Pourquoi
la technologie militaire chinoise est à la traîne
Deux
chercheurs montrent combien il est difficile pour la République populaire de
Chine de combler son retard dans le secteur de la défense.
De la 5G aux
véhicules hypersoniques, en passant par l'intelligence artificielle et les
porte-avions : la Chine est régulièrement présentée comme une puissance
technologique, y compris dans le domaine militaire.
Celle-ci
serait parvenue en quelques décennies à rattraper son retard sur les États-Unis,
avec lesquels elle rivaliserait désormais. Or, il n'en est rien, selon les
chercheurs Andrea et Mauro Gilli, spécialistes des questions d'innovation
militaire, pour qui les Américains gardent une bonne longueur d'avance.
L'« avantage
du retard »
Selon les
théories dominant dans les relations internationales, les puissances émergentes
bénéficieraient d'un « avantage du retard », d'après le concept
d'Alexander Gerschenkron. En profitant des recherches menées et des
technologies développées par les puissances les plus avancées, elles
combleraient facilement et rapidement leur retard technologique dans le
domaine de la défense.
De plus, la
mondialisation, la multiplication des composants à double usage (civil et
militaire) et les technologies de l'information permettent de mener des
cyberattaques faciliteraient ce rattrapage.
Impossible,
désormais, de rattraper son retard
Andrea et
Mauro Gilli montrent que si ce rattrapage technologique était possible au cours
de la seconde révolution industrielle, en témoigne par exemple celui,
fulgurant, des marines japonaise et allemande sur la marine britannique avant
la Première Guerre mondiale, ce n'est désormais plus le cas.
D'une part,
la complexité des systèmes d'armes avancés empêche les puissances émergentes
d'en produire. D'autre part, les connaissances nécessaires pour en concevoir et
en produire ne sont plus diffusées.
Finies les
copies
La
complexité des technologies militaires a augmenté de façon exponentielle au
cours des dernières décennies, changeant la nature même de l'innovation
et rendant la simple imitation beaucoup plus difficile à mettre en œuvre.
Il y a un
siècle, l'innovation était principalement le fruit de la conjoncture, de la
créativité, de l'ingéniosité et de l'intuition, comme ce fut le cas pour les
sous-marins et les avions au début du XXe siècle.
Désormais,
l'innovation est le fruit de la recherche scientifique et technique, ainsi que
de l'expérience accumulée en matière de conception, de développement et de
fabrication. Il ne suffit plus d'imiter, il faut développer de solides
connaissances technologiques et des capacités d'intégration des systèmes.
Systèmes
d'armes
Les armes
indépendantes les unes des autres ont en effet été remplacées par des systèmes
d'armes, qui nécessitent de maîtriser non plus une, mais plusieurs
technologies.
Le nombre
des composants pour produire un système d'armes a explosé,
augmentant d'autant le risque d'incompatibilités et de vulnérabilités des
différents éléments du système.
La nécessité
pour ces systèmes de fonctionner dans des conditions environnementales et
opérationnelles très exigeantes en termes de vitesse, de chaleur et de
profondeur accroît en outre la probabilité de défaillances techniques.
L'américain
F-22 contre le chinois J-20
Le cas
d'étude choisi par les deux auteurs est l'avion de chasse de cinquième
génération américain F-22, mis en service en 2005 après des décennies
de développement, et l'ambition chinoise d'en faire autant avec le J-20.
Les spécificités
du F-22 restent inégalées notamment en termes de furtivité, de manœuvrabilité
et de connaissance de son environnement de combat, i.e. la capacité à
collecter, traiter et exploiter de grandes quantités de données.
Malgré la
montée en gamme de l'industrie de la défense chinoise à partir des années 1970,
le bénéfice tiré des nombreux investissements étrangers dans le secteur de
l'aéronautique ou encore la captation de technologies étrangères grâce au
cyberespionnage, le J-20 chinois est loin d'égaler le F-22 américain.
Ce que vaut
réellement l'armée chinoise
Importer
toujours plus
Si la Chine
peut miser sur son arsenal, important, notamment dans le cadre d'un conflit
régional, elle ne peut pas compter sur la qualité de ses équipements
militaires. Et la qualité reste fondamentale.
Il n'y a pas
un retard, mais des retards chinois en matière d'armement. Car la Chine n'a pas
été en mesure d'imiter la technologie furtive des États-Unis, se lançant à
l'inverse dans des expérimentations qui ne sont pas sans poser de problèmes
techniques.
Le pays ne
maîtrise toujours pas la motorisation de ses avions de chasse et continue
d'importer les plus performants, et ce malgré la création d'un conglomérat de
défense dédié, Aero Engine Corporation of China (AECC) en 2015.
L'avionique
embarquée dans le J-20 continue de poser des défis d'ingénierie considérables
et le moindre défaut peut provoquer une défaillance grave du chasseur. La Chine
n'aurait enfin pas bénéficié pleinement de ses partenariats internationaux,
notamment avec la Russie dont elle continue d'importer des avions de
chasse qu'elle a pourtant tenté d'imiter, les Sukhoi Su-35.
Il faut
relativiser la puissance chinoise
Cet article
a le mérite de relativiser l'argument pourtant régulièrement avancé que la
Chine serait parvenue à rattraper les États-Unis, y compris sur le plan
militaire, et serait désormais capable d'être un leader de l'innovation
militaire.
Si la Chine
multiplie les plans d'innovations ambitieux, et mise notamment sur
l'intégration civilo-miliaire pour faire profiter sa base industrielle et sa
technologie de défense des fortes capacités d'innovation de ses entreprises
privées civiles, comme Huawei ou Alibaba, les États-Unis restent de loin la
première puissance militaro-technologique.
Comme le
soulignent les travaux de Michael Beckley, les États-Unis sont et resteront la
seule superpuissance pendant encore plusieurs décennies, sauf si les
Occidentaux, Américains en tête, cessent de considérer l'innovation comme une
priorité.
*Antoine
Bondaz
Chercheur à
la Fondation pour la recherche stratégique et enseignant à Sciences Po Paris
À retenir
Il
semblerait que, dans certains cas au moins, nous surestimions la puissance
chinoise. Si son poids démographique et économique en fait une grande
puissance, il est des domaines dans lesquels le pays aura le plus grand mal à
combler son retard par rapport aux États-Unis, en particulier celui de la
défense. En effet, la complexité technologique des armées contemporaines est
telle que l'imitation est devenue impossible. Les systèmes d'armement sont
intégrés entre eux, augmentant le risque de défaillance. L'armée américaine va
donc rester, pour longtemps encore, la plus puissante du monde.
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Et surtout se méfier de leur
espionnage seconde nature qui est dans leur culture déjà dans l'industrie
civile !
Et bien sûr ne pas leur
vendre de matériels militaires ou avions civils d’ont-ils peuvent détourner la
fonction, pour faire du profit qui en fait ne rapporte pas et nous coute cher
après comme on le voit dans notre économie civile qui dépend souvent trop de la
Chine qui nous abreuvent de produits moins cher pas forcement de qualité !
L'Asie est un continent
puissant et très peuplé avec une main d’œuvre peu chère, il faut se garder de
leur trop d'emprise sur l'Europe et l'Occident !
Et encore plus dans le
domaine militaire, il faut regarder de près leur évolution les USA s'en
chargent, mais il faut que ce ne soit pas eux seuls, mais tout l'occident et
notamment l'Europe, car on a aussi un moyen orient instable à gérer, car ces
pays dont la Chine ne sont pas un monde de bisounours !
Car « pour préserver
la paix, il faut préparer la guerre » et l’arme atomique que peu de pays
possédaient dans les années 60 sont bien plus nombreux maintenant, donc ce n’est
plus un bouclier dissuasif assez solide avec certains dirigeants instables !
Jdeclef 21/08/2020 13h17
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