lundi 30 octobre 2017

Là est bien le problème, on a trop délaissé l'enseignement du français depuis ces dernières décennies au profit des mathématiques !

Les profs (aussi) font des fautes

Tabou. Ils sont aujourd'hui moins bien formés en français et le niveau exigé est en chute libre. Ils transmettent donc leurs erreurs aux élèves


C'était à Sarcelles, il y a quelques années, dans une école classée en réseau d'éducation prioritaire. L'instituteur de CM2 avait eu l'idée de monter un atelier sur la maîtrise de la langue. Il s'était creusé la tête pour inventer les règles d'un jeu de société, avait consciencieusement choisi les verbes, découpé et plastifié ses cartes... Mais voilà, deux ou trois erreurs s'étaient glissées dans son jeu. Des coquilles ? En tout cas, ce jour-là, les élèves de sa classe apprirent qu'au passé simple la troisième personne du singulier du verbe répondre se conjuguait ainsi : « Il/elle réponda. » La langue des enseignants est-elle en train de décliner ? On pointe souvent du doigt les élèves, dont le niveau en français devient alarmant, sans vraiment s'intéresser à ceux qui les forment. Il n'existe pas d'étude sur le sujet, mais les parents d'élèves se sont déjà fait leur idée. « Je passe mon temps à corriger les fautes de la maîtresse jusque dans les intitulés d'exercice ! » s'agace cette mère d'un élève de CM2. « Mon fils traque les fautes dans son carnet de correspondance, de mon côté je n'ose pas les corriger... » dit celle-ci. « Ma fille reprend ses profs qui oublient souvent de mettre un s au pluriel », témoigne la mère d'une élève de 3e.
« Ah ! misère de misère ! s'exclame ce membre de la direction d'un collège de banlieue parisienne quand on évoque le sujet. Les enseignants m'envoient des mails truffés de fautes malgré leur correcteur d'orthographe. Ils ont du mal avec l'infinitif, les accords, la ponctuation... » D'après ses observations, les « bonnets d'âne » de la langue française reviendraient aux profs de maths, de sciences, de technologie et d'EPS. Et les lacunes en orthographe, grammaire et syntaxe seraient encore plus criantes chez les enseignants de moins de 30 ans issus de grandes métropoles. « Ce laisser-aller langagier se traduit aussi à l'oral avec des profs qui parlent comme leurs élèves, qui se considèrent comme leurs potes, note-t-il. Le drame, c'est que bon nombre d'entre eux ne lisent plus. L'autre jour, une jeune prof de lettres, niveau bac + 5 donc, me disait qu'elle était trop fatiguée le soir pour lire et que, l'été, elle se contentait de Marc Levy ou de Guillaume Musso ! »

Sensation du passé simple

« Ce n'est pas le niveau des profs qui baisse, veut croire Isabelle Dignocourt (1), qui enseigne le français et le latin dans le Nord depuis vingt-cinq ans. C'est le niveau d'exigence de l'Éducation nationale qui dégringole ! Les élèves sortent du lycée avec moins de connaissances et ceux qui deviennent profs reviennent dans le système avec ces mêmes lacunes. » En cause, pour cette enseignante décrite par ses pairs comme « réac » : la fin des lignes d'écriture et des dictées, l'indulgence des correcteurs pour les fautes d'orthographe, la grammaire simplifiée, les pédagogies constructivistes où l'enfant doit trouver le savoir par lui-même... « Je me demande si toutes ces aberrations pédagogiques ne sont pas mises en place pour combler un déficit des profs : ce n'est pas qu'ils ne veulent pas faire d'exercices de grammaire, c'est qu'ils ne le peuvent plus ! On réforme à tout-va pour cacher la misère... » Lors d'une formation en lettres, on a expliqué à cette enseignante que le passé simple était devenu « un truc de vieux profs », qu'il ne fallait pas perdre de temps à l'enseigner puisque plus personne ne l'utilisait. Un inspecteur pédagogique lillois est même allé jusqu'à théoriser l'idée en inventant cette délicate expression : « La sensation du passé simple. » Si « l'apprenant » (l'élève, dans le jargon de l'Éducation nationale) écrit « je mangis » ou « il réponda », ce n'est donc pas une faute. Pourvu qu'il ait eu « la sensation du passé simple »...
« Avec les nouveaux programmes, on a voulu mettre le maître au niveau de l'élève, là on y est ! ironise Virginie Subias Konofal (2), agrégée de lettres classiques, membre de la Fondation pour l'école (classée à droite). Beaucoup de profs ne sont eux-mêmes pas très à l'aise avec les règles syntaxiques, donc ils sont limités dans leur enseignement. » De son expérience de formatrice à l'Institut libre de formation des maîtres, elle tire un constat implacable : « Il est rare d'avoir une copie sans faute, sans compter les erreurs de syntaxe : parfois, leurs phrases ne veulent rien dire et ils s'en rendent compte. On les voit aussi peiner en grammaire... On leur redonne une formation académique, mais, pour eux, ce ne sont pas toujours des révisions, c'est souvent un apprentissage ! »
La crise du recrutement est tellement forte, notamment dans des zones tendues comme l'académie de Créteil ou de Versailles, que l'urgence est de mettre des profs dans les classes. « Les critères de recrutement doivent absolument changer, quand on voit qu'au Capes de lettres on peut être admissible avec 3/20 ! s'étrangle Anne-Sophie Nogaret, prof de philo (3). Cette baisse de niveau se répercute à tous les échelons. »

Code de la route

De nombreux enseignants passionnés se lamentent d'avoir vu les heures de français diminuer d'année en année (au profit de cours d'initiation aux TIC, d'éducation à la santé, au Code de la route, à la citoyenneté ou encore à la sensibilisation au tri) au primaire, au secondaire... et même dans la formation des maîtres. Exemple, mis en avant par le Snesup-FSU, à l'École supérieure du professorat et de l'éducation (Espe) de Paris : il y a dix ans, les futurs professeurs des écoles bénéficiaient de 212 heures de français sur deux années de formation (ex-IUFM). Aujourd'hui, c'est au mieux 126 heures sur deux ans, au pire 35 heures pour ceux qui n'ont pas fait la première année d'Espe, soit plus de la moitié des lauréats du concours ! Le volume de la formation en français a donc diminué de 41 % à Paris et de 45 % à Bordeaux.
Quant à l'apprentissage des méthodes de lecture, elle est réduite à peau de chagrin. À l'Espe de Poitiers, sur les 20 heures de didactique du français, seulement 5 sont consacrées à la lecture en master 2. Formatrice dans cet établissement, Muriel Coret (Snes) se plaint d'avoir également perdu 70 heures de remise à niveau en français et en maths depuis la réforme de 2013. « Il pouvait y avoir de la remédiation en grammaire, précise-t-elle. Par exemple, qu'est-ce qu'une catégorie grammaticale ? » Un rattrapage de choses vues en 4e-3e qui n'aurait pas fait de mal à certains...
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Mais le socle de base de l’enseignement est un tout à l’école primaire pour éviter le décrochage scolaire au collège !

Donc cela se ressent sur la formation des professeurs, dont la qualité baisse et l’on retrouve le déficit en orthographe et grammaire partout dans toutes les professions après qui utilise bien sur notre langue dans notre vie courante !

Car nos enfants pour certains ne possèdent pas correctement notre langue, pour l’écrire et la parler au mieux, quand ils arrivent à l’entrée en 6eme des collèges et quelque fois pire encore !

C’est inadmissible pour un ministère qui a le plus gros budget de l’état !
Cela parait logique, si les enseignants eux-mêmes pas assez formés n’arrivent pas à enseigner correctement le français et ont des lacunes eux-mêmes !

Le nombre de professeurs est importants, c’est un fait, mais ce n’est pas suffisant, car faut-il qu’ils soient de bonne qualité professionnelle !


Jdeclef 30/10/2017 13h17 LP

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