lundi 6 novembre 2017

La laïcité rigide et bornée n'est pas une bonne solution pour calmer les esprits !

Ploërmel : une croix sur la laïcité

Autorisation du burkini, de certaines crèches de Noël, interdiction de croix... La laïcité française dans l'espace public est-elle "à géométrie variable" ?


Faut-il prévoir des menus sans porc à la cantine, autoriser les burkinis sur les plages, interdire les crèches de Noël dans les mairies ? À ces questions qui ont déchaîné les passions s'ajoute maintenant celle des croix dans l'espace public. Depuis des années, la Fédération morbihannaise de la libre pensée demande au maire de Ploërmel, une commune bretonne de moins de 10 000 habitants, de retirer l'immense croix qui surplombe une statue de Jean-Paul II sur l'une des places de la ville, l'œuvre monumentale atteignant quelque 7,5 m de hauteur, socle non compris.
En avril 2015, le litige arrive devant le tribunal administratif de Rennes, pour qui les dimensions et la disposition de la structure font qu'elle revêt un caractère ostentatoire certain. Il demande donc le retrait de la statue. Mais le jugement est annulé quelques mois plus tard par la cour administrative d'appel de Nantes qui considère, en décembre 2015, que les plaignants s'y sont pris trop tard. La commune a en effet accepté le don de la statue, œuvre de l'artiste russe Zourab Tsereteli, par une délibération prise… en 2006. « Or, cette délibération, qui n'avait pas été contestée dans le délai de deux mois suivant sa publication, était devenue définitive et ne pouvait donc plus être contestée », écrit sur son blog la professeur de droit public à la Sorbonne Roseline Letteron.
Un motif permettant aux juges de ne pas avoir à se prononcer sur le fond d'une « affaire embarrassante », ajoute, avec malice, Roseline Letteron. C'était compter sans le Conseil d'État… En effet, ce dernier, le 28 octobre 2017, a considéré que la délibération prise par la commune de Ploërmel en 2006 ne visait qu'à accepter le don de la statue de Jean-Paul II ; et qu'à aucun moment le maire n'avait évoqué publiquement l'installation d'une arche et d'une croix. Ce faisant, le Conseil d'État a considéré que la croix surplombant la structure était bel et bien contraire à la loi de 1905, laquelle interdit d'ériger des signes religieux dans l'espace public.

Aristide Briand avait tout prévu

Nulle surprise ici : le Conseil d'État s'inscrit dans une vieille tradition française. Quand Aristide Briand, en 1905, explique les termes de la loi de séparation de l'Église et de l'État, dont il est le rapporteur, il insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas de « brimer la religion, mais d'empêcher, autant que faire se peut, son exploitation cléricale, son instrumentalisation politique », explique Jean Baubérot, professeur émérite de la chaire « Histoire et sociologie de la laïcité » à l'École pratique des hautes études. Aristide Briand précise ainsi qu'un habitant peut décorer sa maison comme il l'entend, même si celle-ci a une façade sur la rue, ou peut dresser un calvaire dans son jardin. Cela ne pose pas de problème particulier.
Et Jean Baubérot, dans son billet de blog intitulé « La Laïcité, la croix et la bannière », d'attirer l'attention de son lecteur sur une question posée il y a plus d'un siècle lors des débats parlementaires par le député Édouard Aynard : sera-t-il possible, à l'avenir, d'ériger « sur les places publiques […] des statues d'hommes religieux ? » interroge l'élu. Ce à quoi Briand répond : « On peut honorer un grand homme, même s'il est devenu saint, sans glorifier spécialement la partie de son existence qui l'a désigné à la béatification de l'Église. » En clair, dans le cas de Ploërmel : le pape, oui ; la croix, non ! C'est justement parce que la laïcité est « conciliante » et « très large d'esprit » que cette statue peut être tolérée sur une place publique de la commune bretonne, note Baubérot.

La confusion de #MontreTaCroix sur Twitter

Dans son arrêt du 28 octobre 2017, le Conseil d'État fait déjà une application large de l'esprit de la loi et considère que ce sont les dimensions de la croix de Ploërmel qui la rendent illégale. « Dans le cas présent, l'immensité de la croix reflète à la fois la revendication d'une opinion religieuse, d'ailleurs largement assumée par l'élu, ainsi qu'une volonté de prosélytisme », explique Roseline Letteron. Le Conseil d'État ne prend cependant aucune injonction de destruction, ce qui rend les choses, en pratique, extrêmement compliquées : « Le Conseil d'État aurait pu apprécier l'ensemble de l'œuvre monumentale et considérer que le défunt pape, ainsi surmonté d'une arche et d'une croix, était davantage considéré comme un chef religieux que comme un leader d'opinion », remarque la juriste.
Comment, dès lors, distinguer ce qui est licite de ce qui ne l'est pas ? À partir de quel moment les autorités peuvent-elles ordonner le retrait d'un symbole religieux installé dans l'espace public ? Depuis l'arrêt du Conseil d'État, des centaines d'internautes et plusieurs politiques publient sur les réseaux sociaux des photos de croix dans leur ville sous le hashtag #MontreTaCroix, comme si ces dernières étaient menacées. Mais ils sont nombreux (à l'instar d'Isabelle Balkany, de Roger Karoutchi ou encore de Gilles Pennelle) à tout confondre.
Lire aussi Croix de Ploërmel : les internautes se mobilisent
La loi de 1905 de séparation de l'Église et de l'État, sur laquelle s'appuie le Conseil d'État, ne vise que les espaces publics, « à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires ainsi que des musées ou expositions ». Il est évident que les croix au-dessus des églises, dans les cimetières ou dans certains lieux publics construits avant 1905 (comme le Panthéon, un cas retweeté plus de 600 fois) ne sont pas concernées.

Les crèches de Noël « décoratives »

En juillet 2017, le Conseil d'État a ainsi considéré que la croix ornant le portail d'entrée du cimetière de Prinçay, une commune viennoise, n'était pas contraire au principe de laïcité. Mais quid de ces milliers de croix et calvaires installés dans l'espace public et le long des sentiers de France après 1905 ? Cette épineuse question impose un petit retour en arrière. Avant que le pouvoir public ne légifère en 2004 pour interdire le port de signes religieux dans les établissements scolaires, le Conseil d'État considérait depuis 1989 que les symboles religieux n'étaient illicites que s'ils portaient atteinte à l'ordre public ou témoignaient d'une volonté de prosélytisme, rappelle Roseline Letteron. Sans plus de détails.
Trente ans plus tard, dans ses arrêts de 2016 sur les crèches de Noël installées dans des mairies, la plus haute juridiction administrative a de nouveau cherché à ménager la chèvre et le chou. Elle a estimé que les crèches pouvaient être un simple élément de décoration à l'approche des fêtes et que, pour être légales, elles devaient revêtir un « caractère culturel, artistique ou festif, sans exprimer la reconnaissance d'un culte ou marquer une préférence religieuse ». Par exemple : une petite crèche installée dans le hall d'un hôtel de ville, qui ne porterait aucune mention des horaires de la messe ou du catéchisme, n'est pas contraire à la loi.

Pas de « troubles à l'ordre public » pour le burkini

Le Conseil d'État examine donc « les conditions particulières » de l'installation de la crèche et se refuse à raisonner en termes de « prosélytisme religieux », un critère qui aurait pourtant le mérite de la simplicité. À l'été 2016, quand on lui a demandé de statuer sur le cas du burkini sur les plages, le Conseil d'État a de nouveau raisonné en termes de « troubles à l'ordre public » pour autoriser le port de ces vêtements religieux, estimant qu'il n'y avait pas dans ce cas de « risques avérés ».
En réalité, si le pouvoir politique refuse de légiférer et si le Conseil d'État renonce à développer une jurisprudence claire sur l'absence ou non de prosélytisme d'un emblème religieux, c'est certainement pour se garder une marge de manœuvre au cas par cas. « De toute évidence, le Conseil d'État ne pouvait interdire totalement les crèches sans être accusé par certains de mieux traiter les musulmans [avec l'affaire du burkini, NDLR] que les catholiques, constate Roseline Letteron. À l'inverse, il n'a pas voulu les autoriser totalement, peut-être pour ne pas apparaître comme le protecteur de la culture catholique au détriment des autres... »

Un problème politique

La question est plus que jamais d'actualité, à une époque où certains considèrent l'islam politique comme un danger, à l'instar de Jean-Louis Bianco, le président de l'Observatoire de la laïcité, dans une interview à  Ouest France. Et que de nombreux hommes politiques, comme Manuel Valls, reprochent à leurs adversaires de se montrer trop laxistes avec les communautarismes ou d'avoir une laïcité « à géométrie variable ».
Pour l'avocat Régis de Castelnau, qui publie régulièrement des chroniques sur le site d'actualité Causeur (que l'on ne peut pas soupçonner d'islamo-gauchisme) et sur un blog, « la mobilisation autour de l'affaire de Ploërmel l'est pour une mauvaise cause ». « En ces temps difficiles où le combat pour la laïcité, qui concerne d'abord l'islam intégriste, n'est pas facile à mener, pourquoi créer des précédents et réclamer ainsi pour les chrétiens des accommodements raisonnables en essayant de contourner la loi ? […] C'est justement en étant rigoureux sur les principes, et en étant cohérents, que l'on pourra mener ces indispensables combats dont l'outil est justement la loi de 1905. En ne confondant pas l'exigence républicaine avec une guerre des religions. »
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L'exemple de modifier par la suppression de la croix chrétienne sur ce monument honorant un ancien pape dans une région comme la Bretagne très catholique dans notre histoire française est une erreur !

Car nous sommes en France pays de religion chrétienne de par sa culture et son histoire depuis plus de 2000 ans que l’on ne peut effacer par des jugements administratifs obtus !

Tout comme des événements festifs ou des coutumes jusqu’à des nourritures interdites ou tenues particulières pour les femmes et non-respect de celles-ci par d’autres religions extrémistes et obscurantistes dans notre vie courante !

Inutile dans faire le détail et les citer, elles sont de plus en plus nombreuses et érodent nos libertés insidieusement et çà c’est préoccupant !

Ou alors, soyons logique et de bon sens pour une fois pour toutes religions, même s’il faut tout interdire strictement tout acte à consonance religieux sans dérogation que nous subissons déjà dans notre pays par d’autres religions venues d’ailleurs depuis des décennies !

Car c’est la liberté de chacun de croire ou ne pas croire à ces mystiques et dogmes religieux  qui mène le monde en divisant les hommes qui en arrivent à s’entretuer pour elles, jusqu’à ce servir du terrorisme pour justifier leurs actes !

Il faut absolument mettre fin à ses attaques de nos libertés coutumières et nos dirigeants doivent agir, car ces incidents se produisent insidieusement de plus en plus!


Jdeclef 06/11/2017 06h54 LP

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