dimanche 8 novembre 2020

Ces aboyeurs de foire violents sont les tares des démocraties qui veulent survivre !

 

États-Unis, le chef des Proud Boys : « On va descendre dans la rue »

ENTRETIEN. Enrique Tarrio, chef du groupe d'hommes de droite ultra et pro-Trump, réclame de nouveaux décomptes et prépare ses troupes à la mobilisation.

Enrique Tarrio, le président des Proud Boys, est aussi le directeur des Latinos pour Trump, en Floride. Il a fait de la prison plusieurs fois mais rejette toute accusation de violence concernant les Proud Boys, dont il est devenu chef en novembre 2018. Le Centre juridique du sud sur la pauvreté, étiqueté à gauche, évoque « un groupe haineux extrémiste, antimusulman, nationaliste blanc et misogyne ». Plusieurs de ses membres ont été condamnés à de la prison pour des faits de violence contre des antifas lors des émeutes de Charlottesville de l'été 2019. Tarrio possède aussi une entreprise de tee-shirts et accessoires portant des slogans ultraconservateurs. Comme beaucoup de personnalités d'extrême droite, il a été banni de Twitter. Il répond, au téléphone, juste avant de « faire ses bagages », alors que la victoire de Joe Biden n'avait pas encore été annoncée.

Le Point : Où allez-vous ?

Enrique Tarrio : Probablement en Pennsylvanie ou au Michigan… J'avais besoin de quelques jours de repos, j'ai encore mal à l'estomac. J'ai été poignardé à l'abdomen, la nuit de l'élection, à Washington, par un membre des Black Lives Matter. Un homme était attaqué et nous sommes intervenus. Ma blessure n'est pas très grave, mais assez pour que j'aie eu besoin de me poser. Un de mes gars a été poignardé dans le cou, un autre dans l'oreille et Bevelyn Beatty [célèbre militante noire pro-Trump, qui a tenté de recouvrir une inscription BLM devant la Trump Tower en juillet, NDLR], dans le dos. Elle est toujours à l'hôpital, elle a un poumon décollé et un rein abîmé.

Que demandent les Proud Boys en ce moment ?

Cela dépend des États. Dans certains, comme la Géorgie, il faut absolument recompter les voix. Il y a un problème de transparence dans de nombreux États. Les chiffres sont tellement bizarres. 90 % de participation dans le Wisconsin, on n'a jamais vu ça, leur taux habituel est 63 %. J'ai participé à chaque élection depuis 2004, en tant que directeur de campagne, militant de parti, assesseur… et 90 %, c'est du jamais-vu. Et ces voix qui arrivent à 4 heures du matin dans le Michigan et le Wisconsin, dont 138 000 sont pour Biden et zéro pour Trump… C'est tellement putain de bizarre. Si Biden gagne et qu'on a de la transparence, j'accepterai les résultats et je manifesterai sur des points de sa politique, comme toujours. Sinon, sans recompter et sans transparence, ça va être une putain d'ombre sur toute sa présidence. C'est un truc que les républicains utiliseront contre lui pendant tout son mandat. Sans transparence, je ne vois même pas pourquoi on a un processus démocratique. Qu'on laisse carrément l'establishment décider qui ils veulent.

Avez-vous des preuves ?

Oui, ils l'ont admis mais ils ne peuvent pas l'expliquer !

Les faits : Eric Trump a tweeté que le taux de participation dans le Wisconsin était passé de 67,34 % en 2016 à 89 % cette année. En réalité, le Wisconsin autorise les électeurs à s'inscrire le jour même du vote. Cela gonfle le pourcentage par rapport aux électeurs inscrits, pas par rapport aux électeurs potentiels. Il a été de 72,3 % cette fois, contre 67,3 % l'an dernier.

Un communicant politique pro-Trump a aussi tweeté que « plus de 100 000 bulletins de vote avaient été « trouvés » vers 4 heures du matin ». Cela correspond à la transmission des voix pour Biden du comté de Shiawassee, qui comprenait une erreur : 153 710 au lieu de 15 371. Le vrai nombre a vite été rétabli mais la différence entre les deux, 138 339, est toujours avancée comme une preuve de fraude.

Mais vous n'acceptez pas l'idée que le vote par correspondance soit surtout démocrate ?

Je suis d'accord, le président a fait en sorte qu'ils penchent plutôt du côté de Biden mais la Cour suprême a demandé de séparer ces votes, tout ce qui est arrivé après 20 heures. C'est juste que ça cela sème le doute. On veut le recomptage et la transparence. Et tous ces gens qui ont hurlé « Ce n'est pas mon président ! », « Fraude électorale ! » ces quatre dernières années nous demandent tout à coup d'accepter les résultats de l'élection. Eh ben non, je n'ai pas à accepter ces résultats, pas ces chiffres bizarres. Et les gens les remettent en question.

Le pays est très divisé. Les Proud Boys ont fait l'actualité depuis le premier débat présidentiel où le président vous demandait d'être prêts. Et on vous décrit comme un groupe violent. Qu'est-ce que vous répondez ?

Il y a deux types de gens : ceux qui souffrent de dissonance cognitive et, quoi qu'on fasse, ils diront toujours qu'on est violents, qu'on est des suprémacistes blancs. Je peux leur montrer ma couleur de peau, ce que j'ai dit et fait. Ces gens sont juste complètement cons. Et je me fous de ce qu'ils pensent de moi. Me traiter de quelque chose que je ne suis évidemment pas, c'est juste des gens qui veulent me diaboliser. Ensuite, il y a ceux qui ne savent pas. La télévision leur dit qu'on est violents, qu'on est des suprémacistes blancs, mais ils ne nous connaissent pas. C'est ceux auxquels je tente de m'adresser. Je comprends que tout le monde ne soit pas fan de nous, on jure comme des charretiers, on picole, on sait très bien se défendre, donc je peux comprendre. Mais je préfère que les gens nous détestent pour les vraies raisons.

Quand vous dites que vous savez bien vous défendre, vous voulez dire que vous suivez un entraînement ?

Je n'appellerais pas ça comme ça. Mais je veux dire qu'on a prouvé, depuis le temps, qu'on sait se défendre, que si on nous attaque, on riposte. Merde, un mec m'a planté un putain de couteau dans le bide et je lui ai défoncé la gueule. Et je n'étais même pas armé.

Où se trouve-t-il, maintenant ?

Eh bien, la police le cherche. Ils vont le trouver, il avait laissé tomber son couteau et c'était tout près de la Maison-Blanche et c'est pas mal surveillé, dans le coin…

Les faits : la police recherche trois suspects, mais il n'y a pas de certitude sur leur appartenance à BLM.

Puisque vous voulez expliquer qui vous êtes, que dites-vous aux gens que vous approchez ?

Tout a commencé par une blague, dans l'émission de Gavin MacInnes [le cofondateur de Vice Magazine, NDLR], pour dépuceler un de ses stagiaires. Et, donc, il a commencé à blaguer, « Tiens, on va fonder un club pour ça ». Le nom vient de la comédie musicale Aladdin. La conversation a duré un quart d'heure, « Alors, comment on appelle le groupe ? Allez, les Proud Boys », l'un des chefs a eu l'idée, comme ça. On fait des adhésions ? Oui, mais on n'a pas vraiment de but précis.

Vous êtes en train de me dire que vous êtes juste une bande de copains ?

Un peu plus que ça. C'est assez sujet à interprétation. Les groupes du deuxième amendement [qui militent pour les droits aux armes, NDLR] et les milices ont des buts assez précis, les groupes qui détestent la pédophilie luttent contre les pédophiles. Nous, c'est un peu ce qu'on veut. Pour moi, on est juste un groupe de mecs qui veulent devenir des hommes meilleurs, des fils, frères, pères… Les groupes d'hommes sont devenus mal vus dans les années 2000. Mais on a une réunion par mois, c'est ça le plus important, adhérer à une branche et aller à la réunion. Le jour où je deviendrai père, je ne pourrai pas demander à ma femme comment faire, je demanderai des conseils à d'autres. J'ai aussi une entreprise, et un de nos chefs est très favorable à l'entrepreunariat. On va dire que, à 90 %, on va au bar pour se voir.

Mais il y a quand même une dimension politique !

Oui, ce sont les 10 % restants. Les gens pensent qu'on est un groupe de droite, mais si la plupart de nos membres soutiennent Trump, certains ne le font pas. Il y a une idée de justice sociale, nous voulons faire fermer les prisons privées, mettre un terme à la guerre contre la drogue parce que cela ne marche pas. Mais tout le monde ne pense pas exactement la même chose. Il y en a qui me prennent la tête parce que j'ai fait du porte-à-porte avec les démocrates quand ils ont autorisé les prisonniers à voter. On nous traite de racistes tout le temps, l'un de nos premiers chefs était antiraciste, contre la culpabilité raciale…

Vous vous définissez comme un Afro-Cubain…

Et je ne pense pas que je devrais voter pour un parti à cause de la couleur de ma peau ou là où ma famille est née. Bien sûr, les Cubains sont un petit peu plus à droite et considérés comme un peu plus conservateurs que d'autres… J'ai été élevé comme un conservateur, mais il y a une raison : quand Castro a pris l'île, d'ouest en est, ils ont repéré une grande ferme, d'une famille riche, près d'un village qu'ils voulaient prendre. Che Guevara la voulait comme QG et quand la famille a refusé, les soldats ont reçu l'ordre de prendre les deux hommes, de les mettre à genoux, de leur nouer les poignets dans le dos et de leur tirer une balle dans la nuque. Leur nom de famille, c'était Tarrio et j'ai leur sang dans mes veines.

Présidentielle américaine : à Miami, de jeunes Cubains dépités

Beaucoup craignent des explosions de violence. Il y a aujourd'hui des mobilisations de « Stop the Steal » dans de très nombreuses villes, est-ce une possibilité que vous envisagez ?

Le manque de transparence, et le fait de ne pas recompter les voix dans certains États… Je mobilise déjà mes gars, de Phoenix à Las Vegas, dans le Michigan, à Philadelphie, Harrisburg, en Caroline du Nord… Si on n'obtient pas ce qu'on veut, vous allez nous voir manifester, encore et encore et encore…

Donc il y a un risque que cela tourne mal ?

Ça dépend de votre définition de « mal ». Si vous faites allusion à de la violence, on n'y va pas du tout avec cette idée. Manifester, ça fait partie de la culture américaine, nous sommes un pays construit sur la rébellion. Il y a eu des périodes de polarisation encore plus intense, les droits civiques, les émeutes contre la guerre du Vietnam dans les années 1970… Je pense qu'on retrouvera cette unité, mais pour que cela arrive vite, on ne peut pas laisser un côté dans le doute. On a une membre du Congrès, Alexandria Ocasio-Cortez, qui dit qu'elle veut établir une liste des « sycophantes de Trump ». Même si c'est légal, elle est membre du Congrès des États-Unis, et peu importe qu'elle soit de New York. On ne peut pas monter ses soutiens contre d'autres Américains. On nous accuse tout le temps, on me demande : « Vous pensez que ça va être la guerre civile ? » Non !

Les faits : AOC a bien tweeté, le 6 novembre : « Quelqu'un garde-t-il une trace des sycophantes de Trump, pour quand ils vont tenter de diminuer ou nier leur complicité à l'avenir ? Je prévois une forte probabilité que ces tweets, textes, photos soient effacés à l'avenir. »

Mais il y a bien des gens, sur certains réseaux, comme Parler, disant « Ça va être la guerre », ou « Achetez des munitions », ça, c'est vrai !

Oui eh bien, j'adore acheter des munitions !

Si l'idée est de les utiliser dans les jours qui viennent, reconnaissez que c'est préoccupant.

Les Européens ne comprennent pas la culture américaine des armes. La façon dont notre pays a été fondé et notre passion pour les armes. Et ça ne changera pas, peu importe qui sera président. Si Biden gagne et charge Beto O'Rourke de définir notre politique des armes, qui a fait faire un tee-shirt qui dit : « Carrément, on va vous prendre vos AR-15 », ça ne fera que renforcer cette culture.

Les faits : Beto O'Rourke, ancien membre du Congrès, démocrate, du Texas, brièvement candidat à la présidentielle, souhaite l'interdiction des armes de guerre, et un contrôle pour les autres.

Je comprends que ce soit une part importante de la façon dont ce pays a été fondé, mais c'est tout de même inquiétant que les gens soient incités à acheter des munitions dans une période aussi tendue pour le pays.

Le deuxième amendement n'a pas été passé pour la chasse, il a été passé contre un gouvernement tyrannique [lors de la ratification de la Constitution en 1776, les antifédéralistes pensaient qu'un gouvernement central aurait trop de pouvoir, NDLR]. Je ne dirais pas que nous en sommes là, je ne pense pas que je le verrai de mon vivant, mais quand une membre du Congrès dit qu'elle veut une liste, peut-être que ça incite les gens à acheter davantage de munitions. Moi, ça me fait peur. Je ne suis pas conspirationniste, je n'ai jamais cru à ces histoires sur le putain de 11 Septembre…

Et QAnon ?

Je n'y crois pas, c'est un horoscope pour bonnes femmes trumpistes. Ils ne font pas très peur, je pense qu'ils sont mal informés, mais je considère quand même qu'ils font partie de la famille. C'est bizarre, mais j'ai vu pire, comme conneries. Mais ce qui m'inquiète, c'est ça : vous vous souvenez quand Joe Biden a annoncé sa candidature ? C'était à cause de la suprématie blanche à Charlottesville. C'est ce qui lui a donné envie de se présenter. Il nous a aussi présentés comme des milices et des suprémacistes blancs lors du premier débat, alors qu'on n'est ni l'un ni l'autre. D'ailleurs, quand un membre de milice veut adhérer, on vérifie plus ses antécédents. Je ne veux pas qu'on soit une milice.

Quelle est la différence ?

Ils s'entraînent, leur but de départ était, s'il y avait des troubles ou une invasion, que la police, dépassée, fasse appel à eux. Ou une catastrophe naturelle. J'ai travaillé avec des milices lors du cyclone Harvey, pour donner de l'eau. Ça fait partie de notre Constitution. Mais ce n'est pas ce que nous sommes. Tous les journalistes qui ont fait des documentaires sur nous ont dit qu'ils ne s'attendaient pas à ça. Pour en revenir à ce que je disais, il a dit vouloir se présenter pour mettre un terme à la suprématie blanche et il nous a comparés à ça. Donc je considère ça comme une promesse de campagne, parce qu'il l'a dit tant de fois. Quel est le groupe de droite le plus connu ? Les Proud Boys ! Donc ce n'est pas absurde de penser qu'il va s'en prendre à moi et mon groupe. Donc, pour moi, ce combat est plus qu'un choix entre deux voies pour le pays, ça peut être : moi en train de bouffer des putains de sandwichs au mauvais saucisson tous les jours, ou moi dehors.

Vous voulez dire, être emprisonné ou pas ?

Oui, enfin, pour être honnête, ils servent du poulet frit le vendredi, il faut voir le bon côté des choses. Enfin bref, je préférerais ne pas aller en prison et manger du putain de poulet frit quand je veux. Ce n'est pas absurde de penser qu'un matin le FBI va débarquer chez moi et m'arrêter sur de fausses accusations et Biden s'en servira pour se faire mousser, pour dire : « Vous voyez, je tiens mes promesses. »

Ne pensez-vous pas que Trump pousse à la violence ? Il ne dit pas : « Je souhaite que les gens attendent les résultats dans le calme, abstenez-vous de toute violence. »

Je ne pense pas qu'il incite à la violence non plus. Il dit aux gens d'être en colère. Et on est en colère. Je ne pense pas qu'il a besoin de nous le dire pour qu'on le soit. Beaucoup de républicains sont furax, les démocrates sont du bon côté du manche donc, évidemment, ils n'en ont rien à foutre, mais s'ils étaient en train de perdre, ils réclameraient de la transparence, des recomptages… Il faut qu'on recompte. Je me fiche de ce qu'on pense de moi, je pense que c'est un moment où il faut descendre dans la rue. Où il faut manifester, aller au Capitole, au bureau du superviseur des élections, faire entendre notre voix. Ce n'est pas le moment de se relâcher, parce que s'il y a une fraude… Je dis juste qu'il y a des incohérences, que certains chiffres sont bizarres, et que, donc, je vais manifester. Si le président dit qu'il n'y a pas de fraude… C'est probablement l'élection la plus serrée des États-Unis. C'est pire qu'en 2000. Sur des États de 3 millions de voix, on est à 2 000 putains de voix près. Les Américains méritent la transparence. Je vais manifester parce qu'il le faut. Quand on voit un truc bizarre, on agit. De toute façon, je ne sais pas si ça ira jusqu'à la Cour suprême, mais cela terminera en justice.

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ll faut croire que certains hommes sont incurables, malgré qu'ils ont subi dans le passé des dictatures totalitaires ne respectant pas la liberté des êtres humains !

D'ailleurs des dictatures ou démocratures, ersatz de celles-ci avec leurs dictateurs ou dirigeants totalitaires voire extrémistes perdurent dans le monde!?

Ils aiment être tenus en laisse par des poignées d'hommes religieux ou totalitaires, car ils ont besoin semble-t-il de chefs durs rigides pour les diriger en s'accrochant à des doctrines mystiques ou autres pour les encadrer même si cela supprime leurs libertés ?!

C’est la principale faiblesse de l’espèce humaine, elle a créé la démocratie, mais aussi les monarchies et empires, voire des sociétés ou des républiques ou le religieux est prioritaire et d’état, et aussi des politiques extrémistes dictatoriales que l’on a subi et encore maintenant au XXI eme siècle !

L’autre défaut des hommes c’est la versatilité et manque de mémoire, car la raison du plus fort supplante tout le reste, surtout s’il y a du profit du pouvoir et de l’argent roi !

On dit que l’espèce animale est moins intelligente et développée, mais elle ne se bat et tue que pour se nourrir et survivre, nous on ne le fait que pour le profit et le pouvoir sur nos congénères depuis notre venue sur terre et depuis des millénaires !

Jdeclef 08/11/2020 10h30


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