Algérie, le pays où le temps s'est arrêté
Économie exsangue, situation politique bloquée, société
civile entravée... le pays est suspendu à l'état de santé d'Abdelaziz
Bouteflika.
Les
magnifiques tapis persans et berbères étouffent les bruits des pas du personnel
du palais présidentiel sur les hauteurs d'Alger. Conseillers, membres de
l'état-major de la coordination des services de sécurité, gardes du corps en
costume, équipés d'une oreillette, et soldats en uniforme d'apparat
blanc-vert-rouge de la garde républicaine : ce petit monde coexiste dans
cet édifice néomauresque décoré de quelques magnifiques tableaux de maître...
dont le bureau présidentiel est quasi dépourvu. Le chef de l'État l'a
pratiquement abandonné depuis son installation dans la résidence médicalisée
hypersécurisée de Zéralda, sur la côte ouest, loin de l'effervescence d'Alger
et de l'ambiance feutrée du palais mauresque.Dans les couloirs d'El Mouradia, du nom de la commune où siège la présidence, les hauts cadres de l'État vaquent, dans un contexte exceptionnel : le président Abdelaziz Bouteflika, 80 ans, gouverne de loin. « On s'habitue, on s'adapte, on a créé de nouveaux canaux de communication », se contente de commenter, avec un haussement d'épaules, un membre du staff présidentiel désabusé. Ces jours-ci, pourtant, beaucoup sont fébriles. Il faut organiser la visite officielle que doit effectuer Emmanuel Macron le 6 décembre en Algérie. Une visite suivie par une rencontre des ministres des deux pays le lendemain à Paris.
Un palais sans maître, un pays qui n'a pas entendu son président parler de vive voix depuis cinq ans, un chef d'État malade qui n'apparaît que très rarement sur son fauteuil roulant... L'Algérie a, semble-t-il, fini par s'habituer à cet état de fait inédit depuis l'hospitalisation, en 2013, d'Abdelaziz Bouteflika au Val-de-Grâce, puis sa convalescence aux Invalides, à Paris. Quatre-vingts jours en tout. « Sa santé s'améliore de jour en jour, avait assuré le Premier ministre de l'époque, Abdelmalek Sellal. La maladie du président Bouteflika ne sera bientôt plus qu'un mauvais souvenir. » Peu ont été rassurés, car, rentré au pays, Bouteflika s'isole à Zéralda.
Une
illusion qui fonctionne de moins en moins
Les
Algériens ont peut-être accepté ce fatalisme, cette sorte de résilience nourrie
par le discours officiel, qui relativise l'absence du chef de l'État et son
état de santé. On se souviendra aussi de l'apport de certains invités étrangers
de haut rang à Zéralda, comme François Hollande, qui,
après une rencontre avec son homologue algérien, a remis un mot peu usité à la
mode en déclarant aux médias qu'il était « rare de rencontrer un chef
d'État avec cette alacrité ». Les officiels usent aussi du chantage à la
peur de la déstabilisation, du scénario libyen et syrien. « Dieu merci, on
se retrouve aujourd'hui dans la paix et la sérénité. On salue le peuple et le
dirigeant du pays, le moudjahid Abdelaziz Bouteflika, que Dieu lui prête longue
vie », déclarait il y a quelques jours le Premier ministre, Ahmed Ouyahia.
Sous-entendu : un président absent et malade vaut mieux qu'une guerre
civile.
Adlène Meddi. Ecrivain, journaliste.
Auteur, avec Mélanie Matarese, de « Jours tranquilles
à Alger » (Riveneuve) et « 1994 » (éditions Barzakh). © Sidali
DJENIDI/REA pour "Le Point"
Mais l'illusion fonctionne de moins en moins et l'approche de la fin du quatrième mandat de Bouteflika, en avril 2019, remet la question sur la table. Pis, face à l'incertitude, la rumeur sur la reconduction de Bouteflika, une sorte de mandat à vie, est relancée par son propre camp en la personne du secrétaire général du FLN, le « docteur » Djamel Ould Abbès, qui assurait, il y a quelques mois, que le chef de l'État (et président de l'ex-parti unique) allait bientôt « retrouver l'usage de ses jambes » ! Médias, opposition et chancelleries rabattent informateurs et hommes du sérail pour essayer d'en savoir plus. Récemment, trois personnalités des plus respectables – le président de la Ligue des droits de l'homme, Ali Yahia Abdenour, l'ex-général opposant Rachid Benyelles et l'ex-ministre et ami de l'ancien président Houari Boumediène Ahmed Taleb Ibrahimi – sont sorties de leur réserve pour s'alerter dans une lettre ouverte : « Au-delà des conditions particulières dans lesquelles il avait été porté au pouvoir en 1999, ou des ajustements successifs de la Constitution pour en faire un document assurant une présidence à vie, le chef de l'État actuel, très lourdement handicapé, notamment depuis sa deuxième hospitalisation à l'étranger, en mai 2013, n'est manifestement plus en mesure de continuer à diriger le pays. » Un mois auparavant, universitaires et journalistes appelaient à une présidentielle anticipée : « Le processus de déliquescence de l'État algérien est bien avancé. À l'évidence, le président n'exerce plus ses fonctions constitutionnelles de manière effective, soutenue et transparente. Il n'est plus en mesure de recevoir dignement ses homologues étrangers et il n'effectue plus de voyages officiels hors du pays. »
L'opposant Ali Benflis, candidat malheureux à la présidentielle en 2004 et en 2014, ex-chef du gouvernement sous Bouteflika, ne cesse, lui, d'alerter sur la « vacance du pouvoir » qui rend encore plus opaque la gouvernance. Mais qu'importent les appels ou les tribunes chargées d'inquiétudes sur l'état de l'Algérie. Selon le président de l'Organisation nationale des zaouïas (confréries religieuses traditionnelles), Abdelkader Bassine, « tant que le président est présent et exerce normalement ses fonctions, penser à un autre [président] que Bouteflika est haram [illicite] ». Ne manquait donc plus qu'une fatwa pour signifier que le débat est clos. Mais ces déclarations semblent insuffisantes puisque, dans un message présidentiel à l'occasion de la célébration du 1er novembre 1954, date du déclenchement de la révolution algérienne, Bouteflika écrit : « L'ère des périodes de transition est révolue en Algérie, le pouvoir se conquiert désormais, aux échéances prévues par la Constitution, auprès du peuple souverain. » Et de rappeler que l'armée, à laquelle certains opposants font appel pour « sauver la république », n'a rien à faire dans le giron politique.
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Du
fait de cette guerre dont les peuples des deux pays ont souffert et pour obtenir cette indépendance
et auto détermination de ce pays africain du nord, ex département français qui
a eu plus de mal à se prendre vraiment en charge, comme les autres colonies africaines
ou protectorat comme la TUNISIE ou le
MAROC de ce Maghreb qui n’avaient pas eu les mêmes problèmes et qui ont de
meilleures relations avec la France !
Alors
Le jour ou BOUTEFLIKA disparaîtra malgré son régime totalitaire qui tient tant bien que mal son pays
donc les algériens eux-mêmes ont peur du futur, car non jamais put prendre leur
destin en main de leur pays qui n’est pas pauvre économiquement du fait de ses ressources
pétrolières et gazières…
Ce qui est dommage et éviterait peut être une
immigration importante vers la France de leurs ressortissants !
Jdeclef 17/11/2017 13h38
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