Jean-Luc
Mélenchon est-il un « dictateur » ?
Dans
« La chute de la maison Mélenchon », le politologue Thomas Guénolé
dépeint la France insoumise comme une organisation despotique.
Nombreux sont les cadres de La France insoumise (LFI) à avoir
quitté le navire ces deux dernières années. Entre désaccords sur la stratégie
politique et, sans doute, pour certains, une part de frustration liée aux
places sur la liste aux dernières européennes, tous ont cependant le même
dénominateur commun dans leurs réquisitoires : le fonctionnement
antidémocratique du mouvement fondé par et pour Jean-Luc Mélenchon à la veille
de l'élection présidentielle de 2017. C'est là tout l'objet de l'ouvrage de
Thomas Guénolé « La Chute de la maison Mélenchon », qui sera publié
le 6 novembre par Albin Michel.Le politologue est néanmoins un cas à part. Signalé auprès du comité électoral de LFI pour harcèlement sexuel à l'encontre de l'une de ses étudiantes de Sciences po en avril 2019, l'ex-candidat au scrutin européen avait aussitôt clamé son innocence, arguant qu'il s'agissait d'une cabale visant à l'exfiltrer, lui qui avait fait part à plusieurs membres de La France insoumise de ses critiques envers l'organisation. Le tout avant d'attaquer le parti en justice en juin pour dénoncer les conditions de la procédure interne mise en place contre lui et qu'il décrit longuement dans ce livre. « Une grosse crise de parano », se défend l'entourage de Jean-Luc Mélenchon.
Thomas Guénolé poursuit La France insoumise en justice
« Machine à broyer »
Cinq mois plus tard, Thomas Guénolé livre ses vérités
sur 250 pages, à propos de la « machine à broyer » que serait la France
insoumise. Au centre de ses griefs, le double discours du parti dont il
dirigeait, il y a quelques mois encore, l'école de formation : « L'ascension
de Jean-Luc Mélenchon est une imposture politique qui se nourrit de l'espoir de
millions de Français et du dévouement de milliers de militants (…) Ils plaident
pour une véritable démocratie en France, mais La France insoumise est organisée
comme une dictature. Ils disent que Jean-Luc Mélenchon n'est ni le gourou ni le
chef du mouvement, mais par l'intermédiaire d'hommes de paille il le gouverne
en autocrate. Ils prétendent que c'est un « mouvement gazeux »
reposant sur l'autogestion des militants, mais statutairement La France
insoumise n'a qu'un seul organe, le bureau, expressément doté des pleins
pouvoirs. Ils soutiennent le droit au référendum d'initiative citoyenne – le
RIC – exigé par les gilets jaunes, mais dans La France insoumise son équivalent
n'existe pas. Ils exigent que les droits de l'opposition soient respectés à
l'Assemblée nationale, mais, à l'intérieur, ceux qui expriment des critiques
sont calomniés, placardisés ou chassés. »Plus qu'au mouvement lui-même, c'est à l'écosystème Insoumis qu'il s'en prend, jusqu'au Média – où sa femme, Katerina Ryzhakova, travaillait –, que Sophia Chikirou aurait dirigé avec les mêmes méthodes autoritaires. Déballage cathartique ? Règlement de comptes en règle ? Dans tous les cas, La France insoumise s'attendait à un brûlot et a tenté, par l'intermédiaire de ses avocats, de le censurer en en demandant une copie avant parution pour en « contrôler le contenu et s'assurer de l'absence de propos illicites ». Peut-être la meilleure des promotions…
La France Insoumise, machine « autocratique »
« Jean-Luc Mélenchon dirige La France insoumise en autocrate.
Plus précisément, l'appareil est organisé comme une toile d'araignée, au centre
de laquelle se trouvent lui et Sophia Chikirou qui décident en symbiose de tout
ce qui compte. En règle générale ils se cachent derrière Manuel Bompard, qui,
dans ses fonctions de n° 2 de La France insoumise [depuis
remplacé à cette fonction par Adrien Quatennens, NDLR], leur sert
d'homme à tout faire et de paratonnerre. Par exemple, lorsque l'ex-compagne de
Jean-Luc Mélenchon, Pascale Le Néouannic, et son gendre, Gabriel Amard, sont
placés en haut de liste des candidats à l'élection européenne de 2019, c'est
Bompard et non Mélenchon qui pilote les réunions du comité électoral. Lorsque
ensuite des militants s'émeuvent de ce qui apparaît comme du népotisme, c'est
l'apparatchik qui défend ces choix. (…) Le verrouillage antidémocratique va
très loin du point de vue juridique. La France insoumise est une association,
comme la plupart des organisations politiques. Or, l'appareil central LFI
refuse à tous les militants le statut d'adhérent. Ainsi ils n'ont aucun moyen
de faire valoir leurs droits ou leurs exigences en tant qu'adhérents de
l'association. Pendant ce temps, derrière le simulacre de démocratie interne,
en réalité il n'existe dans les statuts qu'un seul organe : le bureau, qui
est expressément doté des pleins pouvoirs. Ce dernier est composé de Manuel
Bompard, l'exécutant en chef de Jean-Luc Mélenchon dans l'appareil ; de
Marie-Pierre Oprandi, sa trésorière de longue date ; et de Benoît
Schneckenburger, qui est notamment son responsable du service d'ordre. La
France insoumise est donc de jure la seule grande organisation politique de
France à être dirigée par un organe central unique doté des pleins pouvoirs, et
dans laquelle les militants n'ont aucun droit. La démocratie interne est quant
à elle un simulacre. L'examen de “l'assemblée représentative” et de “la
convention nationale”, qui sont les deux grands raouts récurrents du mouvement,
est à cet égard révélateur. Une grande partie de leurs participants est censée
être tirée au sort. Or, bien que des dizaines de milliers de personnes soient
inscrites sur la plateforme numérique en tant qu'Insoumis, les mêmes ont pu
être sélectionnés deux fois de suite, voire trois fois, ce qui laisse dubitatif
sur les conditions du “tirage au sort”. Plus largement, ces grandes réunions
sont cadenassées du début à la fin. La méthode utilisée est généralement la
suivante. En amont, les gens sont invités à adresser individuellement leurs
“contributions” à l'appareil central. Une “synthèse” est alors produite par
l'appareil en toute opacité : on ne sait ni par qui elle est faite, ni
selon quels critères telle contribution est retenue et telle autre mise de
côté, ni comment la synthèse départage deux contributions qui se contrediraient
sur un thème donné. L'ordre du jour de l'événement est annoncé sans que l'on
sache qui a décidé que tel sujet y serait et que tel autre n'y serait pas. Puis
se succèdent des discours, des prises de parole et des ateliers Post-it
produisant l'illusion d'une délibération collective. Mais ensuite, des textes
et décisions écrits à l'avance par l'appareil central sont soumis au vote en
bloc – sans possibilité ni de proposer, ni de délibérer, ni de voter des
amendements, sauf à la marge. »
Les méthodes de la direction
« Ignorant alors tout de ces délibérations, je réponds au SMS
de Manuel Bompard d'envoyer les éléments d'accusation à mon avocat, et que cela
débloquerait tout. Refus, et nouvelle tentative pour m'amener à m'asseoir à la
table sans mon avocat : “Je veux parler politiquement de ce sujet avec
toi”, “Il n'y a aucun piège dans ma démarche”, “La judiciarisation de la
question n'apportera rien de bon pour personne”, “Je te propose juste qu'on en
parle tranquillement”… Le fait qu'une instance de La France insoumise me juge
coupable d'un délit relevant du pénal ne serait donc pas, de leur part à eux,
une judiciarisation. Le refus de me donner accès aux éléments d'accusation
relèverait d'un dialogue tranquille. Le refus de mon droit à un avocat ne
serait pas une menace en soi. Me sentant pris pour un imbécile, je ne réponds
pas immédiatement. Le soir venu, il me relance. Les échanges de SMS du
lendemain, mercredi 17 avril, tournent au dialogue de sourds. De mon côté,
je répète en boucle qu'il faut communiquer à mon avocat tous les éléments
d'accusation. De son côté, au fil des SMS, Manuel Bompard semble passer
successivement par tous les registres pour obtenir qu'on se voie sans témoin et
sans mon avocat : l'appel culpabilisant à la responsabilité
politique ; l'appel outragé à la loyauté militante ; la menace
voilée ; la menace non voilée. De fait, de guerre lasse, il finit par me
menacer explicitement : “Dans l'absence d'une possibilité de discussion,
je vais être obligé d'informer le comité électoral que tu as décliné les
propositions de rencontre. C'est à lui désormais de prendre une décision avec
l'ensemble des éléments qu'il a pu réunir. Je pense sincèrement que c'est une
erreur de ne pas accepter une rencontre avec sa délégation ou a minima avec
moi…”(…) Mercredi 17 avril, peu après 20 heures. Mes échanges de SMS avec Manuel Bompard viennent à peine de se terminer que je reçois à présent un SMS de Jean-Luc Mélenchon. Au vu du contexte, qu'il ne peut ignorer puisque Manuel Bompard lui rend compte sur tout sujet important, cette conversation par SMS va être carrément lunaire. JLM commence par me reprocher d'avoir récemment débattu contre un cadre du Front national dans les pages de Marianne, ce qui est doublement absurde. D'une, là-dessus je l'ai pris lui-même pour modèle, avec ses multiples duels contre Marine Le Pen. De deux, la teneur du débat chez Marianne a précisément permis de démontrer, thème après thème, que La France insoumise et le Front national ne sont d'accord sur aucun des thèmes abordés. Vient ensuite une charge à la fois plus grave et rédigée de façon plus agressive : Mélenchon m'accuse abruptement d'être la source d'une citation anonyme parue dans un article du Figaro consacré à Sophia Chikirou :
“Sophia partage la moitié de la vie de Jean-Luc Mélenchon.” Accusation d'autant plus aberrante qu'à cette heure-là j'ignore encore l'existence de cet article. “Honnêtement, Jean-Luc, je ne vois pas de quoi tu parles. En tout cas, moi, des confidences sur 'Sophia et toi', je n'en fais pas. Donc ton message m'étonne.
– Reste étonné. Et vigilant.”
Ainsi, quelques minutes après un SMS explicitement menaçant du n° 2 de La France insoumise, le n° 1 ajoute une accusation nouvelle, fondée sur rien, et exprimée sur un ton franchement hostile. »
« Le Média », l’officine mélenchoniste
« Dès le 5 février 2018, Sophia Chikirou crée sur la
messagerie Telegram un groupe de discussion intitulé “Le Vrai Média”. Une
partie seulement des gens qui travaillent au Média y sont admis : il
s'agit pour la plupart de très jeunes militants de La France insoumise ayant
travaillé avec Sophia Chikirou pendant la campagne présidentielle, et qui l'ont
ensuite suivie pour travailler au Média. Quasiment aucun des journalistes n'est
admis dans ce groupe. L'un des tout premiers messages, posté par l'un de ses
hommes de confiance, donne le ton : “On va pouvoir remettre notre vrai
plan en route : comment faire élire Jean-Luc en 2022 enfin.” Le
10 juin, Sophia Chikirou y écrit : “Mon rêve c'est que Le Média
fonctionne ainsi. Une base arrière pour la cause, capable de faire ce qu'il
faut.” (…) L'imbrication entre Le Média et la maison Mélenchon ne semble pas
s'être arrêtée là, comme j'ai pu l'apprendre d'un témoin de l'aventure. Au
début de l'année 2018, le réalisateur Henri Poulain réclame une troisième
caméra studio. Cette caméra va effectivement arriver fin février, mais ce n'est
pas Le Média qui achète ce matériel sophistiqué et coûteux. Elle va être
acquise par l'association L'Ère du peuple, puis utilisée dans les studios de
Montreuil pendant plusieurs mois, jusqu'à sa disparition après une sombre affaire
de cambriolage. (…) Le deuxième problème structurel est, comme à La France
insoumise, un fonctionnement autoritaire et centralisé derrière les discours de
démocratie et d'autogestion. Début octobre 2017, une réunion de travail du
Média, à laquelle participent entre autres personnes Sophia Chikirou et Gérard
Miller, est consacrée au chantier des nouveaux statuts de l'association Le
Média. Alors que l'avocat du Média évoque le projet d'un média statutairement
participatif, coopératif et démocratique promis par Sophia Chikirou, cette
dernière répond qu'il est hors de question d'avoir un fonctionnement
démocratique et qu'elle compte pouvoir décider de tout. Une fois cette réunion
terminée, Gérard Miller lui conseillera en aparté d'éviter de dire ce genre de
choses. Dans le même ordre d'idée, à une salariée lui suggérant que le
rédacteur en chef soit librement élu par les journalistes, elle répondra que
c'est hors de question, au motif que cela donnerait au directeur de la
rédaction une légitimité supérieure à la sienne. »
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Qui a eu la chance
d’être élu peut être pas son passé de politicien qui fait feu de tout bois,
mais qui ne sert à rien, comme ces partis d’extrême gauche ou droite qui fausse
les élections présidentielles et font indirectement élire des présidents comme
E.MACRON ou d'autres facilement à cause de notre système électoral à deux tours
pour la présidentielle !
Car les extrémistes de
tous poils sont des trublions inutiles qui ne peuvent pas prendre le pouvoir,
car excessifs donc ne plaisant pas à la majorité des français qui ne veulent
pas prendre de risques et qui se tournent vers les candidats dit normaux de
l'ancienne caste politique ce qui ne change rien sur le fond, et montre que
gouverner les français n'est pas chose facile, car ils sont souvent versatiles
et qui pour certains de plus en plus nombreux ne votent plus du fait de la
mauvaise qualité médiocre de leurs politiciens de tous bords !
Et tout en voulant le
changement, ils n'y arrivent pas !?
Jdeclef 30/10/2019 14h12LP