Marseille : l'après-Gaudin se prépare
La cité phocéenne est dirigée depuis 22 ans par le
septuagénaire. Et s'il reste encore à Jean-Claude Gaudin plus de deux ans de
mandat, l'échéance électorale est déjà dans les esprits.
Fin septembre, dans une salle municipale sans apprêt. Devant une Marianne en néons bleu-blanc-rouge, Jean-Claude Gaudin passe une écharpe tricolore symbolique à l'un de ses proches, le sénateur Bruno Gilles, qui quitte sa mairie d'arrondissement : « Je suis sûr qu'avec lui, nous préparons de futurs succès. » Un adoubement, à en croire des piliers des Républicains conviés à la scène. Plusieurs d'entre eux ont cru, au cours des deux décennies de règne de l'édile, être désignés comme héritiers légitimes, avant de déchanter.
Gaudin,
le maître du temps
« Je
ne suis pas un dauphin, ça m'évitera de m'échouer sur une plage »,
ironise auprès de l'Agence France-Presse Bruno Gilles, 56 ans, un élu
à la faible notoriété nationale, lunettes rondes et coiffure en brosse.
« C'est Jean-Claude Gaudin qui est maître du temps » et de la façon
de terminer son quatrième mandat. Ce sera le dernier, il l'a assuré plusieurs
fois. À trois ans des municipales, le scrutin est déjà dans toutes les têtes.
Marseille fait exception : la ville n'a changé, depuis les années 1950,
que trois fois de maire. L'indéboulonnable Jean-Claude Gaudin, qui a succédé aux
socialistes Gaston Defferre et Robert Vigouroux, a siégé un demi-siècle au
conseil municipal...Outre Bruno Gilles, les ambitions ne manquent pas côté Républicains : la présidente du département Martine Vassal, la députée Valérie Boyer, le président de région Renaud Muselier... Autant de personnalités qui ont grandi dans le giron du patriarche et pourraient tenter leur chance. Jean-Claude Gaudin « est là, il reste là. En deux-trois ans, tout peut se passer », analyse depuis son bureau du conseil régional, à 800 mètres de l'hôtel de ville, Renaud Muselier. Il en sait quelque chose : au soir de sa victoire en 1995, l'édile lui aurait promis : « La prochaine fois, c'est toi. » Lui affirme vouloir aller au terme de ses mandats... mais ne ferme pas la porte : « Ce qui m'intéresse, c'est l'avenir de cette ville, comment on va traiter les poubelles, comment on va accueillir les épreuves des JO. » Les épreuves de voile et des matches du tournoi olympique de football en 2024 doivent se dérouler à Marseille.
Samia
Ghali, la « pasionaria »
De
l'autre côté de l'échiquier politique, à gauche, on rêve de refaire basculer
cet ancien bastion historique. « Cette ville a besoin de quelqu'un qui
n'a pas de préjugés sur les quartiers nord », avance la sénatrice Samia
Ghali. « J'ai fait exister la voix de ces quartiers, sur les questions
d'école, de transports, de trafic de drogue... Quand je suis à Paris, les gens
m'interpellent : “Vous êtes la maire de Marseille !” Si c'était aussi
simple !... » La fille d'Algériens, née dans un bidonville
marseillais, est souvent décrite comme « la pasionaria » de ces
quartiers populaires. Elle pourrait profiter du vide : le PS marseillais,
jadis tout-puissant, a été décimé par les déroutes électorales et les
affaires – elle-même est du reste visée par une enquête préliminaire.À 49 ans, elle est la dernière parlementaire marseillaise du parti à la rose. L'ex-député Patrick Mennucci, qui l'avait éliminée lors de primaires municipales fratricides en 2014, s'est retiré en juin du jeu politique, après avoir été balayé dans sa circonscription par Jean-Luc Mélenchon (LFI). L'élection dans un fauteuil de ce dernier a donné des sueurs froides à plus d'un politique marseillais. « Il est fait pour Marseille, c'est un mec du Sud, très méditerranéen », estime Franz-Olivier Giesbert, directeur éditorial de La Provence.
Jean-Luc
Mélenchon, le « dangereux »
Jean-Luc
Mélenchon n'a toutefois jamais affiché de vues sur la mairie du Vieux-Port,
reconnaissant qu'il avait choisi la ville parce qu'elle l'avait placé en tête
au premier tour de la présidentielle. « Anticiper des bagarres de cette
nature quatre ans à l'avance n'a pas de sens [...], mon objectif est la
conquête du pouvoir national », a-t-il répété en septembre à La Provence. Meeting sur la
Canebière, universités d'été dans la « capitale de La France insoumise »,
interventions dans des dossiers locaux, comme la défense d'une carrière antique contre un promoteur immobilier : le
tribun tisse cependant sa toile. Il fait assaut d'amabilité envers Jean-Claude
Gaudin, malgré le gouffre politique qui les sépare : le maire, qui a tenu
« à droite une ville qui ne l'est pas », est « à
respecter ».« Bien sûr, on est partout chez soi », reconnaît Samia Ghali, mais pour être élu maire de Marseille, « il faut un vrai amour ». Jean-Luc Mélenchon, « c'est un type intelligent et extrêmement dangereux », s'alarme Renaud Muselier. « C'est un coucou. Parfois, si le coucou s'y plaît, il y reste... » Jean-Luc Mélenchon trouble même jusqu'à l'extrême droite. Le sénateur frontiste Stéphane Ravier, le seul à avoir déjà fait publiquement acte de candidature pour 2020, attaque : Jean-Luc Mélenchon considère, selon lui, que « Marseille, ce n'est pas la Provence et nos traditions, c'est le Maroc ».
L'absence
remarquée de LREM
Cadre
du FN « canal historique », il rêve d'un coup d'éclat dans cette
ville-symbole, cité d'immigration ouverte sur la Méditerranée et foyer de
nombreux rapatriés d'Algérie. Après deux échecs, la barre est toutefois haute
et le scrutin par arrondissement impose de faire de bons scores un peu partout
pour l'emporter.
Personne ne semble en tout cas se
méfier de l'émergence d'un outsider ou d'un candidat En marche !, dans une
ville pointée pour ses retards, des services publics à la propreté en passant
par les transports, et où la classe politique tarde à se renouveler. Les
responsables LREM « sont propres et neufs, mais totalement incompétents »,
raille Renaud Muselier. Le parti présidentiel « n'a personne » pour
la mairie, tranche de son côté Samia Ghali.
MARSEILLE
depuis 22 ans ne peut que donner un coup d'air frais à cette ville qui en a
grand besoin !
Et peut-être
niveler le clientélisme étouffant institué par la municipalité et ce maire inutile
qui s'est laissé vivre !
Mais
c'est en votant mieux que d'habitude aux marseillais d'effectuer ce changement
salutaire de la 2 eme ville de France !
Mais
ce n'est pas gagné, car cette ville frondeuse est bien loin de la capitale et
du gouvernement !
(On
le voit bien, rien qu'en termes d'insécurité, délinquance, trafics divers et
malfrats qui ont pignons sur rue, depuis des décennies !)
Jdeclef
06/10/2017 11h16 LP
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire