Inde : Airpocalypse à New Delhi
VIDÉO. Depuis trois jours, les habitants de la capitale
indienne suffoquent sous un épais nuage de pollution. Entre colère et
résignation.
« Ce dont je suis témoin est inimaginable, s'indigne Pratiti, une résidente de Delhi. J'ai du mal à respirer. Même dans ma voiture, je dois porter un masque. » Les chiffres font froid dans le dos. La concentration des particules fines « PM 2,5 » (2,5 microns) est beaucoup trop dense et les taux ont affiché ce jeudi entre 500 et 800 microns/m3, alors que le seuil de danger fixé par l'OMS est de 300. Rajesh consulte ainsi plusieurs fois par jour l'application SAFAR de son téléphone portable. Le curseur reste bloqué au plus haut niveau : « On n'est plus dans le rouge (« très pauvre »), mais dans le pourpre (« sévère ») ! », répète avec effroi cet agent immobilier qui sillonne néanmoins Delhi toute la journée.
« Hors
de contrôle »
Comment
la ville en est-elle arrivée là ? Dans les rues, des panneaux vantent
encore le rêve d'un « Clean Delhi, Green Delhi ». On y croyait, au
début des années 2000, avec le lancement du métro et la conversion des
véhicules de transport public au gaz comprimé (CNG). Mais sous l'impact d'une
expansion urbaine débridée, la pollution est devenue « hors de contrôle »,
d'après la Haute Cour de Delhi. Depuis, les experts se battent sur l'importance
des différents facteurs. Ils pointent notamment le brûlis saisonnier du chaume
dans les États voisins de l'Haryana, du Punjab et de l'Uttar Pradesh, et dont
l'interdiction est rendue compliquée en raison de la gouvernance décentralisée.
Il y a aussi les poussières des chantiers, la combustion des déchets, les feux
à ciel ouvert pour le chauffage ou la cuisine, ou encore, en périphérie, les
fumées des usines. Enfin, et non des moindres, la circulation automobile dont
la croissance est effarante : 1 400 nouvelles immatriculations
s'ajoutent chaque jour aux 8 millions de véhicules déjà sur les routes
de Delhi. Un cocktail explosif.Et les plaintes des habitants se ressemblent. « J'ai les yeux qui brûlent », constate Neeraj, un électricien. « J'ai mal à la tête », admet Mathi, une femme de ménage. Si les irritations aux yeux et à la gorge sont le lot commun, les spécialistes annoncent à long terme bronchites, asthme, cancers du poumon et maladies cardiaques. Près d'un quart des décès prématurés liés à la pollution de l'air dans le monde concernent l'Inde. À Delhi, les études épidémiologiques font défaut, mais un rapport avait évalué qu'au moins 3 000 personnes meurent directement chaque année pour avoir inhalé l'air pollué de la ville.
S’il fallait s’arrêter à cause la
pollution, il faudrait le faire à longueur de temps !
Les
autorités municipales ont pris des mesures d'urgence. 4 000 écoles
publiques ont fermé leurs portes pour toute la semaine. Le secteur du bâtiment
est mis au point mort et les camions qui transportent du matériel de
construction sont interdits d'accès. Les pompiers arrosent les arbres de la
ville et les artères les plus polluées. Afin d'inciter à prendre les transports
publics, le prix des parkings a été multiplié par quatre et la fréquence des
métros augmentée. La circulation alternée des automobiles sera également
imposée à Delhi du 13 au 17 novembre.La ville conserve néanmoins son rythme et les marchés restent très fréquentés. Les consignes demandent d'éviter de sortir à l'extérieur, en particulier les enfants et les personnes âgées, et les docteurs préconisent l'arrêt de toute activité sportive. Mais en fin de journée, dans un parc, des enfants jouent à un tourniquet. Non loin, des adolescents suivent un cours de tennis. Interrogé sur son manque de précaution, leur professeur réplique : « S'il fallait s'arrêter à cause la pollution, il faudrait le faire à longueur de temps ! »
Indifférence
Il
n'a pas tort. Les pics de pollution atmosphérique à Delhi s'emballent chaque
année à l'automne. Parmi toutes les capitales, la ville détient
depuis 2014 le record de pollution atmosphérique de la planète. Le
chef de l'exécutif de New Delhi, Arvind Kejriwal, l'avait comparée à une
« chambre à gaz ». Mais entre 2014 et 2016, le gouvernement
a voulu relativiser les faits. Autorités et experts se sont livré une guerre
des chiffres sur les capteurs, les mesures de la qualité de l'air, et les
seuils de tolérance. En attendant, le niveau de pollution ne cessait de
grimper.Aujourd'hui, les éditoriaux des grands quotidiens laminent les autorités. « Dans une indifférence alarmante, Delhi continue à porter l'ignominie d'être l'une des villes les plus polluées au monde », dénonce jeudi le Hindustan Times. « Le brouillard de Delhi est un nouveau rappel de l'échec du gouvernement à agir avant l'urgence, estime quant à lui l'Indian Express. Le gouvernement a attendu deux ans que la pollution atteigne des proportions catastrophiques pour réagir. » Jigme Lingtsang, un résident de Delhi, pointe également les limites de la contestation citoyenne : « Nous avons la séduisante option de nous plaindre sur les réseaux sociaux, en nous isolant davantage encore derrière nos masques ou nos purificateurs d'air, en signant des pétitions en ligne, peut-être même en allant à une manifestation ou deux, et ensuite de tout oublier jusqu'à l'année suivante... Et tout recommence à chaque mois de novembre. »
13
des 20 villes les plus polluées au monde sont indiennes
Certes,
les élites indiennes et les expatriés ont été les premiers à réagir. Eux ont
les moyens de se protéger et ils tentent désormais de fuir la capitale pour des
cieux plus cléments. Pour les autres, la vie continue. Dans les rues, les
conducteurs à moto se nouent un mouchoir sur le bas du visage et les femmes se
cachent machinalement sous leur « dupatta », l'étole traditionnelle.
Deepika, une avocate, contemple tristement sa ville : « J'ai honte de
ce que nous allons laisser en héritage à nos enfants. »« La pollution à Delhi est critique mais elle symbolise aussi le sort de nombreuses zones rurales et urbaines en Inde », rappelle l'environnementaliste Kanchi Kohli. Aujourd'hui, le pays abrite 13 des 20 villes les plus polluées au monde. Dans une Inde focalisée sur sa croissance et ses besoins énergétiques, c'est tout le modèle urbain qui est à réinventer.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Sans
compter les grandes capitales de nombreux pays !
Et
s'ils sont pauvres (si on parle des
habitants qui y vivent) la lutte contre la pollution passe après, ce nourrir
et survivre en priorité !
On
disait de la CHINE, mais ce pays devient riche et met les moyens pour diminuer
la pollution de ses industries, mais il a beaucoup à faire avec une nombreuse
population qui apprend le profit et le progrès avec la pollution qui va avec !
Tout
comme les USA qui pourtant privilégient le profit, mais qui freine la
régulation climatique par mercantilisme protectionniste !
Alors
la France n'est pas le mauvais élève et veut donner l'exemple avec nos écolos
illuminés qui sont obligés de mettre « de
l'eau dans leur vin » comme notre ministre N.HULOT qui vient de faire
l'expérience de la réalité ,mais c'est un petit pays au regard des autres !
Et
même ceux du tiers monde qui veulent aussi sortir de la pauvreté et profiter du
progrès!
Donc
si le monde ne s'accorde pas mieux pour lutter contre cette pollution et
l’incidence climatique (mais cela semble
une utopie hélas) rien ne s’améliorera, çà c'est une certitude !
Jdeclef
10/11/2017 10h34 LP
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire