CRITIQUES DE BON SENS: Commentaires d'articles de presse sur fait de société ou politique du monde
jeudi 19 novembre 2020
Sans vouloir critiquer les écolos, mais EELV les verts, c'est de l'écologie bornée et surtout de la politique « d’empêcheurs de tourner en rond ! »
À
Bordeaux, l'insécurité met la ville sous tension
Louée pour
sa qualité de vie, la cité bordelaise fait face à une recrudescence des
violences. Comment en est-on arrivé là ? Notre enquête.
Le
patron du Bodegon, Maurice Guinaudeau, n'est pas près d'oublier l'édition 2020
de la Fête de la musique. Ce soir du 21 juin, le bar qu'il dirige depuis
vingt-cinq ans, place de la Victoire, à Bordeaux, est plein à craquer. Soudain,
à minuit passé, ce haut lieu de la fête étudiante est investi par deux bandes
rivales qui s'affrontent couteau en main. En quelques instants, les dix jeunes
protagonistes de cette rixe transforment la terrasse en champ de bataille. Les
verres, les chaises et les tables volent. Les clients, sidérés, s'enfuient.
L'un des assaillants, le visage lacéré, tente de se réfugier derrière le
comptoir alors qu'un autre le poursuit. Le vigile, qui s'interpose, écope d'un
coup de lame dans une jambe.
Ce n'est, bien sûr, pas la première fois que la place de la
Victoire - gangrenée depuis des décennies par le trafic de drogue - connaît une
flambée de violence. Ce qui est inédit, c'est la multiplication subite des
agressions à l'arme blanche en divers points du centre-ville. Une trentaine au
cours du seul mois de juillet. Plus inquiétant : sur les neuf premiers mois de
2020, les vols avec arme ont connu un bond spectaculaire de 69 % par rapport à
2019. Prudence, toutefois ! Le nombre de faits demeure faible : 42 en 2019 et
71 en 2020. «
Il est important de rappeler ces chiffres, afin de ne pas surfer sur les peurs
des gens », insiste Frédérique Porterie, la procureure de la
République.
Image écornée. C'est
en tout cas du jamais-vu dans la cité girondine, qui caracole en tête des
classements nationaux, plébiscitée depuis des années comme la métropole où il
fait bon vivre. L'image flatteuse d'une ville de 243 626 habitants ayant réussi
à concilier une importante croissance de sa population (13 200 nouveaux venus
par an entre 2012 et 2017) et la préservation d'une qualité de la vie optimale
est sérieusement écornée.
Tout au long de l'été, ce
climat d'insécurité s'est imposé sur les chaînes d'info en continu comme une
nouveauté. Cela fait pourtant plusieurs mois que la situation s'est dégradée. « Il y a eu
une explosion médiatique car la violence touche maintenant le centre-ville.
Mais, de 2012 à 2019, la délinquance a augmenté en moyenne de 30 % »,
observe Amine Smihi, adjoint (EELV) chargé de la sécurité. Aux dires des
autorités policières et judiciaires, la recrudescence des faits de violence
remonte à 2018, une date qui correspond, selon les mêmes sources, à l'arrivée
de mineurs non accompagnés, formule officielle qui désigne les migrants de
moins de 18 ans entrés en France sans leur famille (lire également).
Arrachages de collier. Quoi
qu'il en soit, les commerçants du centre-ville assistent depuis à la montée
d'un phénomène inconnu. Ils voient se répéter - parfois devant leur
pas-de-porte - les agressions, les vols et les bagarres. Dans la rue
Sainte-Catherine, qui draine chaque jour des dizaines de milliers de chalands
et de passants, les arrachages de collier se multiplient. « Depuis la
fin des vacances d'été, la fréquentation des magasins de cette rue a chuté de
50 %. Bien sûr, il y a les crises sanitaire et économique, mais l'insécurité
ambiante en rajoute », assure Christian Baulme, le président de la
Ronde des quartiers, une association qui regroupe 1 300 commerçants. Même les
sans-abri ne sont pas épargnés. « À la nuit tombée, ils se font voler leurs affaires par des
bandes organisées à la recherche de téléphones, de médicaments, de drogue et
d'argent », se désole Estelle Morizot, la présidente et fondatrice
de La Maraude du cœur, qui vient en aide aux plus démunis.
À deux pas de cette rue commerçante, les abords du palais des
sports et du parking Victor-Hugo servent de refuge à une bonne trentaine de SDF
dont la consommation d'alcool et de stupéfiants, sous les yeux des riverains,
génère un puissant malaise. Le phénomène n'est certes pas nouveau, mais « il y a eu
une sérieuse dégradation dans la période postconfinement », a fait
remarquer l'addictologue Jean-Michel Delile, lors d'une réunion publique
organisée mi-octobre à la mairie. À cette occasion, des résidents et des
restaurateurs, excédés par ce qu'ils endurent au quotidien, ont crié leur
détresse et leur colère.
Signal de détresse. Non
loin de là, les habitants du quartier populaire et cosmopolite de Saint-Michel
sont confrontés à une délinquance endémique. Impuissants, ils assistent aux
vols à répétition et au trafic de drogue qui se fait ici à ciel ouvert - ou
presque. Il y a peu, un pochoir à la peinture noire est apparu sur un mur au
pied duquel se déroulent les transactions : « Ici vente de drogue avec la bienveillance de la police. »
Un pied de nez qui résume une exaspération générale que Philippe Rolland,
secrétaire régional d'Unité SGP police FO, perçoit comme un signal de détresse.
« C'est
l'expression d'un ras-le-bol de la population que je comprends »,
résume ce syndicaliste.
La situation est devenue si grave qu'un groupe local de traitement
de la délinquance - un dispositif qui permet une forte concentration de moyens
sur un territoire donné - a été mis en place en septembre. Depuis cette date,
des patrouilles de police bien visibles quadrillent le quartier. Effet immédiat
: « La présence
policière a rassuré tout le monde », note Laurent Tournier, le
président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie de Gironde.
Selon Amine Smihi, le dispositif est probant : « L'intensité des violences a
notablement baissé. Durant l'été, c'était une rixe avec arme blanche par jour.
Aujourd'hui, on ne compte plus que deux faits par semaine. » Une
tendance confirmée par la cheffe du parquet. « La situation est en train de s'améliorer »,
dit-elle. Un premier bilan et d'éventuels ajustements sont prévus en décembre.
Machette. À l'autre
bout de la ville, les quartiers huppés sont aussi frappés. Le très chic
Jardin-public, hérissé de bâtisses haussmanniennes, a connu ces derniers mois
son lot de cambriolages et même un braquage de commerce. À Caudéran, où se
concentrent les plus hauts revenus de la métropole, c'est une agression à la
machette en plein jour qui, fin juillet, a défrayé la chronique. « Bien sûr,
Caudéran n'est pas subitement devenu la cité des Aubiers ou le quartier de la
gare, mais je suis désormais sur la défensive. Je fais davantage attention en
allant faire mes courses », confie Colette, une octogénaire qui
habite sur place.
La multiplication de ces violences a diffusé un sentiment
d'angoisse palpable dans les réunions de quartier et abondamment relayé sur les
réseaux sociaux. «
À la moindre agression, tout le monde en parle sur Messenger. Pendant des
jours, c'est le sujet de toutes les conversations, dans la sphère privée comme
dans le milieu professionnel et associatif », témoigne Marie, une
trentenaire qui vit dans le centre-ville.
« Il n'y a heureusement pas de zone de non-droit à Bordeaux »,
soutient la procureure, Frédérique Porterie. Reste que, à la nuit tombée, mieux
vaut être vigilant dans certains endroits. Ainsi, la police municipale, qui
patrouille sans arme létale jusqu'à 2 heures du matin, préfère éviter plusieurs
secteurs, jugés à risque. La police nationale, elle, effectue des sorties
partout, de jour comme de nuit. « Il y a des lieux où on fait plus attention »,
reconnaît Philippe Rolland. Lesquels ? La gare, Saint-Michel, Les Aubiers,
Chantecrit, La Benauge et le Grand-Parc. C'est d'ailleurs dans cette dernière cité,
où vivent quelque 6 000 habitants - dont près de 900 chômeurs -, que des
fonctionnaires de la brigade anticriminalité ont essuyé, à plusieurs reprises
ces derniers mois, des tirs de mortiers de feux d'artifice. Du jamais-vu à
Bordeaux, également pour les pompiers qui ont été, en septembre, à Floirac, la
cible d'un tir déclenché par des mineurs. « Un signal d'alerte fort », s'inquiète Charles Cosse,
représentant Unsa des sapeurs-pompiers. « Bordeaux n'est pas dans une situation à risque majeur »,
nuance Jean-Paul Decellières, le directeur du service départemental d'incendieet de secours.
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