Sibeth
Ndiaye, le retour de la « Mormone »
L'ex-porte-parole
du gouvernement, qui fut de la bande des premiers macronistes, reprend du
service à LREM en vue de 2022.
Elle revient, « pour servir la cause », comme
aiment à dire les premiers apôtres de la macronie, ceux qui furent affublés au
début du quinquennat d'un surnom qu'ils abhorrent : les
« Mormons », quand ce n'est pas « la Secte ». « Comme
on aime le vin rouge et la barbaque, on devrait plutôt s'appeler les
Viandards… » soupire l'un. Sibeth Ndiaye, que l'on croyait éloignée
pour longtemps de la vie politique, sortie essorée début juillet de son poste
de porte-parole du gouvernement, fait un discret retour sur scène. Désormais
chargée de coanimer une « cellule idées » au sein de La République en
marche, elle aura pour mission de remettre du débat dans une formation qui a
surtout produit à ce stade des querelles de bac à sable et des déroutes
électorales.
L'idée est signée Jean-Marc Borello, patron du groupe social SOS,
lui-même désigné, ce lundi 21 septembre, numéro deux de LREM afin de
remettre de l'ordre dans une machine en pleine crise d'adolescence, en vue des
régionales de mars 2021 et de la présidentielle de 2022. Ce proche
historique d'Emmanuel Macron, qu'il a connu étudiant sur les bancs de Sciences
Po, a milité en coulisses pour que Sibeth Ndiaye prenne des responsabilités au
sein du parti présidentiel. À titre bénévole et sans bureau attitré,
toutefois, comme pour tous les cadres dirigeants de LREM.
Entre Macron et LREM, le divorce
Cet atterrissage au « pôle idées » du parti était
programmé de longue date. Fin juillet, cette très proche du président, qu'elle
accompagne depuis Bercy – plus de six ans à bride abattue –, avait été
intégrée à la méconnue « commission des talents » de LREM, pilotée
par Borello, chargée de repérer de nouveaux visages et de veiller au respect de
la parité et de la diversité au sein de la majorité. Peu avant de quitter le
gouvernement, Ndiaye avait procédé à un test grandeur nature en publiant une
tribune dans Le
Monde préconisant de rouvrir le débat sur les
statistiques ethniques. Un ballon-sonde qui tranchait avec sa mission très
corsetée de porte-parole, bien vite écarté par Emmanuel Macron. « Tous
ceux qui la connaissent savent qu'elle ne pouvait pas rester loin longtemps.
Elle a été loyale et il n'était pas question qu'elle arrête l'aventure. Ce ne
sera pas inutile sur le plan des idées, c'est un bulldozer », se réjouit
un proche. « Sibeth, Macron lui confierait ses deux portables toute sa
vie ! » sourit un ami. « Elle avait envie de s'investir sur
le fond et elle va avoir une grande vertu, c'est qu'elle va pouvoir envoyer des
ballons d'essai dans l'atmosphère. Regardez ce qu'ont fait cet été Gérald
Darmanin avec l'ensauvagement et Éric Dupond-Moretti qui lui a répondu, c'était
parfait ! En face, la droite n'a rien imprimé, sauf que c'était le bordel
dans son camp », s'enflamme un autre.
Emmanuel Macron ennuyé
Faut-il voir dans ce discret retour de l'ancienne porte-parole une
reprise en main du parti majoritaire par le chef de l'État ? En vérité, le
sujet ennuie Emmanuel Macron, quand il ne l'agace pas au plus haut point.
« Si vous voulez le faire partir en courant, vous lui parlez d'un pôle
idées ou d'une commission de suivi d'une convention Théodule », se
gausse l'un de ses interlocuteurs réguliers. « Le parti, ce n'est pas
son truc, abonde un autre. Mais en janvier 2021, il va appuyer sur le
bouton et dire : “Où est mon armée ? Ce machin, il faut s'en
occuper.” »
Elle en a pris plein la gueule.
D'un retour au premier plan ou aux commandes d'un ministère, il
n'en est, en revanche, pas question pour Sibeth Ndiaye. Lors du grand
remaniement de juillet, plusieurs propositions de maroquins gouvernementaux lui
ont été soumises, dont la Citoyenneté, occupée par Marlène Schiappa à Beauvau,
ou la Jeunesse, attribuée à la centriste Sarah El Haïry. Elle a tout décliné.
Soucieuse de rattraper le temps perdu avec sa famille – elle a trois enfants –,
cette macroniste pur sucre a préféré disparaître des écrans radars, après avoir
été l'un des visages controversés de l'exécutif au pic de la crise sanitaire.
« Elle en a pris plein la gueule. Elle a vraiment coupé cet été
et reconnecté avec sa famille », dit un vieil ami. C'est Macron qui
avait eu l'idée de la nommer à ce poste surexposé, l'imposant en mars 2019
à un Édouard Philippe réticent à l'idée de promouvoir une ex-conseillère de
l'Élysée.
Passé dans la lessiveuse du porte-parolat avant elle, Christophe
Castaner l'avait avertie d'un trait d'humour : « Je te remercie,
tu prends le relais ! » Benjamin Griveaux aussi : « Ce
n'est pas le job le plus fun… » Depuis son départ cet été, elle cherche
activement un poste dans le privé. On ne la verra donc pas courir les plateaux
télévisés comme au printemps, où elle a comptabilisé « 90 interventions
médiatiques en six mois ». Elle tient à rester, dit-elle, « tout à
fait en retrait de la scène médiatique », « concentrée sur [s]on
avenir professionnel ». « La politique, c'est un temps dans la
vie », confiait-elle avant l'été.
L'incarnation des mystifications du pouvoir
Son image, elle le sait, est toujours très dégradée. Elle reste
dans l'imaginaire collectif comme l'incarnation des mystifications du pouvoir
sur les stocks stratégiques de masques, alors même que la moindre de ses
interventions était calée en direct avec le président ou le Premier
ministre. Preuve en est de son audition ce mercredi devant la commission
d'enquête du Sénat consacrée au Covid-19, où elle s'est défendue d'avoir menti
aux Français. Une phrase, pas forcément heureuse, lui a valu une pluie de
critiques en arrogance : « Je crois qu'on a souffert au cours de
cette crise d'un défaut d'acculturation (sic) scientifique de la population
française. » Façon de dire que les Français, qu'elle avait déjà
froissés en les jugeant incapables de porter un masque, ne comprennent rien,
ont vociféré ses détracteurs, hurlant au mépris. Victime de sa nature
spontanée, multipliant les sorties maladroites, le porte-parolat devient pour
Sibeth Ndiaye un chemin de croix.
Coignard – Sibeth Ndiaye, tête à gaffes
Pourquoi, dès lors, retourner dans la galère du parti ?
« Dès que tu reviens, tu prends une avalanche de merde sur la
tête ! regrette un habitué de l'Élysée. Mais on n'abandonne pas le
navire quand le vent se lève. » Si le soldat Sibeth Ndiaye, qui se
présente toujours sur les réseaux sociaux comme « Marcheuse de la première
heure », a accepté de prendre des fonctions à LREM, sur une mission certes
secondaire, c'est pour « servir la cause ». Pour Macron, donc.
« Emmanuel », comme l'appellent les Mormons, cette poignée de
mercenaires qui, du candidat déchu à Paris Benjamin Griveaux à l'ex-plume de
l'Élysée Sylvain Fort, ont accompagné sa conquête du pouvoir et ont
quasiment tous quitté depuis les avant-postes. Chacun a tracé sa route,
sans rien attendre de lui. « Le président n'est pas notre
maman », soufflait Sibeth Ndiaye au printemps. Mais tous restent actifs en
deuxième ligne, agents dormants. Ainsi de l'ancien stratège élyséen Ismaël
Émelien, qui continue à fournir des notes au sommet de l'État. Un influent
macroniste le résume joliment : « C'est l'armée de l'ombre. »
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En fait on la jette à la
porte, mais elle rentre par la fenêtre?!
Quand on y a gouté, on
revient à la gamelle et puis il y en a tant de ces REM qui quittent le navire
qui fait eau de toute part !
Merveilleux monde politique
français sans amour propre !
Elle a raison avec le
chômage qui augmente, il faut mieux pour elle revenir dans la sphère
macronienne que de faire des ménages !
Mais qu'elle n'ouvre pas la
bouche cette bavarde...
Car elle assez fait de
bourdes comme d'autres !
Jdeclef 24/09/2020 15h28
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