Harvey Weinstein : l'homme à qui on ne pouvait pas dire
non
Le "New Yorker" publie une enquête accablante qui
décrit comment le producteur a pu agresser et violer des femmes en toute
impunité pendant des années.
« Trois femmes, parmi lesquelles Asia Argento et une jeune comédienne nommée Lucia Evans, m'ont raconté que Weinstein les avait violées, accusations incluant des faits de sexe oral reçu ou donné sous la contrainte, et des pénétrations vaginales non consenties. Quatre femmes ont dit qu'elles avaient subi des attouchements non désirés, qui pourraient être qualifiés d'agressions sexuelles. »
En plus de ces témoignages, l'auteur de l'article dispose d'un enregistrement, dont un extrait a été mis en ligne par le site, effectué par la police de New York qui avait posé un micro sur une mannequin qui s'était plaint d'une agression, dans lequel Weinstein reconnaît lui avoir touché les seins, une pratique qui lui est « familière ».
Farrow,
un homme en colère
Signée
Ronan Farrow, l'enquête est vaste et minutieuse. Ronan Farrow n'est pas un
inconnu. Présenté comme reporter par le New
Yorker, il est aussi avocat, ancien collaborateur d'Hillary Clinton. Un
détail qui a son importance, puisque le puissant producteur Harvey Weinstein
est un fidèle soutien du Parti démocrate, et de nombreuses photos le montrent
en compagnie de l'ancienne candidate à la Maison-Blanche.
Ronan Farrow est aussi le fils de Mia Farrow et de Woody Allen. Il a rompu tous
les ponts avec son père et dénoncé en termes extrêmement violents l'absence
totale de réactions à Hollywood aux révélations de sa sœur Dylan. La fille
adoptive de Mia Farrow et de Woody Allen avait raconté qu'elle avait subi les
attouchements de son père adoptif à l'âge de 7 ans. En 2014, lors de
la cérémonie de remise d'un Golden Globe à son père pour l'ensemble de son
œuvre, Farrow poste un message sur twitter
Oh, les filles disent toujours non. Tu
sais, « non, non ». Et après, elles prennent une bière ou deux, et elles se
jettent sur moi.
Ronan Farrow, un homme en colère contre
l'indifférence du monde du cinéma, est parti en guerre contre Harvey Weinstein.
Nul doute qu'il a commencé le recueil de ces témoignages bien avant l'enquête
et la sortie du New York Times.
À lire son très long article, découpé en quelque dix chapitres, on imagine que
son investigation a duré des années. Nul doute aussi que le communiqué publié
par Harvey Weinstein à la suite des premières révélations l'a mis hors de lui.
Weinstein, contraint de quitter la tête de sa compagnie, s'excuse. Il reconnaît
des pratiques auxquelles « un homme de [s]on âge » a été
habitué : « J'ai grandi dans les
années 60 et 70 quand les règles sur le comportement sur le
lieu de travail étaient différentes. » En clair, il est victime d'un
changement de mœurs. Il reconnaît aussi souffrir d'addiction sexuelle et se dit
en thérapie. Mais il nie avoir violé ou contraint qui que ce soit. À Harvey
Weinstein on n'a jamais dit « non ».
Emily
Nestor, une hôtesse d'accueil qui avait déposé une plainte auprès de la DRH de
la Weinstein Company – plainte révélée dans le NY Times –, a fait à Ronan Farrow un récit circonstancié de ce
qui lui est arrivé après avoir décliné son offre de devenir sa « petite
amie ». Il lui demande s'il peut lui prendre la main. « Elle a dit
non. Dans le compte rendu fait par [Emily] Nestor de son échange [avec Harvey
Weinstein], il dit : Oh, les
filles disent toujours non. Tu sais non, non. Et après, elles prennent une bière ou deux, et elles se jettent sur
moi. Sur un ton qu'Emily Nestor décrit comme bizarrement très fier, il
ajoute qu'il n'avait jamais eu à faire comme Bill Cosby, actuellement poursuivi pour agression sexuelle . Elle
en a déduit qu'il voulait dire qu'il n'avait jamais drogué une femme. C'était juste bizarre d'en être si fier.
C'était tellement loin de la réalité et des règles normales du consentement. »Ce qui transparaît au fil des témoignages qui se succèdent avec une monotonie effrayante, c'est que, en effet, Weinstein n'est pas un homme à qui on peut dire non.
Pourquoi as-tu touché ma poitrine hier ? J’ai l’habitude de le
faire.
Celles
qui ont osé – comme l'actrice
Emma de Caunes, mais elle avait 30 ans à l'époque et était déjà
une actrice confirmée, rappelle Farrow – ont vu leur carrière entravée par le
tycoon. Ainsi de Rosanna Arquette : son refus « [lui] a rendu les
choses très difficiles pendant des années », confie-t-elle à Ronan Farrow.
« Il déploie des efforts considérables pour traquer les gens et les faire
taire. Leur faire mal. C'est ce qu'il fait. » Pour y parvenir, Weinstein
pouvait compter sur un service juridique puissant, qui a alterné menaces de
poursuites et propositions de règlement à l'amiable. Il orchestrait également
des campagnes dans les journaux à scandale contre celles qui se rebiffaient.C'est ce qui est arrivé à Ambra Battilana Gutierrez, un mannequin italo-philippin. Après avoir subi des attouchements du producteur et accepté un rendez-vous ultérieur pour mieux pouvoir s'échapper, elle va immédiatement porter plainte. Elle est en train de faire sa déposition quand Weinstein l'appelle pour lui proposer un rendez-vous le lendemain soir à son hôtel. Elle s'y rend munie d'un micro posé par le NYPD. Comme elle refuse d'entrer dans la chambre s'ensuit une longue et pénible conversation dans le couloir. À la question : « Pourquoi as-tu touché ma poitrine hier ? » Weinstein répond : « J'ai l'habitude de le faire. »
Le
système Weinstein
L'incident
se sait. Commence une campagne de presse. Les tabloïds écrivent que la jeune
femme a participé à l'une des fameuses soirées bunga bunga de Silvio
Berlusconi. Elle assure en avoir ignoré la nature avant de s'y rendre et a été
citée comme témoin lors du procès contre Berlusconi, rappelle Farrow. Une autre
rumeur l'accuse d'avoir porté plainte pour agression sexuelle contre un homme
d'affaires italien, avant de retirer son témoignage. Alors que sa plainte
contre Weinstein est considérée comme crédible par des sources policières, elle
est finalement classée sans suite par le procureur de New York, Cyrus Vance,
Jr. Lui non plus n'est pas un inconnu. C'est lui qui avait renoncé à poursuivre
Dominique
Strauss-Kahn pour des faits similaires.Le système Weinstein est en effet bien rodé, ce qui explique qu'il ait perduré pendant de longues années, alors que le Tout-Hollywood savait. Dans sa société, les employés ne se sont pas contentés de détourner les yeux, de peur de perdre leur travail ; ils ont même parfois joué un rôle actif. Farrow en a interrogé pas moins de seize. Une cadre se remémore ces rendez-vous dans des bars ou des chambres d'hôtel, où des employés devaient être présents, chargés de « rassurer » la jeune femme, avant de s'éclipser dès le début de la rencontre. « On avait l'impression que les cadres ou les simples collaborateurs étaient là pour servir de pot de miel pour attirer ces femmes dans un piège, pour qu'elles se sentent en confiance », dit-elle.
J'ai en quelque sorte abdiqué. C'est pour ça qu'il a pu faire la
même chose si longtemps, à tant de femmes. Elles abandonnent, et après elles
pensent que c'est de leur faute.
Aussi,
beaucoup de jeunes femmes n'ont pas réussi à lui échapper. C'est le cas d'Asia
Argento, dont le témoignage est glaçant : en 1997, invitée à une fête dans
un palace cannois, qui en réalité n'a pas lieu, elle se retrouve seule face à
lui. La jeune fille a 21 ans. Il en a 44. Elle subit une longue
séance de sexe oral, alors qu'elle ne cesse de lui dire qu'elle ne veut pas.
« Un énorme type qui veut te bouffer. On est dans un horrible conte de
fées ! »
Asia Argento finit par
« consentir ». Et se retrouve écrasée par la culpabilité.
« Si j'avais été forte, je lui aurais donné un bon coup de pied dans les
c… et je me serais enfuie. Mais je ne l'ai pas fait. » Terrifiée, la
jeune femme a donc une liaison avec lui, accepte ses cadeaux. La première
abdication l'a définitivement aliénée. « Son corps, sa présence, son
visage, suffisaient à refaire de moi la gamine que j'étais à 21 ans.
Il me suffisait de le voir pour me sentir minable, stupide et faible. [...]
Après le viol, il a gagné. »
Même récit d'une autre victime, Lucia
Evans, à qui Weinstein impose, raconte-t-elle à Farrow, une fellation en 2004.
« Je n'ai cessé de dire, encore et encore, que je ne voulais pas, de
dire : Stop ! Arrête !
J'ai tenté de me dégager, mais peut-être pas assez. Je ne voulais pas le
frapper et me battre. [...] J'ai en quelque sorte abdiqué. C'est le plus
horrible dans tout ça, et c'est la raison pour laquelle il a pu faire la même
chose si longtemps, à tant de femmes. Elles abdiquent, et après, elles pensent
que c'est de leur faute. »
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Si
ces types de comportement concernant ces histoires de sexes glauques ne soient
pas monnaies communes au monde du show byz, cinéma, sport, et politique particulièrement
et aussi lié à l’argent roi qui coule à flot dans ses milieux !?
L’étrange
encore est pour toutes ses femmes ayant subi les comportements libidineux de
certains hommes connus n’ont rien dit pour la majorité d’entre elles ?!
Et
réagissent seulement quand l’une d’elles se plaint après de ses agissements !
Cet
homme est « pis que pendre » c’est
un fait qui ne semble pas contestable, mais il avait de hautes relations au
plus haut de l’état US : les Clinton ou les Obama etc, ce qui explique peut-être,
le silence de ces femmes agressées sexuellement ?!
Bien
que ce soit difficile à comprendre !
On
critique beaucoup certains pays qui avilissent les femmes et les mettent plus
bas que tout, mais dans nos pays dits civilisés, certains ne se comportent pas
mieux !
Jdeclef
12/10/2017 10h41 LP
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