CRITIQUES DE BON SENS: Commentaires d'articles de presse sur fait de société ou politique du monde
lundi 18 mai 2020
Un bon acteur qui a marqué l'histoire du cinéma français !
Michel
Piccoli, le dernier géant du cinéma français, est mort
VIDÉO.
Colérique, sournois, terrifiant, vulnérable : il incarna à partir de 1969,
grâce à Sautet et d'autres, le premier mâle complexe de notre 7e
art.
Il était
l'accidenté le plus célèbre du cinéma français. Qui a oublié le début des Choses de la
vie ? Ces
roulés-boulés de sa voiture au ralenti qui repasseront cinq fois, dix fois, au
cours du film, à mesure que Michel Piccoli se remémore les épisodes de son
existence, écartelé entre Romy Schneider, sa maîtresse, et Léa Massari, son
épouse. Justement, que pourrait-il avoir revu défiler devant ses yeux,
l'auguste Piccoli, juste avant de tirer sa révérence à l'âge
de 94 ans ? Que pourrait-il s'être dit au moment de se
taire à jamais ? « Michel Piccoli s'est éteint le 12 mai
dans les bras de sa femme Ludivine et de ses jeunes enfants Inord et Missia,
des suites d'un accident cérébral » annonce dans un communiqué sa famille
ce lundi 18 mai. Qu'il fut
sans doute le premier « homme » du cinéma français. Comme on dit, un
homme, un vrai, appartenant à la vraie vie. Non pas une star à la Delon,
Belmondo, qui vole, court, ferraille, braque et chevauche. Non pas une gueule à
la Gabin ni une voix à la Jean Marais ni un comique à la Bourvil ou de Funès.
Piccoli n'était rien de tout cela, mais il fut sans doute bien mieux. Un quadra
de tous les jours, qui avait d'abord un métier. Architecte las de tout dans Les Choses de
la vie, flic
obsédé par le flag et manipulateur dans Max et les
ferrailleurs, médecin enrichi dans Vincent,
François, Paul et les autres, promoteur immobilier donquichottesque dans Mado… Un hasard si nous citons quatre
films de Sautet, le cinéaste qui importa la réalité, le concret, dans notre
cinéma ? Non, bien sûr. Le tournant eut lieu en 1969. Un an après 68. Nul
hasard là non plus. Les personnages qui sont d'abord ce qu'ils font, ils sont
arrivés tardivement chez nous. Avec Piccoli. La révolution Piccoli. Pourquoi
il faut absolument redécouvrir « Belle de jour », de Luis Buñuel
Un type
simple
Jusque-là,
il traînait ses rouflaquettes de séducteur vaguement cynique. Non pas le
tombeur ni le baratineur, mais le lovelace inquiétant sorti tout droit d'un Dom Juan qui l'avait révélé, un soir de
1963, à la France entière. Douze millions de téléspectateurs avaient suivi
cette dramatique de Marcel Bluwal, où il campait un héros moliéresque revisité
en solitaire suicidaire qui déclare la guerre au monde. Taciturne ou
colérique, on découvrit l'un de ces acteurs dont on se dit qu'il a le cuir dur,
difficile à manœuvrer, impénétrable et en même temps terriblement là. Gloire à
Godard de s'en être aperçu le premier en le choisissant pour Le Mépris. En face de la star Bardot, du
mythe Fritz Lang et des statues hiératiques de la villa Malaparte, il lui
fallait un type simple, prosaïque, qui puisse avec une certaine nonchalance
incarner la lâcheté quotidienne, celle d'un petit scénariste qui encourage
sa jolie femme à monter seule dans la voiture de sport du producteur.
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