Éric
Woerth : « Emmanuel Macron n’a pas cramé la caisse »
ENTRETIEN.
L’ancien ministre de Sarkozy assume le projet du président-candidat. Pour lui,
le « monde a changé » et la France doit financer « un mur
d’investissements ».
L’ancien ministre du Budget de Nicolas Sarkozy a franchi le
Rubicon. Il soutient une réélection d'Emmanuel Macron
depuis février. Dans Le Point, le président de la commission des Finances
de l'Assemblée nationale défend le projet présidentiel dévoilé malgré les
critiques sur son sérieux budgétaire. Et justifie son ralliement tardif alors
que Valérie Pécresse semble à la traîne dans les sondages.
Le Point : Le projet budgétaire d'Emmanuel Macron prévoit
35 milliards de dépenses supplémentaires. Il mise sur la baisse du chômage
et la croissance pour faire reculer le déficit public. Ce n'est pas un
programme très rigoureux…
Vous vous êtes converti à la dépense publique et à la
dette ?
Programme
de Macron : une trajectoire budgétaire qui laisse sceptique
D'où le recul de l'âge légal de départ à 65 ans
proposé par le président…
La légitimité d'Emmanuel Macron ne sera-t-elle pas entachée, en
cas de réélection, par son refus de débattre avec les autres candidats avant le
premier tour ?
Je ne crois pas un instant que Gérard Larcher puisse penser ce
qu'il dit là-dessus. Sinon, cela remettrait en cause la légitimité des
maires élus dès le premier tour avec 20 % de l'électorat pendant la crise
Covid. Ne parlons même pas des sénateurs issus de conseils municipaux élus avec
une telle abstention… Raisonner comme cela ouvre un abîme vertigineux. Aucune
élection ne peut s'émanciper de son contexte. Le débat est clairement posé. Les
crises ont filtré les sujets d'avenir qui dominent la campagne : le
pouvoir d'achat, la transition énergétique, la santé, l'éducation, la
dette. Personne ne peut dire, avec un tant soit peu d'objectivité, qu'ils
ne sont pas abordés par tous les candidats. Le débat a donc lieu.
Valérie Pécresse accuse le chef de l'État d'avoir « cramé la
caisse »…
Emmanuel Macron n'a pas cramé la caisse. Certes, j'ai dénoncé
100 milliards de dépenses supplémentaires, hors crise Covid, sur les trois
dernières années. Mais sur le plan des finances publiques, son quinquennat a
été plutôt vertueux jusqu'en 2019. Au total, sur le quinquennat, cela
représente une augmentation d'un peu plus de 1,4 % de la dépense par an,
en volume, crises comprises. Nicolas Sarkozy comme Emmanuel Macron
ont augmenté la dépense publique d'à peu près les mêmes montants, toutes
crises confondues : 166 milliards d'euros pour l'un,
172 milliards pour l'autre. Quant à François Hollande, il a augmenté
la dépense de 90 milliards sans avoir eu à affronter de crise. La dette,
quant à elle, a progressé d'un montant équivalent : de l'ordre de
640 milliards que ce soit pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy ou
celui d'Emmanuel Macron.
À la fin du quoi qu'il en coûte, Emmanuel Macron a tout de même
beaucoup dépensé…
Au total, pas tellement plus que ses prédécesseurs. Au sortir de
toutes ces crises et en plein milieu d'une nouvelle, on ne peut pas résumer un
projet à des objectifs de finances publiques. La réponse à ces crises passe par
une augmentation des dépenses publiques. Les scénarios alternatifs,
sans « quoi qu'il en coûte », nous auraient coûté plus
cher. J'ai toujours soutenu le « quoi qu'il en coûte » d'Emmanuel
Macron, je l'ai même fait accepter par le groupe LR parce qu'on ne pouvait pas
faire autrement. S'il avait été au pouvoir, François Fillon aurait probablement
fait pareil. La suppression nette de 150 000 fonctionnaires de Valérie
Pécresse est contre-productive. En 2019, j'ai tenu un forum sur la réforme de
l'État avec Jean-François Copé. On a refusé d'afficher un chiffre de réduction
de postes. Ça ne correspond plus à l'état d'esprit de la société française. Le
mouvement des Gilets jaunes puis le Covid ont montré qu'on avait besoin de plus
de services publics, délivrés autrement. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut
pas baisser la masse salariale de l'État, mais cela doit découler des réformes
que l'on entreprend. Avec cette mesure, Valérie Pécresse se trompe de
campagne. Ce qui était pertinent il y a dix ans ne l'est plus. La question
aujourd'hui n'est plus tant celle de la quantité de la dépense publique que
celle de la qualité et de l'efficacité de cette dépense. La mesure de la
qualité de la dépense doit devenir un outil de décision politique au plus
haut niveau. C'est quand on aura amélioré la qualité de la dépense qu'on pourra
réduire le nombre de fonctionnaires.
« La
seule mesure d'économie solide de Macron, c'est la réforme des retraites »
Sur beaucoup d'aspects, Emmanuel Macron est accusé d'avoir copié
le programme de Valérie Pécresse. Qu'en pensez-vous ?
J'ai été maire de Chantilly pendant vingt-deux ans. Quand
l'opposition avait une bonne idée, je la reprenais. Ce débat sur la
« photocopieuse » a duré 24 heures. La question, c'est de savoir
qui sera crédible pour mettre en œuvre ces idées ! Dans le champ
républicain, je crois qu'Emmanuel Macron est le candidat le plus sincèrement
réformateur. Chez LR, ceux qui parlent de trahison sont en réalité les
véritables fossoyeurs de leur propre parti, à force d'aveuglement. La loyauté
est d'abord affaire de convictions, elle exige la lucidité.
Emmanuel
Macron, le copieur-colleur
Comment réagir face au retour de
l'inflation ?
Il y a une partie de la population qui ne pourra pas supporter
l'augmentation des prix de l'énergie. Face à la transition écologique en cours,
il faut une réforme du modèle social qui doit permettre d'accompagner tous ceux
qui ne peuvent pas suivre. L'aide sociale devra être de plus en plus ciblée en
fonction de la situation personnelle des gens, assortie d'une politique de
droits et de devoirs, comme le propose Emmanuel Macron sur le RSA. Le mur
d'investissements dont je parlais est inflationniste. Il va falloir y faire
face au moment où les banques centrales commencent à mettre un terme à leur
politique accommodante.
Les taux d'intérêt sur la dette publique risquent de remonter…
Oui, vous avez raison. Le calendrier est compliqué : ne pas
casser la croissance et lutter contre trop d'inflation.
Aider Emmanuel Macron, c’est
choisir le camp de l’optimisme pour notre pays. Il a une vision pragmatique et
a acquis une énorme expérience.
L'idée de cibler les aides sociales n'est-elle pas en
contradiction totale avec le bouclier tarifaire qui permet de bloquer les prix
pour tout le monde au prix d'une facture de plus de 20 milliards d'euros
pour l'État ?
C'est une réponse de crise, car on ne sait pas en si peu de temps
cibler les bonnes personnes. Par exemple, la réduction de 15 centimes
à la pompe pendant quatre mois est une mesure générale qui répond
ponctuellement à la situation car il est difficile de détecter toutes les personnes
qui roulent beaucoup.
Vous assumez donc toujours d'avoir rejoint Emmanuel Macron ?
Plus que jamais ! Au fur et à mesure du temps, LR a dérivé
vers une droite qui n'est pas la mienne. Elle l'était quand le parti était
suffisamment fort pour faire la synthèse entre ses différentes composantes,
mais ce n'est plus le cas. J'ai d'abord essayé d'éviter cette dérive par un
travail interne. Le même diagnostic a été fait par Xavier Bertrand et Valérie
Pécresse. Ils en ont tiré les mêmes conséquences que moi en partant, mais pas
au même moment ! Aujourd'hui, le point d'équilibre de LR est celui d'une
droite radicale alors que ce n'était ni le positionnement initial de Valérie
Pécresse ni celui de Xavier Bertrand. Les courbes se sont croisées. D'un côté,
Emmanuel Macron a imposé de plus en plus sa stature de président au fur et
à mesure des crises. Lors de la crise des Gilets jaunes, il a eu le courage
d'affronter sans filtre le mécontentement des Français au travers du grand
débat. C'était assez bluffant. Ensuite, il y a eu la crise du Covid. J'ai
trouvé qu'elle était bien gérée et, surtout, de façon pragmatique. D'un autre
côté, LR s'est éloigné petit à petit de ce qu'il était : un parti de
gouvernement. Ce positionnement inopportun n'a même pas pu empêcher l'émergence
de Zemmour ! Aider Emmanuel Macron, c'est choisir le camp de l'optimisme
pour notre pays. Il a une vision pragmatique et a acquis une énorme expérience.
Cela devrait faire de lui un président très efficace lors d'un second mandat.
Souhaitez-vous vous représenter comme député ?
Oui, bien sûr !
Dans quel groupe comptez-vous vous inscrire ? Est-ce que vous
êtes tenté par le parti de l'ancien Premier ministre, Édouard Philippe ?
Je ne quitte pas LR pour adhérer à un autre parti. J'emporte, là
où je serai, la part de LR qui est en moi.
Souhaiteriez-vous être ministre, et sur quel sujet ?
Je n'ai pas discuté de cela avec Emmanuel Macron. Mais je préfère
avoir des responsabilités que de ne pas en avoir, que ce soit au gouvernement,
à l'Assemblée nationale ou ailleurs ! Ce qui me tient à cœur, c'est que la
société française monte en compétences. Cela va de l'école à
l'apprentissage ou à la formation professionnelle. Il faut redevenir le pays de
l'égalité des chances. Il faut aussi retrouver la voie de l'autorité :
plus il y aura d'autorité dans ce pays, plus notre vision de l'identité
nationale sera décrispée. On n'aura plus peur de partager un certain nombre de
pouvoirs avec l'Union européenne. Cela deviendra même une évidence. Je suis
évidemment pour plus d'intégration et la gravité de l'actualité confirme cette
nécessité. La perspective de construire une réponse européenne aux questions de
défense portées par Emmanuel Macron va dans ce sens.
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Insipide nous fait toucher le
fond de cette classe politique qui essaie de survivre, d'anciens élus qui on
sévit lors de précédentes mandatures et dont les Français n'arrivent pas à se
débarrasser comme des tiques sur le dos d'un chien !
Et dont la situation politique
française actuelle est d’une inqualifiable pauvreté en matière d’élus de tous
bords devenus si médiocres qu’inutiles révélés par cette campagne électorale
sans intérêt car inexistante en plus avec le spectacle déplorable dont ils font
preuve sur de multiples plateaux télés presque chaque jour sur les chaines de télés
publiques ou privées !
Ce qui se réduit en plus par nos
médias et leurs sondages orientés en faveur du président sortant à être donné
vainqueur sans difficulté !
Donc puisque les Français qui se
croient encore raisonnables vont réélire notre petit pseudo monarque par peur
du lendemain bien que lui n’empêchera rien si on arrive au pire de cette guerre
Ukrainienne à nos frontières européennes !
Pour la suite s’il y en a une passable
pour la France et surtout pour les français il faudrait qu’ils arrivent à changer
cette classe politique obsolète nulle peut être lors des élections législatives
au mieux dans les 5 ans à venir ou alors en 2027 lors de l’élection présidentielle,
car là MACRON ne pourra pas se représenter de par la constitution car à 2 seuls
mandats (à moins qu’il ne la modifie par un referendum ou autre artifice par exemple
on a vu pire dans d’autres pays ou devenus fausses démocratures connues !?)
Par les mauvais votes depuis 40
ans des français et une classe politique qui s’est dégradée lamentablement les
français ont ce qu’ils méritent en espérant que cela ne soit pas pire !?
Jdeclef 26/03/2022 12h4
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