jeudi 16 novembre 2017

N.HULOT a cru au père Noel pour reprendre une expression du président !

Quand Nicolas Hulot s'épanche

Confidences. Isolé, frustré, fatigué... Le ministre de la Transition écologique n'a pas de relais politiques de poids pour faire avancer sa cause.


 Ça ne peut pas se passer comme ça ! Ça ne peut plus continuer comme ça ! » Quand il franchit la porte de son ministère de la Transition écologique, ce mardi 7 novembre, Nicolas Hulot est fou de rage. Jamais, depuis qu'il a pris possession des lieux, les murs dorés de l'hôtel de Roquelaure n'avaient autant tremblé. Jamais, de mémoire de collaborateur, le numéro trois du gouvernement n'avait piqué une telle colère. Aux yeux de tous, et il le sait sans doute, ce n'est pas une couleuvre qu'il a avalée. Plutôt un boa.
Le matin même, l'homme à la chemise sans cravate s'installe derrière le pupitre du point presse à l'issue du conseil des ministres. Autour de lui, les mines déconfites de ses secrétaires d'État. Brune Poirson et Sébastien Lecornu l'écoutent annoncer que l'objectif de baisser la part du nucléaire à 50 % dans le mix énergétique ne sera pas tenu pour 2025. Hulot les voit déjà, ses anciens amis écologistes, arpenter les plateaux télé pour condamner la reculade. Même la fondation qui portait son nom – rebaptisée Fondation pour la nature et l'homme – s'est empressée de dénoncer l'annonce. « Globalement, nous sommes bienveillants parce que c'est Nicolas Hulot. Nous savons d'où il vient, nous connaissons ses convictions. Mais, pour les mêmes raisons, nous sommes peut-être plus exigeants avec lui », justifie l'ex-ministre Pascal Canfin, aujourd'hui directeur de WWF France. Chez ses amis, d'ailleurs, personne ne comprend pourquoi il a porté le chapeau devant les caméras. « Ce n'était pas à lui de renoncer à cette promesse de campagne d'Emmanuel Macron. C'est une hérésie institutionnelle, d'autant qu'il n'y avait pas d'urgence », appuie quant à lui son ami eurodéputé Pascal Durand.
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Mise en scène

Pourtant, la raison du courroux qui éclate ce mardi de novembre est tout autre. Plutôt liée à un problème de méthode. « J'assume cette décision, RTE [le gestionnaire du transport électrique, NDLR] a décidé de publier son scénario à cette date-là, je ne pouvais pas rester sans commentaire. Le problème n'est pas là : la communication à la sortie du conseil n'était sans doute pas adaptée à un exercice de ce type. Cette salle où l'on m'a précipité sans même m'avoir laissé le temps de manger est terriblement rigide, contraignante, archaïque », confie-t-il au Point quelques jours plus tard. L'autre problème, c'est son rapport à sa propre image. « Ça avait l'air orchestré. Il n'y avait pas besoin de cette mise en scène dans laquelle je ne me suis pas reconnu ! Ça, ça m'a énervé. » Voilà Nicolas Hulot en plein apprentissage. Sur le tas. Percuté de plein fouet par les codes implacables d'un univers qu'il ne maîtrise pas encore tout à fait. Peut-être, à ce moment précis, se remémore-t-il ces quelques lignes froides qu'il écrivait en 2013, dans son ouvrage Plus haut que mes rêves : « La politique, ce n'est pas mon ADN. Cette voie-là est sans issue, elle est ingrate. »
Showman télévisuel, inébranlable chevalier blanc de la cause environnementale, personnalité politique préférée des Français, Hulot voit ses premiers pas aux responsabilités épiés, ses hésitations décryptées comme aucun autre de ses collègues. Surtout, ce personnage d'homme libre qu'il a toujours revendiqué est mort au soir du 17 mai 2017. Noyé. « La mue que j'opère n'est pas celle d'une chenille qui se transforme en papillon. Elle est brutale. À l'instant où vous êtes nommé ministre, vous êtes happé comme dans un fleuve en crue. Garder la tête froide et le regard sur l'horizon est difficile tant vous êtes en permanence plongé dans un tas de petites choses pas forcément utiles. Ce qui est effrayant quand on passe de l'autre côté, c'est que je passe mon temps à dire : Mais laissez-moi réfléchir un peu ! »

« Hulot, le commandant couche-tôt »

Pourtant, durant les premières semaines du quinquennat, il a tout fait pour protéger son corps et son esprit. Autant que possible, il passe ses week-ends chez lui, sur la côte bretonne, à Saint-Lunaire, « le seul endroit où je peux approfondir des dossiers plus épais que moi, appeler des gens, consulter un minimum, voir ma famille », affirme-t-il. Il insiste également pour couper son téléphone portable une fois sa journée de travail terminée ; « un caprice », considéraient certains membres du gouvernement avant l'été, et qui s'en amusaient au point de déterrer un vieux surnom donné par le passé par ses amis écolos : « Hulot, le commandant couche-tôt ». Seulement, depuis la rentrée, la situation n'est plus tenable. Il faut bien se rendre à l'évidence : un ministre est en alerte sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Le Lillois de naissance pensait parvenir à prendre le contre-pied. Raté. « Toutes les règles de discipline que je me suis posées ont volé en éclats, se contente-t-il d'admettre. Je ne me plains pas, personne ne m'a obligé à prendre ce job. Mais force est de constater que ma vie personnelle n'existe plus. Ce n'est pas sain, mais c'est comme ça. Même la nuit je refais le procès de la veille, je revois mes confrontations quand je n'ai pas obtenu gain de cause... »

Avec le Premier ministre, Edouard Philippe, sur le site Les Grands Voisins, à Paris, à l’occasion du lancement du plan de développement pour la vie associative, le 9 novembre. © Stephen Caillet/Panoramic

Ménager la chèvre et le chou

Tous ceux qui l'ont approché ces six derniers mois vantent sa passion, son travail, sa méticulosité. « J'avais quelques doutes au début, mais il a désormais cerné toutes les dimensions de ce métier qui lui était inconnu : les arbitrages, les budgets, les projets de loi, les commissions... » souffle l'un de ses principaux collaborateurs. Le sexagénaire a même repris du poil de la bête depuis septembre, lui qui accusait le coup les premiers mois de sa prise de fonctions. Voilà un semestre entier qu'il est à la tête de l'un des ministères les plus transversaux de la République. Déjà l'heure d'un premier bilan. N'escomptez pas l'entendre dire qu'il est à la meilleure place pour mener à bien ses combats de toujours. À vrai dire, à l'heure actuelle, il n'en sait rien : « Pour apprécier mon efficacité, il faut me donner plus de temps. Je le ferai quand j'aurai le sentiment d'avoir mis en route, sur deux ou trois objectifs, des dynamiques irréversibles », a-t-il pris l'habitude de répéter. Et précise néanmoins : « Je n'ai pas l'impression d'être inutile, car je fais avancer un certain nombre de choses : je pose sur la table des objectifs et des sujets qui vont devenir incontournables. »
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C'est un job de frustration. C'est une responsabilité lourde, pesante, car on doit souvent prendre la moins mauvaise décision. Ce n'est pas de la concession, c'est du compromis 
Il semble en revanche déchanter sur l'étendue de ses marges de manœuvre. Probablement avait-il déjà perçu la rouille des rouages de l'État lorsqu'il était l'envoyé spécial pour la protection de la planète de François Hollande. Désormais, il la touche du doigt. « Les citoyens doivent se rendre compte que les hommes de pouvoir n'en ont en réalité pas tant que ça, relativise-t-il. La volonté se heurte à une forme d'inertie. Parfois, je me dis que je suis censé être au poste de pilotage d'un énorme paquebot. Mais, dès que je dois ralentir, accélérer, incliner le cap, je me demande : Mais comment je peux faire ? » Là où le directeur d'ONG milite en ligne droite, de toutes ses forces, le ministre doit trouver chaque jour des centaines d'entre-deux. Chercher sans cesse à allier les souffrances du court terme avec les exigences du long terme. Ménager la chèvre et le chou, les anti-glyphosate et les agriculteurs, les protecteurs du loup et les éleveurs... La liste est longue. « C'est un job de frustration, s'épanche le néoministre. C'est une responsabilité lourde, pesante, car on doit souvent prendre la moins mauvaise décision. Ce n'est pas de la concession, c'est du compromis. »

Dans les jardins de la Fondation GoodPlanet, à Paris, à l’occasion d’une journée consacrée au climat, le 25 juin. © BESTIMAGE / Pierre Perusseau / Bestimage BESTIMAGE / Pierre Perusseau / Bestimage

Et si Nicolas Hulot n'était pas numéro trois du gouvernement, affublé du pompeux statut de ministre d'État... Lorsque Emmanuel Macron lui a proposé le maroquin, le deal était pourtant clair : « être ministre ne fait pas partie de mes fantasmes. Si j'entre, c'est pour faire, pas pour subir », lui aurait répondu l'ex-animateur d'« Ushuaïa Nature ». Sa feuille de route à l'Écologie devait être le calque sur lequel les autres ministères dessineraient la leur. Reste que les relations entre les portefeuilles sont inévitablement une question de rapport de forces. Ne le savait-il pas ? Avec l'actuel ministre de l'Agriculture, peu connu pour sa main verte, c'est encore plus vrai. « Il y a beaucoup d'électricité avec Stéphane Travert », laisse échapper un membre du gouvernement. En juin, chez Jean-Jacques Bourdin, Travert se dit favorable au retour des pesticides néonicotinoïdes – « tueurs d'abeilles » – et jure que c'est au seul Premier ministre d'arbitrer. En coulisse, Hulot s'emporte et clôt directement le sujet avec le président de la République. « J'ai dit en prenant ce ministère que j'étais le représentant du temps long, et le ministre de l'Agriculture actuel doit répondre aux souffrances immédiates des agriculteurs. Évidemment, parfois, les grilles de lecture semblent incompatibles. On doit donc faire en sorte de les rendre compatibles... », élude-t-il avant de nous exposer sa philosophie : « Il y a la confrontation en permanence des souffrances du court terme avec les exigences du long terme, que je dois évidemment prendre en compte. » Jusque là, face à Stéphane Travert, Hulot a le point.

Prise de guerre

Mais qu'il est difficile de tracer sa route lorsque l'on n'est pas du sérail, tout Nicolas Hulot que l'on soit, sans réels soutiens politiques préconstruits ! « C'est le meilleur à ce poste, c'est incontestable, mais il doit comprendre que pour réussir il a besoin de relais à l'Assemblée et au Sénat », glisse son camarade Christophe Madrolle, secrétaire général de l'UDE (Union des démocrates et des écologistes). Qu'importe si les parlementaires de La République en marche applaudissent comme un seul homme quand il descend de l'Hémicycle pour défendre ses textes, qu'importe ces quelques-uns qui ont signé, en octobre dans Le Monde, une tribune contre le glyphosate, pilotée depuis l'Élysée « pour le rassurer ». Hulot l'admet : « Je n'ai pas un groupe sur lequel m'appuyer. » Pour cet homme associatif devenu homme politique, le mélange des genres au gouvernement n'est pas simple à digérer : « J'ai parfois un sentiment d'isolement, confesse-t-il. Déjà parce que mon parcours lui-même m'isole un peu. Je me rends bien compte que je suis simplement nourri d'expériences et de convictions que d'autres n'ont pas partagées. Je le sens. Et c'est long et difficile pour moi de faire partager des convictions qui me semblent naturelles. C'est un défi de tous les jours. »
Heureusement, Hulot peut compter sur le soutien et l'estime que lui porte Emmanuel Macron, qui a en partie lié son destin à son diamant brut. Ils s'apprécient, se font confiance, c'est là leur intérêt. « Nicolas Hulot, c'est la véritable prise de guerre. Tous les deux le savent », juge un ministre. « Nicolas est conscient de sa cote de popularité qui, six mois plus tard, ne flanche toujours pas. C'est une chance dont n'importe quel ministre rêve. De son côté, Macron ne peut pas éluder que si Hulot s'en allait, c'est la sienne qui dégringolerait », analyse quant à lui un tout proche du Breton d'adoption. Il y a aussi ces « lignes rouges » qu'il s'est fixées, dont il parle régulièrement et qu'il prend bien soin de ne pas révéler. Macron les franchira-t-il ? Et puis, quelles sont-elles ? Rares sont ceux dans la confidence. Un ministre se risque malgré tout au jeu des prémonitions : « Emmanuel Macron sait parfaitement que faire l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, c'est perdre Hulot. » Lui préfère rester évasif, emmitouflé dans un style passif-agressif : « C'est ma première et dernière expérience politique. Elle ne me changera pas. Et si certaines choses m'amènent à me renier sur des sujets essentiels, j'aviserai... Je n'en suis pas là pour l'instant. »
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L'écologie politique des "empêcheurs de tourner en rond" utopiques ne marche pas en FRANCE et s’est fait rouler une fois de plus dans la farine par nos dirigeants de tous bords qui s'en servent pour les élections diverses et après les jettent ou les oublient en leur donnant des postes de ministres souvent inutiles dont ils écoutent peu les idées fumeuses !

L'écologie n'est pas encore une priorité malgré « les cops » dont les N° qui s’égrènent et les beaux discours qui vont avec pour se donner bonne conscience sans d’effets probants au niveau mondial qui n’arrive pas vraiment à s’entendre !

C’est dommage pour N.HULOT l’ex vedette télévisuelle qui y croyait avec son aura populaire,  et n’a rien apporté de nouveau, à part pondre des taxes, car il n’a pas été aidé, mais il s’est fait avoir comme les autres avant lui a la différence des anciens, ceux d’avant qui eux ne se faisaient pas d’illusions, mais étaient contents d’avoir décrochés un poste de ministre (ou comme par exemple parmi d’autres V.PLACE l’éphémère inutile qui a bien profité de la politique française !)


Jdeclef 16/11/2017 07h45

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