mardi 26 mai 2020

La manie d'utiliser des mots que les français lambda doivent décoder pour les comprendre, utilisé par les médias ressemble à de la masturbation intellectuelle :


Les « 4 frugaux » peuvent-ils résister au (faux) tandem Merkel-Macron ?

ANALYSE. Autriche, Pays-Bas, Suède et Danemark s'opposent au plan de relance franco-allemand. Un match perdu d'avance ? La Commission cherche le compromis.


En février, quatre pays dits « frugaux », Autriche, Pays-Bas, Suède et Danemark, avaient bloqué la première négociation sur le budget européen de long terme en campant sur des positions minimales : un budget européen bloqué à 1 % du PIB européen et le maintien de leur rabais. L'unanimité est requise en matière budgétaire donc, sur le papier, le plus petit État peut tout faire capoter.
Trois mois plus tard, le monde a changé : un virus a ravagé les économies les plus florissantes ; les Allemands se sont convertis à l'endettement commun au niveau européen et à plus de solidarité ; les peuples européens ont pris conscience de leur dépendance à l'Asie en termes de médicaments et de protection médicale ; les fleurons industriels du continent sont à la merci de rachat par des puissances étrangères qui se rétabliraient plus vite. Il y a péril en la demeure. D'où l'idée d'un fonds de relance ou fonds d'urgence pour redémarrer au plus vite l'économie européenne.
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Cependant, si le monde a basculé, les quatre frugaux campent sur un certain nombre de points intangibles. Ils ont fait connaître leurs propositions avant que la Commission ne dévoile, mercredi, sa proposition budgétaire. Pas question pour le Néerlandais Mark Rutte, l'Autrichien Sebastian Kurz, la Danoise Mette Fredriksen et le Suédois Stefan Lovfen d'adhérer au plan de relance de 500 milliards d'aides directes (étalés sur 3 ans) proposé par la France et l'Allemagne. Ce n'est pas une surprise : les « frugal 4 » (leur surnom en anglais) refusent le principe d'un endettement commun. Ils consentent cependant à ce que la Commission européenne puisse s'endetter pour créer un « fonds d'urgence » d'une durée de deux ans. Grâce à cet emprunt réalisé à un taux enviable, Bruxelles pourrait accorder des prêts aux États membres et non des subventions. Et encore, des prêts sous certaines conditions. Ils insistent aussi sur la nécessité de lutter contre la fraude…
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Des prêts sous conditions de réformes

La finalité des sommes prêtées doit être « orientée vers des activités qui contribuent le plus à la reprise, telles que la recherche et l'innovation, un renforcement du secteur de la santé et une transition verte ». Aucun chiffrage à ce stade. En outre, ils estiment qu'un « ferme engagement de réformes et un cadre fiscal sont essentiels pour promouvoir la croissance potentielle » et se préparer à la prochaine crise. La déclaration franco-allemande n'est pas exempte de cette idée de conditionnalité : la relance « s'appuiera sur un engagement clair par les États membres d'appliquer des politiques économiques saines et un programme de réformes ambitieux », peut-on lire dans le document publié par Emmanuel Macron et Angela Merkel. Soulignons ce point de convergence qui devrait pouvoir faciliter un compromis européen. Encore faudra-t-il que la Commission précise les termes de ce mécanisme. Il est déjà prévu que le prochain budget européen comporte un « instrument budgétaire pour la convergence et la compétitivité » (le BICC, selon l'acronyme anglais). Pour bénéficier de ce BICC, des réformes pourraient être exigées… À suivre mercredi.
Résumons-nous : les frugaux promeuvent des prêts à taux préférentiels pour les pays les plus atteints, pas de prêts sans engagement de réformes avec une veille particulière contre la fraude et des remboursements rubis sur l'ongle. À aucun moment, les 4 frugaux n'envisagent la moindre solidarité financière avec l'Espagne ou l'Italie. En vérité, la solidarité européenne existe déjà dans le budget européen à travers les fonds de cohésion qui profitent prioritairement aux régions qui nécessitent un rattrapage économique. D'ailleurs, les régions italiennes font déjà partie des principaux bénéficiaires avec la Pologne. Sauf que l'Italie, elle, est un pays contributeur net au budget européen. Rome paie plus qu'elle ne reçoit. Ce n'est pas un pays pauvre, bien au contraire ! On parle ici de la 8e puissance du monde…

Les entreprises directement aidées

Macron et Merkel entendent briser la logique du « juste retour » des négociations européennes où chacun veut recevoir autant sinon plus que le montant de sa contribution. En fait, les deux plans, le franco-allemand et celui des frugaux, ne parlent pas tout à fait de la même chose et n'envisagent pas la relance européenne sous le même angle. Chez Macron et Merkel, les aides directes ne vont pas aux États membres, mais aux régions (à travers les mécanismes des fonds de cohésion du budget européen) et aux entreprises. À aucun moment, il n'est prévu que le Trésor public italien ou espagnol perçoive de l'argent emprunté par l'Europe. Il ne s'agit pas de financer les déficits publics de la France, de l'Italie ou de l'Espagne pour ne citer que ces 3 pays. Ce sont les entreprises qui sont directement aidées par des subventions et les régions pour investir dans les infrastructures. La solidarité s'exprime dans le fait que certains États membres – les plus touchés – vont rembourser moins que ce que leurs régions et entreprises auront obtenu de l'UE.
Les frugaux s'en tiennent à des prêts. Sauf que les prêts européens figurent déjà dans un autre paquet de mesures, récemment adopté par les 27 : il s'agit des 240 milliards d'euros du MES (Mécanisme européen de stabilité) pour les dépenses de santé, les 200 milliards d'euros de prêts de la BEI (aux entreprises) et les 100 milliards d'euros du fonds SURE pour soutenir les États dans le financement du chômage partiel. Ce que proposent les frugaux doublonnent donc avec des outils budgétaires déjà existants. Il ne sert à rien de créer un MES bis…

L'Italie refuse de recourir aux prêts du MES

Pire ! L'Italie et la France ont déjà fait savoir qu'elles n'auraient pas recours aux prêts du MES pour soutenir leur système de santé… Autrement dit, le MES ne servira à rien. Et pourtant, il aura fallu une longue nuit de pénibles négociations pour se mettre d'accord sur les conditions de prêt du MES que personne ne veut utiliser… Pourquoi ? Parce que le MES est un terme toxique dans le débat italien depuis que Matteo Salvini en a fait le symbole de la soumission de l'Italie à Bruxelles. Du coup, pour esquiver l'attaque de son adversaire souverainiste, Giuseppe Conte n'en veut pas. Et la France emprunte déjà à bon marché, sans avoir besoin du MES.
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Pour sortir de cette crise, les États européens vont tous lourdement s'endetter, y compris l'Allemagne. L'idée d'un endettement par la Commission est une façon, à court terme, de ne pas grever davantage la dette publique des États membres. Cela dit, il faudra bien rembourser un jour. Dans quelques années – on parle de 2027 –, la Commission va entamer le remboursement de cet emprunt. À ce moment-là, elle fera appel aux États membres, chacun cotisera à due proportion de son poids dans le PIB européen. Donc, les Français, les Espagnols, les Italiens n'y échapperont pas.

Une taxe numérique pour aider à rembourser ?

Toutefois, l'accord franco-allemand mentionne une autre façon de rembourser : la France et l'Allemagne espèrent que d'ici là, les négociations au niveau de l'OCDE auront abouti rendant possible la « taxation équitable » des géants du numérique. Une partie du produit de cette taxe alimenterait alors le budget européen. La Commission pourrait donc compter sur cette nouvelle ressource propre pour rembourser cet emprunt en diminuant d'autant les cotisations nationales. Il existe potentiellement d'autres ressources propres dont l'Europe pourrait jouir comme la taxe carbone aux frontières, sans parler d'une possible taxe sur les transactions financières (elle est évoquée par la Pologne). Toutes ces recettes affectées à l'Union européenne faciliteraient le remboursement de cette dette commune dont les échéances pèseraient moins lourd sur les épaules des États membres.
Enfin, si l'Allemagne a consenti à des aides directes et non à des prêts, c'est qu'elle a bien compris que le redémarrage de l'Italie, de l'Espagne et de la France est essentiel à sa propre industrie. La taille économique de ces trois pays est sans commune mesure avec celle des 4 frugaux. D'abord, par la dimension des marchés : les 4 frugaux représentent 42 millions de consommateurs, le « Club Med » pèse 176 millions de consommateurs. La population du Danemark se situe, avec 5,8 millions d'habitants, au niveau de la région Occitanie en France. Il y a moins d'habitants en Suède qu'en Île-de-France.

Le « Club Med », acteur économique incontournable de l'UE

Si l'on prend le marché de l'automobile – cher aux Allemands –, le total des nouvelles immatriculations de voitures de tourisme des 4 frugaux ne parvient à égaler – tant s'en faut – celles des Italiens en 2019. Le PIB conjugué des 4 frugaux demeure inférieur à celui de la France de quelque 500 milliards de dollars. Le Club Med pèse 50 % du PIB de la zone euro.
On pourrait continuer longtemps à égrener les sujets, les 4 frugaux sont des pays performants, mais ce sont de « petits pays », de petites économies loin de suffire aux industries allemandes ou françaises. L'Italie, l'Espagne et la France sont mal administrées, mais la puissance de leur secteur privé est incomparable. Il ne faut pas confondre les deux sujets : un pays riche peut avoir des finances publiques dégradées… parce qu'il en a les moyens. Si la France, l'Italie et l'Espagne étaient gérées au cordeau, leur puissance en serait démultipliée à l'instar de l'Allemagne !

Les frugaux oseront-ils s'opposer à l'Allemagne ?

C'est ce qu'il faut souhaiter pour le bien-être de l'Europe tout entière et c'est ce que suggèrent les 4 frugaux en proposant des conditions de réformes aux prêts de la Commission européenne. C'est un aspect de la négociation à venir du budget européen qui va être très intéressant à suivre. Il est question de lier le versement des fonds de cohésion au respect de l'État de droit (en particulier en Pologne). Les frugaux défendent finalement une deuxième condition : la mise en œuvre de réformes et le sérieux budgétaire. Pourquoi pas ? Mais ils n'y parviendront que si cette exigence et le corollaire d'une vraie solidarité. Si « le chacun pour soi » demeure la règle, pourquoi l'Italie, l'Espagne ou la France accepteraient-ils de perdre la moindre once de souveraineté au profit d'autres qui leur dicteraient une politique à suivre ?
On arrive au cœur du serment européen : une communauté de destin, le partage de valeurs démocratiques et de liberté, le partage des risques (pandémie, crise économique), la protection commune de nos richesses (avec un droit de la concurrence qui s'adapte à l'offensive chinoise). Ce que l'Allemagne a accepté avec Macron, c'est de concevoir l'Europe comme un seul territoire économique. La prospérité doit y être aménagée afin que chacun y prenne part. Tous n'ont pas les mêmes facilités, les mêmes atouts et les histoires sont différentes. Les aides directes aux plus fragiles sont censées compenser ce déséquilibre. Cette solidarité, c'est le prix que l'Allemagne consent à payer pour protéger sa propre prospérité. Parviendra-t-elle à entraîner à sa suite les 4 frugaux ? Souvent, par le passé, ils l'ont suivie…
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Exemple : frugaux (plutôt frugal) car s'utilise au personnel dans le dictionnaire ?!

Ils sont surnommés en anglais les « Frugal Four », les quatre sobres ou les quatre austères. L'Autriche, les Pays-Bas, la Suède et le Danemark ...

Ou, les appeler simplement « frondeurs » car on a les mêmes dans notre monde de notre politique intérieure Française !

Donc comme d'habitude dans notre société qui s'écoute parler ferait mieux de ne pas crier victoire trop tôt, comme le couple MERKEL/MACRON car cela démontre que l’UNION EUROPEENNE n’est pas unie !

Jdeclef 26/05/2020 11h16

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