Esclavage en Libye: Macron qualifie de "crime contre
l'Humanité" la vente de migrants
La Libye et l'esclavage, une vieille histoire
Les marchés aux esclaves de migrants noirs mis en place par
des marchands libyens réveillent les fantômes des siècles passés et des traites
orientales.
Emmanuel
Macron a qualifié mercredi de "crime contre l'Humanité" la vente de
migrants africains comme esclaves en Libye, révélée par la chaîne américaine
CNN.
"La
dénonciation par la France est sans appel" et il faut que "nous
puissions aller beaucoup plus loin pour démanteler les réseaux" de
trafiquants, a affirmé le président après une rencontre à l'Elysée avec le
président de la Guinée, Alpha Condé.
"Ce
qui s'est passé (en Libye) est scandaleux (...) inacceptable", a jugé ce
dernier, qui est aussi président en exercice de l'Union africaine (UA).
Pour
Emmanuel Macron, "ce qui a été révélé" par CNN "relève bien de
la traite des êtres humains. C'est un crime contre l'Humanité".
Ce
trafic "nourrit les délinquances les plus graves" et "les
réseaux terroristes". Il "génère 30 milliards d'euros par
an, touche malheureusement 2,5 millions de personnes - et 80 % des
victimes sont des femmes et des enfants", a-t-il dénoncé.
Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves
Le Drian, quittant l'Élysée après un conseil des ministres, le 22 novembre 2017
© ludovic MARIN AFP
Le
chef de l'Etat a confirmé l'annonce faite par le chef de la diplomatie
Jean-Yves Le Drian un peu plus tôt, que la France prenait "l'initiative au
Conseil de sécurité" de l'ONU en demandant une réunion sur ce sujet.
"Je
souhaite que nous puissions aller beaucoup plus loin dans la lutte contre les
trafiquants qui commettent de tels crimes et coopérer avec tous les pays de la
région pour démanteler ces réseaux", a-t-il ajouté, en appelant à
l'adoption de "sanctions contre les trafiquants".
La
semaine dernière, un documentaire choc de la chaîne de télévision américaine
CNN avait révélé l'existence d'un marché aux esclaves près de Tripoli, vivement
dénoncé en Afrique et en Europe.
Depuis
la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi, les passeurs,
profitant du vide sécuritaire et d'une impunité totale en Libye, font miroiter
à des dizaines de milliers de personnes cherchant une vie meilleure un passage
vers l'Italie qui se trouve, à 300 kilomètres des côtes libyennes.
L'Histoire est un
éternel recommencement, dit-on. Ce que l'on croyait révolu, appartenir aux
temps anciens d'une barbarie qui ne nous concernerait plus, perdure. Les hommes
n'apprennent rien et retombent dans leurs pires travers, surtout quand la
situation économique place sur leurs chemins des hommes vulnérables. Des
comportements répétés, hérités d'ancêtres pas si lointains que cela, à
lire Les Traites négrières,
le livre référence d'Olivier Pétré-Grenouilleau (Folio Gallimard), où le Noir a
été acheminé, pieds et poings liés, depuis des siècles à travers le Sahara.Avant toute chose, puisqu'il s'agit d'un sujet « délicat », il ne s'agit pas de faire de la morale et de pointer du doigt plutôt les traites atlantiques (celles en partance vers l'Amérique, le fait des Européens) que les traites orientales (le fait des populations arabes ou musulmanes sur les Noirs) ou l'inverse. Il ne s'agit pas de dire, ah, ceux-là étaient plus méchants que les autres, il y en a eu plus, regardez. On sait que l'histoire, même la plus objective, est constamment exposée à ce genre de jugement hâtif, approximatif, où s'engouffre la pulsion idéologique. Que l'actualité braque les projecteurs sur la Libye et ses trafics actuels d'esclaves noirs ne nous fait pas oublier le reste, les traites atlantiques, 11 millions de captifs en deux siècles, ni la traite interne des captifs noirs qui n'ont pas quitté l'Afrique noire – vaste continent difficilement explorable par les historiens – qui concernerait 14 millions d'individus. Cela dit, en préambule, et pour qu'on ne nous accuse pas de privilégier les unes plutôt que les autres.
Un trafic facilité
par l'amélioration des routes et des moyens de transport
Pétré-Grenouilleau,
dans son essai d'histoire quantitative, qui s'appuie sur divers travaux
réalisés avant lui essentiellement dans le monde anglo-saxon, estime à 17 millions de captifs le bilan des traites orientales. À la différence
des traites atlantiques, ce chiffre s'étale sur le temps, depuis la conquête
arabe au VIIe siècle jusqu'à la fin du XIXe siècle. Elles se sont donc
poursuivies un siècle après la fin de la traite atlantique et un demi-siècle
après l'abolition de l'esclavage, par exemple, en France. Si le rythme fut assez
« faible » au début, 6000 captifs par an du VIIe au XIVe
siècle, il croît au cours des siècles suivants, 9 000 au XVIIe, mais
explose au XIXe, 43 000 par
an.Pétré-Grenouilleau identifie plusieurs routes selon les époques. D'abord, au VIIe siècle, la vallée du Nil, depuis l'Éthiopie, puis de l'Atlantique à la mer Rouge, puis de nouveau l'Égypte au XIXe siècle, du Sahara occidental secoué par des djihads et des raids jusqu'au Maroc aux XVIe et XVIIe, Mogador (Essaouira) étant alors le principal débouché des caravanes du Sud. Pour ce qui concerne la Libye, la région du Fezzan (sud-ouest du pays) monte en puissance à partir du XVIIIe siècle : les esclaves proviennent des royaumes du Tchad, du Nigeria, du Mali (Tombouctou étant une ville majeure de départs), faisant parfois l'objet de marchés lucratifs entre les seigneurs noirs et les caravanes musulmanes qui transportent d'autres « denrées ». Le Fezzan alimente l'ensemble de la Tripolitaine : « Dix mille Noirs arrivaient encore à Tripoli en 1865, 2 000 à 3 000 en 1869 », écrit Pétré-Grenouilleau. Ghadamès, ville libyenne à la frontière algérienne, est également une place centrale aux mains des marchands arabes d'Afrique du Nord. L'occupation de la Tripolitaine et du Soudan par l'Égypte du pacha Méhémet-Ali qui voulait une armée de soldats noirs au XIXe siècle relance le trafic, facilité par l'amélioration des routes et des moyens de transport.
Pourquoi ces traites ont-elles longtemps échappé à la visibilité ? Elles étaient moins « flagrantes » que les transports par mer atlantique, plus diffuses aussi au sein de très vastes territoires, confondues souvent avec des caravanes transportant d'autres « produits ». Elle a également moins préoccupé les intellectuels musulmans, ne provoquant pas le même combat abolitionniste qu'en Occident au XIXe siècle.
Mais si la traite orientale a varié selon les époques et les pays, on voit donc que la Libye, dans sa phase ultime, a joué un rôle majeur. Les trafiquants actuels relancent des pratiques qui n'ont cessé qu'il y a un siècle, comme si la sortie du système négrier n'était pas totalement entérinée, celui-ci pouvant renaître de manière endémique, comme une épidémie, à la faveur de circonstances opportunes. La différence, c'est qu'aujourd'hui l'Union européenne est parfaitement au courant de leur existence.
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Alors
oui les paroles d’E.MACRON sont très fortes, inutile de les décortiquer comme
d’habitude, il faut simplement faire cesser cet état de chose et agir ou lieu
de palabrer comme d’habitude !
La
nature humaine a du mal a se respecter elle-même dans le monde, une preuve de
plus ?!
Mais
ce qui est étonnant c’est que l’on ne s’en aperçoive que maintenant ?!
Le
président à raison, car dans un monde qui se veut moderne en privilégiant (pour certains, mais pas pour tout le monde
semble-t-il) les droits de l'homme, acheter ou vendre des êtres humains est
insupportable et criminel et est une honte pour les bien-pensant hypocrites
donneurs de leçon qui ne font rien, à part pérorer !
Jdeclef
23/11/2017 12h49 LP
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