, elle gagne. Je veux avoir
dans l’équipe des gens qui ne m’aiment pas au départ », énonce-t-il… Avant
de la confirmer dans ses fonctions.
D’Artagnan, pape
François, Colbert… Dans la tête de Valérie Pécresse
Parfois, elle donne le sentiment de s’égarer en chemin, de réagir
à contretemps. Elle a sa propre boussole politique, des intuitions qui peuvent
dérouter. Avec le recul, avait-elle tort ? Le 5 juin 2019, elle
claque la porte du parti dans la foulée de la démission de Laurent Wauquiez,
après la raclée des 8,5 % de la liste Bellamy aux européennes.
« Un parti bonapartiste que vous ne prenez pas quand il est à terre, c’est
incompréhensible ! Elle serait devenue la candidate naturelle »,
sermonne un ancien ministre. Elle répète que le parti était verrouillé,
« complètement buissonnisé », que mieux valait tenter de le réformer
de l’extérieur à la tête de son micro-parti Libres ! Même tombereau de
reproches lorsqu’elle lâche François Fillon à un mois de la primaire
de 2016 pour rallier Alain Juppé, avant de piteusement faire
machine arrière, écopant du peu flatteur surnom de « Valérie
Traîtresse ». Dans l’équipe du Bordelais, on tord le nez en l’entendant
défendre des positions droitières, critiquer « l’identité heureuse »
et alerter sur la petite musique qui monte sur les réseaux sociaux sur
« Ali Juppé ». « C’était un peu l’ouvrier de la 11e
heure ! Elle provoquait un certain agacement », épingle un pilier de
l’équipe Juppé. Valérie Pécresse leur propose en vain un slogan sur la
« fierté française retrouvée ». Comme une réplique prémonitoire au
crépusculaire discours du candidat Zemmour. Elle l’a, depuis, fait sien.
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Eh bien
oui ! c’est une femme en tête qui pourra peut-être vraiment défendre leur
cause car encore dévalorisée ou oubliée par un machisme bien masculin français d’une
société patriarcale d’un autre âge dans un pays qui se dit moderne et qui
continue à les martyriser on n’a qu’à ouvrir ou lire les infos de faits divers quotidien et
en secouant ces élus souvent des hommes douteux voire libidineux en plus dans
cette classe politique sclérosée mal élevée !
Et si les
Français voulaient un changement c’est un début mais ne crions pas victoire
trop tôt sa route est longue d’ici avril 2022 pleines d’embuches et coups bas
de ses adversaires !
Car il
faut être présente au 1er tour et arriver en tête devant tous les
autres plus médiocres les uns que les autres y compris M. LE PEN habituée à ce
genre de scénario qui n’aboutit jamais et en plus avec ce ZEMMOUR dont on peut
espérer qu’il n’arrive pas à récolter ces 500 parrainages !
Personnellement
j’aurai voté CIOTTI s’il avait été coopté par les adhérents LR car son
programme était bien structuré et ferme correspondant à ce que beaucoup de
français voulaient logiquement mais certains français bobos pleutres conservateurs
trop gâtés ont choisi les biens pensant donneurs de leçon dont on a une
indigestion car pensant : « qu’on sait, ce qu’on perd, pas ce
qu’on aura » !
Depuis
que je commente sur le Point, je n’ai jamais changé d’opinion je voterais pour V.
PECRESSE si elle arrive face à lui au 2eme tour pour essayer de ne plus voir E.
MACRON et ses discours alambiqués creux n’y subir ses tergiversations ou
indécisions !
(Ce n’est
pas une consigne de vote simplement une opinion !)
Mais aussi cela fait des décennies que les Français votent toujours aussi mal :
ET POUR QUE CELA CHANGE VRAIMENT CE QUI N’EST PLUS SI SUR ?!
Jdeclef
05/12/2021 09h25LP
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