Les profs (aussi) font des fautes
Tabou. Ils sont aujourd'hui moins bien formés en français et
le niveau exigé est en chute libre. Ils transmettent donc leurs erreurs aux
élèves
« Ah ! misère de misère ! s'exclame ce membre de la direction d'un collège de banlieue parisienne quand on évoque le sujet. Les enseignants m'envoient des mails truffés de fautes malgré leur correcteur d'orthographe. Ils ont du mal avec l'infinitif, les accords, la ponctuation... » D'après ses observations, les « bonnets d'âne » de la langue française reviendraient aux profs de maths, de sciences, de technologie et d'EPS. Et les lacunes en orthographe, grammaire et syntaxe seraient encore plus criantes chez les enseignants de moins de 30 ans issus de grandes métropoles. « Ce laisser-aller langagier se traduit aussi à l'oral avec des profs qui parlent comme leurs élèves, qui se considèrent comme leurs potes, note-t-il. Le drame, c'est que bon nombre d'entre eux ne lisent plus. L'autre jour, une jeune prof de lettres, niveau bac + 5 donc, me disait qu'elle était trop fatiguée le soir pour lire et que, l'été, elle se contentait de Marc Levy ou de Guillaume Musso ! »
Sensation
du passé simple
« Ce
n'est pas le niveau des profs qui baisse, veut croire Isabelle Dignocourt (1),
qui enseigne le français et le latin dans le Nord depuis vingt-cinq ans. C'est
le niveau d'exigence de l'Éducation nationale qui dégringole ! Les élèves
sortent du lycée avec moins de connaissances et ceux qui deviennent profs
reviennent dans le système avec ces mêmes lacunes. » En cause, pour cette
enseignante décrite par ses pairs comme « réac » : la fin des
lignes d'écriture et des dictées, l'indulgence des correcteurs pour les fautes
d'orthographe, la grammaire simplifiée, les pédagogies constructivistes où
l'enfant doit trouver le savoir par lui-même... « Je me demande si toutes
ces aberrations pédagogiques ne sont pas mises en place pour combler un déficit
des profs : ce n'est pas qu'ils ne veulent pas faire d'exercices de
grammaire, c'est qu'ils ne le peuvent plus ! On réforme à tout-va pour
cacher la misère... » Lors d'une formation en lettres, on a expliqué à
cette enseignante que le passé simple était devenu « un truc de vieux
profs », qu'il ne fallait pas perdre de temps à l'enseigner puisque plus
personne ne l'utilisait. Un inspecteur pédagogique lillois est même allé
jusqu'à théoriser l'idée en inventant cette délicate expression :
« La sensation du passé simple. » Si « l'apprenant »
(l'élève, dans le jargon de l'Éducation nationale) écrit « je
mangis » ou « il réponda », ce n'est donc pas une faute. Pourvu
qu'il ait eu « la sensation du passé simple »...« Avec les nouveaux programmes, on a voulu mettre le maître au niveau de l'élève, là on y est ! ironise Virginie Subias Konofal (2), agrégée de lettres classiques, membre de la Fondation pour l'école (classée à droite). Beaucoup de profs ne sont eux-mêmes pas très à l'aise avec les règles syntaxiques, donc ils sont limités dans leur enseignement. » De son expérience de formatrice à l'Institut libre de formation des maîtres, elle tire un constat implacable : « Il est rare d'avoir une copie sans faute, sans compter les erreurs de syntaxe : parfois, leurs phrases ne veulent rien dire et ils s'en rendent compte. On les voit aussi peiner en grammaire... On leur redonne une formation académique, mais, pour eux, ce ne sont pas toujours des révisions, c'est souvent un apprentissage ! »
La crise du recrutement est tellement forte, notamment dans des zones tendues comme l'académie de Créteil ou de Versailles, que l'urgence est de mettre des profs dans les classes. « Les critères de recrutement doivent absolument changer, quand on voit qu'au Capes de lettres on peut être admissible avec 3/20 ! s'étrangle Anne-Sophie Nogaret, prof de philo (3). Cette baisse de niveau se répercute à tous les échelons. »
Code
de la route
De
nombreux enseignants passionnés se lamentent d'avoir vu les heures de français
diminuer d'année en année (au profit de cours d'initiation aux TIC, d'éducation
à la santé, au Code de la route, à la citoyenneté ou encore à la
sensibilisation au tri) au primaire, au secondaire... et même dans la formation
des maîtres. Exemple, mis en avant par le Snesup-FSU, à l'École supérieure du
professorat et de l'éducation (Espe) de Paris : il y a dix ans, les futurs
professeurs des écoles bénéficiaient de 212 heures de français sur
deux années de formation (ex-IUFM). Aujourd'hui, c'est au
mieux 126 heures sur deux ans, au pire 35 heures pour ceux
qui n'ont pas fait la première année d'Espe, soit plus de la moitié des
lauréats du concours ! Le volume de la formation en français a donc
diminué de 41 % à Paris
et de 45 % à Bordeaux.Quant à l'apprentissage des méthodes de lecture, elle est réduite à peau de chagrin. À l'Espe de Poitiers, sur les 20 heures de didactique du français, seulement 5 sont consacrées à la lecture en master 2. Formatrice dans cet établissement, Muriel Coret (Snes) se plaint d'avoir également perdu 70 heures de remise à niveau en français et en maths depuis la réforme de 2013. « Il pouvait y avoir de la remédiation en grammaire, précise-t-elle. Par exemple, qu'est-ce qu'une catégorie grammaticale ? » Un rattrapage de choses vues en 4e-3e qui n'aurait pas fait de mal à certains...
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Mais
le socle de base de l’enseignement est un tout à l’école primaire pour éviter
le décrochage scolaire au collège !
Donc
cela se ressent sur la formation des professeurs, dont la qualité baisse et l’on
retrouve le déficit en orthographe et grammaire partout dans toutes les professions
après qui utilise bien sur notre langue dans notre vie courante !
Car
nos enfants pour certains ne possèdent pas correctement notre langue, pour l’écrire
et la parler au mieux, quand ils arrivent à l’entrée en 6eme des collèges et quelque
fois pire encore !
C’est
inadmissible pour un ministère qui a le plus gros budget de l’état !
Cela
parait logique, si les enseignants eux-mêmes pas assez formés n’arrivent pas à enseigner
correctement le français et ont des lacunes eux-mêmes !
Le
nombre de professeurs est importants, c’est un fait, mais ce n’est pas suffisant,
car faut-il qu’ils soient de bonne qualité professionnelle !
Jdeclef
30/10/2017 13h17 LP
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