Richard Ferrand : classé, délivré, libéré
VIDÉO. Le parquet a classé sans suite l'enquête sur les
Mutuelles de Bretagne. Retour sur les premiers pas à l'Assemblée d'un président
de groupe malgré lui.
Fidélité
au chef
Le 19 juin,
il abandonne à contrecœur son maroquin – « sans avoir été mis en examen »,
rappellent ses proches – pour retourner à l'Assemblée nationale.
Il entend alors en devenir président, mais l'Élysée redoute une future crise
politique et le dissuade de devenir le troisième personnage de l'État. Emmanuel Macron lui
demande de prendre la présidence du groupe LREM, 314 élus dont
80 % de primo-députés...
Ferrand accepte, encore une fois, à contrecœur. Candidat unique et marqué par
le soupçon, il se fait désigner président du groupe à l'occasion d'un vote à
main levée, que beaucoup de jeunes députés décrivent alors comme « un
moment gênant ». Entre l'intransigeance d'un monde nouveau et la fidélité
au chef, ils ont choisi la fidélité, La République en marche ne saurait
s'accommoder de frondeurs
« Mutuelles !
Mutuelles ! »
Ceux
qui croisent le patron du groupe LREM dans les couloirs de l'Assemblée avant
l'été décrivent un homme livide, amer, broyé par le scandale, mais convaincu
que la justice finira par l'innocenter. Certains l'écoutent s'épancher.
D'autres racontent l'avoir vu pleurer à la fin d'un déjeuner de travail. Le
Breton s'enfonce dans la mélancolie et fuit les apparitions publiques. Dans ces
conditions, ses débuts comme patron du groupe sont difficiles. Après
l'épuisement des campagnes électorales, voici venu le temps des caméras qui le
poursuivent et, avec elles, la crainte que tout s'effondre en une fraction de
seconde. Ferrand se montre le moins possible dans cet hémicycle où il est
accueilli au cri de « Mutuelles ! Mutuelles ! » par une
opposition en verve.
« Cœur
de pierre »
Était-il
vraiment fait pour devenir président de groupe ? « Certainement pas. Il
n'aime pas les gens et il déteste ce travail », balaye une députée qui
regrette de ne pas avoir eu d'autre choix. Ferrand néglige souvent de mettre
les formes, se montre souvent cassant avec ce groupe inexpérimenté qui, au
début tout du moins, l'exaspère. « La première réunion du groupe a eu lieu
un matin à 8 heures au Palais-Bourbon. À 8 h 2, il avait déjà renvoyé
dans les filets un jeune député qui avait pris son courage à deux mains pour
poser une question. Il est comme ça Richard, c'est un cœur de pierre »,
croit savoir un élu.La journée consacrée aux désignations des présidences de commission reste gravée dans les mémoires. Chaque candidat dispose de deux minutes pour se présenter et la journée s'éternise. Sur le coup de 21 heures, alors qu'il reste encore des vice-présidents à désigner Ferrand prend le micro et annonce : « Arrangez-vous entre vous, moi j'ai une table réservée au restaurant. » « Et là, il s'en va », s'étrangle un député encore sidéré trois mois plus tard. Il faudra attendre le séminaire de rentrée pour que les caméras arrachent quelques mots à Richard Ferrand. « Ce n'est pas parce que l'on n'est pas dans l'hémicycle qu'on ne travaille pas, » lâche-t-il avant de tourner les talons et jouer au Monsieur Loyal de cette journée de cohésion des nouveaux députés. « Je vous jure que contrairement à ce qui a été dit, il n'a jamais arrêté de travailler », défend Florent Bachelier, premier questeur de l'Assemblée et député de Rennes qui voit le patron tous les jours régler les affaires courantes accroché à son téléphone. Les autres présidents de groupe décrivent d'ennuyeuses « conférences des présidents », cette réunion hebdomadaire rituelle où les chefs de groupe s'accordent sur l'ordre du jour et les temps de parole : « Richard est toujours là, même si on sent bien que le cœur n'y est pas toujours », raconte le président d'un groupe d'opposition.
Arrogante
jeunesse
Le 25 juillet,
Ferrand s'épanche. Il réunit à la questure les 27 députés du groupe
qui avaient déjà été élus sous la précédente législature et s'agace de cette
nouvelle génération que tous trouvent arrogante et obsédée par le
« dégagisme ». Les anciens, qui pensaient que l'expérience
l'emporterait sur la jeunesse, sont en colère. Ils s'imaginaient transmettre
une culture parlementaire ancrée dans l'histoire et voilà qu'ils se retrouvent
sur le banc de touche à regarder un match désordonné se jouer sans eux... Ils
se sentent inutiles, ringards, dépassés.
« Maîtresse
andalouse »
« C'est
un poste ingrat, mais au fond le groupe tient, que Richard soit là ou
pas », explique un de ses amis. Malgré quelques messages subliminaux
envoyés en direction de l'Élysée, le patron des députés reste fidèle au
président de la République. « Richard veille sur Macron comme une
maîtresse andalouse », déplore un élu qui relève que son chef ne veut pas
partager la relation qu'il entretient avec le président de la République.
« Avant de rencontrer Macron, personne ne venait voir Ferrand à la buvette,
c'était un mec tout seul dans son coin », se souvient-il. Aujourd'hui,
tous les députés de son groupe le soutiennent, même si « tout à fait entre
nous, à sa place j'aurais raccroché de honte depuis longtemps », confie un
autre député.
Le
visage de l'affairiste
Personne
n'avouera jamais publiquement y avoir pensé, mais ils ont été nombreux à
s'interroger sur celui ou celle qui aurait pu reprendre la présidence du
groupe... si par malheur les ennuis judiciaires du patron l'avaient poussé à se
retirer. Certains ont même prudemment tenté de faire circuler leur nom,
histoire de voir si la mayonnaise prenait. Le poste ne pouvant revenir qu'à un
fidèle parmi les fidèles, l'hypothèse qui consistait à exfiltrer Benjamin
Griveaux de Bercy a même été évoquée, mais l'intéressé a fait savoir qu'il ne
l'était pas. « J'espère que la presse fera preuve d'autant de zèle pour le
réhabiliter qu'elle en a fait preuve pour le traîner dans la boue »,
s'agace le vice-président LREM de l'Assemblée Hugues Renson. Il fait écho aux
paroles d'Emmanuel Macron devant le Congrès de Versailles
le 3 juillet qui appelait déjà « à en finir avec cette recherche
incessante du scandale, avec le viol permanent de la présomption d'innocence,
avec cette chasse à l'homme où parfois les réputations sont détruites et où la
reconnaissance de l'innocence, des mois, voire des années plus tard, ne fait
pas le dixième du bruit qu'avait fait la mise en accusation initiale ». La
justice est sauve, mais la morale ? « Il n'a pas été condamné, mais
il est condamné à subir cette peine terrible : nous avons tous vu le
visage de l'affairiste qui sommeillait en lui », tranche une élue
bretonne, qui ne le porte décidément plus dans son cœur.Le parquet de Brest, a classé l'enquête sans suite en invoquant notamment la prescription de l'action publique. (« Ça arrange bien certains ») L'épilogue d'une enquête de cinq mois !
Pour FERRAND « le coup passa si près que le chapeau tomba », mais ne convainc pas de l’innocence de ce personnage « comme l’agneau qui vient de naître » !?
Dans ce genre d’affaire, il fallait être du bon côté du manche, FERRAND y était ..!
Tant pis pour la morale comme d’habitude, mais FERRAND aurait du être plus modeste en criant sa victoire !
Jdeclef 14/10/2017 16h51
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