L'aveuglement
qui a encore occulté Donald Trump
ANALYSE.
La force du trumpisme est intacte après quatre ans de pouvoir. Les biais
partisans ont, comme en 2016, brouillé l'analyse de beaucoup d'experts.
Sur Donald Trump, il y a l'avis des experts et celui du public.
Ils sont aux antipodes. La classe intellectuelle, au sens large, le déteste,
mais ses partisans l'adulent. Encore une fois, le président américain a défié
les prévisions des commentateurs politiques, des sondeurs et des médias, en
obtenant à l'élection présidentielle du 3 novembre un résultat bien
meilleur que celui qu'ils avaient prévu.
Les biais partisans ont brouillé les jugements de beaucoup
d'analystes, quand ils ne les ont pas carrément aveuglés. À titre d'exemple, le
sondeur vedette Nate Silver accordait à Joe Biden près de 90 % de chances
de l'emporter à la veille du scrutin. Les grands journaux de la côte est, New York Times et Washington Post en tête, ont
milité activement pour les démocrates, et cela n'a manifestement pas amélioré
leur prescience du résultat.
Élection américaine : la carte des résultats en direct
Or, à ce stade, les démocrates n'ont réussi qu'à maintenir leur
majorité à la Chambre des représentants. Ils ont échoué à conquérir le Sénat,
si l'on en croit les premiers résultats disponibles. Quant à la Maison-Blanche,
tout est encore ouvert et dépendra pour l'essentiel des résultats de trois
États du Nord industriel, plus lents que d'autres à dépouiller les
bulletins : la Pennsylvanie, le Wisconsin et le Michigan. Le score final
de l'élection pourrait tarder plusieurs jours, ce qui accroît les risques de
dérapage et de violences.
La « vague bleue », le raz-de-marée démocrate que les
marchés financiers avaient anticipé en faveur de Joe Biden et que la grande
majorité des instituts de sondages avaient annoncé, n'a pas déferlé. Mieux, des
enquêtes réalisées à la sortie des urnes indiquent que le président républicain
a amélioré son score de 2016 dans certains segments de l'électorat
majoritairement acquis aux démocrates comme les latinos – ce qui lui a permis
d'emporter haut la main la Floride ou l'Ohio – et même les Afro-Américains.
Le spectre d'un nouveau « vote caché » en faveur de Donald
Trump
Alors que l'économie et la pandémie étaient, selon les sondages,
les deux premières préoccupations des électeurs cette année, il faut imaginer
ce qu'aurait pu être le score de l'occupant de la Maison-Blanche si le
virus n'avait pas tué plus de 230 000 Américains et provoqué récession et
chômage de masse. Selon un sondage sortie des urnes AP VoteCast pour le Wall Street Journal,
Joe Biden a réuni les suffrages des trois quarts des électeurs mettant la crise
sanitaire en tête de leurs soucis, mais Donald Trump s'est adjugé les quatre
cinquièmes de ceux qui étaient d'abord inquiets de la crise économique. Et
ceux-ci étaient plus nombreux que ceux-là.
Les sondeurs avaient prédit que les personnes âgées, effrayées des
ravages de la Covid, se détourneraient du président pour voter en masse en
faveur de Joe Biden. Il n'en a rien été. Dans le comté qui détient le record de
la population la plus âgée des États-Unis, celui de Sumter en Floride, Donald
Trump a fait un score quasiment identique à celui qu'il avait réalisé en 2016.
L'idée répandue voulant que la forte participation soit favorable
à Joe Biden ne s'est pas non plus avérée. De fait, le président disposait dans
la population de réservoirs de voix insoupçonnés.
Présidentielle américaine : femmes de banlieue, femmes de
pouvoir
Enfin, la stratégie de Joe Biden consistant à présenter le scrutin
comme un référendum sur la gestion par son adversaire de la crise du
coronavirus n'a pas fonctionné. La résistance d'une partie de l'opinion
américaine aux mesures contraignantes, comme le port du masque ou la distanciation
physique, semble avoir joué à plein en faveur de Donald Trump.
Logiquement, le résultat beaucoup plus serré que prévu renforce la
contestation, dans une nation désormais polarisée à l'extrême et où la
participation au scrutin a été historiquement forte. Fidèle à son mode d'action
audacieux et brutal, Donald Trump a revendiqué sa réélection mercredi peu après
2 heures du matin à Washington, devant des supporteurs enthousiastes qu'il
avait réunis à la Maison-Blanche.
S'appuyant sur le réflexe complotiste prompt à mobiliser ses
partisans, le président a accusé les démocrates de vouloir « voler »
l'élection et a affirmé qu'il irait jusqu'à la Cour suprême – dont six juges
sur neuf sont désormais réputés acquis aux thèses conservatrices – pour faire
valoir la victoire qu'il dit avoir obtenue. Il s'agit là d'un scénario
judiciaire que ses conseillers préparent depuis des semaines.
Les derniers trumpistes de la politique française
L'objectif est transparent : souder autour du président
l'Amérique blanche, travailleuse et attachée aux valeurs traditionnelles, lui
donner à nouveau une raison d'espérer, pour que Trump puisse se maintenir à la
Maison-Blanche avec l'aide des juges ou, à défaut, se poser en champion de
l'opposition et peut-être, pourquoi pas, se représenter en 2024. Il faut dire
que Joe Biden a prêté le flanc à cette attaque trumpienne. Le candidat démocrate
a pris la parole le premier mardi soir, en se disant « en bonne
voie » pour gagner. C'était là préempter un résultat et Donald Trump ne
pouvait pas le laisser passer.
Quel que soit le vainqueur final, il héritera le 20 janvier
d'une nation tellement divisée qu'elle ne se comprend plus. Mais seul Joe Biden
a l'ambition de réduire la fracture. Donald Trump, lui, continuera sans doute à
la creuser, qu'il soit au pouvoir ou dans l'opposition.
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Donald Trump est le parfait
exemple de ses excès, dont il se sert pour amener à lui ses fans souvent
déjantés (il a même le prénom comme le Donald de Walt Disney le grincheux
râleur !)
S'il ne remporte pas sa
réélection, par les divisions déjà présentes qu'il a augmentée durant les 4 ans
passé, sa marque ne sera pas effacée et laissera des traces indélébiles!
Et Joe Biden aura bien du
mal à gouverner ce grand pays !
Jdeclef 05/11/2020 12h11
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