Présidentielle :
et si c'était Anne Hidalgo ?
La maire
de Paris, qui ne veut pas voir la gauche passer encore son tour, se tient prête
si les conditions sont réunies. Dans le secret, elle se prépare.
«Macron, on veut ton cul ! »
Le président doit une fière chandelle à Anne Hidalgo. Ce maudit 1er
décembre 2018, des vandales taguent les pires outrages sur l'Arc de triomphe en
marge d'une manifestation ultraviolente des Gilets jaunes. Retenu en Argentine
par un sommet du G20, Emmanuel Macron annonce qu'il viendra constater les
dégâts dès son atterrissage en France. La Mairie de Paris fait nettoyer en
catastrophe. « On a tout
remis en état, alors que la ville était à feu et à sang, il a pu faire sa
parade, et… pas un coup de fil pour remercier Anne ! On n'oubliera pas… »,
maugrée un proche.
Ainsi en va-t-il des relations entre Hidalgo et Macron. Entre ces
grands fauves, ce n'est pas seulement politique, c'est animal, épidermique,
tripal. « Ils ne peuvent pas se blairer », confesse
un macroniste. Le chef de l'État aurait été ravi qu'Hidalgo soit boutée hors de
l'Hôtel de ville aux municipales. Elle fera tout pour éviter qu'il ne soit
réélu et que la gauche ne passe - encore - son tour en 2022. Crise du Covid-19
oblige, ils donnent le change. Le 8 mai, peu avant le déconfinement du pays, il
l'a remerciée sur la tombe du Soldat inconnu d'avoir fait face à cette tempête
sanitaire : « Merci pour ce
que tu as fait à Paris, super boulot ! »
Il n'en pense pas un mot. Il ne lui a surtout pas échappé que quelque chose,
depuis peu, a changé. Un subtil glissement sémantique. Anne Hidalgo ne dit
plus, comme durant sa campagne, qu'elle ne briguera pas la présidentielle. Elle
laisse ouvert le champ des possibles. Elle voit bien que le regard sur elle a
changé. Qu'on l'envisage désormais comme celle qui pourrait porter les espoirs
de son camp. Elle coche quelques cases : maire de la capitale, à la tête d'une
coalition rose-rouge-verte. « J'aimerais une
femme présidente. Pour la gauche écologiste, elle est vraiment la bonne
candidate », plaide Carole Delga, présidente
PS de la région Occitanie. Le virage à droite du président, non assumé, dégage
un chemin inespéré. « Macron a la
base électorale la plus mutante de la Ve République. Il est passé de deux tiers
des électeurs de François Hollande en 2017 à deux tiers des électeurs de
François Fillon. Il y a un sentiment de cocufiage dans toute une partie de
l'électorat social-démocrate et écolo, donc il y a un espace, calcule un stratège de la maire. Anne fait ce raisonnement : cet espace, qui peut aller
au-delà de 20 %, n'est pas occupé. »« C'est la plus dangereuse », estime
un ministre. Sa réélection fin juin, elle qu'on croyait dix pieds sous terre,
lui vaut aujourd'hui une image de combattante, bardée de cicatrices. « Elle a passé sa primaire », concède
un responsable LREM. « Elle est
sortie de l'enfer. Elle a gagné par défaut, parce qu'il n'y avait rien en face.
Benjamin Griveaux et Agnès Buzyn, c'était Noël en juin. C'est la gagnante de
l'Euromillions ! » plaisante un ex-conseiller PS de
Paris.
Hypercontrôle. Elle,
bonne vivante, grande gueule, au langage pas toujours châtié, fuirait
volontiers la lessiveuse médiatique. Le chef des écologistes parisiens, David
Belliard, se souvient d'un soir de débat électoral postconfinement. Dans la rue
déserte qui les conduit au studio télévisé, masque sur le nez, ils arrivent à
un feu tricolore. Rouge pour les piétons. « Et là, elle s'arrête. Nous, on avance. Elle attend que ça
passe au vert, des fois qu'il y ait un photographe. Elle est dans un monde de
dingues, en hypercontrôle ! » « À Paris, vous avez une telle caisse de
résonance que la mort d'un pigeon devient un drame national… »,
soupire son premier adjoint, Emmanuel Grégoire. Aux élus de tous bords qui
défilent dans son immense bureau avec vue sur la cathédrale Notre-Dame, l'un
des plus majestueux de Paris, Anne Hidalgo répète que ce n'est « pas sa vie », qu'elle ne
veut « pas ça pour les siens ». Elle
a connu la fange des rumeurs, quand de bonnes âmes présentaient son fils, né de
son union avec le discret Jean-Marc Germain, rencontré au cabinet de Martine
Aubry dans les années 1990, comme le « fils caché de Hollande ».
Ses trois enfants, dont le dernier est depuis peu majeur, ont payé un lourd
tribut à sa carrière. Une plaie à vif pour cette jeune grand-mère. « Je protège ma famille »,
dit-elle. Mais Anne Hidalgo n'est pas Jacques Delors ni François Baroin, un
ami. « Si les circonstances sont réunies et qu'elle
sent qu'il y a une chance de victoire, elle ne fuira pas ses responsabilités.
Une élection, elle y va pour la gagner, y compris celle-là »,
lâche un membre du premier cercle. Face à Emmanuel Macron, le storytelling est
tout trouvé : le fils de médecins qui a étudié à Henri-IV, face à la fille
d'immigrés, née Ana María Hidalgo Aleu à San Fernando en Espagne, d'un père
ouvrier électricien et d'une mère couturière, élevée dans la cité sensible de
La Duchère à Lyon, naturalisée à 14 ans. « On ne va pas se raconter d'histoires, elle est sur le top
départ des candidats putatifs, lance
David Belliard. Et c'est une
femme. »
« Il faut que tu les vires ! »
C'est tout le pari du chef de l'État, convaincu que les têtes d'affiche de la
gauche se chargeront de lui régler son compte. « Le Gaucholand préférera qu'elle crève. Elle ne fera pas
l'unanimité », pronostique un visiteur du soir
du président, qui la voit plutôt postuler en 2027 et ne l'imagine pas rater les
Jeux olympiques de 2024 à Paris. Elle s'est tant battue pour les avoir… « Elle a 61 ans, elle est jeune »,
convient son grand camarade, Rémi Féraud, patron de Paris en commun, embryon de
structure électorale qui ne dit pas son nom, en citant Joe Biden. « Elle n'est pas prête à prendre des risques,
étrille un lieutenant de Macron. Si elle perd Paris, elle perd tout. On la présente comme une tueuse,
une bête de campagnes, mais elle est un peu comme Baroin : sont-ils déjà allés
chercher quelque chose avec les dents ? Elle voudrait être élue par
acclamation. » Emmanuel Macron connaît ses zones
de fragilité. Il a des yeux et des oreilles à l'Hôtel de ville. Le « dir cab »
de Jean Castex, Nicolas Revel, et la directrice adjointe du cabinet de
l'Élysée, Anne de Bayser, sont des anciens de la mairie, époque Delanoë. Ils
savent que le bulldozer Hidalgo, sanguin à l'excès, peut commettre des
embardées. La crise ouverte autour de son bras droit Christophe Girard, cet
été, a révélé des failles persistantes. Cet historique, sous le coup d'une
enquête pour viol et critiqué pour sa complaisance envers l'écrivain Gabriel
Matzneff, accusé de pédophilie, s'est vu contraint à la démission de son poste
d'adjoint à la culture. Elle l'a d'abord soutenu, avant de se raviser, un peu
tard. Et n'a pas supporté de voir des militantes féministes, dont deux élues
Vertes, défiler sous ses fenêtres aux cris de « Bienvenue à Pédoland ! ».
Elle a convoqué, furieuse, leur chef de file David Belliard. « Il faut que tu les vires ! »
Lui : « Tu sais que je vais te dire non. On ne va pas
les sortir et on va continuer à travailler avec toi. »
Elle : « Tu prends tes responsabilités. »
Ses proches eux-mêmes, qui l'ont soudain vue désarmée, ne comprennent pas
qu'elle se soit laissée enfermer dans un corner, au risque de saborder sa
majorité. « Les Verts,
c'est comme une tortue : ils se détestent, mais quand vous leur tapez dessus,
ils se mettent tous sous la carapace. Ils lui ont dit : "Va te faire
voir", et elle est apparue en déficit d'autorité. Quand vous voulez partir
à la présidentielle, surtout quand vous êtes une femme, vous ne devez pas
donner le sentiment que vous êtes faible ! »
regrette l'un. « Quand tu n'es
pas capable de gérer Alice Coffin et Raphaëlle Rémy-Leleu, comment veux-tu
gérer la France ? » grince un macroniste.
« Cucurbitacées ». L'autre
péril qui la guette, c'est cette euphorie depuis sa victoire dans les couloirs
de la mairie, où certains s'imaginent des destins si elle partait à la conquête
de l'Élysée. « Les
cucurbitacées se portent bien ! Elle a une armée de courtisans à qui elle
distribue des hochets : 37 adjoints… »,
raille un Marcheur. Depuis que son bras droit Bruno Julliard a claqué la porte,
Hidalgo se méfie. « Elle est trop
seule. Elle n'a pas autour d'elle assez de gens capables de partir en campagne,
elle n'a que des doudous », s'alarme un vieux compagnon de
route. Trop Parisienne, enfin. Dans l'imaginaire populaire, elle reste la «
maire des bobos » qui fait la chasse aux bagnoles. « C'est la quintessence de la boboïtude et de l'écologie
punitive », assène un macroniste de la
première heure. Les outrances des maires EELV de Lyon et de Bordeaux la
feraient pourtant passer pour une modérée. « Anne aime le Tour de France et n'a pas envie que les fêtes
de fin d'année soient tristes sans sapin »,
note en souriant Rémi Féraud. Consciente de cet angle d'attaque, elle travaille
son image et a passé une partie de l'été dans la Creuse, livrant même quelques
confidences au quotidien La Montagne.
Discrète carte postale. « Je
conseillerais de ne jamais sous-estimer Anne Hidalgo »,
met en garde l'ex-candidat à la mairie Pierre-Yves Bournazel. Les multiples
crises qu'elle a affrontées depuis 2014, du coronavirus - elle l'a contracté,
sous une forme légère - aux attentats, de l'explosion de la rue de Trévise aux
Gilets jaunes, lui ont conféré la stature d'une femme certes autoritaire, mais
capable de tenir la barre dans les tempêtes. « Elle a un art du rebond, de la résilience, du tempérament.
Elle a travaillé treize ans avec Bertrand Delanoë »,
relève Gaspard Gantzer, ancien collaborateur du premier maire socialiste de
Paris. Entre Hidalgo et Delanoë, les relations restent fraîches. Elle qu'on dit
sectaire compte des amis méconnus sur tous les bancs. Quand elle était au plus
mal, qu'on la surnommait encore « Notre-Drame de Paris », Jean-Louis Borloo lui
distillait des conseils : « On dirait que
t'es ingénieure des Ponts et chaussées. Tu masculinises la ville. Mets-moi un
peu de tendresse, mets-moi deux-trois fleurs, enlève les palissades ! »
« Coup de foudre politique » avec Sarkozy. Le
chiraquien Hugues Renson, pilier de LREM, est un intime qui lui reconnaît « à l'évidence toutes les qualités d'une femme d'État ».
Elle apprécie Jean Castex, son coup de cœur de la bataille des JO. Elle l'a
appelé pour le féliciter sitôt connue sa nomination à Matignon. « J'espère que tu diras du bien de moi »,
l'a-t-il priée. Ils ont tous deux intégré l'importance des territoires. Fin
juillet, Anne Hidalgo a réuni à Tours avec Éric Piolle des maires PS et écolos,
pour travailler à la réconciliation de la gauche sur le terrain. Déjà, dans son
entourage, certains phosphorent sur un ticket à l'américaine pour 2022 avec le
maire Vert de Grenoble - elle n'apprécie guère Yannick Jadot, qui le lui rend
bien. « Si elle arrive à fédérer des maires de grandes
villes qui disent : "Elle est la plus capée d'entre nous", il y a
danger », concède un habitué de l'Élysée. Ultime carte maîtresse dans son
jeu : Nicolas Sarkozy. Tout a débuté grâce à une ennemie commune, Nathalie
Kosciusko-Morizet. En 2015, un petit déjeuner secret est organisé, avec
Frédéric Péchenard, pour neutraliser l'« emmerdeuse », dixit l'ancien
président. « Ce fut un coup
de foudre politique entre Anne et Nicolas ! » se
souvient un convive. « Je pourrais
voter pour Anne. Je ne ferai rien contre elle », a
fait savoir l'ex-président lors des municipales. Les proches de Rachida Dati
accusent même la maire d'avoir comploté avec lui pour la fragiliser. En 2022,
l'ancien chef de l'État sera peut-être faiseur de roi. Qui sait, dans un match
entre Anne Hidalgo et Emmanuel Macron, à qui il accorderait son onction ? En
1995, Jacques Chirac, maire de Paris, avait bien bénéficié du discret soutien
de François Mitterrand…
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Alors cet été le gouvernement a laissé aller et
a pris aussi des vacances !
Maintenant que tout le monde est à peu près
rentré, on paie l’addition et la crise économique va prendre le relai ce qui
risque d’augmenter la misère chez les français lambda !
Le président fait semblant de s’offusquer contre
ses administrations qui ne suivent pas engluées dans des inerties kafkaïennes
lourdes mille feuilles inefficaces et non réactives !
Et pendant ce temps-là nos politiciens et ex élus
font des projets sur la comète en pensant à l’élection présidentielle comme A.
Hidalgo, Ségolène Royale M.Valls, F.Hollande etc. vieux chevaux de retour,
pitoyable classe politique inutile !
Le président lui manœuvre pour sa réélection et
pour sauver son quinquennat médiocre à la rigueur on pourrait le comprendre,
mais tous ces élus ou ex eux n’ont rien fait pour sortir les français et la France
du marasme préoccupant ou on se trouve avec la crise sanitaire, le Covid 19 qui
est plus fort qu’eux tous et pour la crise économique, ils ne sont pas plus
avancés en faisant toujours la même politique médiocre habituelle !
Pauvre France et ses politiciens professionnels
si médiocres que l’on subit depuis des décennies, ces crises mettent en exergue
leurs inefficacités !
Jdeclef 17/09/2020 13h20
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