Enquête sur la France qui ne fait pas 35 heures
VIDÉO. Mairies, conseils généraux ou conseils régionaux... La
Cour des comptes a mis au jour quelques exemples édifiants. Tour de France.
Toutes
ces histoires ont été piochées dans les derniers rapports de la Cour des comptes, parus
depuis septembre. Des exemples savoureux de gestion locale très généreuse,
surtout au chapitre ressources humaines. Où on apprend que des dizaines de
milliers de fonctionnaires territoriaux, c'est-à-dire des employés de mairie,
de communauté de communes, de région, sont loin – très loin – de travailler
les 1 607 heures annuelles réglementaires. Et cela avec l'assentiment
de leurs supérieurs – nos élus. Il y a là un joli potentiel d'économies, et de
justice sociale... Florilège.Commençons par un arrêt dans les Hauts-de-France, précisément à Hénin-Beaumont, commune connue pour être dirigée par un maire FN, Steeve Briois. Cette ville mériterait une plus grande notoriété pour ses pratiques RH. Ici, les agents travaillent 1 533 heures par an au lieu des 1 607 réglementaires. En d'autres termes, les agents d'Hénin-Beaumont ont le droit à 10 jours de repos « en trop » par rapport à ce qu'autorise la loi. Mais cela ne s'arrête pas là. Plus vous êtes ancien dans la fonction publique, plus vous cumulez de jours de repos supplémentaires : 1 par tranche de dix années de bons et loyaux services à la mairie.
Privilèges
de divorcés
En
cas de divorce (oui, oui), un fonctionnaire d'Hénin-Beaumont a même le droit
à 2 jours ouvrés, fractionnables en demi-journées. Et un futur
retraité bénéficiera de 31 jours consécutifs de repos avant le grand
saut vers sa nouvelle vie. En tout, cette série de privilèges coûte la
bagatelle de 1,2 million d'euros par an, soit l'équivalent
de 31 emplois à temps plein. Dans sa réponse adressée à la Cour des
comptes, la ville dit « avoir pris note des remarques et va donc opérer
une refonte du règlement intérieur notamment sur ces points. [...] Une
réflexion va être menée sur le maintien des 31 jours offerts pour les
départs à la retraite. »
Le 26 décembre
férié
Plus
au sud, en Provence, on ne badine pas non plus avec le repos
« illégal ». Prenons le cas de la Communauté d'agglomération du
pays d'Aubagne et de l'Étoile (Capae). La première curiosité, c'est qu'il n'y a
pas véritablement de texte qui régit le temps de travail dans cette
collectivité. Zéro délibération d'aucune sorte d'instance, mais seulement un
règlement intérieur, non daté, qui fait mention d'une durée de travail
de 1 540 heures. Soit 67 heures de moins que ce que prévoit
la loi. Une petite particularité aussi : le 26 décembre est un
jour férié à la Capae – il s'agirait de respecter une tradition provençale.À ces dérogations au temps de travail légal « s'ajoutent les congés exceptionnels octroyés par la Capae », indique la chambre régionale Paca de la Cour des comptes. Sans base légale, ni même délibération locale, les femmes agents justifiant de deux années de service ont le droit à un congé supplémentaire de maternité de 2 semaines. Autre exception : à l'occasion de l'attribution d'une médaille du travail, le récipiendaire se voit octroyer 5 jours de repos pendant l'année en cours. Enfin, les futurs retraités bénéficient d'un congé de préretraite, de 30 jours à 61 jours selon leur ancienneté.
La
fidélité paie
Vu
de loin, le régime qui s'applique à Suresnes (48 000 habitants ; 1 140
fonctionnaires), dans les Hauts-de-Seine, semble être plus ou moins dans les
clous. De manière générale, il apparaît que chaque agent travaillerait 17,5
heures de moins que la référence légale de 1 607 heures. Sauf que, à
Suresnes aussi, l'imagination est au pouvoir lorsqu'il s'agit d'inventer des
jours de repos. Il existe ainsi « à l'entière discrétion du maire »
la journée de la fête des Mères ou de la fête des Pères, c'est selon.Ici, on salue l'obtention d'une médaille du travail. Chaque agent récompensé a droit à 9 jours de repos supplémentaires l'année de son « prix ». Et puis, la fidélité paie. Pour chaque tranche de dix ans d'ancienneté, un agent a le droit à 2 jours de repos de plus. Les fonctionnaires de Suresnes bénéficient aussi d'un congé de préretraite, de 1 à 3 mois selon le temps passé dans la maison. Tout cela serait légal, dixit la mairie, qui s'engage pourtant à « supprimer les jours d'ancienneté, les jours de médailles, ainsi que les jours de congé préretraite et les jours de la fête des Mères et des Pères ».
Roanne,
Montbéliard, Grigny...
Dans
le Roannais agglomération – nouveau nom du Grand Roanne –, les agents ne sont
pas non plus à plaindre. Ils suivent un régime de temps de travail qui repose
sur trois notes de service. En tout, les fonctionnaires locaux bénéficient
de 33 jours de repos, au lieu de 25. Le président de l'agglomération
a reconnu que cette question relève de la « performance publique »
et souligne qu'il s'intéresse au sujet depuis 2016 en vue de
« respecter la durée du travail dans la fonction publique. » Même
chose à la Communauté d'agglomération du Pays de Montbéliard. Depuis 1983,
chaque agent bénéficie de 27 jours de congés annuels,
de 2 jours de fractionnement ainsi que de 4 jours de congés
spéciaux. Ces derniers sont arrêtés annuellement par le président. Ils
permettent généralement de faire le pont entre un jour férié et le week-end.
L'agglomération a promis de s'intéresser au sujet pour « redéfinir des
règles conformes à la législation. »Par une simple note de service du 19 janvier 2007, la ville de Grigny (Essonne) a maintenu un régime très favorable pour ses quelque 200 agents. En supplément des 25 jours légaux et des 2 jours de fractionnement possibles, elle accorde 5,5 jours de congés annuels supplémentaires, soit un total de 32,5 jours. Sans fondement réglementaire, la ville accorde des jours de congé en fonction de l'ancienneté, 1 jour pour dix ans de service, 1,5 pour quinze ans, 2 jours pour vingt ans, et, à partir de vingt ans d'ancienneté ou à l'âge de 55 ans, 3 jours supplémentaires. Dans sa réponse à la Cour des comptes, la ville n'a rien à redire, sauf à corriger les calculs des magistrats : eh bien, non, à Grigny, les agents ne travaillent pas 1 536,5 heures annuelles, mais 1 547,5 en moyenne par an. C'est un peu mieux, mais c'est surtout bel et bien en deçà de la durée légale.
Chouchoutés
À
Alfortville, dans le Val-de-Marne, les fonctionnaires territoriaux sont encore
plus chouchoutés. Si la commune applique un temps de travail hebdomadaire
de 35 heures depuis le 1er janvier 2001, elle a en parallèle institué
un régime de congés et d'autorisations d'absence très avantageux. Les agents
d'Alfortville bénéficient de 40 jours de congés annuels,
soit 15 jours de plus que la durée de référence légale. La générosité
de la mairie ne s'arrête pas là. À ces 3 semaines supplémentaires
s'ajoutent des « jours de repos » pour les cadres au titre du
passage aux 35 heures. Jusqu'à 5 ! Le temps de travail
annualisé de la commune représentait 1 484 heures en 2015,
soit 123 heures de moins (3 semaines et 3 jours) que la
durée légale.Les médailles d'honneur donnent lieu à 10 ou 15 jours d'absence. Des congés de 1 à 3 mois sont octroyés pour départ à la retraite au-delà de dix ans d'ancienneté dans les services communaux. La ville répond tout simplement à la Cour des comptes que la durée hebdomadaire est bien de 35 heures, oubliant que la durée du temps de travail doit être annualisée ! Alfortville le dit, « le régime en vigueur est légal. »
Pour achever cet affligeant tour de France, deux précisions de taille : 1. toutes les collectivités précitées paient des heures supplémentaires ; 2. toutes les collectivités précitées sont confrontées à un taux d'absentéisme plus élevé que dans le secteur privé.
Et
les vainqueurs sont...
Nombre
de jours d'absentéisme par an dans les conseils départementaux*Corse-du-Sud 29,8
Seine-St-Denis 29,6
Haute-Corse 29,5
Nièvre 26,9
Essonne 26,7
Haute-Garonne 26,3
Seine-et-Marne 25,3
Puy-de-Dôme 24,5
Alpes-de-Haute-Provence 24,3
Gers 23,3
Somme 23
Vaucluse 23
Haute-Vienne 22,9
Var 22,5
Bouches-du-Rh. 22,4
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Mais
il n’y a pas que cela !
Car pour les fonctionnaires territoriaux, c’est carrément la gabegie ou chacun fait ce il veut dans les Mairies, conseils généraux ou conseils régionaux etc...
En ce qui concerne le temps de travail et avantages
divers de ces fonctionnaires (et qui
se plaignent pour certains en plus) dans ce qui ressemble à un
corporatisme d’état !
Et
la couleur politique de ces fonctions territoriales départementales ne change
rien à l’affaire ou chaque institution fait ces petits règlements internes pour
les personnels territoriaux divers comme cela les arrange !
C’est
en effet édifiant, et ces fonctionnaires divers en matière d’inégalité et
privilèges ou avantages ne donnent pas l’exemple, ces pratiques doivent être
nivelées dans cette V eme république obsolète !
Surtout
quand on parle de faire des économies et que l’on demande aux français lambda
comme d’habitude de se serrer la ceinture !
C’est
équivalent à la moralisation de la vie publique et politique dans notre pays
qui fonctionne trop par des petites combines diverses pour acheter un artifice
de paix sociale soit disant égalitaire, ce qui est une utopie en réalité !
Jdeclef
22/11/2017 08h59 LP
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