Les
élections municipales accouchent d'un nouveau paysage politique
ANALYSE.
C'était attendu, mais pas à ce point-là : la gauche se refait une santé au
second tour des municipales. Autour des nouveaux maîtres : les
écologistes.
Boudés par
les électeurs, ces élections municipales 2020 ont donné lieu,
toutefois, à de grandes surprises, qui dessinent un nouveau paysage politique.
Une vague verte qui se transforme en tsunami. Une forte résistance de la gauche
dans ses bastions. Une droite à la peine. Une extrême droite qui ne parvient
pas à s'ancrer dans ce « pays réel » cher à Maurras. Mais une vive
source d'inquiétude démocratique : un taux d'abstention record.
Un taux de
participation historiquement bas
Tout le
monde n'est pas Kylian Mbappé ! Le jeune footballeur star a diffusé sur
les réseaux sociaux des photos de lui sortant de l'isoloir et posant avec des
assesseurs de son bureau de vote. Las, son exemple n'a guère été suivi. Après
un premier tour, le 15 mars, marqué par une abstention record au début de
l'épidémie de coronavirus – la plus forte à une élection municipale sous la Ve
et même la IVe République… –, on pouvait s'attendre à un
sursaut civique pour le second tour, ce 28 juin. Malheureusement, il n'en
est rien. Bon nombre des 16,5 millions d'électeurs appelés à voter dans
4 855 communes – les deux tiers dans des villes de plus de 30 000
habitants – ne se sont pas acquittés de leur devoir électoral. Et encore moins
dans les grandes que dans les petites – où la participation est généralement
plus forte. À l'exception de quelques villes, où les matchs étaient très serrés
et à portée hautement symbolique, telles que, par exemple, Perpignan, Toulouse,
Marseille. 59,5 % : un taux d'abstention record inquiétant pour la
vie démocratique de notre République.Certes, la peur d'attraper le Covid dans un bureau de vote reste forte, c'est même la première des raisons invoquées par les abstentionnistes détectés par Ipsos/Sopra Steria (43 %), dans un sondage réalisé les 26 et 27 juin. Mais la pression pandémique était bien moindre qu'au premier tour. On ne peut ramener cette désertion à ce seul facteur sanitaire. Dans nombre de villes, l'offre politique était importante, et parfois renouvelée, et les batailles, souvent des chocs frontaux entre deux visions du monde, sur le papier s'avéraient engageantes : dans le sondage Ipsos/Sopra Steria, 75 % des personnes interrogées se disaient intéressées par ce scrutin. L'élection municipale, qui vise à désigner des élus qui sont les plus populaires, ou disons les moins impopulaires des politiques, et qui se sont trouvés en première ligne pour gérer la pandémie, est souvent suivie. Les Français ont-ils donc voulu témoigner d'une lassitude démocratique ?
Dans le sondage Ipsos/Sopra Steria, le second argument invoqué par les abstentionnistes est le fait de considérer que ces élections ne changeront rien à la vie quotidienne : s'agissant d'un scrutin local, c'est alarmant. Après la crise sanitaire et économique, le signe d'une crise politique ? Indice préoccupant : 72 % des moins de 34 ans sondés par Ipsos/Sopra Steria sont abstentionnistes. Plus immédiatement, avec cette participation en berne, se pose un problème de représentativité démocratique. Comme le relevait, ce matin électoral, dans Ouest-France, le directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po Paris (Cevipof), Martial Foucault, 18 % des maires élus au premier tour l'ont été avec moins de 25 % des électeurs inscrits de leur commune. Le second tour devrait accentuer cette tendance.
Un tsunami
vert
« Le
match est entre Aubry et moi. » Dès octobre 2019, l'écologiste
Stéphane Baly avait exclu – pour la première fois depuis 40 ans – toute
alliance entre son mouvement EELV et le PS. Le suspense a été à son comble dimanche
et les deux candidats longtemps donnés au coude-à-coude. Même si Martine Aubry
l'a finalement emporté, Stéphane Baly a réussi à faire
vaciller l'inoxydable Martine Aubry, à la tête du Beffroi de Lille depuis
2001.Ce second tour des municipales, c'est la soirée de Yannick Jadot, le patron d'EELV, qui a mouillé le maillot, comme on dit au rugby, pour soutenir ses troupes. À Lyon, Grégory Doucet fait tomber la citadelle Collomb. Et à Bordeaux, Pierre Hurmic prend le duché juppéiste tandis qu'à Marseille la coalition hétéroclite verte-rose-rouge menée par Michèle Rubirola ébranle le système Gaudin. À Strasbourg, Jeanne Barseghian s'impose face à Alain Fontanel et Catherine Trautmann. À Poitiers, Léonore Moncond'huy terrasse un notable socialiste, maire depuis 12 ans, Alain Claeys. À Annecy, François Astorg scelle – de peu – le destin de Jean-Luc Rigaut. À Besançon, Anne Vignot, ingénieure de recherche au CNRS, à la tête d'une large coalition de gauche, est élue sans coup férir. Vote de contestation ou d'adhésion ? Certes, comme à Besançon, cette vague verte est souvent mâtinée de rouge, les écologistes ayant fait cause commune avec les communistes et même, parfois, ailleurs, comme à Toulouse, avec les Insoumis. Mais il ne faut pas minimiser cette expression des votants, les Français ayant depuis longtemps montré leur préoccupation pour l'environnement. Reste à savoir si ces nouveaux maires sauront s'abstraire d'une vision pour le moins idéologique, voire parfois sectaire, de l'écologie…
La déroute
confirmée du parti présidentiel
La mise
bronzée du Premier ministre se félicitant de sa – large – victoire dans
« sa » ville du Havre ne doit pas être un trompe-l'œil. Pour la
majorité présidentielle, ces élections marquent une déroute. Emmanuel Macron,
chantre désormais de la décentralisation, n'avait curieusement pas misé sur ces
élections locales. Les résultats sont donc conformes à cette non-ambition.
Comme on pouvait s'y attendre, le mouvement macroniste n'imprime pas à
l'échelle locale. Les maires LREM sont portion congrue. Symbole fort :
Paris, imperdable sur le papier pour les macronistes au début de la campagne, qui
reconduit Anne Hidalgo, pourtant très impopulaire il y a encore quelques mois,
et désavoue – fortement – la représentante du parti présidentiel, l'ancienne
ministre de la Santé Agnès Buzyn.
Le Parti
socialiste reprend du poil de la bête
Les femmes,
avenir du socialisme français ? Au-delà de la victoire sur le fil de
Martine Aubry à Lille, le PS peut se rasséréner avec la victoire attendue
d'autres femmes : Anne Hidalgo à Paris, mais aussi Johanna Rolland à
Nantes et Nathalie Appéré à Rennes. Michaël Delafosse à Montpellier prend sa
revanche sur 2014 et arrache la mairie à Philippe Saurel. Une belle
prise, surtout, pour le PS : Nancy, capitale du radicalisme, où l'héritier
d'André Rossinot, maire pendant 31 ans (1983-2014), Laurent Hénart, à
l'issue d'un duel serré, doit céder la place à son éternel rival, Mathieu
Klein, qui a toujours témoigné d'une fidélité sans faille pour son Parti,
même dans les pires moments. Avec ces têtes d'affiche, le PS peut renouer avec
une – relative sérénité. À Clermont-Ferrand, le maire socialiste sortant,
Olivier Bianchi, l'a emporté avec 48,41 % des voix face au candidat
DVD Jean-Pierre Brenas (36,50 %) et à la liste La France insoumise
emmenée par Marianne Maximi (15,08 %).
Les
Républicains en demi-teinte
Belle
victoire pour Jean-Luc Moudenc qui, à Toulouse, résiste brillamment à
l'offensive menée par l'Archipel citoyen. Comme toujours, dans la ville de Jean
Jaurès et de Zebda, le maire (LR) était donné perdant : Moudenc reste au
Capitole. À Nice, Christian Estrosi est, lui, confortablement réélu. Si tous
deux sont Macron-compatibles, de quoi faire passer les amères pilules de
Bordeaux – à droite depuis 1947 ! – et de Marseille, que la droite devrait
abandonner à la gauche plurielle menée par l'écologiste Michèle Rubirola –,
cela reste à confirmer : dans la cité phocéenne, le vote se fait par
secteurs, même si Martine Vassal est en mauvaise posture dans le sien. À Saint-Étienne,
le maire sortant Les Républicains Gaël Perdriau l'emporte avec 58,91 % des
voix face à la liste emmenée par le candidat LDVG Pierrick Courbon
(41.08 %). Les Républicains confirment leur ancrage dans les villes
moyennes, par la victoire de Maider Arosteguy à Biarritz ou encore la
réélection d'Émile-Roger Lombertie à Limoges, historique place forte
socialiste. À La Baule, le sarkozyste Franck Louvrier s'installe dans le
fauteuil du baron gaulliste Olivier Guichard. Comme le relève Guillaume
Peltier, numéro 2 de LR, le parti de droite gagne dans 55 % des
villes moyennes.
Le
Rassemblement national décroche Perpignan, mais n'étend pas sa toile
territoriale
Joli trophée
pour le parti lepéniste qui décroche, pour la première fois, une ville de plus
de 100 000 habitants : Perpignan. L'eurodéputé et ex-numéro deux
lepéniste Louis Aliot remporte son pari et fait chuter le maire (LR) Jean-Marc
Pujol, élu depuis 2009. Avec Perpignan et sa voisine Béziers, dirigée par
Robert Ménard, allié du mouvement, un axe d'extrême droite s'installe au sud de
Montpellier, autour de deux notables. Cependant, la conquête catalane ne
saurait masquer la réalité électorale : ces municipales ne sont pas un bon
cru pour le RN, qui peine à étendre sa toile dans le pays. Les troupes de
Marine Le Pen pouvaient, suivant leurs résultats passés, légitimement espérer
installer l'un des leurs comme maires dans 56 villes, essentiellement
petites. Le parti en avait conquis 11 en 2014. Las, le premier tour
n'a pas été à la hauteur de ses espérances, le RN ne conservant que huit de ses
municipalités. Pour le second tour, il s'en est tenu à quelques prises
symboliques : outre Perpignan, Moissac, la ville des Justes au cœur du
fief radical de la famille Baylet.
L'émiettement
des votes
Il faudra
attendre tard pour avoir les résultats complets des votes. Plusieurs duels sont
serrés dans de grandes villes. Il y a des triangulaires dans pas moins
de 786 communes, et même des quadrangulaires dans 155 –
sans compter des quinquangulaires dans 12… L'irruption dans nombre de villes de
coalitions « citoyennes » hétéroclites, rassemblant des associatifs
mais aussi – et surtout – des militants chevronnés d'EELV, du PS, du PC, de
LFI, parfois opposées à des listes de gauche plus traditionnelles, a éparpillé
l'électorat et rend la lecture plus difficile. L'émiettement des votes ne sera
pas sans poser des problèmes de gouvernance, en premier lieu dans la
désignation d'un exécutif local, comme cela risque d'être le cas à Marseille,
notamment.
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Alors comme
ils ont perdu leurs illusions et leur caractère qui faisait leur qualité !
Depuis les
derniers quinquennats, ils votaient déjà pour leurs présidents par défaut en espérant
qu’ils en trouveraient un sorti de l’ordinaire ou de ces politiques politiciennes
de partis qu’on traîne depuis des décennies !
Avec bien
sur une forte abstention qui n’est pas la seule cause du COVID 19 !
Cela ne montre
pas encore que ces votes pour les verts et surtout l’écologie politique soit la
bonne solution que les français ont utilisé dans leurs votes pour protester
contre le pouvoir en place comme pour les élections européennes, sauf que là, les
administrés gogos croient au « père Noel vert » et que c’est
surtout pour leur vie quotidienne municipale de leurs villes à venir !
Pour les
bobos bien-pensant donneurs de leçon, l’écologie çà fait bien, c’est à la mode,
cette écologie, bien qu’elle soit utile, quand elle n’est pas sectaire politique
bornée ou utopique !?
Là, ils n’ont
pas trop voté pour l’extrême droite, le vilain petit canard, alors ils se sont
retournés, vers les Verts d’EELV qui eux sont aussi une forme d’extrémistes bornés
sectaires pour certains « empêcheurs de tourner en rond » !
Car les français
à mémoire courte, principal de leurs défauts, devraient se souvenir des ministres
de l’écologie plus médiocres les uns que les autres qui ont profité dans les
gouvernements de tous bords passés !
Car nos
concitoyens votent toujours pour sanctionner un pouvoir qui les déçoit et
E.MACRON sur ce plan a parfaitement réussi, donc les verts étaient là pour
servir à cela !
Enfin, ce ne
sont que des élections municipales qui ne toucheront que les administrés concernés
par cette vague verte, comme des algues invasives !
La politique
politicienne est une plaie dans notre pays qui ne se refermera pas de sitôt, et
les français votent toujours aussi mal !?
Reste à
savoir, ce va faire notre président donneur de leçon bienpensant dans ce
remaniement attendu, mais dont il ne faut pas en attendre de miracle !
Jdeclef 29/06/2020
10h33
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