Essai nucléaire de la Corée du Nord: Une riposte
américaine «ouvrirait la boîte de Pandore»
Comment
analysez-vous ce dernier essai nucléaire nord-coréen, onze ans après la
première expérimentation ?
Nous
sommes tout d’abord dans la continuité des essais nucléaires nord-coréens
depuis onze ans. C’est un temps que l’on peut qualifier de « normal »
pour le développement de ce type de programme. Il y a cependant aujourd’hui un
saut qualitatif avec une bombe thermonucléaire. La secousse sismique qui a
été enregistrée par les pays voisins de la Corée du Nord révèle une grosse
puissance. On a affaire ici à une grosse bombe.
Comment
qualifieriez-vous les réactions internationales, et notamment la
« condamnation vigoureuse » de la Chine ?
Tout
d’abord, une précision : dire que la Chine est une alliée de la Corée
du Nord est faux. Il y a eu des alliances, mais ces deux pays ne sont pas des
alliés. Par ailleurs, la Chine a récemment changé d’attitude par rapport à ce
pays. La Chine a suspendu ses importations de charbon en provenance de Corée du
Nord en février 2017 après un tir de missile nord-coréen. Elle a frappé
durement Pyongyang, car elle l’a privé d’une de ses sources de revenus
principales. Par ailleurs, le 11 août, elle a affirmé qu’elle resterait
neutre en cas d’attaque de la Corée du Nord sur les États-Unis. C’est un changement
par rapport aux années où la Chine assurait la Corée du Nord de son soutien
éternel. Il serait d’ailleurs intéressant de savoir ce qu’ont reçu les Chinois
des Américains en échange de ce changement d’attitude… Enfin, la Chine n’a
aucune envie de recevoir sur son sol cinq millions de réfugiés nord-coréens en
cas de conflit, qui seraient autant de bouches à nourrir. Elle a d’ailleurs
renforcé ses troupes à la frontière avec la Corée du Nord.Du côté des Américains, si les déclarations et l’attitude de Donald Trump sont brutales, il a cependant obtenu de la Chine plus que ses prédécesseurs qui ont laissé faire sur la Corée du Nord depuis 1993. Pour ce président des Etats-Unis, l’option militaire reste possible, avec des frappes chirurgicales sur la table. Il a par ailleurs donné son accord pour l’achat par la Corée du Sud d’équipements militaires américains après un tir d’un missile nord-coréen au-dessus du Japon mercredi. Les tensions servent aussi le business…
Comment
voyez-vous l’évolution de la situation dans cette région ?
Il
peut y avoir plusieurs possibilités. J’ai parlé des frappes chirurgicales
américaines qui sont sur la table. Mais cette option ouvrirait la boîte de
Pandore. Le régime de Kim Jong-un pourrait alors lancer de nouvelles
hostilités, les frappes étrangères lui conférant une légitimité auprès de son
peuple. Je pense à une autre option. Le développement du programme
nucléaire par la Corée du Nord est, nous l’oublions souvent, réalisé largement
pour des motivations intérieures. Kim Jong-un veut être perçu comme le
protecteur de son peuple. La bombe nucléaire acquise, on peut imaginer une
désescalade, le régime se disant : « Nous avons la bombe, personne ne
nous attaquera désormais grâce à la dissuasion. Nous n’avons donc pas besoin
d’aller plus loin. »
Certains
analystes estiment que la Corée du Nord est incapable de fabriquer une bombe
thermonucléaire et la miniaturiser pour pouvoir l’installer sur un missile qui
frapperait la Corée du Sud ou le Japon. Qu’en pensez-vous ?
Cette miniaturisation
est seulement une question de temps. Le problème est que l’on ne sait pas
intercepter un missile quand il est en phase balistique, c’est-à-dire quand il
est hors de l’atmosphère. On ne sait les intercepter qu’au lancement et quand
ils retombent.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------car n'oublions pas que c'est les USA qui
ont utilisé 2 fois la bombe nucléaire en 1945 sur le JAPON (qui maintenant revoit cette épouvantable catastrophe poindre et craint
la réaction du dirigeant nord-coréen !)
Pour
autant ne rien faire sans aller jusque-là, ne serait pas non plus une bonne
solution, l'attentisme dans l'histoire du monde a prouvé le contraire avec ses
guerres mondiales !
DJMAI le 04/09/17
à 09h12 LP