Éric Zemmour et le
« serment de Villepinte »
Pour son premier meeting dans
une ambiance survoltée et marquée par des violences, le candidat a
livré un discours fort, destiné à masquer l’absence de soutiens.
Cela
devait être un point de bascule, la démonstration de force qui ferait décoller
la campagne du candidat de la « Reconquête », nom du nouveau parti
dévoilé sur la scène gigantesque de Villepinte, et qui devra porter, dans les
cinq mois qui viennent, Éric Zemmour au pouvoir.
Pour concurrencer l’impact de la désignation de Valérie Pécresse
comme candidate des LR et casser le thermomètre affichant de mauvais sondages,
l’équipe de l’essayiste a déployé l’artillerie lourde : 10 000
personnes rassemblées (les organisateurs en revendiquent 15 000) pour une
superproduction digne des campagnes américaines, avec écrans géants, faisceaux
lumineux aux couleurs du drapeau, bande-son copiée sur celle du parc du Puy du
Fou (un clin d’œil à Philippe de Villiers, absent), et un discours dense, d’une
heure trente, que le candidat, habitué des conversations improvisées devant un
public de lecteurs, avait particulièrement travaillé.
De la dureté et quelques signes d’apaisement
Arrivé sur scène sous les ovations, Éric Zemmour a d’abord renvoyé
ses critiques dans les cordes. « Vous êtes 15 000 Français qui ont
bravé le politiquement correct, les menaces de l’extrême gauche et la haine des
médias. Votre présence m’honore. S’ils me détestent, c’est parce qu’ils vous
détestent. S’ils me méprisent, c’est parce qu’ils vous méprisent ! Les
ennemis veulent ma mort politique, les journalistes veulent ma mort sociale,
les djihadistes veulent ma mort tout court. » Les mots sont durs,
tranchants.
Strauch-Bonart
– Éric Zemmour, ou les contradictions du déclinisme
Dans la salle, une poignée de militants insultent les
journalistes. « Collabos ! » Sur la scène, Éric Zemmour éreinte Emmanuel
Macron (« personne ne sait qui est Emmanuel Macron, parce qu’il n’est
personne ») comme Valérie Pécresse (« elle promettra tout et ne
tiendra rien »), et poursuit : « Certains ont dit que j’étais brutal ?
Oui, ça a pu arriver, car je suis un passionné et mon engagement est total, et
la France est au bord du gouffre. » Mais le candidat, après les
formules populistes, a des mots d’apaisement. « Non, je ne renverrai pas
certains Français. Oui, je tends la main aux musulmans qui veulent devenir nos
frères… »
Le retour de Fillon
Affirmant sa posture de candidat, et non plus de polémiste,
l’essayiste va longuement s’attacher à dépasser le stade des constats,
détaillant à grands traits ses propositions pour « que dans un siècle, la
France soit à nouveau un phare qui éclaire le monde ». Il promet de
restaurer l’éducation, pour refaire de l’école « un instrument
d’assimilation ».
Son programme
économique s’inspire en grande partie de l’héritage de François Fillon.
« Il n’est pas normal que le salaire brut soit si élevé pour les patrons,
et le salaire net si faible pour les salariés », lance-t-il, promettant
réindustrialisation du pays, préférence nationale pour la commande publique,
baisse des charges sociales et réduction massive des impôts de production. Les
droits de succession et de donation pour les entreprises seront supprimés,
promet-il, annonçant la création d’un « puissant » ministère de
l’Industrie englobant également « le commerce extérieur, les matières
premières et l’énergie ».
L’immigration au cœur
Mais le cœur de son projet, le thème cardinal devant rassembler
« bourgeoisie et classes populaires », selon sa théorie, reste
l’immigration. « Face au changement de peuple qui s’accélère, nous sommes
les seuls à prononcer les mots qui fâchent et à proposer des
solutions. » Il promet de limiter le droit d’asile à une poignée
d’individus chaque année, d’exiger que les demandes « soient formulées
dans nos consulats », de « réduire drastiquement l’immigration
familiale », tout en coupant aide médicale d’État (AME) et aides sociales
aux étrangers « extra-européens ». Les délinquants étrangers, expulsés,
« n’entreront plus dans les prisons françaises ». Les chômeurs
étrangers sans travail depuis six mois seront expulsés… « Marine Le Pen,
elle, propose que ce soit au bout d’un an », relève Jean-Marc, un retraité
du Val-d’Oise arborant une casquette Zemmour 2022, les yeux rivés sur l’écran
géant.
Zemmour,
Bertrand, Le Pen… tous fous du RPR
Rien de nouveau ni d’original sur le fond – ces propositions
s’inspirent largement des programmes des Républicains et du Rassemblement
national –, mais Éric Zemmour, il le jure, osera, lui, les appliquer. Revenant
longuement sur les renoncements de sa famille politique, qui promettait
« l’immigration zéro » aux États généraux de la droite
en 1990 (à Villepinte, déjà), un projet signé par « Chirac,
Giscard, Juppé, Bayrou », il en fait « le serment » :
« Nous tiendrons. Disons, mes amis, que ce sera notre serment de
Villepinte, qui effacera trente ans de renoncements, et de lâcheté. »
Des violences jusque dans la salle
Dans la salle, le public galvanisé exulte, remarquant à peine les
mouvements agitant l’arrière du hangar, où des opposants, infiltrés dans la
salle et arborant des tee-shirt « Touche pas à mon pote », slogan de
l’association SOS Racisme, en viennent aux mains avec des militants
pro-Zemmour. Plus tôt, la sécurité avait dû expulser un
« antifa » s’étant violemment jeté sur le candidat au moment où il
approchait de la scène, provoquant un mouvement de foule. Des heurts ont
également eu lieu à l’extérieur de la salle, des opposants promettant de
« faire taire Zemmour » tentant de forcer le barrage mis en place par
les forces de l’ordre. « Je n’ai qu’une peur, c’est qu’il ne puisse pas
faire campagne », confiait un membre de l’équipe à l’issue du meeting,
reflétant une crainte diffuse. « Et surtout, que cela effraie ceux qui
voudraient nous rejoindre. »
En effet, si le discours d’Éric Zemmour, un succès d’écriture, marquera
l’entrée en campagne du candidat, il n’a pas totalement éclipsé l’absence de
soutiens révélée à Villepinte. Alors que pendant des semaines, des ralliements
de poids ont été annoncés (figures de la droite classique et du Rassemblement
national, personnalités de la culture, parlementaires…), aucun n’était présent
à Villepinte. Au premier rang, on a vu Éric Naulleau, comparse des années télé,
assis à côté de Lorrain de Saint Affrique, un proche de Jean-Marie Le Pen.
L’épouse du candidat Mylène Chichportich et leurs trois enfants étaient
présents.
Peu de ralliés
Également là : les représentants des quelques formations qui
formeront la coalition de partis soutenant Éric Zemmour, comme la patronne
du Mouvement conservateur (ex-Sens commun) Laurence Trochu, et le président de
Via (ex-Parti démocrate-chrétien) Jean-Frédéric Poisson, qui présidera la
commission d’investiture. Et une poignée de soutiens disparates, dont certains
prendront d’ailleurs la parole pour chauffer la salle avant l’arrivée du
candidat, faute de personnalités plus connues : l’ancienne Gilet jaune
Jacline Mouraud, qui annonce « retirer sa candidature à la présidentielle pour
soutenir Zemmour », Stanislas Rigault, le jeune président de Génération Z,
l’ancienne ministre Christine Boutin, l’original Pierre-Jean Chalençon, qui
organisait des dîners privés pendant le confinement, un conseiller municipal (LR)
de Neuilly-sur-Seine, l’écrivain Paul-Marie Coûteaux, l’ancien RN devenu
chroniqueur de CNews Jean Messiha… L’unique parlementaire présent,
l’iconoclaste Joachim Son-Forget (ex-LREM), apparaîtra sur scène à la fin de la
soirée, au côté du candidat.
Pour l’instant, on a les mêmes
acteurs qu’au moment de la Convention de la droite en 2019, Philippe De
Villiers et Marion Maréchal en moins.
« C’est maigre, c’est très maigre », reconnaissait
dimanche soir un membre du premier cercle, espérant des ralliements venus du
camp d’Éric Ciotti, candidat malheureux de la primaire LR, d’ici les vacances
de Noël. « Pour l’instant, on a les mêmes acteurs qu’au moment de la
Convention de la droite en 2019, Philippe de Villiers et Marion Maréchal en
moins », relève un marioniste, présent dans la salle. « Même le nom
du parti, Reconquête, date de cette époque. » Une référence à la
« Reconquista » chrétienne espagnole au Moyen Âge, qui avait plu
à Sarah Knafo. « C’est la droite catholique, celle du Trocadéro… On n’a
pas encore touché la droite classique ni la droite populaire. » Ce
sera le défi des prochaines semaines.
Éric
Ciotti, meilleur ennemi de Valérie Pécresse ?
Christine Boutin, elle, regarde au-delà d’une possible défaite –
ou victoire. « Je connais Éric depuis trente ans. Quand on s’est connus,
il défendait Bayrou ! J’ai vu son cheminement, et j’aime sa liberté. Je ne
pensais pas qu’il aurait une énergie intérieure aussi forte que celle qu’il a
en ce moment », confie-t-elle au Point. « Quoi qu’il arrive aujourd’hui, même s’il
n’allait finalement pas au bout, la campagne ne sera plus la même. À la limite,
il a déjà gagné… »
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Delà à
faire ce qu’il a dit, car malgré qu’il dise « qu’impossible n’est pas
français » il ne le pourra pas le faire comme d’autres politiciens ex élus
qui le promettaient avant lui !
Avec ce
rassemblement qui a réuni pas mal de gogos qui avalent tout subjugués par ce
tribun de plus aboyeur de foire de trop de ces extrémistes de tous poils qui
envahissent une classe politique déjà médiocre cela ne peut que devenir
inquiétant !?
Car s’il
faut parler fort comme un tribun en débitant des promesses de plus en plus
grosses car c’est cela qui marche pour les gogos faciles à convaincre et en
appelant à mettre la France au premier plan à n’importe quel prix en endoctrinant
des masses populaires, car facile à manœuvrer ou certains dans l’histoire
européenne se sont laisser entrainer dans d’autres pays voisins et piéger par
cette histoire pas si ancienne que çà et que nos anciens ont connus !
C’est
pourquoi encore jusqu’à présent les extrêmes droites/gauches n’arrivent pas
encore à prendre le pouvoir heureusement mais elles cognent plus fort à la
porte pour entrer !
Ce
ZEMMOUR prend à témoin les Français en donneur de leçon, mauvaise habitude hypocrite
de ces politiciens de tous bords à égos démesurés en leur disant « ce
n’est pas moi qui décide, c’est vous » en oubliant que c’est lui qui veut
le pouvoir avant tout !
Pour
résumer on a déjà trop de ces extrémistes de tous bords plus ou moins hypocrites
dont certains trublions sont à risques voire dangereux et ce genre de jeux du
cirque politique pernicieux !
Que les Français
apprennent enfin à voter et désigne un/une président(e)qui a les pieds sur
terre pas un excité illuminé qui rappelle un passé européen mondial et français
très préoccupant!
Jdeclef 06/10/2021 09h03 LP
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire