L'affaire qui empoisonne Anne Hidalgo
La maire de Paris a-t-elle bénéficié d'un emploi fictif
entre 2001 et 2003 ? L'intéressée le dément formellement et
dénonce une campagne de diffamation.
« Elle ne participait jamais aux réunions de travail, elle n'avait même pas de bureau. Les seules fois où on la croisait, c'est lorsque le club de Martine Aubry, Réformer, organisait une réunion ou un dîner dans les locaux du ministère, avec Benoît Hamon et François Lamy », affirme un ancien collègue d'Anne Hidalgo, cité par Capital. Philippe Eliakim écrit qu'un autre conseiller de Marylise Lebranchu à l'époque lui aurait confirmé l'information, confiant avoir « à peine croisé » la future maire de Paris, Place Vendôme : « Très vite, au début 2001, on a laissé carte blanche à Anne Hidalgo pour mener sa campagne municipale à Paris. [...] Lorsque, au mois de mars 2001, elle a été élue et est devenue première adjointe, elle a quitté définitivement le cabinet », rapporte Capital dans un deuxième article, paru le 13 novembre.
Coup de théâtre : le jour même de la publication de ce témoignage, le conseiller cité dément formellement avoir tenu de tels propos. Mais le journaliste maintient ses informations, arguant du fait que l'entretien a été enregistré. Parole contre parole... La justice aura à démêler prochainement cette affaire. Anne Hidalgo a, en effet, porté plainte contre le journal. Le Point revient sur les tenants et les aboutissants de ce dossier complexe.
De
l'Inspection du travail au cabinet Lebranchu
Inspectrice
du travail depuis 1982, Anne Hidalgo a grimpé les échelons au sein de son
administration jusqu'à devenir directrice du travail à la fin des années 90.
Membre de la délégation à la formation professionnelle au ministère du Travail
à partir de 1993, chargée de mission au Bureau international du travail à
Genève entre 1995 et 1996, puis auprès du directeur des ressources
humaines de la Compagnie générale des eaux (devenue Veolia), la future maire de
Paris, adhérente au Parti socialiste depuis 1994, intègre successivement
plusieurs cabinets ministériels du gouvernement Jospin entre 1997 à
2002. Elle travaille d'abord pour Martine Aubry, ministre de l'Emploi, puis
pour Nicole Péry, secrétaire d'État aux Droits des femmes et à la Formation
professionnelle.En novembre 2000, Anne Hidalgo est « mise à disposition » du cabinet de Marylise Lebranchu, ministre de la Justice, comme conseillère technique puis comme chargée de mission. Elle continue à cette date à être payée par le ministère du Travail. Rémunération : 3 040 euros par mois, plus des primes, selon Capital. Une information confirmée, le 8 novembre dernier, par Le Canard enchaîné. Sous la plume d'Hervé Martin, le Palmipède affirme qu'« Anne Hidalgo a, pendant près d'un an et demi [...], continué de percevoir l'intégralité de son traitement de directrice du travail, alors qu'elle n'assurait qu'une partie minime de cette fonction au sein du cabinet de la ministre de la Justice ».
Une
mise à disposition conforme aux usages
Élue
en mars 2001 à la Mairie de Paris sur la liste de Bertrand Delanoë,
Anne Hidalgo est immédiatement nommée première adjointe. Elle continue à se
faire payer par son administration d'origine, le ministère du Travail où, selon
un proche, elle a conservé « une activité à mi-temps ». Compte tenu
de la poursuite de cette activité professionnelle, parallèlement à ses
fonctions d'élue, Bertrand Delanoë ne lui confie que deux délégations : le
suivi du dossier « égalité femmes-hommes » et la mise en place du
bureau des temps.Selon plusieurs sources proches du dossier, la rémunération totale d'Anne Hidalgo avoisine les 8 000 euros brut par mois, de l'ordre de 6 424 euros net, à partir d'octobre 2002, du fait de son avancement dans la grille salariale de son ministère en raison de son ancienneté et des primes de cabinet (autour de 3 200 euros). « Un montant qui peut apparaître élevé au regard des standards salariaux qui ont cours dans l'administration, mais qui se justifie quand on sait que cela implique une disponibilité totale, soirs et week-ends compris », évoque un conseiller ministériel du gouvernement d'Édouard Philippe.
L'entourage d'Anne Hidalgo assure qu'elle adresse alors un courrier officiel au contrôleur financier de son ministère pour que son traitement soit revu à la baisse. Une source assure, sous le couvert de l'anonymat, que c'est le contrôleur financier du ministère qui s'y serait opposé par écrit. Ce courrier figurerait, à l'en croire, dans le dossier transmis à la justice. Le Point a contacté Jean-Pierre Mignard, l'avocat d'Anne Hidalgo, pour avoir confirmation de cette information et, éventuellement, communication de ces documents. À l'heure où sont écrites ces lignes, l'avocat n'a pas donné suite à notre demande.
Pour preuve de sa bonne foi, l'entourage de la maire souligne que ses primes de cabinet ont été divisées par deux (passant à 1 600 euros par mois) à cette période, ce qui confirmerait qu'elle a signalé au ministère la Justice son incapacité de poursuivre son travail à temps plein en tant que conseillère ministérielle. Mais son traitement de base, celui qui provient du ministère du Travail, reste, lui, inchangé.
Une
situation qui s'éternise
De
mars à octobre 2001, Anne Hidalgo va continuer d'être payée par son
ministère. « Un emploi fictif », selon Capital. « Une situation banale quand on sait que de
nombreux élus continuent de travailler en parallèle de leur mandat »,
rétorque une source proche du dossier. Laquelle cite deux exemples : deux
élus Les Républicains au Conseil de Paris qui se sont trouvés dans la même
situation qu'Anne Hidalgo.À l'automne, l'élue socialiste part en congé maternité. Pour son troisième enfant, elle bénéficie d'un arrêt de six mois. « À 42 ans, sa grossesse étant considérée comme à risque, elle est contrainte d'arrêter son travail un mois avant la date de congé légal », croit savoir un proche. Elle ne reprendra son poste qu'en avril 2002. Le temps pour elle de faire ses cartons, car, balayé un certain 21 avril, Lionel Jospin se retire de la vie politique. « Les conseillers ministériels du gouvernement socialiste sont alors retournés à leur vie d'avant », résume l'un des membres de cabinet de l'époque.
Le
coup de tonnerre du 21 avril
Anne
Hidalgo regagne la direction régionale du travail d'Île-de-France. On lui
propose d'intégrer la Direction de l'animation de la recherche, des études et
des statistiques (Dares), rattachée au ministère du Travail. Elle accepte,
envisageant d'y consacrer un jour par semaine. Ce département n'est pas réputé
pour exiger de ses membres un travail harassant. L'été passe. L'élue se ravise.
En août, elle écrit à sa tutelle pour décliner finalement l'offre qui lui a été
faite et demander un « détachement sans solde ».Il faudra huit mois à l'administration pour acter ce changement de statut. Le 20 janvier 2003, un arrêté ministériel place officiellement l'élue en position de détachement « avec cessation du paiement de sa rémunération ». Cette modification de son statut étant faite à titre rétroactif, Anne Hidalgo doit restituer les sommes perçues depuis le mois d'août 2002 (date à laquelle elle indiquait se consacrer à temps plein à son mandat à la Mairie de Paris), soit 21 659,05 euros hors primes. En détachement depuis janvier 2003, Anne Hidalgo a été mise « en retraite » le 1er juillet 2011.
Les
questions en suspens
Anne
Hidalgo a-t-elle été absente du cabinet Lebranchu pendant la campagne
municipale de 2001 ? Le directeur de cabinet de l'époque, Christophe
Devys, aujourd'hui directeur régional de santé d'Île-de-France, assure que non.
« Jusqu'à son élection en mars 2001 et sa nomination comme
première adjointe du maire de Paris, elle a exercé sa mission à plein temps, ce
qui signifie, en cabinet, un volume d'heures particulièrement important. [...]
Malgré son entrée en campagne électorale pour les élections municipales à
Paris, son engagement est resté entier. Je me rappelle avoir même été
impressionné par sa capacité à concilier cette campagne et ses fonctions au
cabinet », écrit-il dans une lettre publiée par le site de L'Obs. Ce témoignage suffira-t-il à éteindre la polémique ? Pas sûr. D'autres documents semblent indiquer que l'actuel édile de la capitale n'a pas brillé, sur toute la période, par son assiduité. « Au début de 2001, nous avons découvert avec stupéfaction que le nom d'Anne Hidalgo figurait toujours sur la liste des votants aux élections professionnelles. Cela signifiait qu'elle continuait d'être payée alors qu'elle ne faisait plus rien », affirme Yves Sinigaglia, l'un des responsables du syndicat SUD, cité par Capital. Le Point a contacté l'intéressé. Mais il n'a pas encore répondu à nos questions.
Par ailleurs, Capital a publié, le 16 novembre, un nouveau témoignage : celui de Jean-Pierre Morelle, présenté comme « le contrôleur financier du ministère du Travail » entre 1997 et 2006. Or, l'intéressé dément avoir « été saisi d'une demande de passage à mi-temps émanant d'[Anne Hidalgo] ». Du côté de la maire, on rétropédale. On explique désormais que ce n'est pas au contrôleur financier, mais au directeur de l'administration générale et de la modernisation des services que l'élue a écrit à l'été 2001.
La
défense de l'intéressée
« Cette
affaire a été créée de toutes pièces au moment des dernières élections
municipales », martèle-t-on dans les rangs de l'élue socialiste.
« Ce n'est pas parce qu'on ne la voyait pas beaucoup, Place Vendôme,
qu'elle ne travaillait pas », ajoute, pour la défendre, un ancien
collègue au ministère de la Justice. « Les locaux du ministère de la
Justice sont vastes et les conseillers travaillent dans des bureaux éloignés les
uns des autres », affirme un autre.Il sera probablement bien difficile de vérifier, 16 ans après les faits, l'emploi du temps d'Anne Hidalgo à l'époque. Anne Hidalgo dénonce une campagne de calomnie. La maire de Paris indiquait vouloir répliquer sur le terrain judiciaire, dès le 25 octobre. Elle a saisi les tribunaux, le mardi 7 novembre.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
N'oublions
pas qu'elle fait partie de cette ancienne classe politique PS de gauche qui a
été vilipendé par une majorité de français comme F.HOLLANDE par exemple et bien
d’autres politiciens de renom usés de tous bords lors des dernières élections !
Elle
est encore présente, elle a échappé à cette purge, car n’a pas affronté les électeurs
en tant que maire parce que ce n’est pas encore le moment de (sa possible
réélection) qu’elle espère et peut être plus encore, car ne manquant d’ambition !
Car
sa gestion hasardeuse de la capitale fait polémique, c’est le moins que l’on
puisse dire ?!
Jdeclef
17/11/2017 10h57 LP
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire