mercredi 11 novembre 2020

Extraordinaire histoire, ce fait divers explosif qui n'a pas explosé heureusement, mais pas grâce à notre DGSI !

 

« C'est quoi ce délire ? Venez en urgence ! Y a un putain de détonateur ! »

EXCLUSIF. Le parquet antiterroriste réclame un procès contre trois hommes, soupçonnés d'avoir tenté de faire exploser un immeuble dans le 16e arrondissement de Paris.

La bombe aurait dû exploser dans la nuit du 29 au 30 septembre 2017, dans un immeuble de la rue Chanez, dans le 16e arrondissement de Paris. Il est près de 4 heures du matin quand Yann, un habitant, découvre dans le hall du bâtiment un dispositif de mise à feu à distance, constitué d'un téléphone portable couplé à un module générateur haute tension, connecté à quatre bouteilles de gaz, quatre seaux remplis d'essence et quatre sacs de gravats. Un système « simple, peu onéreux, et facile d'accès », résumeront les démineurs. Inédit en France et à l'étranger.

À l'issue de leur enquête, qui a duré trois ans, les policiers sont aujourd'hui formels : si l'engin avait explosé, l'immeuble, avec les familles qu'il abrite, aurait été intégralement détruit par la puissance de la déflagration. Un attentat à la bombe en plein Paris. Une nuit d'horreur de plus dans la capitale. Tous ne doivent leur salut qu'aux réflexes désespérés de Yann qui, cette nuit-là, a eu un incroyable courage. Revenu de son travail de nuit vers 1 h 15, Yann se laisse tenter par la bouteille de whisky qui l'attend dans son salon, et s'installe confortablement dans son canapé devant la télévision.

Vers 3 heures ou 3 h 30, l'homme entend des bruits suspects dans le hall de l'immeuble, qu'il attribue d'abord à des fêtards. Mais une odeur persistante d'essence et un « pschitt continu comme quand on laisse une gazinière ouverte », explique-t-il, le pousse à aller voir, après s'être assuré que sa propre gazinière était fermée. Par l'œilleton de sa porte d'entrée, il aperçoit alors une bouteille de gaz. Yann prend peur, s'arme d'un katana, et sort de son appartement, avant d'y rentrer aussitôt pour prévenir la police : il y a là, devant ses yeux, une véritable bombe artisanale.

L'« acte de bravoure » de Yann

Yann appelle le 17, affolé. La conversation est décousue, presque irréelle. Il explique ce qu'il voit : « Il y a un détonateur. » Suivant les consignes hésitantes de son interlocuteur, il ferme à la main les bouteilles de gaz, en déplace deux dans la rue, une troisième un peu plus loin dans l'allée, bute par inadvertance avec son pied dans un petit boîtier gros « avec un écran, comme un taser, deux mèches et un fil rouge ou quelque chose comme ça », confiera-t-il bientôt aux enquêteurs. Sur le coup, au téléphone, cela donne : « Il y a une télécommande, il y a un téléphone avec un fil jaune et un fil rouge qui était posé sur le sol (…) Putain il y a un détonateur, c'est quoi ce délire ? Venez, venez, venez, venez en urgence ! Y a un putain de détonateur. »

Yann finit par fuir dans la rue, aperçoit plusieurs hommes qui montent dans un véhicule, tente de relever la plaque d'immatriculation. Quelques minutes plus tard, le quartier grouille de flics. L'homme ne l'a pas encore compris mais, selon le parquet, son acte de « bravoure » a peut-être sauvé la vie de ses voisins. Selon les démineurs, trois hypothèses peuvent en effet expliquer pourquoi l'engin n'a pas explosé : soit la colle utilisée n'a pas pu garantir un maintien suffisamment rigide de la bombe, soit les extrémités des deux conducteurs ont été accidentellement déplacées (le coup de pied de Yann ?), soit les extrémités des deux conducteurs ont été en contact avec l'essence, ce qui a généré un dysfonctionnement.

Me Garbarini, son avocat, n'en revient toujours pas : « Mon client a fait preuve d'un courage extraordinaire ! Il a désamorcé la bombe et empêché une tragédie dans un immeuble où vivent des familles, en plein Paris. Il sera présent à la cour d'assises et veut comprendre les gestes fanatiques des auteurs. Pourquoi cette folie meurtrière ? Yann n'est pas sorti indemne malgré son acte de bravoure. C'est bien après qu'il a pris conscience que lui, comme ses voisins, aurait pu être tué. »

Bientôt jugés pour tentative d'assassinat terroriste

Aymen B., Sami B. et Amine A. devraient en effet comparaître prochainement aux assises. Dans un réquisitoire définitif rendu lundi 9 novembre 2020, le Parquet national antiterroriste (PNAT) réclame un procès pour association de malfaiteurs, tentative d'assassinat et de destruction du bien d'autrui, le tout en relation avec une entreprise terroriste. Les trois hommes nient ou minimisent leur rôle. Une enquête minutieuse a été menée, mais n'a pas permis de savoir pourquoi cet immeuble avait été visé, et pas un autre. Les suspects ont gardé le silence sur ce point.

Les enquêteurs ont pu déterminer que, le soir des faits, un téléphone avait tenté d'appeler la puce téléphonique fixée sur la bombe à neuf reprises, entre 4 h 11 et 4 h 24, afin de déclencher le mécanisme de mise à feu. Une enquête téléphonique et de vidéosurveillance, notamment grâce aux caméras d'un magasin G20 à proximité de la scène de crime, a permis de remonter jusqu'à une Mini Cooper volée longtemps auparavant, faussement plaquée, passée à trois reprises devant la rue le soir des faits. Elle sera retrouvée incendiée en région parisienne quelques jours plus tard.

Le manqué des services de renseignements

Hamza, le voleur du véhicule, et Sami et Aymen, les acheteurs, sont rapidement identifiés. Aymen, chauffeur de taxi fiché S pour prosélytisme, est si radicalisé que sa famille le surnomme « Daech ». Ses amis, bientôt entendus, noteront eux-mêmes qu'il avait arrêté de travailler, ne voulant plus conduire des femmes ou des personnes ivres, refusant de transporter de l'alcool, et n'écoutant plus que des anasheeds ou la « radio sponsorisée par l'État islamique ».

Leur projet ne fait aucun doute : Aymen était, au moment des faits, sous surveillance de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), laquelle avait ordonné des écoutes administratives. Déclassifiées et versées au dossier d'instruction, ces écoutes retracent, jour après jour jusqu'à la commission des faits, la préparation de l'attentat. Aymen évoquant ses intentions de manière cryptique, la DGSI ne s'était pas alarmée. Les services de renseignements n'étaient donc pas intervenus avant ce qui aurait pu être un nouveau drame mortel.

Le 27 septembre, on entend ainsi Aymen et son cousin Sami rechercher de l'essence. Le lendemain, ils discutent du mode opératoire : « C'est mieux si tu t'éloignes et si tu téléphones. » Ils évoquent un mobile « dormant », précisent avoir appris sur des vidéos à fabriquer des « médicaments » (un mot pour bombes, NDLR), évoquent une visseuse et un tournevis. Le 29 septembre, cette menace : « Il faut que tout soit prêt. » « Il faut qu'on prépare dans la journée, ça ne se prépare pas comme ça, la nuit. » Puis cette inquiétude de se faire attraper par la police : « C'est cramé les bonbonnes (de gaz, NDLR), qu'elles soient vides, ça se voit, ou qu'elles soient pleines, ça se voit. » Les deux hommes décident alors de les mettre à l'arrière de la voiture, et s'entendent pour activer les puces le jour J, à la mosquée de Corbeil-Essonnes.

« Pour moi, Charlie Hebdo l'a cherché »

Aymen et son cousin sont interpellés et le résultat des perquisitions est sans appel. Chez Sami, de la colle, des sacs à gravats, de l'essence, du butane sont retrouvés. Son ordinateur garde des traces de ses recherches : « Comment faire une explosion », vidéo consultée dès novembre 2015, le mois des attentats du Bataclan. À l'été 2017, il se renseigne aussi et tape dans Google : « calcul résistance », « mesurer condensateur », « moteur pilotable à distance », etc.

Quant à Aymen, les enquêteurs découvrent à son domicile des vidéos où on le voit parfois filmer son petit-neveu, pistolet plastique à la main, qui dit face caméra : « Dodo ou tuer. » Aymen lui ordonne alors de tirer « sur les kouffars, sur les kouffars, pas sur les muslims ». De la propagande de l'EI est retrouvée, notamment sur l'élection présidentielle de 2017 : « N'oublie pas d'accomplir ton devoir de musulman, choisis ton candidat pour le tuer, et ton bureau de vote pour le brûler. »

Interrogé en garde à vue, Aymen nie mais se montre ambigu sur sa personnalité, se permettant cet aveu sur l'attentat de janvier 2015 contre Charlie Hebdo : « Pour moi, Charlie Hebdo l'a cherché. Ils le savaient parce qu'il y avait eu des menaces (…) mais je n'ai pas fait la fête quand ils sont morts. Dans une guerre, il y a toujours des gens qui meurent. »

Des vidéos de propagande islamiste

Il apparaît aussi qu'Aymen et un ami, Amine A., dont le visage est dissimulé par un masque en silicone, réalisent des vidéos de propagande islamiste sous le pseudonyme Sylverdine, visant à « distinguer le musulman véridique du musulman hypocrite ». À compter du 16 août 2017 jusqu'au jour du crime, les deux hommes se rencontrent à plus de 200 reprises et utilisent des moyens de communication chiffrés (Telegram, WhatsApp, etc.) pour échanger. « Méfiant à l'extrême », selon les enquêteurs, Amine est soupçonné d'avoir pris part aux préparatifs de l'attentat en déclenchant notamment un relais à proximité de la rue Chanez, le 17 septembre, et en achetant de l'essence transportée à bord de son scooter.

Il sera également vu le jour des faits vers 3 heures du matin en compagnie d'Aymen. Pour sa défense, Amine a toujours affirmé avoir été un indic de la gendarmerie, puis de la DGSI, ce que n'ont confirmé ni les uns ni les autres. Si Amine a bien été en contact au début des années 2010 avec Mohamed Achamlane, le chef du réseau Forsane Alizza condamné à neuf ans de prison pour avoir fomenté des actes terroristes sur le sol français, et s'il a bien approché les gendarmes à ce sujet, ces derniers ont expliqué qu'il ne leur avait apporté aucune information qu'ils ne savaient déjà.

Amine A., approché pour être recruté par la DGSI

Quant à la DGSI, deux agents, entendus par les juges d'instruction, ont confirmé avoir mené des entretiens administratifs dans leurs locaux, puis dans un centre commercial, avec Amine A., en vue d'un éventuel recrutement, notamment pour des missions de surveillance de la mosquée d'Évry. Ce recrutement avait cependant tourné court après un ultime entretien avec un psychologue de la DGSI mené le 19 avril 2017, lors duquel Amine aurait tenté d'enregistrer les échanges avec un téléphone portable.

Les deux agents ont de surcroît juré ne jamais avoir évoqué les vidéos tournées sous le pseudonyme Sylverdine avec Amine A, et l'avoir informé qu'ils mettaient fin au processus de collaboration. Ce dernier, au contraire, assure avoir commencé à tourner ces vidéos, dans le but d'attirer des fanatiques et des djihadistes, et de communiquer leurs noms aux services de renseignements. Amine A. n'a cependant jamais été capable de prouver ses allégations.

Si Aymen avait évoqué, en garde à vue, l'ordre venu d'un commanditaire de mener une action violente contre une mosquée homosexuelle de Paris, rien n'est venu conforter ce mobile. Le choix de la rue Chanez, pour y commettre un attentat, demeure ainsi à ce jour un mystère complet. Alors que l'ADN d'Aymen et de Sami ont été retrouvés sur des composantes de l'engin explosif, tous deux nient, au moins en partie. « Mon client se dit innocent des faits qu'on lui reproche », assure ainsi au Point Me Daphné Pugliesi, avocate de Sami B. Les avocats d'Aymen B. et d'Amine A, n'avaient pas répondu à nos sollicitations à l'heure de publication de cet article.

Il faut lire cet article on pourrait en faire un film ou une série policière !?

En ce qui concerne cette histoire rocambolesque de ce garçon qui a découvert cette bombe à retardement dans le hall de son immeuble par hasard car noctambule ne dormant pas et ayant entendu du bruit qui lui semblait anormal est allé voir et vu le dispositif explosif !?

Un coup de chance et en plus avoir eu le courage d’appeler la police qui lui a donné des instructions ? qu’il a suivi, peut être en ne prenant pas conscience du danger et en prenant le risque que l’engin explose ?!

Cet extraordinaire digne d’une série télé policière il faut lui donner une médaille à cet homme courageux !

Mais ce qui est très préoccupant c’est le laxisme ou l’incompétence de nos services de renseignements et notre fameuse DGSI en général dans cette affaire qui aurait voulu recruter certain de ces individus indirectement impliqués !

Et les supposés auteurs de cet attentats ratés et les autres indirectement impliqués, malgré des faits avérés nient les faits et comme ils n’ont tués personnes avec notre code pénal inadapté et notre justice laxiste, car n’étant pas d’exception, et surement avec de bons avocats du style de qui vous savez comme notre ministre qui se plait à dire que c’est un sentiment d’insécurité, ne risque pas grand-chose, le parquet réclame un procès justifié espérons qu’il aura gain de cause !?

Espérons que nous aurons le résultat de ce procès, s’il a lieu !?

Mais c’est quand même une honte de nos services de renseignement et de notre justice !?

Comme quoi le manque de rigueur en matière de terrorisme islamique est dangereux !

Jdeclef 11/11/2020 16h59


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