vendredi 6 octobre 2017

De toute façon, elle ne fera pas ses 10 ans, on est en France...

La peine maximale pour "Mamie Djihad"

Christine Rivière, 51 ans, qui avait soutenu son fils djihadiste et était elle-même partie trois fois en Syrie, a été condamnée à 10 ans de prison.

Elle exècre ce surnom de « Mamie Djihad », mais il lui colle à la peau (voir notre photo exclusive ci-dessus). Cette habitante de Troyes dans l'Aube, issue de la communauté des gens du voyage, a été condamnée à 10 ans de prison. Une peine assortie d'une période de sûreté des deux tiers - la peine maximale - pour son « engagement sans faille » auprès des djihadistes. Le tribunal correctionnel a suivi l'ensemble des réquisitions du parquet, relevant la « détermination » de cette mère de famille de 51 ans qui s'est rendue trois fois en Syrie en 2013 et 2014, a « contribué au départ de plusieurs jeunes femmes » et s'est « totalement épanouie dans cette idéologie » mortifère.
Âgée de 51 ans, Christine Rivière, mère de deux grands garçons, est détenue depuis le mois de juillet 2014. Son procès pour « association de malfaiteurs terroriste » s'était ouvert jeudi 5 octobre. Elle se voyait reprocher trois voyages en Syrie, entre les mois d'août 2013 et avril 2014, où elle est allée rejoindre son fils cadet, Tyler Vilus.
Ce dernier, 27 ans, interpellé au mois de juillet 2015 en Turquie, muni d'un (vrai) passeport suédois – alors qu'il venait de repasser la frontière syrienne –, est soupçonné d'avoir voulu regagner la France pour y commettre des attentats. Son arrestation est intervenue quatre mois avant le 13 novembre. Sa mère, qui l'a toujours accompagné, encouragé et soutenu dans son adhésion à l'idéologie mortifère de l'organisation État islamique, s'est convertie à l'islam, sous son influence, en 2011. À l'époque, son fils gagne la Tunisie après avoir abandonné sa formation de maçon, puis participe à l'automne 2012 au saccage de l'ambassade des États-Unis à Tunis. Une première action violente en réponse à l'appel du groupe djihadiste Ansar al-Charia. Celle qui n'est pas encore « Mamie Djihad » fait plusieurs allers-retours pour le voir, avant de s'installer de l'autre côté de la Méditerranée.
Là-bas, c'est comme en France, il faut se dévoiler si on veut travailler
Mais, rapidement, le quotidien dans cet ancien protectorat français ne convient guère à cette « jeune » convertie qui se réclame d'un islam rigoriste en tant que salafiste. « Sur place, je ne faisais rien de spécial. Je vivais tranquillement, mais je cherchais du travail car je voulais m'y installer, mais ce n'était pas évident, car là-bas, c'est comme en France, il faut se dévoiler si on veut travailler, regrette-t-elle. En France, c'est normal que j'enlève le voile, mais là-bas, je trouve cela pas normal. De toute façon, j'avais l'argent des Assedics. »
La même qualifie la Tunisie de « petite France » et soutient que ce « n'était pas un pays musulman ». « On ne peut pas vivre l'islam. Les personnes barbues sont mal vues, ainsi que les femmes qui portent le niqab », juge-t-elle pour expliquer son retour dans l'Hexagone. Décrite par les services de renseignements comme « une fervente partisane de l'application de la Charia dans les pays musulmans », Christine Rivière considère qu'elle se doit d'aider son fils quand celui-ci décide de mener le djihad « en terre de Sham ».

Messages skype épluchés

Leur « cause commune » s'étale, se cimente et se fige au fil de plus de 4 000 messages, via Skype, épluchés par les enquêteurs antiterroristes. Quand « Abu Hafs Al Faransi », le pseudonyme de Tyler Vilus – né de l'union avec un Guadeloupéen évangéliste, tandis que son aîné est, lui, issu d'une première relation –, exprime sa satisfaction de repartir en Syrie, elle lui fait cette réponse, telle une mère rassurante : « Je le sentais que tu en avais besoin et envie. »
Après un premier séjour de quelques mois à la fin de l'année 2012 en zone syrienne, son cadet, pionnier du djihad, s'y fixe, en mars 2013, comme dans un ultime voyage. D'ailleurs, en signe de non-retour, il revendique ouvertement, sur les réseaux sociaux, son affiliation à l'organisation État islamique (EI) et va même jusqu'à clairement évoquer, via son compte Facebook intitulé « Situ-veux Mon Avis », ses activités de combattant avant de publier de nombreux messages incitant à la haine et à la commission d'attentats sur le sol français. « Il m'a appris qu'il combattait dans les rangs djihadistes, reconnaît simplement sa mère. Je peux vous dire qu'il était heureux. » La même lui envoie ses encouragements, à l'été 2013, alors qu'il part combattre. « Je pense à toi, qu'Allah vous aides dans c combat et vous donne la victoire, maman [sic]. »

Émir d'un groupe de combattants

Tyler Vilus est rapidement nommé émir d'un groupe de combattants français et voit encore sa mère ravie et fière de cette « promotion ». « Je savais que tu monterais, lui écrit-elle, admirative. Tu es fait pour ça. Ce n'est pas pour rien que tu es là-bas. Tu joues ton rôle. Eh bien, bravo, mon fils, tu arrives à tout gérer. » Soutien inconditionnel de son cadet, Mamie Djihad a même déjà accepté l'idée de sa mort probable. « Il a choisi de combattre, de faire la guerre. Je ne vais pas le pousser à tomber en martyr, mais je sais que cela va arriver bien sûr », admet-elle, au mois de septembre 2014, devant le juge d'instruction qui l'interroge, avant de renchérir : « Et si cela arrive, je serai contente pour lui, parce que je sais ce que ça signifie pour lui. Je sais que c'est une place au paradis, proche d'Allah. »
Salariée dans une usine dès l'âge de 16 ans, puis surveillante de nuit avant de se retrouver au chômage, Christine Rivière justifie cette « symbiose » avec son fils en assurant « vouloir ce que lui veut, comme toute bonne mère ». Il en va de même quand ce dernier lui propose de se marier, à distance, avec un combattant de l'organisation État islamique, 15 ans plus jeune qu'elle. Qualifiée par un psychologue comme étant dans une « pathologie de la croyance » et évoquant un « délire à deux », elle n'hésite pas une seconde.

Fusil d'assaut kalachnikov

En guise de dot, celle qui est aussi, depuis des années, fascinée par les armes se réjouit à l'idée de se voir remettre... un fusil d'assaut kalachnikov. Une arme de guerre qu'elle appelle affectueusement « son petit joujou »... Elle s'enthousiasme également d'apprendre que son futur époux est employé comme sniper dans les rangs de l'EI... « J'ai choisi cet Ahmed, non pas parce que c'était le plus beau, mais parce que c'était le meilleur des frères, reconnaît-elle. Je veux dire par là le plus pratiquant, celui sur qui j'aurais pu compter et je sais que Tyler ne me propose pas n'importe qui. »
Toujours prête à tout pour son fils, elle joue les entremetteuses et lui déniche quatre compagnes via Internet. Sur ses séjours en Syrie, Mamie Djihad, qui aime s'afficher armes à la main, confie encore que « cela [lui] avait plu, [elle] étai[t] bien là-bas, [elle] discutai[t] avec les sœurs ». « J'étais avec d'autres musulmanes et je me sentais bien, assure-t-elle. Je préfère vivre en Syrie plutôt qu'en France malgré les bombardements et les tirs. »

Grève de la faim

Non contente de son indéfectible soutien à son fils, Mamie Djihad a aussi tenté « de fédérer autour d'elle les détenues incarcérées pour des faits de terrorisme » comme l'atteste l'administration pénitentiaire. Les personnes, chargées de son suivi en détention, déplorent n'avoir « aucune prise sur cette détenue, parfaitement adaptée au fonctionnement carcéral, et qui rendait le travail de déradicalisation impossible par son refus d'y adhérer ».
Déterminée à revoir son fils, elle a entamé, un temps, une grève de la faim après s'être vue refuser son transfert dans le même établissement pénitentiaire. Elle aurait finalement pu croiser son regard à son procès, si Tyler Vilus avait été cité comme témoin. Mais la justice n'a pas estimé nécessaire de le faire.
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Jdeclef 06/10/2017 17h28

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