Coup de
froid entre le Maghreb et la France
VIDÉO. De
Rabat à Tunis, on a blâmé la mise en avant des caricatures. Une mise en scène
sur fond d'agit-prop turque et de petite-bourgeoisie conservatrice.
Comme
une gifle assénée par voie de communiqués officiels. Un vent mauvais a soufflé
sur la nuque de la France depuis son flanc sud. Sans se concerter, quatre
capitales ont blâmé Paris pour avoir autorisé « l'atteinte au sacré »,
ciblant un président Macron qui avait affirmé que « nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins ».
Cette prise de position articulée dans la foulée des funérailles du professeur
Samuel Paty a surpris, venant de régimes dont certains sont favorables à la
France. Quand le royaume du Maroc « condamne vigoureusement la poursuite de la publication des
caricatures outrageuses à l'islam et au Prophète »,
le Haut Conseil islamique repris par la présidence de la République en Algérie
pointe « une campagne virulente contre le Prophète »,
menée par Emmanuel Macron en personne. En Libye, le gouvernement d'union
nationale de Tripoli, soutenu par la Turquie, demande au président français de « présenter ses excuses à près d'un milliard trois cents
millions de musulmans dans le monde ».
La Tunisie, alliée fidèle et seule démocratie de la région, a fait part de « son profond mécontentement face à la campagne menée par
certains partis au nom de la liberté d'expression ».
Les dirigeants d'Afrique du Nord tous unis face à une France qui se vautrerait
dans le blasphème ? Pas si simple. Une double lecture s'impose.
Dans une région où même les communistes font la prière, la
religion est omniprésente. Elle n'est pas l'apanage des islamistes. Elle
imprègne le vocabulaire. « Bonté divine
», disait par habitude francophone l'ancien président de la
République tunisien Moncef Marzouki. Demandez à un garagiste si votre voiture
sera prête à midi, il vous gratifiera d'un « Inch Allah ». Enseigné
dès le plus jeune âge, l'islam imprègne la société dans ses gestes les plus
quotidiens, les plus anodins, jusqu'aux insultes qu'on se jette entre
automobilistes.
Vent de panique. En
Tunisie, lors de la campagne présidentielle de 2014, le candidat d'extrême
gauche, auquel Jean-Luc Mélenchon avait rendu visite, n'avait pas dérogé à la
règle : battre l'estrade nécessitait de donner des gages à une société conservatrice.
Il pria devant les photographes, oubliant les volutes de l'opium du peuple.
Quant aux mécréants, ils se font rares, fort discrets. En septembre 2012, la
republication des caricatures du Prophète par Charlie Hebdo avait
déclenché un vent de panique dans la communauté des expatriés français des pays
arabes. Écoles et ambassades tricolores furent fermées afin d'éviter des
attentats. Les expats furent peu nombreux à accepter la situation. Les plus «
europhiles » des Maghrébins jugèrent « inutiles » ces
provocations. Huit ans plus tard, la situation s'est aggravée. Pour le
politologue et sondeur Hassen Zargouni, président de Sigma Conseils, « le Maroc, l'Algérie et la Tunisie sont trois régimes,
trois gouvernements qui ne se ressemblent pas mais qui ont le même problème :
leur population, leur jeunesse particulièrement, est à cran, en ébullition. Le Maroc est une marmite qui bout avec un couvercle
royal, une pseudo-démocratie dont les problèmes sociaux ne sont pas résolus.
L'Algérie a eu sa petite révolution avec le
Hirak, son président est malade et le risque d'implosion est réel ».
Quant à la Tunisie, poursuit-il, les « maux qui ont déclenché la révolution de 2011 n'ont pas été
réglés ». Conséquence de cette situation abrasive : « Les trois pays ont décidé de se plier aux diktats d'une
génération peu confiante en elle, s'inspirant de l'Orient, de l'arabisation du
système scolaire, sans boulot malgré les diplômes. » À
ses yeux, « l'islamisme n'est pas tout, la misère culturelle
et éducationnelle a provoqué une perte de valeurs dans la jeunesse ».
« Disproportionnée ». Chaque
année, ils sont des centaines de milliers à quitter l'école. Dans les rues de
Casablanca ou de Kasserine, dans le centre de la Tunisie, les rues et les cafés
regorgent de garçons désœuvrés. Une main-d'œuvre pour les conservateurs ? Les
sirènes du radicalisme ont désormais franchi les murs des palais. Au siège du
Parlement tunisien, au Bardo, les partis populistes ont fait leur entrée à
l'occasion des législatives de 2019. L'un des dix-huit députés de la coalition
d'obédience islamo- populiste Al Karama a exigé au printemps des « excuses officielles de la France pour ses crimes commis
sous le protectorat ». Avec les caricatures, il
poursuit son combat. « Un complexe du
colonisé », cingle Zargouni. Les mots
adressés au gouvernement français relèvent donc pour partie du jeu politique
intérieur.
Depuis Carthage, Michaël Ayari, senior analyste Maghreb pour
l'International Crisis Group, juge « qu'il ne faut pas donner une épaisseur de sens disproportionnée
aux déclarations officielles ». La France
n'est pas devenue du jour au lendemain un pays hérétique. Il y a de
l'orchestration dans l'air. Il note que le virtuel a beaucoup joué dans cette
séquence. Soudainement, sur les réseaux sociaux, « comme si on avait appuyé sur un bouton »,
sont apparus des slogans, des « Non à Macron » et autres leitmotivs issus de
formations politiques identifiées. Al Karama en Tunisie, Al Adl Wal Ihsane au
Maroc, des blogueurs souterrains de l'islam politique (pro-PJD au Maroc,
pro-Ennahdha en Tunisie), toute une indignation encadrée, quasi officielle, qui
dément le caractère spontané de ce bouillonnement anti-France. Ayari précise
que « tout cela relève d'une indignation Facebook,
sur les pages arabophones aidées en sous-main par les partis pro-Frères
musulmans ». Une mise en scène 2.0 qui ne
provient pas des cellules les plus dangereuses de l'islam radical. « Les gens qui se sont énervés ne sont pas les nerveux
habituels, c'est plutôt la petite-bourgeoisie des pratiquants, pas les fous »,
précise le chercheur.
Impossible d'établir un lien de cause à effet entre les attaques
de Nice et d'Avignon et « les
condamnations des États ». D'autant que « le Maroc a pris le bâton par le milieu »,
précise un proche du royaume, tandis qu'Alger n'a plus de politique
internationale depuis le début du Hirak. À Tunis, « le président de la République, Kaïs Saïed, n'est pas
rationnel, il se comporte comme un professeur d'arabe des années 1970 »,
fustige Hassen Zargouni. « Les paroles
institutionnelles n'ont aucun effet sur les djihadistes, ceux-ci sont rarement
d'accord avec leurs gouvernants. Évoquer un patriotisme de leur part, c'est
digne d'OSS 117 »,
assume Michaël Ayari.
Les capitales du Maghreb ont dû, Covid oblige, fermer toutes les
mosquées durant plusieurs mois. Pour la première fois depuis longtemps, le
pèlerinage à La Mecque a été annulé, sans que conservateurs et fanatiques s'en
offusquent. Pour Ayari « si la religion
était vraiment l'espace de résistance, son creuset politique, il y aurait eu
des protestations, des demandes de réouverture des lieux de prière ».
Ce qui ne fut pas le cas.
Expansionnisme. Le
cœur de cette bisbille franco-maghrébine se trouve ailleurs. Ses racines se
situent dans le conflit envenimé par Recep Tayyip Erdogan. Le sultan d'Ankara
joue plusieurs partitions à la fois. Il multiplie les rodomontades envers le
président Macron afin de gagner le titre de protecteur des musulmans. Ses
visées expansionnistes reposent sur la religion et le commerce. Au Maghreb, la
Turquie inonde les marchés de Casablanca et de Tunis avec ses produits variés,
du yaourt au sèche-cheveux, provoquant de fâcheux déséquilibres des balances
commerciales. Le Maroc vient d'ailleurs de réviser son accord de libre-échange
avec la Turquie. Deux pays qui sont également en concurrence pour le contrôle
des mosquées en France.
Dans le coup de froid franco- maghrébin, l'influence idéologique
d'Ankara demeure mesurable. Si la Turquie veut devenir la maison mère de l'islam
politique, elle peut s'appuyer sur des forces politiques qui pèsent 30 % de
l'électorat. Au Maroc, le parti islamiste PJD est arrivé en tête aux
législatives et gouverne. En Tunisie, Ennahdha est au pouvoir depuis la
révolution de 2011 mais toujours avec des alliés. Entre conservatisme,
populisme, influences étrangères, « la situation aboutit mécaniquement à un froid entre la France et le
Maghreb, conclut Hassen Zargouni, froid en attente de signaux de la part des capitales
d'Afrique du Nord ». Ajoutant que, des signaux, « il y en aura, sur le mode "on comprend, mais
comprenez-nous" ». Le coup de froid pourrait
aboutir aussi bien à un simple rhume qu'à une grippe plus sérieuse§
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Qui malgré l'indépendance de
ces pays de par les gouvernements français de tous bords n'ont pu avoir des
relations normales comme avec d'autres pays étrangers et qui n'ont pas réussi à
tirer un trait sur notre histoire de notre empire colonial du IXX eme siècle
que l'on traine comme un boulet depuis 60 ans !
Et qui est marquée par une
immigration importante et leurs religions et cultures dont l'Islam avec en plus
le coté extrémiste de cette religion qui va avec !
D'ailleurs cette
décolonisation était mondiale avec avant en 1er la perte de l'Indochine
(Vietnam Laos Cambodge) après là aussi une guerre meurtrière dont nous n'avions
pas tiré les leçons, comme aussi au Levant Français, Liban, Syrie appelé aussi grand Liban
protectorat français de 1920 à 1948 dont
on se mêle encore suite à l'accident catastrophique par cette explosion
meurtrière à Beyrouth et à la nomination du 1er ministre de ce pays et son
instabilité !
Pour terminer ce panel ou la
France est impliquée : l'engagement de notre armée au Mali et dans ce Sahel
désertique frontalier immense sur beaucoup de ces pays de notre ex Afrique
coloniale qui lutte contre des fantômes djihadistes islamiques !
Pour résumer nos
gouvernements et nos dirigeants de tous bord depuis des décennies sont
incurables car ils n'arrivent pas à se séparer de cette Afrique, qui nous exporte,
ceci en passant un flux migratoire important !
Ce qui prouve que nous
sommes mal gouvernés, mais en n'oubliant pas que c'est nous français lambda qui
les élisons, alors il faudrait l'admettre et ouvrir les yeux !
Jdeclef 07/11/2020 12h11
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