lundi 14 septembre 2020

Parce que il n'y a plus de bon pilote dans l'avion France qui risque de s'écraser!?


Pourquoi la France est tellement sidérée

Dans une ambiance de fin de règne, le pays est en proie à plusieurs crises qui expliquent sa stupeur. De mutations en perte de repères, le chaos menace…


A-t-on déjà vu la France ainsi au bout du rouleau ? Abattue, sidérée, en état de choc. Oui sans doute, en 1940, mais dans des circonstances si différentes que la comparaison ne tient guère. « L'épuisement français », titre le dernier numéro lucide et réaliste de La Revue des Deux Mondes, où François Sureau pointe du doigt ce qui nous manque, « la confiance en une destinée qui ne serait pas réduite à la réussite immédiate » mais aussi « cet assentiment public aux institutions qui disparaît à la fois dans l'élite et dans le peuple ».
Ce n'est certainement pas l'ennui de la France apathique déploré par Viansson-Ponté en mars 1968. Est-ce la langueur récurrente qui la saisit quand nos présidents basculent vers leur fin de mandat ? Pour l'historien de la Ve République Jean Garrigues, il y aurait en effet, dans une première perception subjective, quelque chose d'une fin de règne, celle d'un Mitterrand ou d'un Chirac : « Quelles que soient les circonstances, et celles-ci bien sûr sont exceptionnelles, il arrive un temps du quinquennat où l'atmosphère devient suspendue, crépusculaire. Nous y sommes. »

Une France qui attend tout et trop de son président

Emmanuel Macron s'est voulu un « professeur d'énergie », appelant à « se réinventer », mais la parole d'un président peut-elle encore porter, être performative ? C'est la question que se posent Sureau ou Garrigues, lequel constate l'immensité du défi qui rejaillit sur les Français : « L'homme providentiel du dégagisme et du hors-jeu peut-il devenir celui du rassemblement républicain ? L'homme de la promesse libérale peut-il être en même temps celui de la politique keynésienne, les deux injonctions auxquelles le pays, par le passé, a répondu alternativement, mais sur des cycles longs ? » L'incertitude des réponses à ces questions dans une France qui attend tout et trop de son président peut expliquer en partie le trouble actuel des esprits.
Pourquoi Sarkozy joue à l'homme providentiel
Garrigues va plus loin : par le double effet de la crise sanitaire et économique se trouvent précipitées, condensées, toutes les apories de la société française,« demande de verticalité ou d'horizontalité, appel à une énergie libératrice ou interventionnisme tatillon ». Pris dans ces contradictions devenues criantes, les Français risquent la paralysie, la dépression, l'usure devant des débats dont ils ne distinguent pas l'issue. L'état du paysage politique n'aide en rien à y voir plus clair.
Pour l'historien Jean-François Sirinelli, s'il est exagéré de prétendre que la partition droite/gauche a disparu en 2017, « il y a bien par contre disparition de son écho. Les débats politiques ont perdu leur vertu de visibilité, leur qualité de “panneaux indicateurs”, et cela semble nouveau dans notre histoire ». En effet, même dans des années 1930 marquées par une durable « crise de langueur » économique et politique, « les luttes étaient franches, marquées, nobles, notamment le combat contre le fascisme, l'alternance existait, la preuve avec le Front populaire ».

Une peur individuelle et collective

S'il y a toujours eu des glissements vers la droite ou la gauche dans notre vie politique, aujourd'hui, selon Sirinelli, « nous vivons un moment inédit d'une apparence d'effondrement couplée à une expérience de la peur, individuelle et collective où la majorité des Français s'est posée et se pose la question de la vie et de la mort ». Des peurs que l'historien ne se hasarderait pas à comparer avec celles de la guerre, engendrées par l'ostracisme, les persécutions ou la perte de liberté. Mais, quand on a cassé les jouets des partis, ou ce que Sirinelli appelle les « répertoires », comment fait-on pour reconstruire ? Dans répertoire, on entend aussi le mot « repère ». Que sont nos repères devenus ?
Le consentement populaire, l'assentiment aux institutions est en train de disparaître et c'est gravissime.
Si la République n'est pas morte, si elle a eu des sursauts comme le 11 janvier 2005, écrit Michel Winock dans le dernier numéro du Débat, « elle se porte mal ». Cette crise de la République, les historiens sont unanimes pour l'interpréter comme le symptôme de la crise structurelle de la démocratie libérale à laquelle la France n'échappe pas : « L'horizon indépassable de cette démocratie tel qu'il s'est dégagé après 1991 s'est bouché », admet Sirinelli. « Marqué par les taux records d'abstention, le désengagement des appartenances partisanes et des élections, qui peut expliquer aussi l'atonie actuelle, a pour versant des réflexes nihilistes, de type populiste – le populisme n'étant qu'un refuge, qu'un symptôme – ou de type Gilets jaunes », analyse Garrigues. « Le consentement populaire, l'assentiment aux institutions est en train de disparaître et c'est gravissime », s'inquiète François Sureau dans La Revue des Deux Mondes.
À cette crise politique s'ajoute une mutation de civilisation que soulignent aussi bien Sirinelli que Garrigues : le numérique a engendré de nouveaux types d'expression et d'engagement. On peut s'en alarmer, on peut aussi s'en réjouir. Verre à moitié vide ou à moitié plein. Dans le second cas, il y a la tentation de voir dans cette longue séquence d'apparente apathie ou d'épuisement un moment de recherche d'autres valeurs et affiliations. C'est la position de Garrigues : « Nous sommes en reconstruction. Nous recherchons de nouvelles harmonies, de nouveaux enjeux et combats. Télétravail, transition écologique, animalisme, féminisme… » Une mutation civilisationnelle stimulée justement par la crise qui a révélé nos impasses. « Il s'agit moins d'un renoncement que d'un renouvellement, une volonté de repenser à l'échelle d'un temps plus long de nouveaux chemins. »
Baverez – L'extinction du courage
En temps de crise, on se replie, on panse ses plaies, on essaie aussi de se reconstruire. De fait, la crise sanitaire et économique apparaît comme l'attaque conjoncturelle d'un organisme France déjà affaibli. « Indéniablement, constate Sirinelli, il y a une fatigue générale des parties constitutives de l'organisme. » Pour filer la métaphore médicale, on s'inquiétera donc de la qualité des remèdes et de la gravité du mal. C'est grave, docteur ?

L'ère des catastrophes

« Très grave », répond l'historien Pascal Ory, qui livre un diagnostic plus radical amenant à repenser autrement cet effet de sidération. « Si le XXe siècle a été celui des crises, le XXIe est celui de la catastrophe. Les boîtes à outils qui nous parlent de la dernière crise du capitalisme ou de la démocratie libérale ne sont plus opérantes. » Ory assoit son analyse sur une philosophie de l'Histoire marquée selon lui par le surgissement tout récent de la « désorientation ». « Le christianisme, puis le marxisme et le libéralisme avaient imposé une lecture de l'Histoire où celle-ci avait un sens, une orientation. Nous sommes sortis de ce modèle. » Pour entrer selon lui dans une ère rythmée par les catastrophes, sanitaires, écologiques, ces deux dimensions étant intimement liées. « La France est estourbie parce qu'aucune anticipation ne nous avait préparés à ça. Du reste, que la France, en ce moment, suive le procès Charlie, écho de cette première sidération que fut l'attaque terroriste, est une coïncidence troublante. La catastrophe est indissociable de l'état de choc. On va, on est déjà dans un monde insensé, de l'urgence, de l'émotion, de la catastrophe répétée, mal anticipée. » Ce qu'il nomme une « histoire à la chinoise », en référence à la succession incohérente de dynasties chinoises ayant rivalisé pendant des siècles pour obtenir le mandat du Ciel, le tout marqué par des catastrophes naturelles.
Procès des attentats de janvier 2015 : « L'assassin continue de courir »
Dans ce schéma global, que peut la France ? « Tout dépendra des cultures nationales, car le national n'a cessé de se renforcer. » Et Ory de constater pour la France l'écart entre les nombreuses initiatives de la société civile depuis six mois et la survivance d'un vieux pays d'État, où les citoyens demandent tout à un gouvernement pourtant vilipendé. « Cette rigidité institutionnelle promet une série de mécontentements et de spasmes successifs. Jusqu'à quand ? » Aux séquences d'épuisement et d'apathie succéderaient des phases de convulsions et de rébellion, schéma alternatif dont la France est familière mais qui, pour Ory, prendrait une nouvelle dimension. Car l'ère populiste, émotionnelle, élémentaire, identitaire, a supplanté l'ère libérale.

Des marqueurs d'autoritarisme

« À la catastrophe répétée, la réponse pour éviter le chaos est l'autoritarisme, d'ailleurs parfois réclamé, la dictature dans l'urgence. » Et l'historien de remarquer que l'État français a déjà dans sa boîte à outils quelques marqueurs d'autoritarisme. Une remarque qui n'est pas sans faire écho à cette phrase terrible de Tocqueville citée en une de La Revue des Deux Mondes : « Une France fatiguée de longs débats consent volontiers qu'on la dupe, pourvu qu'on la repose. » Après l'épuisement, la demande de repos : une autre forme d'abandon, voire de capitulation.
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Mais plus généralement, c’est une représentation de nos sociétés décadentes comme à la fin de l’empire romain et sa chute !

Et cette crise sanitaire avec ce petit Covid 19, ainsi que la crise économique induite dont on ne voit pas la fin, a mis notre pays à genoux qui risque prochainement de se retrouver à plat ventre, car nos soi-disant élites politiques ou scientifiques sont totalement dépassées depuis 6 mois et çà été rapide, la dégringolade !

Car pour l’instant : ils ne peuvent rien faire, ni rien dire de plus que ce rabâchage médiatique qui augmente l’inquiétude des français qui ne voient rien venir, si ce n’est que pire dans l’avenir !

Car les problèmes sont toujours présents d’avant ces crises qui sont devenus mondiaux, seuls maigres consolation, on n’est pas le seul pays à souffrir et donc « le chacun pour soi » va s’amplifier bien qu’ayant toujours été présent et comme dit le proverbe (« quand il n’y a plus de foin au râtelier les chevaux se battent »)

Seuls nos élus de tous bords politiciens professionnels et nos dirigeants ne changent pas, car ils ne pensent qu’à être réélus pour ne pas perdre leur pouvoir qu’ils utilisent si mal, comme dans l’ancien régime monarchique dont on n’arrive pas à vraiment se débarrasser dans notre V eme république poussiéreuse qui les sert, mais pas le peuple lambda qui lui souffre de plus en plus, si un miracle n’arrive pas, car pour l’instant il n’y a que ça !?

Jdeclef 14/09/2020 14h55

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