Tests :
et si le déconfinement n'avait pas lieu le 11 mai ?
ENQUÊTE.
À 10 jours du déconfinement, le gouvernement n'a aucune garantie
d'être capable de réaliser 700 000 tests par semaine ni de pouvoir
traiter les informations.
Rouge, orange, vert : pour la première fois jeudi soir, la
Direction générale de la santé a dévoilé la carte épidémiologique des
départements prêts à déconfiner et ceux encore à la traîne. Mais une
information cruciale manquait, la rendant inutilisable : la disponibilité
du système local de tests et de détection des cas contacts, qui sera la clé de
la réussite du déconfinement.Lorsque l'ensemble des Français, y compris les plus vulnérables, retrouveront en même temps leur liberté d'aller et venir, il faudra être en mesure d'identifier les porteurs de virus afin de casser au plus tôt les chaînes de contamination en les isolant. En se basant sur l'hypothèse maximale de l'apparition de 3 000 nouveaux cas chaque jour, chacun susceptible d'avoir croisé 25 personnes, le conseil scientifique, qui épaule le gouvernement, a chiffré les besoins : à partir du 11 mai, a promis Édouard Philippe, « nous serons en capacité de pratiquer au moins 700 000 tests virologiques par semaine ». La France n'en a réalisé la semaine dernière que 270 000. « J'ai beaucoup de mal à croire que nous serons prêts le 11 mai », doute François Blanchecotte, président du Syndicat national des biologistes.
Et pour cause : le gouvernement a
longtemps refusé de suivre les recommandations de l'OMS en matière de tests, et
ne s’est ravisé que tardivement. Puis, il a accumulé les erreurs, au point que
personne ne connaît exactement, à ce jour, les capacités de test présentes sur
l’ensemble du territoire ! Un cabinet privé, Blain & Company,
a été missionné le 9 avril seulement pour recenser l’ensemble des
plateformes et des fournisseurs de kits réactifs mobilisables, et pour établir
une cartographie des moyens. Selon nos informations, il n’a pas encore rendu sa
copie (la Direction générale de la santé, contactée, n’a pas souhaité nous
répondre). Certains laboratoires et fabricants, pourtant opérationnels, sont
encore empêchés par des blocages administratifs. Les « brigades
mobiles » censées effectuer les prélèvements peinent à se mettre en place.
Enfin, le système informatique indispensable pour exploiter les informations…
n’est pas encore en place ! Tour d’horizon de ces manquements qui mettent
en péril la date fixée par Emmanuel Macron.
Les tests, armes de déconfinement massif
16 mars 2020 : « Testez, testez,
testez ! »
« Vous ne pouvez pas combattre un incendie les yeux
bandés », s'emporte, à la mi-mars, le directeur général de l'Organisation
mondiale de la santé (OMS), enjoignant « une fois de plus » aux pays
touchés par le coronavirus de mettre en place une politique de dépistage
systématique. Le gouvernement tarde à réagir… Et ne frappe pas aux bonnes
portes. La Direction générale de la santé, qui pilote les opérations, « ne
connaît que les hôpitaux. Son premier mouvement a été de commander de nouvelles
machines plus performantes pour ses CHU, sans même penser à solliciter les
autres laboratoires, qui en avaient déjà », décrypte un biologiste, qui
s'est mobilisé pendant des semaines pour la convaincre d'étendre ses capacités.
Les laboratoires de biologie médicale privés ne sont autorisés que le
8 mars à entrer dans la course, et les agences régionales de santé,
pendant des semaines, refusent leur concours. Les laboratoires publics
vétérinaires, qui informent dès le 15 mars les autorités de leur capacité
à réaliser entre 150 000 et 300 000 tests par semaine, comme l'a
révélé Le Point,
se heurtent à un mur, de même que les laboratoires publics de recherche. Il
faudra attendre le 5 avril (et une forte campagne de presse) pour que le
gouvernement les autorise enfin à détecter le Sars-CoV-2, sous réserve d'une
convention signée avec un laboratoire de biologie ou un CHU. Le ministre de la
Santé l'annonce en grande pompe, en même temps qu'un changement de
stratégie : la France va enfin tester.
« Un cauchemar administratif ! »
Près d'un mois plus tard pourtant, les blocages persistent.
« Le décret a été signé le 5 avril, explique Jean-Louis Hunault,
président du SIMV (Syndicat de l'industrie du médicament et
réactif vétérinaires). Puis le 15, le centre national de référence a
validé nos kits pour le Covid-19. Une quarantaine de laboratoires
départementaux ont signé des conventions, mais les agences régionales de
santé traînent à les valider. Et surtout, les fournisseurs ne peuvent
toujours pas vendre leurs kits aux labos : on attend encore l'arrêté qui
doit nous permettre de nous enregistrer auprès de l'ANSM comme entreprises de
diagnostic humain. C'est un cauchemar administratif ! »D'autres fabricants ont carrément jeté l'éponge et renoncé à vendre leurs kits pourtant parfaitement fiables. « Ça fait deux mois que je regarde ma machine, capable de donner en 1 h 30 le résultat d'un test, sans pouvoir l'utiliser. J'aurais pu couvrir la quinzaine d'Ehpad de mon secteur. Mais, aujourd'hui, j'envoie les prélèvements ailleurs, et on attend les résultats 48 heures », enrage Sébastien Ginguene, biologiste et président des laboratoires Activbiolab, en Bretagne. La raison ? « Pour ses critères techniques de remboursement, la nomenclature française a imposé des tests avec deux marqueurs ADN, alors que notre réactif, pourtant validé par le CNR, n'en a qu'un. » En France, 120 machines fonctionnent avec ce kit, que le fournisseur s'est résigné à modifier, uniquement pour le marché français. « Il devrait être disponible mi-mai, espère-t-il. Si tout va bien… »
Enquête – Les bureaucrates auront-ils notre peau ?
Si on n'arrive pas à avoir les tests et la brigade, ça ne va pas se faire le 11 mai. Est-ce que le modèle est prêt ? Non. Il n'est pas prêt.
Depuis la fin du mois de mars pourtant, le gouvernement, réalisant la façon calamiteuse dont le dossier avait été géré jusqu'à présent, a pris le taureau par les cornes en nommant une cellule dédiée, avec la mission implicite de tordre le bras aux réticences et corporatismes des puissantes ARS. La « cellule » est confiée à un normalien agrégé de philosophie, Nicolas Castoldi, directeur de cabinet de la ministre de la Recherche. Le 21 avril, la date du déconfinement approchant dangereusement, une lettre de mission le détache officiellement au centre de crise du ministère de la Santé et le charge de constituer un « groupe projet ». Et le groupe se décline en plusieurs sous-groupes, fédérant une multitude d'administrations : DGS, DGOS, DGE, Trésor, directions informatiques : l'un, dirigé par un jeune expert des politiques commerciales de la Direction générale du Trésor, Pierre Allegret, est chargé de cartographier les moyens et de trouver des fournisseurs. Un autre, piloté par la Direction numérique du ministère, travaille à la centralisation des données. Un troisième s'efforce d'orchestrer la nouvelle politique de tests sur le terrain. « Il y a des réunions en permanence, mais le bilan de la cellule est assez contrasté », constate l'un de ses interlocuteurs réguliers. « Cela ressemble à une espèce de monstre administratif dans lequel on n'a aucune idée de qui fait quoi. » Et d'autres inconnues demeurent, à dix jours du confinement.
Devant le Sénat ce jeudi, le président du conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, s'en est inquiété : « Si on n'arrive pas à avoir les tests et la brigade, ça ne va pas se faire le 11 mai. Il va falloir plusieurs milliers de personnes. Est-ce que le modèle est prêt ? Non. Il n'est pas prêt. » La mobilisation de ce personnel en un temps si court est un énorme défi. Et l'administration n'aide pas. « Cette semaine, le Premier ministre a annoncé que ces brigades mobiles seraient à la main des préfets, mais qu'ils auraient besoin des collectivités », explique le directeur de l'Assemblée des départements Pierre Monzani. « Nous, on a les véhicules, et on a la capillarité des gens de terrain : les pompiers, les agents des routes, les personnels sociaux… » Mais la circulaire demandant aux préfets de mettre les choses en route n'est pas encore parue : le ministère de la Santé, l'Intérieur, la DGS… Tous veulent être associés à sa rédaction. Il faudra donc attendre la semaine prochaine. Un acteur de terrain, lapidaire : « C'est comme ça que les panzers ont passé les Ardennes. »
Coronavirus : et les maires prirent les choses en main…
Les systèmes informatiques seront-ils prêts ?
Faut-il pour autant s'affoler ? « Nous n'aurons pas
besoin de faire 700 000 tests la première semaine, certains départements
sont très peu touchés », se rassure un familier du ministère de la Santé.
Qui s'avoue plus préoccupé par un problème passé jusqu'à présent sous les
radars : comment récolter en temps réel les résultats des tests afin
que les « brigades » de traçage chargées de retrouver tous les cas
contacts de la personne infectée puissent intervenir le plus rapidement
possible ? « Aujourd'hui, on remplit manuellement des fichiers Excel,
et il faut 24 à 48 heures pour que ça remonte à l'ARS. On perd
un temps fou, et le malade a le temps de faire une soirée
avec 15 personnes, c'est du grand n'importe quoi », explique un
membre de la cellule travaillant sur le sujet, confié à la Délégation
ministérielle du numérique en santé, animée par Dominique Pon et la jeune Laura
Létourneau.Des dizaines de développeurs de l'entreprise Capgemini travaillent actuellement à créer les outils qui permettront de faire remonter les résultats de chaque laboratoire en temps réel et de « les faire retomber en pluie sur les ARS », de manière uniformisée : état du patient, résultat du test, numéro de téléphone, adresse… « Au niveau réglementaire, rien n'est encore validé. Or, on ne peut pas centraliser comme ça l'ensemble des données des personnes testées, il faut une saisine de la Cnil, du Conseil d'État… » Sans compter le défi technique : « On doit faire en deux semaines ce qui prend en général six mois. Mais on n'a pas le choix : sans cet outil, on ne pourra pas faire du tracking en temps réel, et le déconfinement peut échouer. »
Le gouvernement, échaudé par les débats suscités par l'application StopCovid, garde sur le sujet un silence total. Et croise les doigts pour que les « tuyaux » soient prêts à temps. « C'est pour cela que la publication exacte de la carte des départements rouges et verts a été repoussée au 7 mai », précise notre source. « Protéger, tester, isoler » : faute d'être parti à temps, le gouvernement court.
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Il sera
de moins en moins supporté, ni respecté correctement, en plus par une organisation
déplorable et une inégalité selon les régions touchées par ce COVID 19 !
L’incompétence
flagrante dans l’organisation de cette lutte contre cette pandémie commence à
peser au moins sur le moral des français qui commencent à ne plus croire à rien,
tant les informations diffusées sont imprécises et s’éparpillent au gré de ceux
qui les annoncent 1er ministre, président, ministres et scientifiques
divers et nombreux le tout se succédant à la télévision dans des émissions débat
ou ils pérorent quelque fois en plus en se contredisant !
Seule
constatation, c’est qu’ils ne savent rien, politiciens élus, chroniqueurs
divers et même scientifiques pas les moindres d’ailleurs avec nos médias qui en
rajoutent et bien sur nos bien-pensants dirigeants donneurs de leçons qui sont
totalement perdus et se noient dans leurs discours qui n’apportent rien (jusqu’à
par exemple la porte-parole du gouvernement « miss mauvaise nouvelle »
qui se fend d’une annonce du style qu’il n’y aura pas de vacances d’été en France),
alors que déjà les frontières sont fermées pour ceux qui voulaient aller se
détendre à l’étranger pour ne pas encombrer les plages qui ne seront pas
toutes ouvertes !
Alors
les français pour leur quotidien posent des questions auquelles ils n’ont pas
de réponses fermes et définitives des autorités comme on les appelle car pleutres
ne sachant pas ou ils vont depuis le début et cela ne semble pas s’améliorer,
mais pour les français qui ont encore de la patience cela ne durera pas car nous
sommes encore dans un pays libre, mais enfermé, mal dirigé et mal géré !
(Bon
1er mai, fête du travail à tout ceux qui ne peuvent même plus travailler,
un certain Benalla avait fait la une d’un
autre 1ermai, là, c’est bien pire Mr le président !)
Jdeclef 01/05/2020LP